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Coutumes et traditions : tortures et supplices au XVIe siècle. Question par l'eau, le feu, bûcher, brodequins, poing coupé, langue coupée, tête coupée

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Coutumes, Traditions
Origine, histoire des coutumes, traditions populaires et régionales, fêtes locales, jeux d’antan, moeurs, art de vivre de nos ancêtres
Tortures et supplices au XVIe siècle
(D’après « Histoire du Palais de justice de Paris
et du parlement 860-1789 » paru en 1863)
Publié / Mis à jour le mercredi 3 août 2011, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
C’est à partir du XVIe siècle qu’on se mit à chercher et à ajouter des raffinements aux supplices ; pendant les deux siècles précédents, la pénalité s’était quelque peu adoucie, on la rendit féroce. Les exécutions étaient de natures diverses : les unes qu’on pouvait appeler exécutions simples, les autres qui étaient mêlées de peines compliquées.

Les exécutions simples consistaient dans la privation de la vie : s’il s’agissait d’une personne noble, on lui tranchait la tête ; s’il s’agissait d’une personne de roture, on employait la strangulation au moyen d’une corde attachée à une potence. On était condamné à la potence pour un très grand nombre de cas ; citons-en quelques-uns : vol avec effraction, vol domestique, pour meurtre, infanticide, incendie, viol, rapt, contrebande avec attroupement, fausse monnaie, libelles diffamatoires, coups et blessures ayant fait perdre la vie. De Pastoret a énuméré cent quinze cas où la peine de mort était prononcée tant par les tribunaux que par les conseils de guerre.

Question par l'eau

Question par l’eau

Dans l’étendue du parlement de Paris, il y avait deux sortes de questions : la question ordinaire et la question extraordinaire à l’eau et aux brodequins. Dans d’autres parlements, il s’en donnait de plusieurs sortes, comme les mèches allumées entre les doigts, des poids aux pieds élevés en l’air, par les bras derrière le dos, etc. Concernant la question dite à l’eau, la plus ou moins grande quantité de liquide qu’on faisait avaler à l’accusé faisait la différence de la question ordinaire à l’extraordinaire. Quand on avait lu à l’accusé la sentence qui le condamnait à subir la question, on le faisait asseoir sur une espèce de tabouret de pierre ; on lui attachait les poignets à deux anneaux de fer, distants l’un de l’autre, derrière son dos ; puis les deux pieds à deux autres anneaux qui tenaient à un autre mur devant lui ; on tendait toutes les cordes avec force ; et lorsque son corps commençait à ne plus pouvoir s’étendre, on lui passait un tréteau sous les reins, ensuite on tendait encore les cordes jusqu’à ce que le corps fût bien en extension.

Le questionnaire, homme destiné par sa charge à cette triste besogne, tenait d’une main une corne de bœuf creuse, de l’autre il versait de l’eau dans la corne et en faisait avaler au criminel quatre pintes pour la question ordinaire et huit pintes pour l’extraordinaire. Un chirurgien tenait le pouls du patient et faisait arrêter pour un instant, suivant qu’il le sentait faiblir. Pendant ces intervalles, on interrogeait le patient pour obtenir de lui des révélations.

Les brodequins
La question dite des brodequins se donnait plus rarement que la question par l’eau, parce qu’elle pouvait estropier le patient. On ne donnait guère cette question qu’aux accusés de grands crimes et dont la condamnation paraissait inévitable : on cherchait, au moyen de la torture des brodequins, à en obtenir des éclaircissements ou des aveux. Voici comment on procédait :

On faisait asseoir le patient, on lui attachait les bras, on lui faisait tenir les jambes à plomb, puis on lui plaçait le long des deux côtés de chaque jambe deux planches, une en dedans et une en dehors ; on les serrait contre les jambes ; on les liait sous le genou et au-dessus de la cheville du pied ; ensuite, ayant placé les jambes près l’une de l’autre, on les liait toutes deux ensemble avec des cordes pareilles placées aux mêmes endroits ; puis on frappait des coins de bois dans les deux planches placées en dedans entre les genoux, et par en bas entre les deux pieds : ces coins serraient les planches de chaque jambe, de façon à faire craquer les os. La question ordinaire était de quatre coins, l’extraordinaire de huit. On condamnait certains criminels à être pendus et brûlés ; on les pendait d’abord, puis on les descendait de la potence pour être placés sur un bûcher et brûlés.

Enfin, dans les crimes horribles ou capitaux, on assemblait plusieurs supplices : 1° la question ordinaire et extraordinaire ; 2° l’amende honorable ; 3° quelquefois le poing coupé, ou les deux poings coupés, ou la langue coupée ou percée. Le dernier supplice consistait à être pendu, roué ou écartelé, brûlé. Le criminel condamné à être écartelé était démembré par quatre chevaux qu’on attachait à son corps au moyen de liens, et qu’on lançait en sens divers. Ce supplice était très rare. On l’appliquait pour crime de lèse-majesté au premier chef. Damiens, Ravaillac, Jean Chatel ont été écartelés. Le criminel condamné, soit à la potence, soit à avoir la tête tranchée, était conduit devant la porte de l’église où il venait faire amende honorable, ou au lieu même du supplice qu’il allait subir. Les supplices simples pouvaient avoir des aggravations de peines que nous allons indiquer.

Poing coupé
On faisait mettre le patient à genoux, puis on le forçait à mettre la main à plat sur un billot haut d’un pied ou environ, et d’un coup de hachette ou couperet, le bourreau lui faisait sauter la main et lui mettait tout de suite le moignon dans un sac rempli de son, qu’il liait à cause du sang.

