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Légendes, croyances, superstitions. Sorciers et sorcellerie : maléfices et enchantements. Temps, pluie, vent, récoltes et pouvoirs sur animaux, objets

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Légendes, Superstitions
Légendes, superstitions, croyances populaires, rites singuliers, faits insolites et mystérieux, récits légendaires émaillant l’Histoire de France
Pouvoirs jadis attribués aux sorciers
sur les objets immatériels et les animaux
(D’après « La sorcellerie » (par Ch. Louandre), paru en 1853)
Publié / Mis à jour le mardi 11 septembre 2018, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
De la fontaine de Bellenton amenant la pluie, au labourage d’un champ avec un attelage de crapauds pour s’approprier la récolte d’autrui, en passant par le sel de Belle-Garde pour soigner les chevaux, les sorciers passaient jadis pour détenir quelque pouvoir tant sur les objets immatériels que sur les animaux

En même temps qu’ils révélaient les mystères de l’avenir, les sorciers opéraient sur les éléments, les hommes, les animaux, les objets immatériels, et enfin sur eux-mêmes une foule de prodiges désignés sous le nom de sorts, enchantements, maléfices, envoussures , aiguillettes, etc.

Quand ils opéraient sur les éléments, les sorciers produisaient à leur gré le beau temps ou la pluie, le froid. ou le chaud ; mais comme ils étaient essentiellement malfaisants de leur nature, ils ne donnaient de beau temps que quand ils en avaient besoin pour eux-mêmes ; ils excitaient le plus souvent des ouragans et des tempêtes. Ceux qui se livraient à cette spécialité sont désignés les lois romaines de la décadence et les lois du Moyen Age, dont quelques-unes les punissent de mort, sous le nom de missores tempestatum, tempestarii.

Ioan Vraz, sorcier des Côtes-d'Armor

Ioan Vraz, sorcier des Côtes-d’Armor

Un roi des Goths, suivant le Démonographe de Lancre, n’avait, pour exciter un orage, qu’à tourner son bonnet du côté où il voulait que le vent soufflât. Les Norvégiens et les Danois, peuples navigateurs, excellaient dans ces sortes de pratiques, et leurs sorciers vendaient le vent, le beau temps et la tempête.

« Un respectable voyageur allemand, qui explora le nord vers la fin du XVIIe siècle , raconte, dit Marmier dans ses Souvenirs de voyage, qu’il acheta d’un Finlandais un mouchoir, où il y avait trois nœuds qui renfermaient le vent. Quand il fut en pleine mer, le premier nœud lui donna un délicieux petit vent d’ouest-sud-ouest, qui était précisément celui dont il avait besoin. Un peu plus loin, comme il changeait de direction, il ouvrit le second nœud, et il survint un vent moins favorable ; mais le troisième nœud produisit une horrible tempête, et c’était sans doute, dit le naïf conteur, une punition de Dieu que nous avions irrité en faisant un pacte avec des hommes réprouvés. »

On ensorcelait des pays tout entiers comme on ensorcelait un homme. Les forêts surtout jouent un grand rôle dans les traditions magiques, et quand elles sont possédées ou habitées, soit par des sorciers, soit par des enchanteurs, elles prennent le nom de forêts enchantées. II en est souvent parlé dans la Jérusalem du Tasse. La plus célèbre en France, était celle de Brocéliande, dont la forêt de Lorges comprend encore quelques débris. Les bêtes venimeuses et les mouches qui nuisent au bétail ne pouvaient vivre sous ses ombrages.

On trouvait au centre de cette forêt la fontaine de Bellenton, auprès de laquelle le chevalier Pontus fit sa veille des armes, et pies de la fontaine une grosse pierre, nommée le perron de Bellenton. Chaque fois que dans le pays on avait besoin de pluie, pour les biens de la terre, le seigneur de Montfort se rendait à la fontaine ; il posait la pierre avec l’eau de cette fontaine, et le jour même, de quelque côté que le vent ait soufflé, il tombait des pluies si abondantes et si tièdes que la terre en était fécondée pour longtemps.

