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Nicolas Gargot, La Rochelle, corsaire et capitaine rochelais. Batailles navales, vaisseaux de combat. Jambe de Bois

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Personnages : biographies
Vie, oeuvre, biographies de personnages ayant marqué l’Histoire de France (écrivains, hommes politiques, inventeurs, scientifiques...)
Gargot (Nicolas), capitaine rochelais
(D’après « Bulletin de la Société de géographie
de Rochefort-sur-Mer » paru en 1898)
Publié / Mis à jour le lundi 21 septembre 2015, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 9 mn
 
 
 
Nicolas Gargot naquit à La Rochelle, en 1619. Son père, Hilaire Gargot, était marchand, son aïeul capitaine de marine. « Ce grand-père, nommé Jacques Lardeau, capitaine de marine, rendit à la France le plus grand service : c’est que Henri le Grand, roi de Navarre, du temps qu’il était à La Rochelle, étant tombé dans le canal, entre deux vaisseaux, il le retira de la mer et le sauva sur ses épaules ».

Nicolas Gargot avait un frère, Jean, capitaine entretenu pour le service de Sa Majesté, et un neveu, Imbert, qui entra au service de la République de Venise, eut une compagnie dans le régiment de Negroni et parvint au grade de colonel.

Nicolas Gargot, à l’âge de 13 ans, prend le parti des armes. « Il se trouva, en qualité de volontaire, en plusieurs belles occasions, particulièrement au grand combat qui se donna, l’an 1636, à quarante-sept galères d’Espagne, sur la Méditerranée, et à l’attaque des îles Sainte-Marguerite, qui se fit l’an 1637. L’année d’après, il eut la charge de commissaire et garde des magasins dans l’Acadie, puis exerça celle de lieutenant au même pays, un an durant. Après quoi étant revenu en France, il fut commis à la garde des côtes de Bretagne sur une frégate de 20 pièces de canon. L’an 1645, M. le maréchal de la Meilleraye l’honora de l’emploi de commissaire de l’artillerie ; comme il servait en cette qualité au siège de la Mothe, en Lorraine, sous le commandement de M. de Magaloti, il arriva que, dressant une batterie avancée, il reçut une grande mousquetade au genou droit, qui le contraignit de se faire porter à La Rochelle, où il fut près de deux ans au lit, et ne put se guérir qu’en perdant l’usage de sa jambe, au lieu de laquelle il fut obligé d’en prendre une de bois », d’où son surnom de Jambe-de-Bois.

Le port de La Rochelle. Peinture de Jean-Baptiste Corot (1851)

Le port de La Rochelle. Peinture de Jean-Baptiste Corot (1851)

Mais, ajoute Artère, « ce brave, dont le courage était resté entier dans un corps mutilé, ne pouvant contenir son ardeur captive dans sa maison, se dispose à tenter encore les hasards de la guerre ». On lui donne le commandement d’un vaisseau dans la flotte qui, sous les ordres du duc de Richelieu, battit, en 1647, l’armée navale des Espagnols, près de Castel-la-Mare. Gargot, après cette expédition, obtient de la reine une commission de capitaine entretenu dans la marine, aux honoraires de deux cents livres. L’envie de faire fortune ou de se signaler par quelque coup d’éclat, le détermina à faire la course.

En 1649, avec l’autorisation royale, il arma le vaisseau le Léopard. Louis Foucault de Saint-Germain, comte du Daugnon, vice-amiral de France, qui prétendait participer, dans une large part, aux bénéfices, sans courir aucun risque, lui impose son association dans l’armement et accapare tout le profit des prises faites par Gargot sur les Espagnols.

