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3 août 1806 : mort du naturaliste Michel d'Adanson

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3 août 1806 : mort du naturaliste
Michel d’Adanson
Publié / Mis à jour le dimanche 2 août 2015, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 6 mn
 

Français de naissance, mais Ecossais d’origine, Adanson vit le jour à Aix-en-Provence le 7 avril 1727. Son père, écossais d’origine, s’était attaché à M. de Vintimille, alors archevêque de cette ville. Ce prélat ayant quitté ce siège pour celui de Paris, Adanson fut amené dans cette capitale à l’âge de trois ans. Son éducation fut très soignée, et il y répondit par des succès prématurés.

Comme il était d’une petite stature, il paraissait plus jeune encore qu’il ne l’était ; et il excita une admiration générale, lorsqu’on le vit remporter les premiers prix de l’Université, et qu’il se trouva, pour ainsi dire, caché sous un Pline et un Aristote. Tel était le genre de livres que l’on distribuait alors dans ces occasions solennelles. Néedham, naturaliste célèbre par ses découvertes microscopiques, témoin du triomphe de cet enfant, lui fit présent d’un microscope, et lui dit : « Puisque, jusqu’à présent, vous avez si bien appris à connaître les ouvrages des hommes, vous devez étudier ceux de la nature. »

Ces circonstances entraînèrent Adanson vers l’histoire naturelle. Bientôt il voulut, comme Pline, l’embrasser toute entière, et, comme Aristote, en lier toutes les parties. Il ne négligea cependant aucun genre de connaissances, et suivit assidûment tous les cours du collège royal. Réaumur et Bernard de Jussieu furent ses principaux guides. Il partagea son temps entre le Jardin du Roi et les cabinets de ces savants, si connus par leur affabilité. La nomenclature des plantes cultivées dans cette enceinte lui devint bientôt familière : ce qui était loin de suffire à son activité.

Michel Adanson

Michel Adanson

Le système de Linné, qui commençait à se propager, excitant son émulation, il en imagina de nouveaux qui lui présentèrent plus de certitude, et, dès l’âge de 14 ans, il en avait esquissé quatre. Ses parents l’avaient destiné à l’état ecclésiastique, et on lui avait donné un canonicat ; il y renonça, ne voulant pas prendre un état dont les devoirs ne lui auraient pas permis de se livrer tout entier à son goût pour les sciences. Entraîné par le noble désir de contribuer de tous ses moyens à leur progrès, il voulut voyager dans des contrées qui n’eurent pas encore été visitées, et il se décida pour le Sénégal, pensant que le climat insalubre de ce pays s’opposerait longtemps aux recherches de tout autre naturaliste.

Plusieurs botanistes célèbres s’étaient transportés avant lui aux extrémités du globe ; mais ils y avaient été invités par des souverains, dont la munificence leur assurait un juste dédommagement de leurs dépenses et de leurs dangers. Adanson donna, le premier, l’exemple d’un plus grand dévouement ; il fit cette entreprise à ses frais, et y sacrifia la plus grande partie de son patrimoine. Ce fut en 1748, âgé de 21 ans, qu’il exécuta ce projet courageux. Dans la traversée, il visita les Açores et les Canaries ; et, dès qu’il eut débarqué à l’île de Gorée sur la côte du Sénégal, il se livra aux recherches de tout genre, avec une ardeur si persévérante, qu’il recueillit des richesses immenses dans les trois règnes de la nature.

Les décrire et les conserver, eût été pour tout autre une occupation assez grande ; mais il alla beaucoup plus loin : il découvrait, par son expérience journalière, les défauts et l’insuffisance des méthodes employées jusqu’alors pour classer les êtres naturels, et pour donner à ceux qui les voient pour la première fois, le moyen de les reconnaître. Les auteurs les plus célèbres, tels que Tournefort et Linné l’avaient exposé à des méprises. Voyant que les défauts de la méthode et du système de ces grands botanistes, tenaient à ce qu’ils les avaient fondés sur un petit nombre de caractères, il s’attacha à perfectionner cette partie importante de la science, et il créa une méthode, établie sur l’universalité des parties.

