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16 octobre 1793 : exécution de la reine Marie-Antoinette

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Éphéméride, événements
Les événements du 16 octobre. Pour un jour donné, découvrez un événement ayant marqué notre Histoire. Calendrier historique
16 octobre 1793 : exécution
de la reine Marie-Antoinette
(D’après « Histoire des conspirations et des exécutions politiques en France,
en Angleterre, en Russie et en Espagne, depuis les temps
les plus reculés jusqu’à nos jours » (Tome 1), paru en 1841)
Publié / Mis à jour le lundi 16 octobre 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 6 mn
 
 
 
Huit mois s’étaient écoulés depuis la mort de Louis XVI, et l’on n’avait pas prononcé sur le sort de sa famille, lorsque, le 3 octobre 1793, Billaud-Varennes fit ordonner au Tribunal révolutionnaire de « s’occuper, sans délai et sans interruption, du procès de la veuve Capet »

Le 11 octobre, le Comité de Salut public envoya les pièces à l’accusateur Fouquier-Tinville, en lui recommandant de seconder son zèle. Le lendemain, 12, Marie-Antoinette fut interrogée secrètement dans une salle obscure, où plusieurs témoins l’entendirent sans qu’elle pût les apercevoir.

— C’est vous, lui dit le président Hermann, qui avez appris à Louis Capet l’art de la dissimulation avec laquelle il a trompé le peuple ?

— Oui, répondit la reine, le peuple a été trompé, mais ce n’est ni par mon mari ni par moi.

— Vous n’avez jamais cessé, dit encore le président, de vouloir détruire la liberté. Vous vouliez remonter au trône sur les cadavres des patriotes.

— Nous n’avons jamais désiré que le bonheur de la France, répondit la reine ; nous n’avions pas besoin de remonter sur le trône, nous y étions.

Le 14 octobre, elle parut devant le Tribunal révolutionnaire. Parmi les jurés qui devaient prononcer sur son sort, se trouvaient un perruquier, un peintre, un tailleur, un menuisier et un recors. L’acte d’accusation commençait ainsi : « A l’instar des Brunehaut et des Frédégonde, disait Fouquier-Tinville, Marie-Antoinette a été le fléau et la sangsue des Français. » Il se terminait par l’accusation dont Hébert et ses collègues étaient allés demander le témoignage aux propres enfants de l’illustre accusée.

Marie-Antoinette et ses enfants. Peinture d'Élisabeth Vigée Le Brun (1787)

Marie-Antoinette et ses enfants. Peinture d’Élisabeth Vigée Le Brun (1787)

Hébert, rédacteur de la feuille intitulée le Père Duchêne, et auparavant vendeur de contremarques à la porte des spectacles, rapporta les horribles questions qu’il avait faites à ces enfants. Il dit que Charles Capet (le dauphin) avait raconté à Simon, son précepteur, le voyage à Varennes, et désigné Lafayette et Bailly comme en étant les coopérateurs. Puis il ajouta que cet enfant avait des vices funestes et bien prématurés pour son âge ; que Simon, l’ayant surpris et l’ayant interrogé, avait appris qu’il tenait de sa mère les vices auxquels il se livrait. Hébert ajouta que Marie-Antoinette voulait sans doute, en affaiblissant la constitution physique de son fils, s’assurer le moyen de le dominer s’il remontait sur le trône.

La reine, contenant d’abord son indignation, s’abstint de répondre ; mais, pressée par un des jurés sur les mêmes faits, elle se retourna vers le public avec dignité, et prononça ces paroles remarquables : « Je croyais que la nature me dispenserait de répondre à une telle imputation ; mais j’en appelle au cœur de toutes les mères ici présentes. » Cette réponse fit une profonde impression sur tous les assistants.

Cependant Marie-Antoinette reçut de courageux hommages de la part de plusieurs témoins, qu’on avait tirés de leurs prisons pour les faire comparaître. Quand le vénérable Bailly fut amené, Bailly, qui autrefois avait si souvent prédit à la Cour les maux qu’entraîneraient ses imprudences, il parut douloureusement affecté ; et comme on lui demandait s’il connaissait la femme Capet :

— Oui, dit-il en s’inclinant avec respect, oui, j’ai connu madame.