Après avoir dévoré bien des chagrins, il appareille au mois d’avril 1650 et cingle vers Dunkerque, ayant reçu ordre de la cour d’aller croiser dans les parages de cette ville. Gargot, après avoir rempli l’objet de sa commission, prend le large et fait route vers le nord de l’île de Terre-Neuve, rançonne des Espagnols occupés à la pêche de la morue, relâche aux Açores et de là à Lisbonne, où il radoube son vaisseau. Il reçoit avis qu’il était parti de la rivière de La Plata des navires espagnols extrêmement riches et l’intrépide Rochelais fait voile à l’instant, à dessein de les attendre aux Canaries. Il avait alors autour de lui des ennemis plus dangereux que ceux qu’il allait chercher. Un dimanche, après la prière du soir, le 27 mars 1651, des mutins émissaires du comte du Daugnon prétextent un léger retranchement de vivres dicté par un esprit de précaution, prennent les armes, excitent une révolte dans le vaisseau.

Les matelots fidèles à Gargot se battirent furieusement entre les deux ponts, à coups de pique, de grenades et de pistolets. Le lieutenant Berthier ne rendit pas grande défense, mais demanda quartier ; le maître se rendit aussi, mais après avoir été blessé, et on les enferma tous deux dans la fosse aux câbles, avec tous les autres qui avaient résisté à la conspiration. Gargot s’étant éveillé à ce grand bruit de cris et de coups, ne pouvait juger ce que c’était, mais il l’apprit bientôt, quand, sortant de la dunette, il vit venir à lui ces dix-huit ou vingt furieux, la pique à la main, qui criaient : « Tue, tue ! », et lui allongeaient quantité de coups, mais d’une main tremblante. Il para assez heureusement les premiers avec une baïonnette, qui lui servait de couteau, puis avec un livre, qu’il prit dans la dunette (c’était l’Hydrographie du Père Fournier) ; il reçut quantité de coups de piques dans ce livre, dont il se faisait comme un plastron, et ne perdit jamais le jugement, leur disant tantôt : « Ah ! mes amis, quel esprit vous pousse à tuer si misérablement votre capitaine ? » Tantôt, d’un ton plus irrité, leur criant : « Ah ! traîtres, que faites-vous, Dieu me vengera ! »

Carte de la reprise par les Français, en 1637, des îles Sainte-Marguerite aux Espagnols

Carte de la reprise par les Français, en 1637,
des îles Sainte-Marguerite aux Espagnols

Cependant, il reçut plusieurs coups dans les bras et dans les cuisses, qui lui firent tomber ce livre des mains. Il prit, néanmoins, encore un matelas, afin de parer. Son dessein était de sortir pour encourager ceux qui tenaient son parti, mais il ne le put jamais faire et laissa tomber le matelas à la porte. En ce temps-là, un de ses pilotes entra avec lui et lui dit : « Ah ! monsieur, nous sommes perdus ! » « Puisque cela est, lui dit-il, mon ami, mourons en braves gens ; si tout nous trahit, ne nous trahissons pas nous-mêmes ; donne-moi deux pistolets qui sont derrière le chevet du lit où j’ai couché ».

Le pilote les lui ayant donnés, il se mit encore en devoir de sortir de la chambre ; mais les coups de piques qu’ils poussaient, sitôt qu’ils voyaient la porte ouverte, l’en empêchèrent. Il crut que s’il pouvait abattre deux ou trois des plus échauffés, il se ferait jour. Pour cela il tira ses deux pistolets, mais il ne tua personne ; peut-être que le petit valet qui lui avait caché sa jambe de bois en avait ôté les balles. Quoi qu’il en soit, se faisant arme de toutes choses, il jeta ses deux pistolets à la tête de ses assassins et ensuite tous les gros livres du lieutenant Berthier, qui en avait assez bon nombre. Les traîtres se résolurent d’amener une pièce de canon à la porte pour faire périr tout d’un coup leur capitaine. Il chercha sa jambe de bois et se l’accommoda et saisit deux épées. Les grands efforts qu’il avait faits pendant ce combat et un nombre incroyable de blessures le firent tomber évanoui hors de la chambre, à la bouche du canon prêt à tirer. Les traîtres, le croyant mort, jetèrent un grand cri de joie et lui passèrent tous par dessus le corps pour aller piller ce qui était dans la dunette.

