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Histoire des Français. Traité de Verdun (843), partage de l'empire d'Occident de Charlemagne

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Histoire des Français
L’Histoire des Français : systèmes politiques, contexte social, population, économie, gouvernements à travers les âges, évolution des institutions.
Traité de Verdun en 843 :
aboutissement de la lutte opposant
les petits-fils de Charlemagne
(D’après « Faits mémorables de l’Histoire de France », paru en 1844)
Publié / Mis à jour le jeudi 1er mars 2018, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Premier acte véritablement politique de notre histoire, le traité de Verdun détermine la division actuelle de l’Europe en trois grandes nations principales : la France, l’Allemagne, l’Italie. Le monde romain et le monde barbare disparaissent également pour faire place aux peuples modernes ; les populations, longtemps flottantes, s’arrêtent et fondent leurs nationalités sur l’organisation nouvelle.

A la mort de Louis le Débonnaire (fils de Charlemagne), en 840, Lothaire, son fils aîné, associé depuis vingt-trois ans à l’empire et reconnu dans une assemblée générale des Francs comme le successeur du dernier empereur, réclama auprès de ses frères le titre et les droits fixés en 817 par la Constitution impériale. Il prétendit exercer sur eux une supériorité réelle ; il exigea l’hommage et le serment de fidélité de Charles le Chauve, roi de Neustrie, et de Louis le Germanique, roi de Bavière.

Il envoya donc des messagers par tous les pays des Francs pour annoncer qu’il prenait possession de l’empire et pour se faire prêter serment, annonçant qu’il voulait continuer l’unité de l’empire et gouverner seul avec ses frères pour lieutenants. Mais c’était un vain projet que de songer à réunir sous un pouvoir unique les contrées diverses, opposées de mœurs et d’intérêts dont Charlemagne avait autrefois formé son vaste empire. Il avait fallu, pour les maintenir sous sa domination, le joug violent de la conquête ; après lui, dès le règne de son fils, les oppositions profondes des peuples vaincus commencent à se manifester et se prononcent énergiquement dans les guerres que les révoltes de ses enfants suscitèrent à Louis le Débonnaire.

Partage de l'empire de Charlemagne défini par le traité de Verdun

Partage de l’empire de Charlemagne défini par le traité de Verdun

Quand le vieil empereur mourut au milieu du Rhin, sur cette frontière qui devait partager son empire en deux grandes portions, l’union devenait de plus en plus impossible ; et, lorsque les frères de Lothaire, pour se soustraire à son autorité, armèrent contre lui, ils furent secondés dans leurs hostilités par ce besoin d’indépendance, de nationalité, pour ainsi dire, qui pressait les diverses parties de l’empire d’Occident. Sans se rendre nettement raison du sentiment qui les faisait agir instinctivement en quelque sorte, les provinces des deux côtés du Rhin, les Francs de Charles le Chauve et les Germains de Louis de Bavière, s’emparèrent volontiers des querelles des fils de Louis le Débonnaire pour en faire le prétexte d*une séparation.

Lothaire le premier donne le signal de la grande lutte qui allait s’engager et marche contre ses frères ; ils le supplient de ne pas troubler les royaumes que Dieu et leur père leur ont confiés. L’empereur ne voulut pas se retirer, et il attaqua Charles le Chauve, qui le battit, tandis que Louis passait le Rhin et défaisait également les troupes impériales. Enfin les trois frères, Charles et Louis d’une part, Lothaire de l’autre, se trouvèrent de nouveau en présence à Fontanet (ancien nom de Fontenoy) près d’Auxerre.

Avant d’en venir aux mains les rois de Neustrie et de Germanie essayèrent encore de fléchir l’orgueil de Lothaire, et lui offrirent une dernière fois la paix. Celui-ci, qui attendait Pépin, roi d’Aquitaine, son allié, feignit un instant d’accueillir ce projet de conciliation ; mais, lorsqu’il eut réuni toutes les forces dont il pouvait disposer, il envoya dire à ses frères : « Sachez que le titre d’empereur m’a été donné par une autorité supérieure, et que j’ai besoin de toute grandeur pour remplir une si haute charge. »

Toute espérance de paix disparaissait, on se disposa à remettre la décision de ce débat au jugement du Dieu tout-puissant. Charles et Louis se préparèrent au combat par le jeûne et la prière, et le 25 juin 841 s’engagea sur les bords de l’Endrie, près d’Auxerre, la bataille de Fontanet. Toutes les nations dont l’empire se composait étaient représentées dans cette journée solennelle, qui amena la conclusion du traité de Verdun, d’où sortit l’organisation de l’Europe moderne. Trois cent mille hommes furent aux prises durant six heures, et les historiens de cette époque disent que quarante mille hommes demeurèrent de chaque côté sur le champ de bataille ; Lothaire cependant fut vaincu et s’enfuit devant ses frères. Ceux-ci. soit épuisement, soit par un reste de pitié, ne le poursuivirent pas, et remercièrent Dieu de sa protection par un jeûne de trois jours.

