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Légendes, croyances, superstitions. Monstres de la mer. Kraken, serpent de mer, mosasaures, ichtyosaures, plésiosaures

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Légendes, Superstitions
Légendes, superstitions, croyances populaires, rites singuliers, faits insolites et mystérieux, récits légendaires émaillant l’Histoire de France
Bête (Une) étrange s’échouant
en 1934 en Normandie évoque
le mythique serpent de mer
(D’après « Le Petit Journal illustré », paru en 1934)
Publié / Mis à jour le lundi 11 décembre 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 6 mn
 
 
 
Un étrange animal d’origine inconnue, venu s’échouer en 1934 sur la plage de Querqueville, à quelques kilomètres de Cherbourg et qui attira les curieux de toute la région, remit dans toutes les têtes la légende des monstres tapis au fond des mers, du kraken enlaçant les mâts au serpent de mer observé 162 fois entre 1522 et la fin du XIXe siècle, en passant par l’ichtyosaure qui serait un rescapé des temps préhistoriques

La bête de Querqueville avait huit mètres de long, un cou allongé comme celui d’une girafe, une tête pareille à celle d’une tortue ; de fortes nageoires, dont une dorsale, toutes couvertes de poils... Des savants l’examinèrent et y perdirent leur latin.

« C’est un cétacé », disait l’un. « Pas du tout, disait l’autre, c’est un poisson. » Un vieux marin, qui a bourlingué au temps des grands voiliers sur toutes les mers du monde, est venu à son tour. « C’est le vrai serpent de mer, a-t-il dit. Nous sommes plus d’un qui l’avons vu au cours de nos croisières. Mais celui-ci est un petit, a-t-il ajouté, il y en a qui ont jusqu’à quatre fois cette taille... »

 Bête de Querqueville
Bête de Querqueville

La légende du serpent de mer
On a beaucoup plaisanté à propos du serpent de mer. C’est la faute d’un journal du temps de Louis-Philippe, le Constitutionnel, dont le directeur, le docteur Véron, était un personnage volontiers facétieux. Quand il manquait d’informations sensationnelles, il faisait venir un de ses rédacteurs : « Faites donc, lui disait-il, un article pour annoncer qu’on vient de rencontrer le grand serpent de mer entre Calais et Douvres. » La nouvelle secouait un instant l’apathie de l’opinion. Mais, comme elle se reproduisait trop souvent, on avait fini par en rire, et l’on ne croyait plus à l’existence du serpent de mer.

Pourtant, il est bien certain que le serpent de mer n’est pas un mythe. Sans doute, il faut faire, dans tout ce qui a été raconté sur cet animal fantastique, la part de la légende. Or, la légende du serpent de mer est vieille comme le monde. On la trouve particulièrement dans les traditions norvégiennes. Tout le monde, en Scandinavie, croyait au serpent de mer. Pontoppidan, évêque de Bergen, en 1752, affirme que, toutes les fois qu’il mettait en doute l’existence du serpent de mer, chacun souriait comme on aurait souri s’il avait eu l’idée de douter de l’existence de l’anguille ou du hareng.

L’archevêque d’Upsal, Olaüs Magnus, décrit le serpent de mer qui sort la nuit des rochers aux environs de Bergen ; il a, dit-il, une crinière, le corps couvert d’écailles, il se rue sur les navires, « happant et traînant à lui tout ce qu’il trouve ». Les écrivains scandinaves parlent sans rire des six cents pieds de longueur du serpent de mer, de son épaisse cuirasse d’écailles. Sa tête, disent-ils, ressemble à celle du cheval. Tous lui attribuent « une épaisse crinière, phosphorescente dans la nuit ».

Dans la relation du second voyage au Groenland de Paul Egède, on lit que les marins, un jour, aperçurent un monstre s’élevant haut au-dessus de la mer, si haut que sa tête atteignit l’élévation du mât. Cette tête était pointue et le serpent rejetait de l’eau par un évent dont l’orifice était placé au sommet de la tête. Il n’avait point de nageoires mais des immenses oreilles qu’il agitait comme des ailes pour maintenir hors de l’eau la partie supérieure du corps.