Au bout de deux heures, Gargot reçut un coup de pistolet, dont il pensa mourir. Il fit le vœu, s’il pouvait sortir de là, d’aller à Jérusalem remercier la bonté divine d’une si grande grâce ; il n’eut pas plus tôt fait le vœu qu’il lui sembla voir une grande lumière extraordinaire dans laquelle était un crucifix, supporté d’une parfaitement belle personne. Deux heures s’écoulent encore et son meurtrier lui amène un chirurgien pour le panser, disant que le conseil avait consenti à lui laisser la vie, se réservant de le vendre comme esclave en Barbarie, où ils auraient de bon argent de sa peau. Le chirurgien lui trouva vingt-quatre blessures.

Les mutins changent d’avis et décident qu’un d’entre eux ira lui plonger un poignard dans le cœur. L’assassin se présente avec un coutelas, un pistolet et un poignard à la ceinture. A son air effaré et menaçant, il semble annoncer à l’infortuné capitaine le dernier instant de sa vie. Il lui demanda s’il n’était pas vrai que lorsqu’ils seraient en France, il les ferait tous pendre. « Ah ! mon ami, repartit le blessé, crois-tu qu’en l’état où je suis, je pense à faire du mal à personne ? Non, je songe seulement à Dieu ; je le prie qu’il me pardonne et à tous ceux qui m’ont réduit ici ». La fureur du canonnier lui échappe, un subit mouvement de pitié arrête son bras, il tombe aux genoux de son maître, et, les larmes aux yeux : « J’étais venu, lui dit-il, pour te tuer, mais je vois je ne sais quoi dans ton visage qui me désarme ».

Tel fut l’esclave Cimbre, chargé de couper la tête à Marius, et qu’on vit sortir de prison reculant d’effroi et proférant ces paroles : « Non, je ne saurais tuer le grand Marius ! » Il jette son coutelas et son pistolet et promet à son capitaine de le sauver des mains des rebelles. La rencontre d’un vaisseau turc porte même les rebelles à rendre le commandement à Gargot, pour défendre le navire. Mais, le péril passé, les révoltés, qui n’osaient revenir en France, prennent le parti d’aller débarquer sur une côte d’Espagne ; ils arrivent au port de Sainte-Marie, en Andalousie, où le malheureux Rochelais est lâchement livré par des Français, aux ennemis de la France, après l’avoir revêtu d’une casaque écarlate chamarrée de galons d’or et d’argent, qui lui appartenait, malgré l’intervention du consul et des marchands français, qui, par leurs soins, retirèrent du tombeau la vie de Gargot.

Les Espagnols le jettent dans une affreuse prison. Confondu avec des scélérats, réduit à une extrême misère, il regrette de n’avoir pas été tué glorieusement sur un champ de bataille, en combattant sous le drapeau français. Les ministres de la cour de Madrid avaient entendu parler de Gargot comme d’un officier distingué, excellent homme de mer ; ils voulaient, par cette dure captivité, le préparer à écouter leurs offres. Le duc de Medina-Cœli le mande et feint d’abord de prendre beaucoup de part à sa situation. Il joue l’attendrissement. « Dans le désir où je suis, lui dit-il, de soulager la vertu malheureuse, j’ai imaginé un moyen : c’est de vous faire entrer au service d’Espagne. On connaît ici le prix des talents et l’on sait les récompenser ; je ferai en sorte que vous débutiez par les honneurs du commandement. On vous donnera dix à douze navires, avec le titre de chef d’escadre général de Flandres, et une commission du prince de Condé ».

Gargot répond au duc qu’étant Français, il n’oublierait jamais le nom qu’il portait, ni la fidélité qu’il devait au drapeau de sa patrie. Medina-Cœli le fait reconduire en prison. Il reçut des lettres de son lieutenant Berthier et du sieur de Saint-Pierre, son enseigne, qui promettaient d’intervenir pour le faire mettre en liberté. Quelque temps après, on adoucit la rigueur de sa situation, on le transfère dans une tour, puis on lui laisse la permission de sortir. Il est secouru par la compassion d’une grande dame, qui lui envoya par un laquais des poules, deux bouteilles de vin, des raisins de Damas et quelques confitures, et lui souhaita liberté et bonheur.