Il déclara ne rien savoir, et soutint que les déclarations arrachées au jeune prince, relativement au voyage à Varennes, étaient fausses.

— Fausses ! s’écria le président Hermann avec l’accent de la fureur ; tu oses, toi, vil aristocrate, accuser de mensonge le vertueux Hébert !... Mais c’est chose toute simple : il appartient à l’assassin du peuple de prêter assistance à une Messaline jadis couronnée dont le peuple souverain a brisé le trône.

— Si mon appui pouvait être de quelque secours à madame, répliqua dignement Bailly en s’inclinant de nouveau devant la reine, il n’y aurait ni injures, ni menaces capables de m’empêcher d’accomplir ce devoir ; mais je le ferais toujours sans outrager la vérité...

— Le malheureux se perd ! dit à demi-voix Marie-Antoinette en se penchant vers Chauveau-Lagarde, un de ses défenseurs.

Bien que Bailly eût entendu ces paroles, il continua avec le même calme :

— L’homme qui a toute sa vie respecté la vérité, ne saurait mentir alors qu’il a un pied dans la tombe.

Cet incident ayant produit quelque sensation dans l’auditoire, le président ordonna de reconduire Bailly à la Conciergerie. Bailly alors se tourna pour la dernière fois vers la reine, et ils échangèrent un sublime regard.

Dans la suite des débats, on reprocha à la reine le nombre de souliers qu’elle avait usés ; on l’accusa d’avoir accaparé pour 1 500 000 francs de sucre et de café, d’avoir dépensé des fonds considérables pour un rocher, d’avoir tenu un conciliabule le jour où le peuple fit l’honneur à son mari de le décorer du bonnet rouge, d’avoir porté des pistolets dans ses poches, etc.

Dans son résumé, le président parla de bouteilles vides trouvées sous le lit de Marie-Antoinette après le massacre du 10 août ; il déclara que le peuple avait été trop longtemps victime des machinations infernales de cette moderne Médicis ; et il parla de justice impartiale, de conscience, d’humanité. Pendant trois jours et trois nuits que durèrent les débats, l’accusée n’eut pas un seul instant de repos. Elle fut constamment sublime par sa contenance et par toutes ses réponses simples, précises, pleines de calme et de noblesse.

Procès-verbal d'exécution de mort de Marie-Antoinette

Procès-verbal d’exécution de mort de Marie-Antoinette

L’inflexibilité de la reine dans certaines circonstances ou encore l’évasion de Varennes qu’on lui attribuait, avaient puissamment contribué à enlever à Louis XVI la popularité dont il avait d’abord été entouré à son avènement. Mais ces griefs paraissent bien futiles, comparés aux traitements et supplices affreux qui furent infligés à Marie-Antoinette. Les accusations que nous venons de rapporter avaient été précédées de tortures morales et physiques : enfermée dans un des cabanons de la Conciergerie, la reine y manquait des choses les plus essentielles à la vie ; privée de linge, de chaussures, elle en était réduite à recoudre elle-même ses vêtements tombant en lambeaux, et la veille de sa comparution devant ses juges, elle raccommodait ses bas au jour douteux qui pénétrait au travers des barreaux de son cachot.

Marie-Antoinette fut condamnée à l’unanimité ; elle entendit son arrêt de mort sans effroi, le 16 octobre 1793, à quatre heures du matin. Rentrée dans sa prison, elle écrivit à madame Élisabeth une lettre touchante qui ne devait point parvenir à son adresse. Un prêtre constitutionnel s’était présenté pour lui offrir les derniers secours de la religion, elle refusa de l’entendre ; et lorsque les bourreaux entrèrent, cet homme lui ayant dit :

— Voilà le moment de demander pardon à Dieu.

— De mes fautes, reprit-elle ; mais non de mes crimes, car je n’en ai jamais commis.

A onze heures, elle sortit de la Conciergerie, vêtue de blanc, témoigna quelque étonnement de ce qu’on ne la conduisait pas au supplice comme Louis XVI, dans une voiture fermée, et monta dans un tombereau avec l’exécuteur et le prêtre. Elle avait elle-même coupé ses cheveux ; ses mains étaient liées sur le dos. Son dernier vœu, ainsi qu’elle venait de l’écrire à madame Elisabeth, était de mourir avec autant de fermeté que son époux.

