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9 juin 1760 : établissement d'une petite poste à Paris

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9 juin 1760 : établissement d’une
petite poste chargée de la distribution
et de la relève du courrier dans Paris
(D’après « Revue des deux mondes », paru en 1867)
Publié / Mis à jour le vendredi 9 juin 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Au XIVe siècle, l’Université de Paris avait en charge un système de messageries qui assuraient le transport des voyageurs, des paquets et des correspondances. Ces dernières étaient souvent portées par des « petits messagers » que les vieilles chartes qualifient de nuntii volantes. Les premiers titres relatifs à ces messageries primitives datent de 1296 et de 1315 : ce sont ceux par lesquels Philippe IV le Bel (1285-1314) et Louis X le Hutin (1314-1316) confirment le privilège de l’Université. Si défectueux, si lent, si dangereux même que pût être ce genre de communication, il suffisait jusqu’à un certain point aux besoins de l’époque.

Il reçut, par la seule force des choses, bien des améliorations successives, et était même devenu une source de produits importants pour l’Université lorsque Louis XI (1461-1483), voulant réunir et ramasser dans sa main toutes les forces dispersées — par la guerre de Cent Ans qui avait pris un terme avec la défaite anglaise de Castillon en 1453 — de la royauté, créa définitivement les postes, par l’édit de Luxies en date du 19 juin 1464. Un grand-maître, nommé par le roi, eut sous sa direction des maîtres coureurs royaux ayant à peu près les attributions des maîtres de poste. Le service était fait par deux cent trente courriers. Toute cette administration nouvelle était aux gages du roi, qui, pour subvenir à ces frais considérables, frappa la nation d’un impôt de 3 millions de livres.

Louis XI créant les premiers courriers postaux en France

Louis XI créant les premiers courriers postaux en France

Dans le principe, les courriers ne portaient que les lettres du roi ; mais, autant par tolérance que par nécessité, de spécialement royal qu’il était, ce service ne tarda pas à devenir administratif, sous l’expresse réserve que les lettres avaient été lues et ne contenaient rien qui pût porter préjudice à l’autorité royale. Nominalement réservées au roi, les postes pendant longtemps (jusqu’en 1630) ne servirent qu’à ses officiers, à ses ambassadeurs en pays étrangers, à ses délégués dans les provinces, ou à des particuliers, voyageurs de distinction, qui obtenaient l’autorisation d’en faire usage. Le reste de la nation employait les nuntii volantes de l’Université, qui transportaient non seulement les correspondances, mais aussi les voyageurs et les défrayaient en route, à prix convenu.

Plus tard, Henri III, pressé par des besoins d’argent, refusa de reconnaître à l’Université le droit de messageries, à moins qu’elle ne prît et payât licence. La vieille institution regimba ; jalouse de ses privilèges, elle défendit celui-ci à outrance, et n’en fut pas moins condamnée à de fortes amendes, que Henri IV, qui voulait se mettre bien avec tout le monde, lui fit restituer en 1597. Sully, qui fut un homme universel, s’occupa spécialement des postes, dont il semble avoir deviné la future importance. Le nombre des relais est considérablement augmenté sous son ministère, les chevaux de poste sont soustraits aux réquisitions, déclarés objets du domaine royal, et, comme tels, marqués d’un H couronné et de la fleur de lis.

Un édit du 3 août 1602 introduit de nouvelles améliorations ; des relais sont placés jusque sur les chemins de traverse, chaque ville est autorisée à posséder un dépôt de chevaux de louage, et toute l’administration des postes est confiée à la direction d’un contrôleur-général, qui, pour prix de son monopole, verse au trésor une somme de 97 800 livres. C’est de là que date l’origine de la ferme des postes.

Richelieu, comme tous les centralisateurs, s’intéresse vivement aux postes, qui étaient pour lui un moyen d’influence et d’investigation. Dès 1627 (26 octobre), il établit le premier tarif régulier qui frappe les lettres, dont la taxation avait été jusqu’alors trop laissée à l’arbitraire des commis ; en 1629, il enjoint aux gouverneurs des provinces de n’envoyer d’exprès que dans les cas absolument urgents et d’user habituellement de la poste ; en 1630 enfin, il divise la France en vingt zones postales obéissant chacune à un administrateur particulier qui correspondait avec le surintendant général siégeant à Paris, et ordonne que dorénavant les particuliers soient tenus d’expédier leurs lettres par la poste royale ; en même temps il crée six offices spéciaux pour les correspondances avec l’étranger. De ce jour, les postes deviennent réellement un service public.

L’Université réclama encore, plaida, et ne fut déboutée de ses prétentions qu’en 1677, par un arrêt du conseil du roi qui mit fin à cet interminable procès pendant devant le parlement. En 1672, l’office des postes est remplacé par la ferme générale des postes, accordée à Lazare Patin pour la somme de 1 200 000 livres. Les départs des courriers de Paris pour la province n’avaient lieu que deux fois par semaine, et en 1720 il fallait trois jours pour aller de Paris à Rouen. On allait en coche, par eau, on allait en carrosse, on allait à cheval, on allait à pied, on allait comme on pouvait pour franchir trente lieues, et chaque soir on s’arrêtait pour faire la nuictée dans l’auberge choisie par le conducteur.

Facteur de la petite Poste à Paris (1760)

Facteur de la petite Poste de Paris (1760)

Cependant, malgré tant d’améliorations successives, Paris n’avait point de poste particulière : elle communiquait avec la province, avec l’étranger, mais elle ne communiquait pas avec elle-même. Les lettres y étaient portées par les « petits laquais », par les commissionnaires ; nulle administration spéciale ne se chargeait de les recevoir et de les distribuer.

Si l’on en croit Loret (Gazette rimée, 16 août 1653), un essai fut tenté qui ne réussit pas ; les « boëstes » placées aux carrefours principaux et dans les rues les plus fréquentées n’eurent pas grand succès : on s’amusait à les remplir d’immondices, à y faire entrer des souris qui rongeaient les lettres. Furetière en parle avec sévérité et menaces dans le Roman bourgeois.

Paris attendit le 9 juin 1760 — date effective de la mise en service, bien qu’un prospectus du temps l’annonçait pour le 1er juin — un établissement régulier pour l’échange de sa correspondance urbaine. L’honneur en appartient à Claude Humbert Piarron de Chamousset (1717-1773), maître de la Chambre des comptes. Ce fut la poste à un sou d’abord, puis la poste à deux sous, plus communément la petite poste, qui fut annexée par les services de la poste royale en 1780, mais qui resta indépendante jusqu’en 1791, époque où elle se fondit dans la direction générale des postes.

 
 
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