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3 août 1692 : bataille de Steinkerque et victoire française

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Éphéméride, événements
Les événements du 3 août. Pour un jour donné, découvrez un événement ayant marqué notre Histoire. Calendrier historique
3 août 1692 : bataille de Steinkerque
et victoire française
(D’après « Histoire générale de France depuis les temps les plus reculés
jusqu’à nos jours » (par Abel Hugo) Tome 5 paru en 1843,
« Nouveau dictionnaire des sièges et batailles » (Tome 6) paru en 1809
et « Louis XIV, son gouvernement et ses relations diplomatiques
avec l’Europe » (par Jean-Baptiste Capefigue) paru en 1838)
Publié / Mis à jour le mercredi 3 août 2022, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
Se déroulant un mois après la prise de Namur par les Français, s’achevant par une nouvelle victoire française sur la Ligue d’Augsbourg et opposant les troupes de Louis XIV, attaquées par surprise et menées par le maréchal de Luxembourg, à celles des coalisés menées par le roi d’Angleterre Guillaume d’Orange, cette bataille, pourtant sans stratégie, fut une mêlée où le courage individuel se manifesta avec éclat, la valeur des gentilshommes pouvant s’y déployer

La guerre de la Ligue d’Augsbourg avait débuté en 1688 et opposait, d’un côté le royaume de France allié aux Jacobites — partisans de la restauration des rois catholiques de la lignée des Stuart sur le trône d’Angleterre, ces derniers ayant été renversés en 1688 lors de la Glorieuse Révolution qui avait vu l’avènement du roi protestant Guillaume III d’Orange —, de l’autre côté le roi d’Angleterre, d’Irlande et d’Écosse Guillaume III, l’empereur du Saint-Empire romain germanique Léopold Ier, les Provinces-Unies (Pays-Bas espagnols), l’Espagne, le Portugal et le duché de Savoie.

Guillaume III d'Orange-Nassau. Peinture de Willem Wissing (1690)

Guillaume III d’Orange-Nassau. Peinture de Willem Wissing (1690)

Le désastre de la Hougue, bataille navale qui s’était déroulée 29 mai 1692 et s’était traduite par la victoire de la flotte anglo-hollandaise sur la flotte française au large de la pointe du Cotentin, n’avait pas seulement été fatal à la marine française ; il ne permettait plus le vaste plan de campagne adopté par Louis XIV dans tous ses développements.

Le roi de France, ayant senti qu’il fallait un coup de hardiesse pour couvrir cette défaite, ordonna le siège de Namur, la plus forte place des Pays-Bas, par sa position au confluent de la Sambre et de la Meuse, et par sa citadelle, bâtie sur des rochers. Quoique bien fatigué cette année, Louis XIV se porta de sa personne à l’armée du nord, mais le maréchal de Luxembourg fut seul chargé des opérations militaires importantes. Les troupes attaquèrent vivement la place ; le maréchal de Luxembourg empêchait le roi d’Angleterre Guillaume III de franchir la Méhaigne pour la secourir.

La ville fut prise au bout de huit jours de tranchée ouverte, et le château au bout de vingt-deux. Louis XIV retourna ensuite à Versailles, et laissa encore le duc de Luxembourg tenir tête à toutes les forces des ennemis. Tandis que le roi de France assiégeait Namur, Guillaume III d’Orange-Nassau, le roi d’Angleterre, avait réuni une armé anglo-hollandaise et allemande, et, de concert avec l’électeur de Bavière, se tenait en face de la ville, tantôt sur le flanc de l’armée d’invasion, tantôt à quelques lieues devant elle : les coalisés étaient surveillés et suivis par cinquante mille hommes détachés du siège, et sous les ordres du maréchal de Luxembourg.

Comme la masse des Français était d’un tiers plus forte que l’armée coalisée, Guillaume III n’osa point attaquer le maréchal pendant le siège ; il savait toute la valeur française ; il comptait bien sur les Anglais et les Allemands, mais les Hollandais, mauvais soldats, pouvaient-ils se hasarder contre l’élite de la noblesse de France ? Les tentes des coalisés étaient sévères ; il s’y trouvait beaucoup d’officiers français, calviniste et exilés par suite de la révocation de l’édit de Nantes ; l’esprit puritain était dans ces troupes ; elles faisaient contraste avec le luxe et la brillante tenue des armées royales de France.