L’année suivante Lothaire reprit les armes contre Charles le Chauve ; mais le roi de Neustrie appela de nouveau Louis le Germanique à la défense de la cause commune, et, pour donner à leur alliance un caractère plus stable, ils voulurent en promettre publiquement le maintien. Les deux rois réunirent leurs troupes sous les murs de Strasbourg, sur les rives mêmes du Rhin, et là, en présence de leurs armées qui étaient comme les témoins de leur engagement, après avoir chacun exposé la légitimité de leurs demandes, la justice de leur cause, ils jurèrent de maintenir la séparation nationale et de ne point faire la paix l’un sans l’autre.

Afin de donner à leur serment plus de force, le roi de Bavière, Louis, le prononça dans la langue des Francs, en langue romane ou française, et Charles le Chauve le répéta en langue germanique. Cet engagement, dont le texte est le plus ancien monument des langues française et allemande, et qui pour la première indique positivement la division de l’Europe en deux peuples distincts, était ainsi conçu dans la langue romane, formée du celtique, du latin et du germain : « Pro Don amur, et pro christian poblo, et nostro commun salvamento, dist di in avant, in quant Deus savir et podir me dunat, si salvareio cisi meon fradre salvar dist, in o quid il mi altre si fazel. Et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai qui meon vol cist meo fradre Karlo in damno sit. »

Serment du traité de Verdun

Serment du traité de Verdun

Voici , d’après Augustin Thierry, la traduction de ce premier et précieux titre de notre langue nationale, que nous a transmis Nithard, témoin de la bataille de Fontanet et de l’assemblée de Strasbourg : « Pour l’amour de Dieu, et pour le peuple chrétien, et notre commun salut, de ce jour en avant, et tant que Dieu me donnera de savoir et de pouvoir, je soutiendrai mon frère Karle ici présent, par aide et en toute chose, comme il est juste qu’on soutienne son frère, tant qu’il fera de même pour moi. Et jamais, avec Lother, je ne ferai aucun accord qui de ma volonté soit au détriment de mon frère. »

Après que les deux rois se furent unis par ces solennelles paroles, les Francs et les Teutons se lièrent également par un serment à la cause de leurs chefs : « Si Louis garde le serment qu’il a prêté à son frère Charles, dirent les Français, et si Charles, mon seigneur, de son côté ne le tient pas, je ne lui donnerai aucune aide contre Louis. » Les Germains répétèrent cet engagement en changeant seulement l’ordre des noms des deux rois.

La conclusion de cette alliance jurée dans des termes si précis, sur la limite de ces royaumes qui venaient pour ainsi dire de se former, devant ces armées qui s’étaient associées aux serments des petits-fils de Charlemagne, fut longuement célébrée par des réjouissances et des fêtes militaires. La volonté de maintenir ce bon accord, qui devait leur procurer l’indépendance, était si forte dans l’esprit des peuples, dit Augustin Thierry, qu’on n’apercevait plus la moindre trace de leur ancienne hostilité.

Des combats simulés mirent aux prises les nations que Charlemagne avait autrefois arrivées l’une contre l’autre, sans qu’aucun ressentiment vînt troubler ces jeux. « Des Gascons, des Austrasiens, des Saxons et des Bretons en nombre égal luttaient l’un contre l’autre dans une course rapide, rapporte Nithard. (...) C’était un spectacle digne d’être vu, à cause de sa magnificence et du bon ordre qui y régnait ; car, dans une si grande foule et parmi tant de gens de diverse origine, il n’y eut personne de blessé ou d’insulté. »

Ainsi réunis, les deux frères se mirent à la poursuite de Lothaire et l’obligèrent à reconnaître leur souveraineté. Le traité de Verdun, conclu en 843, consacra définitivement le partage de l’empire de Charlemagne entre ses trois petits-fils. Charles le Chauve reçut toute la partie de la Gaule renfermée entre l’Escaut, la Meuse, la Saône, le Rhône, la Méditerranée, les Pyrénées et l’Océan ; ce fut le royaume de France dont la féodalité devait un moment briser l’unité pour la rendre plus tard aux efforts patients des Capétiens.

Le royaume de Louis le Germanique comprit les pays situés entre le Rhin, la mer du Nord, l’Elbe et les Alpes, qui formèrent la nationalité Allemande. La portion attribuée à Lothaire se forma de l’Italie, qui devait bientôt échapper à ses descendants, et de diverses parties de territoire prises entre les possessions de Louis et de Charles.

 
 
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