Ce fut d’abord aux plantes qu’il en fit l’application ; mais il reconnut bientôt qu’elle devait s’étendre à tous les êtres, et, suivant son expression, à toutes les existences. Il adressa plusieurs lettres à son maître, Bernard de Jussieu, pour lui faire part de sa découverte. Il fit aussi, pendant son séjour au Sénégal, et durant sa traversée, des observations météorologiques suivies jour par jour, et il leva des plans très détaillés des contrées qu’il parcourut, d’après lesquels il dressa une carte du cours du fleuve du Sénégal, à une assez grande distance. De plus, il recueillit des vocabulaires des langues des diverses peuplades nègres qu’il avait été à portée de fréquenter. Ce fut avec toutes ces richesses, qu’Adanson revint dans sa patrie, après 5 ans de séjour dans un climat brûlant et malsain : elles suffisaient bien pour le dédommager de ses fatigues et de ses dangers ; mais il serait difficilement parvenu à les faire connaître, s’il n’eût trouvé de puissantes ressources dans la fortune et l’amitié de M. de Bombarde, amateur zélé des sciences.

Stimulé par ses conseils, et aidé de ses secours, il fit paraître en 1757, son Histoire naturelle du Sénégal, avec une carte. Jamais on n’avait fait connaître un pays éloigné avec autant de détails ; et ce n’était cependant qu’une petite partie des matériaux recueillis par l’auteur. Cet ouvrage est terminé par une nouvelle classification des Testacées ou animaux à coquilles. Jusqu’à ce moment, leurs dépouilles brillantes avaient seules occupé les naturalistes, qui les regardaient plutôt comme une décoration des cabinets, que comme un sujet d’études. Adanson fit connaître, pour la première fois, les animaux qui les formaient, et les rangea suivant sa méthode universelle, dont il commençait ainsi à donner un aperçu. Il se borna cependant à leurs formes extérieures, les seules qu’il eût étudiées. Un demi-siècle devait s’écouler avant qu’un de nos savants les plus distingués, nous fît connaître leur anatomie.

Adanson saisit encore cette occasion pour faire un autre essai, celui d’une nouvelle nomenclature. Elle consiste à désigner chaque être, regardé comme espèce, par un nom primitif, ne tenant à aucune langue, et étant exclusivement affecté à cette désignation. Cette innovation, qu’on peut au moins regarder comme ingénieuse, trouva quelques partisans et beaucoup de détracteurs. Honoré du titre de correspondant par l’Académie des sciences, pendant son voyage en 1750 ; à son retour, en 1756, il se fit connaître plus particulièrement de cette illustre compagnie, en lui lisant un mémoire sur le Baobab, qui fut inséré d’abord dans les Mémoires des Savants étrangers, et ensuite dans ceux de l’Académie pour l’année 1761. Avant cette époque, ou ne connaissait cet énorme végétal que par le rapport de quelques voyageurs, et on était tenté de mettre au rang des hyperboles, qui ne sont que trop fréquentes dans leurs relations, le volume de 40 à 60 pieds de diamètre qu’ils lui donnaient. Adanson rendit non seulement témoignage de la vérité de leur récit, mais, de plus, il fit connaître l’accroissement progressif de cet arbre extraordinaire, ainsi que la famille des Malvacées, à laquelle il le rapportait.

Ce fut sur les mêmes principes qu’il donna, dans les Mémoires de l’Académie, l’histoire des arbres qui produisent la gomme dite d’Arabie, l’un des principaux objets de commerce du Sénégal. Ces ouvrages méritèrent à Adanson, en 1759, la place d’Académicien titulaire ; mais ce n’était encore que des essais, auxquels il s’en serait peut-être longtemps tenu, si M. de Bombarde, par ses sollicitations et par les secours généreux qu’il lui fournit, ne l’eût déterminé à publier ses Familles des Plantes ; elles parurent en 1763. Adanson a rassemblé dans ces deux volumes des connaissances immenses, et cet ouvrage devait faire prendre une nouvelle face à la botanique, en la débarrassant à jamais des liens systématiques, en la ramenant à l’étude des rapports naturels.

