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Histoire des Français. Siège d'Avignon par Louis VIII en 1226. Croisade contre les Albigeois

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Histoire des Français
L’Histoire des Français : systèmes politiques, contexte social, population, économie, gouvernements à travers les âges, évolution des institutions.
Siège d’Avignon par Louis VIII
en 1226 ou le début de la réunion des
provinces méridionales à la France
(D’après « Faits mémorables de l’Histoire de France », paru en 1844)
Publié / Mis à jour le dimanche 2 mars 2014, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Lorsqu’il mena en 1226 le siège d’Avignon, le roi Louis VIII ne fut qu’en apparence l’instrument d’une papauté qui voulait à tout prix réduire les états indépendants du Midi, les comtés de Toulouse, de Foix, de Béziers, centres de l’hérésie nouvelle ; mais au fond il combattit pour la France, pour l’accroissement de la domination royale, et sa campagne dans le Languedoc prépara la réunion définitive des provinces méridionales de l’ancienne Gaule à la couronne de France.

Le règne de Louis VIII, placé entre ceux de Philippe-Auguste et de saint Louis, demeure pour ainsi dire effacé à côté des noms du vainqueur de Bouvines et du vainqueur de Taillebourg. Cependant Louis VIII ne resta pas étranger, durant son règne de trois ans, à la tâche d’agrandissement que se léguèrent successivement les descendants de Hugues Capet : d’abord il envahit le Poitou, et obtint la soumission de La Rochelle, de Limoges, de Périgueux ; puis il tourna ses armes vers le midi, où les Albigeois tentaient de derniers efforts après une persécution de quatorze ans.

Quand Louis VIII monta sur le trône, une nouvelle génération de princes allait continuer la guerre des Albigeois ; le célèbre Simon de Montfort était mort au siège de Toulouse (1218), et ses adversaires, en voyant tomber leur plus ardent persécuteur, avaient repris courage. Raymond VII, comte de Toulouse, Roger Bernard, comte de Foix, jeunes, pleins d’activité et de bravoure, s’étaient unis à Raymond Trencavel , comte de Béziers ; et leur cause, qui n’était plus celle de l’hérésie mais bien celle du droit contre la force, reprit quelque avantage.

Dans ces extrémités Amaury de Montfort, voyant les fiefs conquis par son père lui échapper successivement, vint à Paris et céda au roi de France tous ses droits sur l’héritage de Simon de Montfort, et désormais la guerre des Albigeois devint personnelle à la royauté. Elle avait attendu ce moment avec une remarquable patience ; Philippe- Auguste s’était tenu à l’écart des partis jusqu’à ce qu’ils fussent épuisés les uns par les autres, et que la France n’eût à lutter contre aucune ambition fière et puissante. Cette sage politique avait réussi, et Louis VIII allait en recueillir les bénéfices ; une croisade contre le malheureux pays des Albigeois avait été décidée, le roi de France fut chargé de la conduire.

Miniature de Jean Fouquet (XVe siècle) montrant l'assaut des remparts d'Avignon (gauche), la mort de Louis VIII (centre) et le couronnement de son successeur Saint-Louis (droite)

Miniature de Jean Fouquet (XVe siècle) montrant l’assaut des remparts d’Avignon (gauche),
la mort de Louis VIII (centre) et le couronnement de son successeur Saint-Louis (droite)

Le comte de Toulouse, cependant, avait offert sa soumission au pape dans les termes les plus humbles : « Régner, avait-il dit, c’est obéir à la sainte Eglise. Nous obéirons donc humblement et dévotement en tout et pour tout aux ordres du pape , sans toutefois porter atteinte à la domination de nos seigneurs le roi de France et l’empereur. » Mais ces supplications furent inutiles ; on voulait enfin briser l’organisation démocratique, les municipalités libres du midi par la féodalité du nord. « Vainement Raymond supplia le légat, dit Mathieu Paris, de venir visiter chacune des cités de sa province, et de questionner chacun sur sa foi ; et s’il trouvait quelqu’un qui différât de la croyance catholique, il protesta qu’il était prêt à faire de lui la plus sévère justice suivant le jugement de l’Église. Quant à lui, il était prêt à subir l’examen de sa foi ; et s’il avait péché, d’en faire publiquement pénitence. »

Mais le légat rejeta toutes ces demandes avec mépris ; on imposa au comte de Toulouse des conditions impossibles, on exigea qu’il renonçât à son héritage pour lui et les siens : sur son refus, il fut excommunié ; et Louis VIII poursuivit activement son expédition, sa croisade contre la nationalité provençale, « que les Français s’engageaient à anéantir », disaient avec colère les habitants.

On réunit une armée considérable, qui comptait, rapporte-t-on, plus de cinquante mille cavaliers, et Louis VIII, accompagné du cardinal-légat qui dirigeait la croisade, marcha sur le Languedoc en suivant la vallée du Rhône. A l’approche de ces forces immenses, de cette armée que le roi de France conduisait en personne, la terreur devint générale dans le midi ; on se rappelait les rigueurs, les cruautés des précédentes guerres, et on redoutait de semblables excès ; les villes et les seigneurs se hâtèrent de céder et envoyèrent des otages. Raymond seul, qui n’espérait ni grâce ni pitié, se prépara à combattre.

