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15 juillet 1815 : Napoléon se livre aux Anglais, et passe sur le Bellerophon

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15 juillet 1815 : Napoléon se livre
aux Anglais, et passe sur le Bellerophon
(D’après « Vie politique et militaire de Napoléon » (par Antoine-Vincent Arnault),
Tome 4 paru en 1827)
Publié / Mis à jour le vendredi 15 juillet 2022, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Le 29 juin, Napoléon avait quitté la Malmaison, où il s’était retiré après avoir abdiqué pour la seconde fois. Le 3 juillet, il arriva à Rochefort. Là, deux frégates, mises à sa disposition par le gouvernement provisoire, l’attendaient pour le transporter avec toute sa suite aux Etats-Unis, où il avait déclaré vouloir se retirer. Cette fois il n’avait rencontré sur sa route que des témoignages d’intérêt et de dévouement. A Niort, l’enthousiasme du peuple avait été extrême. Il ne fut pas moindre à Rochefort, et les troupes le partagèrent : ces démonstrations avaient pour but de le retenir en France. Il n’y répondit que par des adieux. L’horreur de la guerre civile l’empêchait d’obéir à ces cris, qui le rappelaient à la tête de l’armée, réunie sur les bords de la Loire.

Embarquement de Napoléon sur le Bellérophon
Embarquement de Napoléon sur le Bellerophon

Après avoir pris quelque repos à Rochefort, Napoléon se rendit à bord de la Saale, et sa suite s’embarqua sur la Méduse. Mais les vents s’opposant à leur départ, il descendit à l’île d’Aix, où il en attendit de favorables. Deux jours après, ils commencèrent à souffler, mais trop tard. Les capitaines déclarèrent qu’il n’était plus possible de partir. Le passage était fermé par une flotte anglaise. Un Français, commandant un petit bâtiment danois, offrait néanmoins à Napoléon de le rendre sain et sauf en Amérique à travers la croisière.

Mais il fallait se travestir et se cacher. Napoléon aima mieux se fier à la générosité de ses ennemis, que de descendre à ces précautions pour tromper leur vigilance Il fît demander s’il y avait sûreté pour lui au capitaine Maitland, commandant du Bellerophon, l’un des vaisseaux qui bloquaient le port. Le capitaine ayant répondu qu’il n’était pas autorisé à délivrer de sauf-conduit, mais qu’il ne doutait pas que Napoléon ne trouvât en Angleterre l’asile qu’il voulait aller chercher à travers l’Océan ; sur la probabilité que lui présentait cette réponse, Napoléon se fit conduire au Bellerophon. « Je viens me mettre sous la protection des lois anglaises », dit-il à Maitland en montant sur son bord.

Avant de s’embarquer, l’empereur avait écrit au régent d’Angleterre : « Altesse Royale ! en butte aux factions qui divisent mon pays, et à l’inimitié des plus grandes puissances de l’Europe, j’ai consommé ma carrière politique. Je viens, comme Thémistocle, m’asseoir au foyer britannique. Je me mets sous la protection de ses lois, que je réclame de Votre Altesse Royale, comme du plus puissant, du plus constant et du plus généreux de mes ennemis. » Cette confiance fut trompée. La seule terre qu’ait touchée Napoléon, après avoir quitté la terre française, est celle de Sainte-Hélène.

Il fut d’abord conduit en vue de Plymouth, où l’amiral Keith vint, à bord, lui notifier la décision par laquelle le gouvernement anglais disposait de lui comme d’un prisonnier. Opposant à cet abus de la force la seule résistance que sa dignité lui permît alors d’employer, Napoléon transcrivit et remit à celui qui l’arrêtait la déclaration suivante :

« Je proteste solennellement ici à la face du ciel et des hommes contre la violence qui m’est faite, contre la violation de mes droits les plus sacrés, en disposant par la force de ma personne et de ma liberté. Je suis venu librement à bord du Bellerophon. Je ne suis pas le prisonnier, je suis l’hôte de l’Angleterre, J’y suis venu à l’instigation du capitaine qui a dit avoir des ordres de son gouvernement pour me recevoir, et me conduire en Angleterre, si cela m’était agréable. Je me suis présenté de bonne foi pour venir me mettre sous la protection des lois de l’Angleterre.

« Aussitôt assis à bord du Bellerophon, je fus sur le foyer britannique. Si le gouvernement, en donnant ordre à ce capitaine de me recevoir avec ma suite, n’a voulu que me tendre une embûche, il a forfait à l’honneur et flétri son pavillon. Si cet acte se consommait, ce serait en vain que les Anglais voudraient parler désormais de leur loyauté, de leurs lois, de leur liberté, la foi britannique se trouvera perdue dans l’hospitalité du Bellerophon.

« J’en appelle à l’histoire. Elle dira qu’un ennemi, qui vingt ans fit la guerre au peuple anglais, vint, librement, dans son infortune, chercher un asile sous ses lois. Quelle plus éclatante preuve pouvait-il lui donner de son estime et de sa confiance ? Mais comment répondit-on en Angleterre à une telle magnanimité ? On feignit de tendre une main hospitalière à cet ennemi ; et quand il se fut livré de bonne foi, on l’immola ! »

Napoléon à bord du Bellerophon. Peinture de William Quiller Orchardson (1880)
Napoléon à bord du Bellerophon. Peinture de William Quiller Orchardson (1880)

Le peuple anglais, on doit le dire, ne fut pas complice du ministère. Soit admiration pour un homme si extraordinaire, soit pitié pour une si haute infortune, soit enfin par suite de cette tendance que les gouvernés ont partout à contrarier les gouvernants, il manifesta par des signes non équivoques l’intérêt qu’il prenait au noble objet de celte persécution.

La rade de Plymouth était couverte d’embarcations remplies de curieux, et rôdant autour du vaisseau-prison, dont on ne leur permettait pas d’approcher. L’inquiétude que ces démonstrations donnaient au ministère s’accrut, lorsqu’il apprit que, des hommes, instruits du privilège que la loi anglaise, donne à tout créancier, avaient fait partir de Londres un officier, public avec un ordre d’habeas corpus pour tirer Napoléon des mains de son détenteur. Cet incident fit hâter le départ du prisonnier. Du Bellerophon, qui n’était pas en état de faire un long voyage, on fit passer Napoléon sur le Northumberland, qui appareilla aussitôt pour Sainte-Hélène.

 
 
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