Langue coupée
L’exécuteur la coupait avec un couteau.

Langue percée
Il la perçait avec un fer rouge, pointu ou à froid, suivant l’arrêt.

Les criminels condamnés au même supplice étaient conduits ensemble au lieu du supplice ; le plus coupable, ou celui qui était réputé tel, était exécuté le premier. On lisait au condamné son arrêt en sortant de la prison ; voici comment on le menait au lieu du supplice : on lui passait une corde avec un nœud coulant qui lui entourait le milieu de l’avant-bras ; on conduisait cette corde par derrière le dos, à l’autre avant-bras ; l’ayant entouré, on ramenait la corde au premier, de là au second, et on l’arrêtait. Par ce moyen elle se trouvait double derrière le dos et aux deux avant-bras ; préalablement il avait toujours les deux mains liées ensemble.

Exécution par le feu au XVIe siècle

Exécution par le feu au XVIe siècle

Quand il s’agissait d’un criminel qu’on allait pendre, on le faisait monter dans la charrette de l’exécuteur. Il était assis sur une planche de traverse, le dos tourné au cheval, et l’exécuteur derrière. Arrivé à la potence, où était appuyée et liée une échelle, le bourreau montait le premier à reculons, et aidait, au moyen des cordes, le criminel à monter de même. Le confesseur montait ensuite du bon sens. Pendant qu’il exhortait le patient, l’exécuteur attachait les tourtouses au bras de la potence, et, lorsque le confesseur commençait à descendre, le bourreau, d’un coup de genou et aidé du pied, faisait quitter l’échelle au patient qui se trouvait suspendu en l’air ; les nœuds coulants des tourtouses lui serraient le cou ; alors l’exécuteur, se tenant des mains au bras de la potence, montait sur les mains liées du patient, et à force de coups de genou dans l’estomac et de secousses, il terminait le supplice par la mort.

Couper la tête
On coupait la tête, ainsi que nous l’avons dit plus haut, aux gentilshommes. Pour ce supplice, on élevait un échafaud en planches de dix à douze pieds en carré et de cinq à six pieds de haut. On amenait le patient au pied de l’échafaud ; quand il l’avait gravi, on lui ôtait son habit, il restait en chemise et le cou découvert ; on lui liait les mains par-devant, il se mettait à genoux, et on lui coupait les cheveux ; on lui faisait ensuite mettre la tête sur un billot, haut de huit pouces environ, placé sur l’échafaud ; le confesseur alors se retirait et l’exécuteur, armé d’un sabre lui abattait la tête, presque toujours d’un seul coup ; s’il la manquait, il achevait de la couper sur le billot à coups de hache.

Quand on faisait trancher la tête en un parlement, on emportait la tête où le crime avait été commis, alors même que ce fût hors du parlement, et c’est pour cela que la tête du complice de Biron fut portée à Rennes. « M. de Montbar, dit Scaliger, en a été en peine et l’est encore, car on pense qu’il en soit la cause ; mais c’est la coutume. Feu ma mère, voyant le bourreau porter un sac, demanda ce que c’étoit. Il répondit, en riant, que c’étoit deux prunes ; elle les voulut voir ; il tira des têtes qu’il portoit de Toulouse, chacun en son lieu où le mal fait avait été commis, quoi vu, elle évanouit grosse de moi ». Ces têtes étaient ensuite exposées pendant certain temps en place publique.

Il y avait, dans les cas de crimes énormes, des criminels qui étaient condamnés à être roués ou rompus. Tous les arrêts qui condamnaient les criminels à être rompus, disaient toujours qu’ils seraient rompus vifs : mais le plus souvent les juges mettaient un retentum au bas, qui disait, ou qu’ils endureraient un ou deux coups vifs, ou qu’ils seraient étranglés au bout de plus ou moins d’heures. Quand on lisait l’arrêt aux criminels, on ne leur lisait jamais le retentum : il n’y avait que le bourreau qui en avait communication.

On condamnait aussi au supplice du feu pour certains crimes, tels qu’hérésie, magie, sortilèges. Pour l’exécution, on plantait au lieu du supplice un poteau de sept à huit pieds de haut, autour duquel on construisait un bûcher en carré, composé alternativement de fagots, de bûches et de paille : on plaçait aussi autour du bas du poteau un rang de fagots et un second de bûches. On laissait à ce bûcher un intervalle pour arriver à ce poteau ; on élevait le bûcher à peu près jusqu’à la hauteur de la tête du patient. On l’amenait ensuite au pied du bûcher ; là, on le déshabillait, on lui mettait une chemise soufrée, on le faisait monter sur les rangs de fagots de bois qui étaient au bas du poteau. Là, tournant le dos au poteau, on lui attachait le cou avec une corde, le milieu du corps avec une chaîne de fer, et les pieds avec une corde : ces trois liens entouraient le patient et le poteau ; ensuite on finissait la construction du bûcher, en bouchant avec bois, fagots et paille, l’endroit par lequel il était entré, de telle sorte qu’on ne le voyait plus, puis on mettait le feu au bûcher.

Quelquefois, pour éviter au patient de trop longues souffrances, l’exécuteur des hautes œuvres, au moment où on mettait le feu au bûcher, plaçait un croc de fer, ayant la pointe tournée vers le cœur, de telle sorte qu’en poussant ce croc, on donnait promptement la mort au condamné.

 
 
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