François-Henri de Montmorency-Bouteville, duc de Piney-Luxembourg, pair et maréchal de France. Dessin de Robert Bonnart (1652-1733)

François-Henri de Montmorency-Bouteville, duc de Piney-Luxembourg,
pair et maréchal de France. Dessin de Robert Bonnart (1652-1733)

Les hésitations de Guillaume en présence des tentes françaises et du siège de Namur donnaient lieu à mille plaisanteries, à des jeux de mots, à de mordantes épigrammes. Le soldat français était en effet impitoyable pour le prince d’Orange ; il chantait :

Monsieur le prince de Nassau
A pris son vol un peu trop haut ;
De cet Icare,
De ce barbare
La cire fond ;
Nostradamus répond
Que dans peu Bellefond
Lui creuse un abîme profond.

Fin juillet, les troupes du maréchal de Luxembourg s’installèrent vers Enghien afin de se rapprocher des forces coalisées anglo-hollandaises de Guillaume III d’Orange. Les coalisés souffraient avec impatience le triomphe de Louis XIV ; Guillaume voulut faire un coup d’éclat. Un espion français étant tombé le 31 juillet 1692 entre les mains du prince d’Orange, ce prince, avant de le faire mourir, le força d’écrire au maréchal de Luxembourg qu’il avait appris qu’il se ferait le 3 août un grand fourrage du côté du ruisseau de Steinkerque, et que, pour couvrir les fourrageurs, un corps considérable d’infanterie irait pendant la nuit, avec du canon, occuper les défilés.

Le maréchal, trouvant les rapports qu’on lui faisait conformes à cet avis, et d’ailleurs ne croyant pas nécessaire de troubler un fourrage protégé par de si grandes forces, resta tranquille dans son camp. Les ennemis vinrent l’attaquer à la pointe du jour, le 3 août. L’armée française était endormie, et son général malade ; une brigade entière fut mise en déroute : tout semblait perdu, mais le génie de Luxembourg et la valeur de ses soldats sauvèrent tout.

Ce n’était en effet pas assez d’être grand capitaine pour n’être pas mis en déroute ; il fallait avoir des troupes aguerries, capables de se rallier ; des officiers généraux assez habiles pour rétablir l’ordre, et qui eussent la bonne volonté de le faire ; car un seul officier supérieur, qui eût voulu profiter de la confusion pour faire battre son général, le pouvait aisément sans se commettre. Luxembourg était malade ; circonstance bien funeste dans un moment qui demande une activité nouvelle. Le danger lui rendit ses forces. Il fallait des prodiges pour n’être pas vaincu ; et il en fit.

Bataille de Steinkerque. Ces jeunes princes remplis d'ardeur chargèrent avec la maison du roi. Gravure extraite de Cent récits d'Histoire de France par Gustave Ducoudray, édition de 1881

Bataille de Steinkerque. Ces jeunes princes remplis d’ardeur chargèrent avec la maison du roi.
Gravure extraite de Cent récits d’Histoire de France par Gustave Ducoudray, édition de 1881

Changer de terrain, donner un champ de bataille à son armée qui n’en avait point, rétablir la droite toute en désordre, rallier trois fois ses troupes, charger trois fois à la tête de la maison du roi, fut l’ouvrage de moins de deux heures. Le maréchal avait sous ses ordres Philippe, alors duc de Chartres, depuis duc d’Orléans et régent du royaume, qui n’avait pas alors quinze ans. Il ne pouvait être utile pour un coup décisif, mais c’était beaucoup pour animer les soldats, qu’un petit-fils de France, encore enfant, chargeant avec la maison du roi, blessé dans le combat, et revenant encore à la charge, malgré sa blessure.