La généreuse protectrice de Gargot lui fit dire « qu’elle désiroit fort luy parler, et qu’il s’en allast, l’après-dîner, sur le bord de la mer, à une petite chapelle où il y avait dévotion, et qu’elle se trouveroit proche de là avec ses femmes ». Il ne manqua pas de se rendre à cette invitation et la dame ne fut pas moins diligente que lui. Il l’y trouva avec ses deux vieilles gouvernantes, qui étaient assises sur l’herbe. Aussitôt qu’il s’approcha d’elles, les vieilles se retirèrent à l’écart pour donner le temps à leur maîtresse de lui parler en particulier. Elle le fit asseoir auprès d’elle et lui dit galamment : « Est-il pas vrai, cavalier, que vous trouvez un peu étrange qu’une damoiselle prenne la liberté de vous donner des rendez-vous, mais sachez que je n’ai autre intention dans cette rencontre, que de vous assurer de ma bonne volonté et de vous offrir de l’argent, si vous en avez besoin, pour vous retirer de la captivité où vous êtes tombé, par la plus lâche et la plus détestable de toutes les trahisons ».

Il la remercia très humblement de tant de bontés qu’elle avait pour lui. « Cavalier, répondit-elle, l’accident qui vous est arrivé et que je sais parfaitement, m’est si sensible et me touche si fort, qu’il n’y a rien au monde que je ne fasse pour vous faire connaître qu’il y a des âmes espagnoles qui chérissent la vertu dans les fers. Assurez-vous donc toujours de mon assistance dans ce pays icy ; j’ai du bien suffisamment pour vous secourir dans vos disgrâces, sans m’incommoder, car je n’ai qu’un frère, qui me laisse disposer assez librement des moyens que nos père et mère nous ont laissés, et qui ne sont pas petits ».

Là-dessus elle appela sa gouvernante, qui apporta des confitures que l’on mit sur l’herbe dans une tarayolle de soie de diverses couleurs, et ainsi il fit collation avec la dame, ce qui n’est pas une petite faveur en Espagne. On peut bien s’imaginer qu’il employa tout ce qu’il avait d’esprit pour remercier cette généreuse Espagnole, qui lui dit en le quittant : « Cavalier, souvenez-vous, je vous prie, que j’ai de l’estime pour votre mérite et qu’il ne tiendra qu’à vous que je vous donne la liberté, m’en dût-il coûter des larmes, souvenez-vous, je vous en prie, adieu ». Ce dernier mot fut accompagné d’un grand soupir.

Cependant Gargot reçoit ordre de s’embarquer sur un galion destiné pour Barcelone. On comptait qu’il y aurait eu échange de prisonniers. Gargot, après avoir essuyé de nouveaux dangers et de nouvelles traverses, fut ramené au port de Sainte-Marie, dépouillé et sans argent. Le duc de Medina-Cœli parut touché de son état ; il lui fit donner des habits et lui annonça, en même temps, que, le maréchal de Grammont ayant sollicité sa délivrance, il fallait qu’il allât à Madrid recevoir son passeport.

Le temps, qui amène toutes choses, lui ayant enfin rendu la santé, il fut remercier le duc de son assistance. Il alla aussi, un soir, chez sa généreuse Espagnole, qui lui demanda un cachet où étaient gravées ses armes. Il tint à grande faveur de lui accorder cette marque de son respect, et elle lui protesta qu’elle le garderait toute sa vie et qu’elle en cachetterait toujours ses lettres, avec plusieurs autres paroles pleines de tendresse, mais accompagnées d’une grande modestie et de beaucoup de retenue.