Une autre description d’un voyageur nous donne des détails sur le serpent de mer qui, comme il est advenu ces jours derniers à la bête étrange de Querqueville, alla naguère s’échouer mort sur une plage des îles Orcades. Celui-ci avait quatre-vingts pieds de long et quatorze de circonférence. Il portait une crinière longue et hérissée depuis le sommet de la tête jusqu’à la queue. Dans la nuit, cette crinière était lumineuse ; elle ternissait au jour. Deux espèces de nageoires de cinq à six pieds de longueur, et dont la forme tenait à la fois des ailes et des oreilles velues, se détachaient des côtés latéraux de la tête... La véracité de cette description fut constatée par des procès-verbaux dressés devant les autorités locales.

Pieuvre colossale attaquant un navire. Lithographie parue dans Histoire naturelle des mollusques, par Pierre Dénys de Montfort (édition de 1802)
Pieuvre colossale attaquant un navire. Lithographie parue
dans Histoire naturelle des mollusques, par Pierre Dénys de Montfort (édition de 1802)

Pieuvres géantes
Mais dans les traditions des peuples du Nord, le serpent de mer a un terrible concurrent dans la personne du Kraken ou Soe-Trolden (fléau de la mer), sorte de pieuvre géante qui, en enlaçant les mâts des navires avec ses longs bras garnis de ventouses, pouvait faire chavirer comme des coquilles de noix les vaisseaux les mieux assis sur leur quille. Quand le kraken venait à la surface, son corps couvrait l’espace d’un mille. De cette masse flottante sortaient des bras immenses qui se déployaient et se dressaient, semblables à des mâts. C’étaient les tentacules du kraken.

À ces épouvantables apparitions, les pêcheurs s’enfuyaient d’autant plus rapidement que, même hors de l’atteinte de la pieuvre géante, ils n’étaient pas à l’abri de tout danger. En effet, lorsque le monstre plongeait de nouveau après être resté quelque temps sur les flots, il déplaçait un tel volume d’eau qu’il occasionnait des tourbillons et des courants aussi redoutables que ceux du Maëlstrom, dans lesquels les navires étaient entraînés et disparaissaient à tout jamais...

Tout cela, évidemment, est de la légende. Mais qu’est-ce que la légende, sinon la vérité grossie et déformée par l’imagination populaire ? Or, il n’est pas douteux que les navigateurs qui rapportèrent les récits d’où naquirent les fables sur le serpent de mer et sur le kraken n’avaient pas tous été victimes des divagations de leur cerveau.

Il est certain qu’il y a dans la mer des bêtes gigantesques qui vivent surtout dans les grands fonds ou dans certaines parties des océans peu fréquentées, et que peu de voyageurs ont rencontrées. On a vu quelquefois des pieuvres dont les bras n’avaient pas moins de huit mètres de long. De là la légende du kraken. Dans le premier quart du XXe siècle, dans les parages du cap Horn, on a signalé à plusieurs reprises un animal formidable ayant la forme d’une raie géante. C’était un « diable de mer », une bête énorme dont un seul coup d’aileron pouvait retourner un bateau.

Ceux qui ont vu le serpent de mer
Quant au serpent de mer, ses apparitions, signalées par des personnes dignes de foi, ne se comptent pas. Oudemans, un savant hollandais qui s’est attaché à recueillir les informations touchant ce géant des mers, a relevé, dans les rapports des navigateurs, cent soixante-deux observations du serpents de mer depuis l’année 1522 jusqu’au XIXe siècle. Il est bien évident que sur les cent soixante-deux marins qui prétendirent avoir vu le monstre dans cette période de près de quatre cents ans, il y en eut au moins quelques-uns qui n’avaient pas la berlue.

Contentons-nous de citer quelques-uns des témoignages de la période couvrant la fin du XIXe siècle et le début du XXe. En 1888, deux officiers du navire américain Wisconsin virent le serpent de mer à trente milles à peu près de Saudy-Hook. Ils rapportèrent que son corps était verdâtre et qu’il avait au moins soixante pieds de long.

Pieuvre géante attaquant un galion
Pieuvre géante attaquant un galion. © Crédit illustration : Araghorn

Dix ans plus tard, le lieutenant de vaisseau de la marine française Lagrésille, commandant l’Avalanche, rencontra le serpent de mer dans la baie d’Along. C’est dans la baie d’Along également que, le 25 février 1904, un autre officier français, le lieutenant l’Eost, commandant la canonnière Décidée, put observer le monstre. Les rapports très précis de ces deux officiers firent entrer la question du serpent de mer dans l’ordre scientifique.