Les sorciers se vantaient également d’arrêter le cours des fleuves, de les faire remonter vers leur source ; de produire la foudre et de la faire tomber là où ils voulaient, de transporter les moissons d’un champ dans un autre, de frapper les terres de stérilité. Chez les Romains, cette dernière opération se pratiquait au moyen d’une pierre qui, placée sur le sol que l’on voulait rendre improductif, indiquait qu’il était voué à la malédiction, et que ceux qui oseraient le cultiver étaient à leur tour voués à la mort. Les lois prononçaient la peine capitale contre les sorciers qui se livraient à cet enchantement.

Des faits analogues se produisirent au Moyen Age et même dans les temps modernes. On vit se former en Ecosse des associations de sorcières, dont le but était de s’approprier la récolte des champs qui ne leur appartenaient pas, et la superstition populaire s’emparant de ce fait, inventa une foule de légendes.

Le sorcier de la Montagne Laouic-Coz (Finistère)

Le sorcier de la Montagne Laouic-Coz (Finistère)

On disait que, quand les sorcières voulaient s’emparer des produits d’un champ, elles labouraient ce champ avec un attelage de crapauds ; que le diable lui-même conduisait la charrue, que les cordes de cette charrue étaient de chiendent, que le soc était fait avec la corne d’un animal châtré, que ce singulier labourage une fois terminé, tous les fruits passaient d’eux-mêmes dans la grange des sorcières, et qu’il ne restait au propriétaire que des épines et des ronces.

Quand on agissait avec cette puissance sur la matière, on devait à bien plus forte raison agir sur les êtres vivants ; aussi voyons-nous les croyances populaires se préoccuper constamment, et avec une insistance qui persista longtemps dans les campagnes, des maléfices et des sortilèges auxquels sont exposés les animaux domestiques.

Les bergers avaient, pour ainsi dire, monopolisé cette sorte de maléfices. On les accusait de répandre à leur gré les épizooties, de rendre les chevaux immobiles, de dessécher les pâturages pour faire mourir de faim les troupeaux de leurs ennemis, et de changer en loups les agneaux naissants, qui dévoraient leurs mères au lieu de les téter ; mais, par compensation, s’ils étalent puissants pour le mal, ils l’étaient également pour le bien. Ils avaient des formules infaillibles pour guérir les animaux ou pour éloigner les loups ; en voici un échantillon :

« Le château de Belle-Garde pour les chevaux. Prenez du sel sur une assiette ; puis, ayant le dos tourné au lever dit soleil, et les animaux devant vous, prononcez, étant à genoux, la tête nue, ce qui suit :

« — Sel qui es fait et formé au château de Belle, sainte belle Élisabeth, au nom de Disolet, Soffé portant sel, sel dont sel, je te conjure au nom de Gloria, Dorianté et de Galliane, sa sœur ; sel, je te conjure que tu aies à me tenir mes vifs chevaux de bêtes cavalines que voici présents, devant Dieu et devant moi, saints et nets, bien buvants, bien mangeants, gros et gras, qu’ils soient à ma volonté ; sel dont sel, je te conjure par la puissance de gloire, et par la vertu de gloire, et en toute mon intention toujours de gloire.

« Ceci prononcé au coin du soleil levant, vous gagnez l’autre coin, suivant le cours de cet astre, vous y prononcez ce que dessus. Vous en faites de même aux autres coins ; et étant de retour où vous avez commencé, vous prononcez de nouveau les mêmes paroles. Observez, pendant toute la cérémonie, que les animaux soient toujours devant vous, parce que ceux qui traverseront sont autant de bêtes folles.

« Faites ensuite trois tours autour de vos chevaux, faisant des jets de votre sel sur les animaux, disant : — Sel, je te jette de la main que Dieu m’a donnée ; Grapin, je te prends, à toi je m’attends.

« Dans le restant de votre sel, vous saignerez l’animal sur qui on monte, disant : — Bête cavaline, je te saigne de la main que Dieu m’a donnée ; Grapin, je te prends, à toi je m’attends. »

On pourrait choisir entre mille recettes du même genre ; mais comme elles se valent toutes, et que quelques-unes seulement se distinguent par des profanations et des blasphèmes, nous n’insisterons pas plus longtemps, ajoutant simplement que certains sorciers avaient la prétention de créer des animaux, et de les tirer, comme Dieu, du néant. L’auteur du Monde enchanté, Bekker, a examiné cette question, et si, forcé, dit-il, par l’évidence, il accorde aux magiciens le pouvoir de faire des poux, il croit que ce pouvoir se borne là, et il leur refuse même celui de faire des grenouilles.

 
 
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