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1er février 1828 : mort du prince Alexandre Ypsilanti

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1er février 1828 : mort du prince
Alexandre Ypsilanti
Publié / Mis à jour le mercredi 17 février 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

La mission d’Alexandre Ypsilanti fut brillante, rapide et malheureuse : le premier, il appela ses frères à l’indépendance, et il se vit presque aussitôt ravir la liberté : il s’élançait vers le trône, disent ses accusateurs, et peu s’en fallût qu’il ne terminât ses jours dans une prison. Quelques reproches qui s’élèvent contre une telle renommée, ne les accueillons qu’avec défiance, et souvenons-nous qu’on s’est privé du droit de les donner comme légitimes, en privant l’infortuné prince des moyens de s’en justifier.

L’historien de là régénération de la Grèce, M. Pouqueville, a tracé d’Alexandre Ypsilanti un portrait manifestement trop sévère : chaque trait dont il se compose renferme son correctif, et s’efface, en quelque sorte, lui-même : nous voulons que le lecteur en juge. « Alexandre Hypsilantis, officier dépourvu de talents positifs, ignorait, avant tout, que les dieux ne laissent rien concevoir de grand que ce qu’ils inspirent. Élevé, suivant l’usage des soi-disant princes du Phanar, par des précepteurs qui lui avaient appris à parler correctement plusieurs langues, il était savant dans cette instruction mâle que donnent les études classiques ; poète, sans feu sacré ; aimable, sans urbanité ; soldat, sans être militaire ; quoiqu’il eût perdu le bras droit à l’affaire de Culm, on ne pouvait guère dire, à cause de cela, qu’il était brave ; mais ce qui caractérisait spécialement Alexandre Hypsilantis, c’était la vanité ordinaire aux Phanariotes, leur esprit d’intrigue, dont le terme ambitieux se bornait à devenir hospodar des peuples abrutis de l’antique Dacie, et une faiblesse de caractère telle qu’il se laissait dominer par des personnes indignes de l’approcher.

« Cependant, ajoute M. Pouqueville, le titre de général au service de Russie, je ne sais quelles décorations dont il était couvert, une réputation qu’il avait su se composer parmi les chrétiens, auxquels il racontait le grand crédit dont il jouissait auprès de l’autocrate orthodoxe ; les vues constantes de ce monarque sur la Turquie, l’armée rassemblée sur le Pruth, qu’il leur montrait, la direction publique de la société des Hétéristes, qui lui était confiée, avaient attiré autour de lui une foule de Grecs ravis de le seconder. »

Sans doute la plus grande faute d’Ypsilanti c’est d’avoir promis à ses compagnons d’armes l’appui de la Russie, avant d’être sûr de l’obtenir. Observons néanmoins que, comme le reste des Grecs, il a pu se laisser abuser par des faits publics, qui semblaient garantir une rupture prochaine entre le cabinet de Saint-Pétersbourg et le Divan.

Ajoutons, avec un historien de la Grèce moderne, que pendant deux années la Russie le laissa conspirer officiellement sur son territoire, et que l’humiliant désaveu dont elle le frappa ne prouve peut-être qu’une chose, c’est qu’Ypsilanti n’était pas autorisé à éclater sitôt.

Ypsilanti prit le titre de généralissime des Hellènes et de représentant de la nation grecque. On lui en fait un crime, sans songer qu’il eut pour premier complice l’enthousiasme national des Hétairistes, qui saluèrent leur chef de ces dénominations plus pompeuses que réelles.

La carrière politique d’Ypsilanti fut si courte que le temps manque pour là bien juger. Une proclamation en signale le début ; une proclamation en marque le terme. (voy. 7 mars et 20 juin 1821.) La première, datée de Jassy, est pleine d’avenir et d’espérance ; la seconde, datée de Rimnick, respire la colère et prodigue l’outrage. Dans les quatre mois qui séparent l’une de l’autre, les rivalités, les revers, les défections avaient aigri l’âme du prince : le bataillon sacré n’était plus : l’élite d’une noble et savante jeunesse, l’orgueil et la force de la Grèce nouvelle, avait péri tout entière à Dragaschan, Ypsilanti n’avait pu ni mourir, ni combattre avec elle. Soit regrets, soit remords, le prince cède au transport de son indignation et fulmine l’acte Injurieux par lequel il licencie son armée.