Un petit-fils et un petit-neveu du grand Condé servirent tous deux de lieutenants généraux, l’un, Louis de Bourbon, nommé Monsieur le duc ; l’autre, François-Louis de Bourbon, prince de Conti : rivaux de courage, d’esprit, d’ambition, de réputation. Monsieur le duc, d’un naturel plus austère, ayant peut-être des qualités plus solides, et le prince de Conti de plus brillantes.

Le prince de COnti fut le premier qui remédia au désordre, ralliant des brigades et en faisant avancer d’autres. Monsieur le duc faisait la même manœuvre, sans avoir besoin d’émulation. Le duc de Vendôme, petit-fils de Henri IV, était également lieutenant général de cette armée. Il servait depuis l’âge de douze ans ; et, quoiqu’il en eût alors quarante, il n’avait pas encore commandé en chef. Son frère le grand-prieur était auprès de lui.

Tous ces princes, avec le duc de Choiseul, se mirent à la tête de la maison du roi, et après un combat sanglant défirent un corps d’Anglais qui défendait un poste avantageux, dont dépendait le succès de la journée. La maison du roi et les Anglais étaient les meilleures troupes qui fussent dans le monde. Le carnage fut grand. Les Français, encouragés par cette foule de princes et de jeunes seigneurs qui combattaient autour du général, l’emportèrent enfin ; et, quand les Anglais furent vaincus, le reste céda bientôt le champ de bataille ; Boufflers, depuis maréchal de France et accouru de quelques lieues, acheva la victoire avec ses dragons ; l’armée ennemie fut rejetée dans les défilés, après avoir perdu son canon, et plus de 12 000 morts.

Le succès de cette bataille mémorable fut dû surtout à l’admirable présence d’esprit et à la prodigieuse activité de Luxembourg. Le maréchal parcourait les lignes pour animer tout le monde à bien faire ; il dit au duc de Vendôme : « Pour vous, prince, je n’ai rien à vous dire. — M. le maréchal, répondit Vendôme, mort ou vif, je serai loué des honnêtes gens. » Le jeune duc de Chartres fit preuve d’humanité par la peine qu’il se donna pour faire mettre sur des chariots les blessés des deux armées. « Après le combat, dit-il, il n’y a plus d’ennemis sur le champ de bataille. » Parmi les braves qui succombèrent glorieusement dans ce jour de victoire, on distingua le jeune Turenne, neveu du héros tué à Salzbach : il s’était distingué dans la guerre des Vénitiens contre les Turcs, et donnait l’espérance d’égaler son oncle par ses vertus et ses talents.

Bataille de Steinkerque. Estampe appartenant à une suite de 33 gravures illustrant les médailles sur les principaux événements du règne de Louis le Grand

Bataille de Steinkerque. Estampe appartenant à une suite de 33 gravures illustrant
les médailles sur les principaux événements du règne de Louis le Grand

Toute glorieuse qu’était la journée de Steinkerque pour Luxembourg, ses envieux, pour en affaiblir l’éclat, ne cessaient de répéter qu’il s’était laissé surprendre : « Et qu’aurait-il fait de plus, répondit Louis XIV, s’il n’avait pas été surpris ? » Voltaire rapporte que « la victoire de Steinkerque, due à la valeur de tous ces jeunes princes et de la plus florissante noblesse du royaume, fit à la cour, à Paris et dans les provinces, un effet qu’aucune bataille gagnée n’avait fait encore. M. le duc, le prince de Conti, M. de Vendôme, et leurs amis, trouvaient en s’en retournant les chemins bordés de peuple.

« Les acclamations et la joie allaient jusqu’à la démence ; toutes les femmes s’empressaient d’attirer leurs regards. Les hommes portaient alors des cravates de dentelle qu’on arrangeait avec assez de peine et de temps : les princes s’étant habillés avec précipitation pour le combat, avaient passé négligemment ces cravates autour du cou ; les femmes portèrent des ornements faits sur ce modèle ; on les appela des steinkerques ; toutes les bijouteries nouvelles étaient à la steinkerque. Un jeune homme qui s’était trouvé à cette bataille était regardé avec empressement. Le peuple s’attroupait autour des princes, et on les aimait d’autant plus, que leur faveur à la cour n’était pas égale à leur gloire. »

 
 
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