Le célèbre physiologiste Alfred Giard en fit l’objet d’une communication sensationnelle à l’Académie des sciences. Il ressort de ce document que le monstre fut pris d’abord pour une tortue gigantesque, de la couleur des rochers de la côte, flottant à la surface des eaux. Bientôt, on vit l’animal se développer sur une longueur d’une trentaine de mètres, plonger à diverses reprises sous le navire pour reparaître du côté opposé, remonter à la surface et rejeter de la vapeur d’eau par une de ses extrémités, enfin disparaître avant qu’on ait pu le photographier.

L’équipage tout entier put cependant se rendre compte que sa longueur atteignait environ trente-cinq mètres sur un diamètre de trois à quatre mètres dans sa plus grande largeur. Sa peau était noire, semée de taches jaunâtres. Sa tête, de coloration grisâtre, recouverte d’écailles, rappelait vaguement celle d’une tortue. Les jets de vapeur d’eau semblaient émerger par des trous placés sur le sommet de la tête. Enfin, l’animal nageait en ondulant et plongeant avec une facilité et une vitesse extraordinaire.

D’après les indications données par les deux officiers, Alfred Giard estimait que la bête fantastique qu’ils avaient rencontrée dans la baie d’Along devait appartenir à un groupe d’animaux que nous considérons comme disparus, tels que les mosasaures ou les ichtyosaures. Et le savant concluait : « On a retrouvé dans le centre de l’Afrique certains animaux terriens que l’on croyait depuis longtemps disparus. Pourquoi ne pourrait-on retrouver aussi le mosasaure ou l’ichtyosaure qui, s’ils existent encore, ne peuvent vivre qu’à de très grandes profondeurs dans la mer et n’apparaître à la surface que très rarement et comme par accident ? »

Depuis lors, la bête fantastique est apparue encore plus d’une fois. L’Armadale Castle, capitaine Robinson, la rencontra dans l’Atlantique. Le célèbre écrivain anglais Rudyard Kipling était à bord et eut tout loisir d’observer l’animal. Quelques années plus tard, le comte Crawford, croisant au large du Brésil avec son yacht Walballa, le vit également. Il était, déclara-t-il, « d’une couleur vert foncé » ; son corps, long d’environ dix mètres, émergeait d’une soixantaine de centimètres hors de l’eau. Son cou, long de deux mètres cinquante, était surmonté d’une énorme tête de tortue.

Des observations furent faites par un pêcheur de la Colombie Britannique, et par deux officiers du paquebot Mauretania qui, le 13 février 1934, aperçurent dans la mer des Caraïbes un immense reptile marin dont le corps, déclarèrent-ils, paraissait large de six pieds et s’étirait sur quarante-cinq pieds de long en surface visible. Et, toujours, les descriptions du monstre concordent d’une façon à peu près générale avec celles qui furent faites à toutes les époques antérieures.

Plésiosaure évoluant dans un marécage
Plésiosaure évoluant dans un marécage. © Crédit illustration : Araghorn

Après l’ichtyosaure, le plésiosaure
Mais, comme si l’énigme du serpent de mer ne suffisait pas pour exciter les curiosités de la foule, on vit dans les années 1930 toute la Grande-Bretagne et même le reste de l’Europe se passionner à propos d’une bête fantastique qu’on aurait rencontrée dans le Loch Ness, au nord de l’Ecosse. À cette nouvelle, les foules affluèrent dans la région ; les hôtels d’Inverness, la ville la plus proche du lac, regorgeaient de voyageurs. Sur les rives, d’innombrables opérateurs de cinéma avaient braqué leurs appareils, attendant l’apparition du monstre ; et les détails sur cet animal d’apocalypse emplissaient la presse du monde entier.

Un émule de Barnum avait même promis la forte prime à qui lui amènerait vivante cette bête fabuleuse oubliée par le déluge. Mais ce monstre du Loch Ness n’était pas le premier « serpent de lac » qui eût occupé l’opinion. Il semble, d’ailleurs, en l’occurrence, que c’était plutôt d’un saurien que d’un serpent qu’il s’agissait. L’animal, en effet, devait être amphibie, puisqu’on avait relevé, sur les rives, les traces énormes de ses pattes.

Or, en 1922, en Patagonie, des chasseurs suivirent la piste d’un animal fantastique, formidable saurien au long col, qui leur échappa en plongeant dans d’immenses marécages, et qui n’était autre, dit-on, que le « plésiosaure ». Y aurait-il donc encore, de par le vaste monde, des animaux gigantesques que le déluge aurait oubliés ?

 
 
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