Égaré par le désespoir, de Rimnick il se rend à Kosia, puis au lazaret de la Tour-Rouge. Quelques jours plus tard, au moment où il sortait de ce poste sanitaire, les troupes autrichiennes le constituent prisonnier, et le conduisent à Mongatz, antique asile de Tékéli. Là s’ensevelissent la destinée, la gloire et les projets d’un héros.

Ypsilanti n’était ni le sujet, ni le soldat de l’Autriche ; de quel droit s’emparait-elle de sa personne ? Était-ce donc en mémoire de l’attentat commis jadis par Léopold, duc d’Autriche, sur le roi d’Angleterre, Richard ? Si l’on peut reconnaître les amis de la liberté à la haine des gouvernements despotiques, le caractère du prince Ypsilanti n’est-il pas désormais jugé ?

Au surplus, généreux ou perfide, ambitieux ou patriote, digne de louange ou de Marne, Ypsilanti emporte avec lui le singulier avantage d’avoir attaché son nom au plus grand événement de notre siècle, à l’affranchissement de la Grèce : son nom ne périra pas. Tous ceux dont le cœur bat pour la liberté craindront de le flétrir. Avant de s’y résigner ils demanderont des preuves plus claires que la lumière du jour ; et on leur promet, au contraire, des preuves qui rétabliront ce nom fameux dans toute la pureté de sa gloire. Nous transcrivons ici les fragments d’une lettre qu’un Grec s’empressa de publier à l’époque de la mort de son illustre compatriote.

« Le prince Alexandre Ypsilanti, après une détention de deux ans à Munkats (Mongatz) en Hongrie, et de quatre ans et demi à Thérésienstadt en Bohème, vient de mourir à Vienne. Dès le mois d’août de l’année 1827, la Russie avait demandé son élargissement, qui ne fut effectué qu’à la fin de novembre, et sous la condition exigée par l’Autriche de ne point quitter ses états. Ce fut à son passage par Vienne, pour se rendre à Vérone, lieu qui avait été fixé pour sa destination, que le prince Alexandre Ypsilanti fut attaqué avec une nouvelle violence par un mal qui ’avait atteint depuis longtemps, dont l’air du midi aurait pu seul arrêter le progrès, et qu’un voyage entrepris avec de la fièvre et par un froid violent porta à son dernier période : le prince y mourut, après deux mois de souffrances aiguës, d’une dilatation au cœur, suivie d’une hydropisie de poitrine. Il avait trente-cinq ans accomplis. Sa mort fut celle d’un chrétien d’un homme de bien, d’un véritable patriote, victime de la persécution qui l’avait frappé.

« L’espoir de faire connaître un jour à sa patrie par ses paroles et ses actions quelles avaient été ses intentions, et quel était son véritable caractère, le soutinrent pendant sept années d’une détention cruelle, en proie aux chagrins dévorants, qui minèrent sa malheureuse existence.

Cet espoir a été déçu ; la Providence lui a refuse une si juste consolation, C’est à ceux qui l’ont connu tel qu’il était, qui ont lu dans son âme vraiment grande tout ce qu’elle contenait de générosité, d’amour de sa patrie et de vertus ; qui ont été témoins de sa bravoure, de son désintéressement, de son dévouement complet à la cause des Grecs, et de ses longues souffrances, qu’est imposé le devoir de remplir cette tâche sacrée. Elle sera rem-plie ! mais le moment n’est pas encore venu de faire connaître la vérité tout entière En attendant ce jour heureux, qu’il me soit permis de rendre publiquement à sa mémoire l’hommage de respect et d’admiration qui lui est dû, et d’appeler sur elle la reconnaissance de la patrie et l’estime des gens de bien. »

Édouard Monnais.

 
 
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