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25 janvier 1627 : mort de Louis Hébert, premier colon français de la Nouvelle-France

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25 janvier 1627 : mort de Louis Hébert,
premier colon français
de la Nouvelle-France
(D’après « Histoire populaire du Québec » (par Jacques Lacoursière)
paru en 1995 et « Samuel Champlain, fondateur de Québec et père
de la Nouvelle-France. Histoire de sa vie et de ses
voyages » (Tome 2) paru en 1906)
Publié / Mis à jour le samedi 25 janvier 2025, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
Lorsque Louis Hébert, fils d’un apothicaire de Paris, quitte la France début 1617 pour devenir le premier colon de la Nouvelle-France, il a déjà l’expérience des voyages et de l’implantation en terre étrangère, ayant effectué un premier séjour en Acadie plus d’une décennie plus tôt

C’est le 19 juillet 1611 que Samuel de Champlain, fondateur trois ans plus tôt de la ville Québec, y revint pour préparer son départ en direction de la France. A cette époque, la situation de la compagnie de commerce formée par le colonisateur de la Nouvelle-France Pierre Dugua de Mons était plus que précaire, et fin 1611 « les associés se réunissent à Rouen, mais, faute d’un monopole, écrit Marcel Trudel, ils ne veulent plus soutenir l’entreprise ; de Mons rachète donc leurs parts et devient l’unique propriétaire de l’Habitation de Québec ».

En 1612, Samuel de Champlain resta en France où il employa une partie de son temps à chercher le moyen d’assurer la survie de la petite colonie en y intéressant quelques grands personnages. Il obtint audience auprès de Charles de Bourbon, comte de Soissons. « Je m’adressai à lui, raconte Champlain, et je lui remontrai l’importance de l’affaire, les moyens de la régler, le mal que le désordre avait par ci-devant apporté et la ruine totale dont elle était menacée, au grand déshonneur du nom français, si Dieu ne suscitait pas quelqu’un qui voulait la relever et qui donnait espérance de faire un jour réussir ce que l’on a pu espérer d’elle. »

Samuel de Champlain. Gravure de 1854

Samuel de Champlain. Gravure de 1854

A la suite d’une réponse favorable du comte de Soissons, Champlain se présenta devant le roi Louis XIII et les membres de son conseil. Il obtint la nomination du comte au poste de lieutenant général de la Nouvelle-France. Le comte fit de Champlain son lieutenant. Malheureusement, Charles de Bourbon mourut trois semaines après sa nomination. Henri de Bourbon, prince de Condé et neveu du défunt, devint, le 13 novembre 1612, vice-roi et lieutenant général de la Nouvelle-France, Champlain était confirmé à son poste.

Le 6 mars 1613, le fondateur de Québec s’embarqua à Honfleur, à destination du Canada. Un mois et un jour plus tard, il arriva à Québec où il retrouva « ceux qui y avaient hiverné en bonne disposition, sans avoir été malades, lesquels nous dirent que l’hover n’avait point été grand et que la rivière n’avait point gelé ». C’est en novembre de cette même année que fut constituée la Compagnie de Canada, regroupant des marchands de Saint-Malo, de La Rochelle et de Rouen, qui obtinrent, sous le patronage du prince de Condé, le monopole de commerce et de traite pour une période de onze ans. Parmi les obligations de la nouvelle compagnie, il y avait celle de transporter à Québec six familles « pour commencer le peuplement du pays ».

Lorsque Champlain quitta de nouveau le port de Honfleur, le 24 avril 1615, quatre religieux récollets l’accompagnaient : les pères Denis Jamet, Jean Dolbeau et Joseph Le Caron, ainsi que le frère Pacifique Duplessis. Le 25 mai, le navire jeta l’ancre en face de Tadoussac, puis se rendit immédiatement dans le pays des Iroquois afin d’aider les Montagnais, les Algonquins et les Hurons dans leur offensive guerrière. Au cours d’un engagement, l’explorateur français sera blessé et ses amis amérindiens subiront la défaite.

En plus de faire la guerre et la traite, il fallait songer à peupler le pays. Le 6 mars 1617, Louis Hébert, sa femme Marie Rollet, ses deux filles Anne et Guillemette, son fils Guillaume et son beau-frère Claude Rollet s’engagèrent à émigrer à Québec. Hébert devra « travailler à tout ce que [lui] commanderont ceux qui auront charge de la compagnie ». En échange de quoi, il aura le droit « de défricher, labourer et améliorer les terres du pays, et le revenu de [ses] labeurs et de [ses] gens » devront être remis entre les mains des gens de la compagnie pendant les deux premières années. A la fin de ce terme, Hébert devra pourvoir à sa nourriture et à son logement. Les produits de ses récoltes pourront être vendus à la compagnie selon les prix en vigueur en France.

Louis Hébert, par C. W. Jefferys

Louis Hébert, par C. W. Jefferys

Après trois mois en mer, le Saint-Étienne, qui transportait les nouveaux colons, arriva enfin à Tadoussac le 14 juin 1617. Une barque les transporta à Québec où l’arrivée de la première famille fut saluée tant par les récollets que par les quelques autres habitants qui y vivaient déjà. Louis Hébert, fils d’un apothicaire de Paris, au service de Catherine de Médicis, avait embrassé la carrière de son père, sans trop savoir probablement où elle le conduirait. La fortune ne venant pas à son gré, et d’autres raisons qui nous sont inconnues, l’engagèrent un jour à aller tenter le sort du côté de l’Acadie.

