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1er février 1605 : jugement de la marquise de Verneuil, du comte d'Auvergne, et d'Entraigues.

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Éphéméride, événements
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1er février 1605 : jugement de
la marquise de Verneuil,
du comte d’Auvergne, et d’Entraigues.
Publié / Mis à jour le mercredi 17 février 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Par une fatalité cruelle, Henri IV, qui ne trouvait souvent que des ingrats dans ceux dont il avait généreusement récompensé It-s services, se voyait réduit à paraître ingrat lui-même en punissant leurs conspirations. Trois ans s’étaient à peine écoulés depuis le supplice de Biron, lorsque le meilleur de nos rois eut encore à livrer à la justice du Parlement trois criminels, qu’il aurait dû pouvoir regarder comme des amis.

Le comte d’Auvergne, duc d’Angoulême, fils naturel de Charles IX (voy. 24 Septembre 1650 ), avait été un des premiers à reconnaître le légitime successeur de son père et de son oncle, et avait combattu avec gloire pour la cause du Béarnais, aux journées d’Arques, d’Ivry et de Fontaine-Française. Si Henriette, sa sœur utérine, ne pouvait faire valoir des services aussi essentiels et aussi publics auprès du monarque, elle avait des titres plus doux, et, comme l’événement le montra, plus puissants à l’affection de l’homme : elle avait été la maîtresse de Henri. (voy. 9 février 1633. ) Quant au seigneur d’Entraigues, père d’Henriette, quoique, malgré son union avec la maîtresse d’un roi, il eût fait grand bruit de la faiblesse de sa fille pour un autre monarque, il n’avait pas laissé de sanctionner cette faiblesse en ne dédaignant pas d’en’ partager les profits ; et, pour récompenser son adhésion ou son silence, Henri avait presque promis à la marquise de décorer son père du bâton de maréchal.

Cependant, au milieu de toutes les faveurs, cette famille avide semblait toujours éprouver le dépit d’une ambition trompée, depuis que le monarque, en se laissant arracher une imprudente promesse de mariage, lui avait fait rêver la couronne de France sur la tète d’Henriette. La maîtresse du roi ne pouvait pardonner à la reine, et elle s’emportait quelquefois jusqu’à dire que, si on lui faisait justice, elle tiendrait la place de Marie de Médius.

Dans un de ces accès de colère, désormais négligés (car le monarque ressentait alors de fréquents accès de goutte), elle lui fit demander par son père la permission de se retirer en Angleterre avec les enfants qu’elle lui avait donnés. Henri voulut garder ses enfants près de lui ; mais il accorda le reste de la requête avec une facilité que la marquise regarda comme un outrage.

Elle associa à ses plans de vengeance son père et le comte d’Auvergne, qui, déjà impliqué dans la conspiration de Biron, avait obtenu sa grâce après un court séjour à la Bastille. Tous trois traitèrent secrètement avec l’ambassadeur d’Espagne. Leur projet était de se jeter dans les bras de cette puissance, ennemie de la France, et peut-être, en s’appuyant sur la promesse de mariage de Henri, de faire plus tard valoir les prétendus droits des enfants illégitimes de la marquise, et de rallier autour d’eux tous les nombreux mécontents du royaume. Telle fut du moins la perspective offerte à l’ambassadeur espagnol, qui ne résidait à Paris que comme un conspirateur privilégié et en permanence. Il leur accorda, dit Péréfixe, tout ce qu’ils demandèrent, et y ajouta toutes les belles promesses dont des esprits faibles et légers se peuvent enivrer.

Cette trame ayant été découverte presque aussitôt que formée, Henri voulut d’abord éviter l’éclat. Il manda en sa présence le comte d’Auvergne, qui était alors à Clermont. Le comte refusa d’obéir, jusqu’à ce que le roi lui eût envoyé une abolition formelle de tout ce qu’il pouvait avoir fait. Henri, dans sa patiente indulgence, ne dédaigna pas de capituler avec un sujet rebelle : mais en lui accordant un plein pardon, il y joignit cette clause, qu’il se rendrait aussitôt près de lui.