Louis VIII, après avoir descendu le Rhône, se trouva devant Avignon, qu’il fallait traverser pour entrer dans le Languedoc. Cette ville, excommuniée depuis douze ans, s’était fait remarquer dans la guerre des Albigeois par son énergie ; défendue par des tours nombreuses, environnée de hautes murailles, elle était capable d’une longue résistance. Bien qu’elle dépendît du comte de Toulouse, elle offrit cependant au roi de France passage pour lui et son armée par les faubourgs ; celui-ci exigea qu’elle se livrât complètement et voulut traverser la cité en triomphateur : Avignon ferma ses portes, et l’armée des croisés se disposa à faire le siège de la ville hérétique. Ce premier engagement devait avoir sur l’expédition une grande influence ; la résistance d’Avignon allait en partie décider de celle du midi, et, si le roi de France se voyait obligé de reculer dès le début de la croisade, le succès de cette campagne religieuse et politique à la fois pouvait être gravement compromis : aussi Louis VIII se disposa à agir vigoureusement.

Avignon fut investie par trois côtés, le roi et ses barons firent le serment de ne se point éloigner que la ville ne fût réduite, et le siège commença vers les premiers jours du mois de juin 1226 et se continua jusqu’au milieu du mois d’août. On avait élevé autour d’Avignon de fortes machines de guerre : les balistes, les pierriers lançaient incessamment des projectiles parmi les assiégés ; les béliers battaient les murailles sans qu’on eût encore ouvert de brèches. Plusieurs fois l’assaut fut tenté inutilement, les Avignonnais se défendaient courageusement : cependant les maladies enlevaient chaque jour de nombreux soldats à Louis VIII, son armée diminuait ; néanmoins il ne pouvait se décider à lever le siège.

Enfin il fit dresser à la hauteur des murailles de grandes tours en bois dont les ponts-levis s’abattaient au sommet des remparts d’Avignon ; l’armée fut dirigée sur trois points principaux et on donna le signal d’un assaut général. La lutte fut acharnée, les assiégés se défendaient avec une fureur égale à l’ardeur des assiégeants ; ils tenaient vaillamment sur les remparts, sur les plates-formes des tours crénelées d’Avignon, où les défenseurs se succédaient sans relâche ; les flèches et les pierres se croisaient dans l’air, les soldats tombaient, les meilleurs chefs succombaient, sans qu’on voulût s’éloigner d’aucun côté ; enfin Guy, comte de Saint-Paul, ayant été frappé d’une pierre lancée par une baliste, Louis VIII ordonna la retraite.

Les Avignonnais restaient encore maîtres de leur ville, mais le siège, ils le savaient, n’était point terminé ; leur vigoureuse défense avait épuisé leurs ressources, ils n’avaient plus d’espoir d’être secourus : ils offrirent de se rendre ; leurs portes s’ouvrirent enfin au roi de France, à qui deux cents des plus honorables citoyens furent livrés comme otages. Par l’ordre du roi et du légat les fossés de l’intrépide cité furent comblés ; trois cents maisons fortifiées, garnies de tours, qui étaient dans la ville, furent détruites ; on ruina les murailles, et Avignon demeura démantelé et sans défense. Après cette exécution rigoureuse la cité fut absoute et reçut un évêque.

La prise d’Avignon décida du succès de la guerre ; Louis VIII parcourut la Provence, et toutes les villes, forteresses et châteaux qui environnaient Toulouse se soumirent à son autorité ; pour la première fois un gouverneur commanda au nom du roi de France dans les provinces méridionales de la Gaule, jusqu’alors indépendantes de la souveraineté du nord. En revenant à Paris, le roi de France fut attaqué à Montpensier, en Auvergne, de l’épidémie qui avait sévi contre son armée ; il mourut au mois de novembre 1226 en faisant jurer aux seigneurs qui entouraient son lit de mort de reconnaître pour roi son fils Louis, âgé de onze ans.

Louis VIII avait commencé la conquête du midi, la reine Blanche, cette femme courageuse et intelligente qui défendit avec tant de fermeté la couronne de son fils, de ce jeune prince qu’elle formait aux plus nobles vertus, à la piété et à la justice, acheva, au milieu des troubles de sa régence, l’œuvre de son époux et la consolida par un traité signé à Paris en 1229. Raymond VII se soumit, désarmé, et souscrivit à tout ce qu’on exigea de lui.

Dès lors le midi fit réellement partie de la France, bien qu’il n’en ait accepté le nom que trois siècles plus tard. Sa civilisation déclina, sa langue et ses mœurs s’altérèrent, son commerce et son industrie dégénérèrent ; ce furent les idées, les habitudes, les lois des conquérants qui prévalurent ; mais cependant l’esprit d’indépendance était tellement énergique, d’origine si ancienne, qu’il se conserva et protesta long-temps par des révoltes et des murmures contre la domination du nord.

 
 
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