La garde nationale formait une double haie sur son passage ; l’armée révolutionnaire suivait, et un homme précédait le cortège, exhortant le peuple à applaudir à la justice nationale. Cette exhortation ne fut que trop entendue. Le cortège prit le chemin le plus long, passa dans les rues les plus populeuses, et fut plus de deux heures avant d’arriver au lieu du supplice, sur la place fatale où, dix mois auparavant, avait succombé Louis XVI. Les marches du grand escalier de Saint-Roch étaient couvertes de spectateurs ; ils applaudirent avec fureur lorsque la fatale charrette passa devant eux, et voulant considérer à loisir les traits de la victime, ils la firent arrêter. Elle promenait avec indifférence ses regards sur ce peuple qui tant de fois avait applaudi à sa beauté et à sa grâce.

Arrivée au pied de l’échafaud, elle aperçut les Tuileries, et parut émue ; alors elle se hâta de monter la fatale échelle, et se livra avec courage aux bourreaux.

Madame Elisabeth, sœur de Louis XVI, survécut sept mois à son infortunée belle-sœur. On l’envoya à la mort le 10 mai 1794. On s’accordait généralement à vanter les vertus privées de cette princesse ; mais la tempête populaire était alors dans toute sa violence, et les fautes des grands devaient être cruellement expiées. Madame Elisabeth fut jugée, condamnée et conduite au supplice le même jour, dans une charrette, avec une foule d’autres condamnés qui furent exécutés avant elle.

Exécution de la reine Marie-Antoinette le 16 octobre 1793

Exécution de la reine Marie-Antoinette le 16 octobre 1793

Voici la lettre que Marie-Antoinette écrivit à Madame Elisabeth le 16 octobre 1793, à à quatre heures et demie du matin :

« C’est à vous, ma sœur, que j’écris pour la dernière fois, je viens d’être condamnée, non pas à une mort honteuse, elle ne l’est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère ; comme lui innocente, j’espère montrer la même fermeté que lui dans ses derniers moments. Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien, j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que je n’existais que pour eux, et vous, ma bonne et tendre sœur ; vous qui avez, par votre amitié, tout sacrifié pour être avec nous. Dans quelle position je vous laisse ! « J’ai appris, par le plaidoyer même du procès, que ma fille était séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant, je n’ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre. Je ne sais pas même si celle-ci vous parviendra.

« Recevez pour eux deux ici ma bénédiction ; j’espère qu’un jour, lorsqu’ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins. Qu’ils pensent, tous deux, à ce que je n’ai cessé de leur inspirer ; que les principes et l’exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie, que leur amitié et leur confiance mutuelle en fera le bonheur. Que ma fille sente qu’à l’âge qu’elle a, elle doit toujours aider son frère par les conseils que l’expérience, qu’elle aura de plus que lui, et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils à son tour rende à sa sœur tous les soins, les services que l’amitié peut inspirer ; qu’ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union. Qu’ils prennent exemple de nous. Combien dans nos malheurs notre amitié nous a donné de consolations ; et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami. Et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille ! Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père, que je lui répète expressément, qu’il ne cherche jamais à venger notre mort.

« J’ai à vous parler d’une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine ; pardonnez-lui, ma chère sœur, pensez à l’âge qu’il a, et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu’on veut, et même ce qu’il ne comprend pas ; un jour viendra, j’espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux. Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J’aurais voulu les écrire dès le commencement du procès, mais outre qu’on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide que je n’en aurais réellement pas eu le temps.

« Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée et que j’ai toujours professée ; n’ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s’il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis, les exposerait trop s’ils y entraient une fois.

« Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que, dans sa bonté, il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps, pour qu’il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais, et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aurais pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs.

« J’avais des amis, l’idée d’en être séparée pour jamais, et leurs peines, sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant ; qu’ils sachent du moins que jusqu’à mon dernier moment j’ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre sœur, puisse cette lettre vous arriver ; pensez toujours à moi, je vous embrasse de tout mon cœur ainsi que mes pauvres et chers enfants. Mon Dieu, qu’il est déchirant de les quitter pour toujours ! Adieu, adieu ! Je ne vais plus m’occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m’amènera peut-être un prêtre. Mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger. »

 
 
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