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Emmurée pendant 70 ans, une Peugeot de 1922 a rejoint le musée de Sochaux

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Emmurée pendant 70 ans, une Peugeot
de 1922 a rejoint le musée de Sochaux
(Source : L’Est Républicain)
Publié / Mis à jour le lundi 6 juillet 2015, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Il a suffi d’un peu d’air comprimé pour leur redonner leur allure rebondie et dynamique originelle. Poreux, les quatre pneus se sont finalement dégonflés. Imperceptiblement. Même s’il fut temporaire, ce nouveau souffle reste remarquable car ce train de pneumatiques ne date pas d’hier.

« Il a au minimum soixante-dix ans », soupèse Hervé Charpentier, conservateur du Musée de l’Aventure Peugeot à Sochaux. Ces pneus, ce sont ceux d’une Peugeot Type 163 assemblée en 1922 à Beaulieu, dans le Doubs, et exhumée en juillet 2014 à Lyon, lors de travaux de démolition d’un vieux bâtiment. En équilibre parfaitement stable sur des cales afin d’éviter tout contact des roues en bois avec le sol, elle était emmurée dans un réduit sans fenêtre et ne disposant que d’un étroit accès piéton. Personne ne savait qu’une belle endormie était tapie là, comme en hibernation.

Dans l’habitacle, on a retrouvé des bons d’essence, dont la validité a expiré en 1947, et un exemplaire du quotidien régional Le Progrès de Lyon, daté du 12 décembre 1945. « On suppose donc que ce véhicule a échoué là à cette époque, mais il a pu être entreposé auparavant », balance le conservateur. On peut en effet imaginer qu’une personne a déposé le journal quelques mois, voire quelques années après sa mise au tombeau.

Une immatriculation symbolique
La présence de cette Peugeot Type 163 en ce lieu insolite est une énigme. « On sait avec certitude qu’elle a été expédiée à Lyon le 30 mars 1922 et qu’elle n’a jamais quitté cette ville jusqu’à sa récente découverte », poursuit Hervé Charpentier. Peut-être son propriétaire a-t-il voulu la soustraire à une réquisition par l’occupant allemand durant la Seconde Guerre mondiale. Le mystère demeurera sans doute à jamais et c’est bien ce qui contribue au charme de cette ancêtre, comme son état dit « sortie de grange ».

La Peugeot 163 exhumée à Lyon et exposée au Salon Rétromobile 2015

La Peugeot 163 exhumée à Lyon et exposée au Salon Rétromobile 2015

Cette expression propre à l’univers automobile peut recouvrir deux réalités radicalement opposées : soit le véhicule est affreusement malade, miné par la rouille et tombant en capilotade, soit il est dans un état de conservation dit « atypique ». Par chance, la Peugeot lyonnaise, sauvée des coups de godet et des gravats, est dans ce second cas de figure. « Elle est dans son jus, saine », commente Hervé Charpentier. « Elle a vieilli normalement, à l’abri de la lumière. Il n’y a pas de décoloration provoquée par un coup de lune ou un coup de soleil. La poussière est tombée dessus et elle s’est endormie ».

Son hangar/sarcophage n’était pas totalement hermétique. « Il y a eu des variations de température, mais l’hygrométrie a été relativement constante. On voit bien que les effets du vieillissement ont été amortis. Elle a la patine du temps ». Si les cuivres se sont oxydés, un chiffon imbibé de vinaigre blanc permettrait à n’en point douter aux vitres de retrouver leur lustre d’antan. Son moteur, lui, est complet. « Lorsque son propriétaire l’a remisée, elle était en état de marche ». Ce bijou, qui ne sera pas restauré, vient de rejoindre les collections du Musée de l’Aventure Peugeot à Sochaux dont il va devenir une pièce permanente.

La Peugeot Type 163 a été fabriquée de 1919 à 1924, à Beaulieu et Audincourt, dans une multitude de versions : berline, torpédo (décapotable), camionnette, limousine, charrette normande, coupé, torpédo spéciale sport... L’exemplaire retrouvé à Lyon est un modèle commercial. « C’est le plus ancien véhicule utilitaire léger jamais exposé par le musée sochalien ». Sa carrosserie a été modifiée dans sa partie arrière (percement de vitres) pour répondre aux besoins de son utilisateur. « Elle ne correspond pas totalement aux standards des véhicules commerciaux livrés à l’époque par Peugeot ».

Cerise sur le capot, ou lion du sculpteur René Baudichon sur le bouchon du radiateur : la plaque d’immatriculation porte, par un hasard improbable, deux lettres hautement symboliques pour l’histoire de la marque Peugeot : P et F. « Comme Peugeot Frères », extrapole Hervé Charpentier.

Alexandre Bollengier
L’Est Républicain

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