Avant de s’embarquer, il fut dire adieu à ses connaissances et aux marchands français demeurant au port de Sainte-Marie, qui recueillirent entre eux environ cinquante écus qu’ils mirent dans une bourse et lui en firent présent pour l’aider dans les nécessités de son voyage. Il alla aussi au logis de sa dame pour prendre congé d’elle et y fit porter une fort belle écritoire, laquelle le gouverneur de Saint-Lucar lui avait rendue avec ses papiers, par ordre du duc ; il la donna à cette généreuse Espagnole, lui témoignant que c’était le seul bien qui lui restait de son naufrage et la suppliant de l’accepter et de la conserver pour l’amour de lui, qui chercherait toujours toutes les occasions de lui rendre ses très humbles services et de lui faire connaître, quoiqu’elle eût obligé un malheureux, qu’elle n’avait pas obligé un ingrat. « Si tu ne trouves pas tous les avantages que tu souhaites où tu vas, reviens icy hardiment, je tiendrai à honneur de partager ma fortune avec toi et je t’en donne ma foi dès à présent ».

Disant cela, elle ôta le gant de sa main droite et la présenta à son cavalier, qui la baisa en la remerciant mille fois de tant de grâces. Après cela, elle lui apporta une bourse de cinquante pistoles, qu’elle lui donna. Enfin, quand il prit congé de cette généreuse personne, elle lui dit, en versant quelques larmes : « Cavalier, plût au Ciel que l’honneur et la bienséance me permettent de t’accompagner, je le ferais avec grande joie, mais puisqu’il ne se peut pas, sache que mon affection et mon cœur t’accompagneront partout ». Ces tendres paroles finirent leur adieu.

Gargot partit enfin et rentra en France ; il eut l’honneur de saluer Leurs Majestés et le cardinal Mazarin, qui lui promit d’appuyer ses prétentions contre le comte du Daugnon ; mais cette affaire eut des longueurs que notre Rochelais ne vit pas finir. Ce comte, qui était entré en part des frais de l’armement dont il a été parlé ci-dessus, s’était emparé des effets, des prises, et n’en rendait pas compte à Gargot ; il s’imaginait sans doute lui avoir prêté à intérêt l’honneur d’être son associé. C’était l’image de la société du lion de la fable.

Carte de l'île de Terre-Neuve

Carte de l’île de Terre-Neuve

En 1653, Gargot se trouve aux sièges de Bourg et de Libourne-sur-Dordogne, il force une estacade sur cette rivière et conduit lui-même l’artillerie qui devait servir à battre la ville. En 1655, il passe en Italie, où il sert en qualité de lieutenant-général d’artillerie du duc de Modène ; il est blessé et fait prisonnier au siège de Crémone, échangé bientôt après. En 1657, il commande un navire du convoi destiné pour la ville de Roses, en Catalogne. On le trouve partout où le service de la France l’appelle ; il combat au siège de Dunkerque, en 1658. En 1662, Gargot s’embarque pour mener des recrues dans le Canada, où les Iroquois nous faisaient une guerre cruelle. Il a le chagrin de voir périr une grande partie de son monde, empoisonné par des provisions surannées et corrompues. Après avoir débarqué, à Tadonsacq, les misérables restes de ses gens de guerre, il revient à La Rochelle. En 1663, même voyage et presque même succès. On lui propose, à son retour, d’aller en Suède charger des canons et du bois de construction ; il part avec trois vaisseaux et reparaît dans nos rades, au mois de septembre. Il avait fait pour ce voyage des avances dont il ne fut pas remboursé.

Accablé de fatigue, infirme, dévoré de chagrin, Gargot meurt en 1664, comme Aristide, si pauvre que, son frère ne pouvant le faire inhumer d’une manière convenable à son état, l’évêque de La Rochelle eut la générosité de se charger des frais des funérailles. Pour remplir la carrière de cet illustre malheureux, dit un historien, il faut y placer tout ce que l’activité du tempérament, la bravoure, la capacité, le zèle et la fidélité à sa patrie peut faire exécuter à une belle âme ; il faut y joindre encore un long tissu d’infortunes, de disgrâces, de peines, de revers, triste chaîne qui s’allongea pour lui tant qu’il vécut, et qui ne fut rompue que par sa mort.

 
 
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