Le sort de Henri IV était de pardonner inutilement. Le comte d’Auvergne demeura dans sa province, s’environnant de toutes les précautions, et répondant par une défiance aussi injurieuse que suspecte à la bonté de son souverain. Il fallut, pour s’emparer de sa personne, avoir recours à un stratagème. Il était colonel de la cavalerie française. On l’invita à venir voir passer la revue d’une compagnie. Il s’y rendit bien monté, se tenant à l’écart pour ne pas être enveloppé : mais deux officiers s’approchèrent de lui sous prétexte de le saluer. Ils étaient suivis de trois soldats déguisés en laquais, qui se précipitèrent sur le comte, le jetèrent à bas de son cheval, et le firent prisonnier. On l’amena en toute bâte à Paris, et les portes de la Bastille se rouvrirent pour lui. Il fut, dit l’historien déjà cité, saisi d’une extrême frayeur quand il se vit logé en la même chambre où avait été le maréchal Biron, son grand ami.

L’arrestation de d’Entraigues eut lieu en même temps, et il fut mis à la Conciergerie. Quant à la marquise, Henri se contenta de lui ôter ses enfants, et de la faire garder dans sa demeure par le chevalier du Guet. Aussi insatiable de clémence que d’autres rois l’ont été de vengeance et de rigueurs, il lui envoya bientôt un de ses gentilshommes pour lui offrir sa grâce. Mais, soit par l’entraînement de son caractère hautain, soit par la ferme persuasion qu’on ne pourrait rassembler des preuves assez décisives contre elle, elle répondit en héroïne de théâtre quelle n’avait jamais offensé le roi, et que, quand il n’y avait point d’offense, il n’y échéait point de pardon.

Henri, forcé de ne plus être que roi, sentit la nécessité de faire connaître, par des preuves publiques, la perfidie des Espagnols, qui séduisaient ses sujets et fomentaient sans relâche des complots dans toute la France. Les prisonniers furent remis entre les mains du Parlement, et le procès s’instruisit. La marquise ayant été mandée devant les commissaires, le même jour que le comte d’Auvergne, elle s’excusa de paraître, sous prétexte qu’elle venait d’être saignée ; mais, en effet, pour gagner du temps et pour savoir ce que son frère aurait répondu. Lorsqu’elle apprit qu’il avait tout avoue’, en rejetant tout sur elle, alors son orgueil tomba, niais non son humeur vindicative, qui changea seulement d’objet : s’il faut en croire de Thou (liv. 133), elle dit qu’elle ne demandait au roi que trois choses : une corde pour son frère, pour son père un pardon, et pour elle une justice.

Le Parlement rendit un arrêt qui déclarait criminels de lèse-majesté Je comte d’Auvergne, d’Entraigues et un Anglais nommé Morgant, entremetteur de toute cette belle négociation, et, comme tels, les condamnait à avoir la tête tranchée. Pour la marquise, on vit bien que le dernier de ses souhaits n’avait pu trouver accès dans le cœur généreux de Henri. La reine n’avait point épargné les sollicitations pour faire rendre un arrêt rigoureux, dont elle espérait l’exécution pleine et entière : mais on peut croire que de son côté le roi avait influencé secrètement les juges. En ce qui concernait la marquise de Verneuil, la cour ordonna un plus ample informé, et sa détention provisoire à l’abbaye de Beaumont-lès-Tours.

Ayant satisfait aux intérêts de l’État par la publicité d’un jugement, Henri poussa la douceur jusqu’à ne pas vouloir qu’on prononçât l’arrêt aux condamnés, et lorsqu’enfin Henriette eut imploré sa compassion, il ne fit pas attendre long-temps une grâce dont il n’avait pas moins besoin que les coupables. Au bout de deux mois et demi, il commua, par des lettres du grand sceau (15 avril 1605 ), la peine de mort du père et du frère de sa maîtresse en une prison perpétuelle, qui se borna bientôt pour d’Entraigues à une retraite paisible dans sa maison de Malesherbes en Beauce.

La marquise eut Ja permission de se retirer à Verneuil. Sept mois plus tard, Henri la fit déclarer innocente ; il n’y eut pas jusqu’à Morgant qui ne profitât de cette indulgence, d’ailleurs peu dangereuse. Il en fut quitte pour un bannissement perpétuel, châtiment nul à l’égard d’un étranger, <juj ne perdait pas même une patrie.

Paul Duport.

 
 
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