Voilà pourquoi nous le voyons à Port-Royal, en 1606, occupé à la culture du sol, à côté de Champlain, Lescarbot et Poutrincourt. Il en était parti en 1607, mais il y retourna plus tard, car nous l’y retrouvons, en 1613, menant une vie bien modeste dans cette humble habitation de Port-Royal, qui alors ne comptait plus que cinq habitants, y compris deux Jésuites, les Pères Biard et Massé. Hébert remplaçait Biencourt, fils de Poutrincourt, comme lieutenant, et c’est en cette qualité qu’il put décacheter les missives de la reine apportées par la Saussaye, capitaine de vaisseau. La reine recommandait au maître de la place de laisser partir les deux religieux de Port-Royal, avec la permission d’aller où bon leur semblerait. Le sort de Port-Royal étant ainsi scellé, Hébert ne s’y attarda pas davantage et il reprit le chemin de son pays natal, avec l’espoir sans doute de retourner en Amérique.

Il entrait dans les destinées de l’apothicaire parisien de revoir un pays où il pourrait se livrer à un art auquel, suivant Lescarbot, il prenait beaucoup de plaisir. Aussi Champlain n’eut pas de peine à le persuader de quitter Paris avec sa famille, en 1617. La première occupation d’Hébert, à son arrivée à Québec, fut d’installer convenablement sa femme et ses enfants. Où se logea-t-il d’abord ? Nous l’ignorons, mais il est certain qu’il ne tarda pas à construire une résidence à la haute-ville, au sommet de la côte de la Montagne. Sa maison était en pierre, et mesurait trente-huit pieds de long sur dix-neuf de large. C’est dans cet édifice que le Père le Jeune dit la messe en arrivant à Québec, en 1632.

Hébert se trouva bientôt possesseur de dix bons arpents de terre, à la haute-ville. Le duc de Montmorency lui en fit la concession le 4 février 1623. Le duc de Ventadour ratifia en 1626 (le 28 février) la gratification antérieure, et il lui donna en outre « une lieue de terre située proche Québec, sur la rivière Saint-Charles, qui a été bornée et limitée par les sieurs de Champlain et de Caën. » Cette double concession fut octroyée à Hébert à la suite d’une requête dans laquelle il représente « qu’il est le chef de la première famille française qui ait habité en ce pays depuis le commencement du siècle, laquelle il a conduit avec tous ses biens et moyens qu’il avait à Paris, ayant quitté ses parents et amis pour donner ce commencement à une colonie et peuplade chrétienne. »

Hébert n’eut pas la douleur de voir la capitulation de Québec, en 1629, car il ne vécut pas longtemps après être devenu le paisible propriétaire du petit domaine qu’il avait arrosé de ses sueurs. Le 25 janvier 1627, Hébert fit une chute dont les suites furent promptement mortelles. Laissons au Frère Sagard le soin de nous raconter les derniers moments de cet industrieux et intelligent cultivateur :

« Dieu voulant retirer à soi ce bon personnage et le récompenser des travaux qu’il avait soufferts pour Jésus-Christ, lui envoya une maladie, de laquelle il mourut cinq ou six semaines après le baptême de cette petite fille de Kakemistic. Mais auparavant que de rendre son âme entre les mains de son Créateur, il se mit en l’état qu’il désirait mourir, reçut tous ses sacrements de notre Père Joseph le Caron, et disposa de ses affaires au grand contentement de tous les siens. Après quoi il fit approcher de son lit sa femme et ses enfants auxquels il fit une brève exhortation de la vanité de cette vie, des trésors du Ciel, et du mérite que l’on acquiert devant Dieu en travaillant pour le salut du prochain.

« Je meurs content, leur disait-il, puisqu’il a plu à Notre-Seigneur me faire la grâce de voir mourir devant moi des sauvages convertis. J’ai passé les mers pour les venir secourir plutôt que pour aucun intérêt particulier, et mourrais volontiers pour leur conversion, si tel était le bon plaisir de Dieu. Je vous supplie de les aimer comme je les ai aimés, et de les assister selon votre pouvoir, Dieu vous en saura gré et vous en récompensera en Paradis ; ils sont créatures raisonnables comme nous et peuvent aimer un même Dieu que nous, s’ils en avaient la connaissance à laquelle je vous supplie de leur aider par vos bons exemples et vos prières.

Louis Hébert semant

Louis Hébert semant

« Je vous exhorte aussi à la paix et à l’amour maternel et filial que vous devez respectivement les uns aux autres, car en cela vous accomplirez la loi de Dieu fondée en charité ; cette vie est de peu de durée, et celle à venir est pour l’éternité ; je suis prêt d’aller devant Dieu, qui est mon juge, auquel il faut que je rende compte de toute ma vie passée, priez-le pour moi, afin que je puisse trouver grâce devant sa face, et que je sois un jour du nombre des élus ; puis levant la main, il leur donna sa bénédiction, et rendit son âme entre les bras de son Créateur, le 25e jour de janvier 1627, jour de la Conversion de saint Paul, et fut enterré au cimetière de notre couvent, au pied de la grande croix, comme il avait demandé étant chez nous, deux ou trois jours avant que de tomber malade, comme si Dieu lui eût donné quelque sentiment de sa mort prochaine. »

Le même Frère fait aussi l’éloge de Louis Hébert : « La mort du sieur Hébert fut autant regretté des sauvages que des Français mêmes, car ils perdaient en lui un vrai père nourricier, un bon ami, et un homme très zélé à leur conversion, comme il a toujours témoigné par effet jusqu’à la mort, qui lui fut aussi heureuse comme sa vie avait pieusement correspondu à celle d’un vrai chrétien sans fard ni artifice. Je ne peux être blâmé de dire le bien où il est, et de déclarer la vertu de ce bon homme, pour servir d’exemple à ceux qui viendront après lui, puisqu’elle a éclaté devant tous et a été en bonne odeur à tous. »

 
 
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