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Prédiction faite à l'amiral Thomas Villaret de Joyeuse en Inde au sujet des causes sa mort

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Légendes, Superstitions
Légendes, superstitions, croyances populaires, rites singuliers, faits insolites et mystérieux, récits légendaires émaillant l’Histoire de France
Prédiction faite en Inde à l’amiral
Thomas Villaret de Joyeuse
(D’après « La Province », paru en 1883)
Publié / Mis à jour le mercredi 2 juillet 2014, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Marin intrépide bravant sans cesse la mort au cours de campagnes durant lesquelles maintes fois il s’illustra, l’amiral Louis Villaret-Joveuse (nom qu’il prit sous la Révolution, car il était en réalité né Thomas Villaret de Joyeuse en 1747) entre dans la marine à l’âge de 19 ans et, après avoir été quelque temps dans les gendarmes de la maison du roi, obtient dans sa nouvelle carrière un avancement rapide et mérité lorsque, âgé de 36 ans et se trouvant alors en Inde, une sorcière lui prédit la cause exacte de sa mort...

Villaret-Joyeuse commanda pendant dix campagnes les flottes de la République ; et, si le succès de cette lutte ne répondit pas à ses efforts, il n en déploya pas moins une persévérance héroïque et un grand courage en bravant des forces navales constamment supérieures.

Il livra trois batailles sanglantes : celle du 1er juin 1794 qui permit de faire entrer à Brest un convoi de deux cents voiles venant d’Amérique pour nous secourir contre la famine ; et les combats d’Audierne et de Grounis. Jamais l’océan n’avait été témoin d’un engagement aussi terrible que celui que l’Amiral, sur l’ordre du représentant Jean Bon Saint-André, livra avec une poignée de jeunes marins contre une forte escadre anglaise. Là périt le vaisseau le Vengeur.

Lors de la paix d’Amiens, il fut nommé par le premier consul capitaine général de la Martinique, rétrocédée à la France par le traité. Au renouvellement de la guerre, il disputa cette belle colonie aux Anglais pendant huit ans ; il ne la rendit qu’après un mois de siège, sans espoir de secours, lorsqu’il ne lui restait plus que 1800 hommes contre une armée de 20000.

Cet intrépide soldat, qui sortit sain et sauf de mille dangers, qui se promenait à pas lents avec le plus grand sang-froid au milieu des boulets et de la mitraille, n’eut pas la chance de mourir au poste d’honneur ; il périt de la fièvre des lagunes à Venise, où Bonaparte l’avait envoyé à titre de gouverneur.

Tandis qu’il se trouvait en Inde, à Chandernagor, à une trentaine de kilomètres au nord de Calcutta, une vieille Indienne, une sorcière, tira son horoscope en examinant les lignes du creux de sa main. C’était en 1783 : lorsque la nouvelle de la paix de Paris arriva aux Indes, le jeune Villaret venait de faire avec une grande distinction les belles campagnes de l’Amiral Suffren.

Un jour, il se laissa entraîner par d’autres officiers de l’escadre à visiter en partie de plaisir la ville de Chandernagor ; mais le but principal de cette sortie était d’aller goûter la cuisine d’un hôtelier français très en renom, qui donnait des dîners comme à Paris. Ensuite on devait consulter la sorcière réputée pour ses prédictions infaillibles. Cédant volontiers à ce double attrait, chacun fit honneur au copieux et jovial festin afin de se dédommager des mauvais repas du bord, puis la troupe joyeuse se rendit chez la sibylle pour apprendre l’avenir.

L’oracle leur fut beaucoup moins agréable que le banquet. La vieille devineresse fronça les sourcils en examinant leurs mains, et prétendit que les signes qu’elle y trouvait, méritant une étude approfondie, elle leur enverrait à domicile le thème de leur destinée. Pressé de connaître la sienne, Villaret lui déclare qu’il n’ignorait pas qu’il mourrait d’un coup de canon. « Jamais, répliqua-t-elle vivement ; les boulets ne peuvent rien sur toi ; c’est la fièvre qui te tuera ! » Et elle acheva sa triste prédiction par quelques détails qui, malheureusement, se trouvèrent trop bien confirmés.

Cette histoire, si invraisemblable qu’elle puisse paraître, est cependant authentique. Villaret protestait, disant qu’il ne croyait pas un mot de cet horoscope. Mais lorsqu’il traversait un pays fiévreux, couvert de jungles ou de palétuviers, son cheval prenait le galop et ne s’arrêtait que lorsqu’il en était loin. Par contre, il ne sourcillait pas quand il se trouvait au milieu du feu de dix vaisseaux anglais ou de cinquante pièces de siège, de soixante mortiers vomissant les bombes et la mitraille. Ce n’est pas à dire qu’il dût moindrement sa bravoure au souvenir d’une prédiction, car il était doué naturellement d’une rare intrépidité et d’un sang froid-sans exemple, mais il n’est pas impossible que cette prédiction eût changé son courage en témérité et qu’elle lui ait fait oublier que de trop grands intérêts étaient attachés à sa personne pour qu’il lui fût permis de braver, sans nécessité, la mort.

C’est à l’amiral lui-même que l’on doit de connaître ce détail intime de sa vie. Il l’a souvent raconté à ses amis, dont quelques-uns ont avoué que, quoiqu’il se moquât de sa prédiction, il en avait été frappé et en avait conservé un trop vif souvenir, pour ne pas y croire au moins à moitié.

L’amiral Villaret-Joyeuse mourut donc exactement comme l’avait annoncé la prophétesse de Chandernagor. La fièvre des lagunes de Venise l’atteignit et l’emporta à l’âge de 64 ans.

 
 
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