Mais Linné, qui soutenait l’opinion contraire, avait pris un tel ascendant sur son siècle, qu’Adanson ne put le surmonter. On profita de quelques accessoires qui donnaient prise à la critique ; telle était, entre autres, la tentative d’une nouvelle orthographe ; et bientôt cette excellente production parut tombée dans l’oubli. Cependant elle n’a pas été négligée par tout le monde ; car, depuis sa publication, on a présenté comme des découvertes, des faits qui s’y trouvent énoncés. L’auteur ne tarda pas à reconnaître lui-même les taches, ou, pour mieux dire, les bizarreries qu’on lui avait reprochées ; et il résolut de donner 5 ans après une nouvelle édition de son ouvrage. Il y avait fait les changements nécessaires et des additions nombreuses ; mais, entraîné par des idées gigantesques, il conçut le plan d’une encyclopédie complète.

On lui avait fait espérer que Louis XV favoriserait cette entreprise. Bercé par cette espérance, il ne s’occupa qu’à en rassembler les matériaux. En peu de temps, ils devinrent immenses, et, en 1775, il les soumit à l’Académie. Les commissaires, nommés sur sa demande pour examiner son plan, trouvèrent ce travail prodigieux ; mais il ne leur parut pas également avancé dans toutes les parties. Cet examen donna une haute idée des connaissances et de l’activité d’Adanson ; mais il n’eut pas le résultat qu’il en attendait. Il avait cru que le gouvernement, sur le rapport qui en serait fait, lui fournirait les moyens de l’exécuter. On s’accoutuma dès lors à le regarder comme livré à la poursuite d’un projet chimérique. Le tort d’Adanson n’était pas de tenir à ce plan, mais de croire qu’il pouvait l’exécuter à la fois et d’un seul jet ; s*il eût voulu le publier par parties, successivement, on ne peut douter, vu son application au travail et sa longue carrière, qu’il ne fût parvenu à le réaliser.

La seconde édition des Familles était réellement l’Encyclopédie de la botanique. Sa classification des coquilles du Sénégal démontre qu’il était en état de traiter tout le règne animal d’une manière aussi complète. Quant aux autres sciences, il est certain que, malgré l’étendue de ses connaissances, il y aurait eu de la témérité de sa part de prétendre les tirer de son propre fond : aussi n’était-ce pas son intention, et l’état même de ses manuscrits le prouve. C’étaient des cadres, dans lesquels il voulait enchâsser les matériaux pris ailleurs. Il ne fut pas découragé par ce défaut de succès, et il continua à augmenter ses matériaux. Chaque année, il croyait atteindre au terme ; cependant il ne publia plus aucun ouvrage considérable. Il se borna à donner à l’Académie des sciences un petit nombre de mémoires, dont l’importance et le mérite font regretter ce qu’il ne publia pas.

Malgré ses nombreux travaux, il fit plusieurs voyages dans les différentes parties de la France. Il visita les côtes de l’Océan et celles de la Méditerranée. En Provence, il découvrit l’araignée si célèbre sous le nom de tarentule, qui passait autrefois pour être si dangereuse dans le royaume de Naples. Elle existe vraisemblablement de toute antiquité en Provence, sans s’être jamais fait remarquer par l’effet de son venin.

Adanson avait été nommé censeur royal en 1759 : le traitement de cette place, celui d’académicien et les pensions qu’il avait obtenues successivement, lui procurèrent une aisance qui aurait été fort au-delà de ses désirs ; mais, toujours dominé par l’idée qu’il pourrait un jour réaliser le vaste plan qu’il avait conçu, il sacrifiait tous ses moyens pour en accélérer l’exécution. La Révolution arriva, et ces moyens lui furent enlevés. La perte à laquelle il fut le plus sensible, fut celle d’un jardin dans lequel il suivait depuis plusieurs années des expériences multipliées sur la végétation. Il y avait particulièrement réuni un grand nombre de variétés de mûriers, et il eut la douleur de le voir ravager en sa présence. Il continua néanmoins ses travaux, malgré le dénuement auquel il était réduit.

On l’eût peut-être longtemps ignoré, si l’Institut, lors de sa création, ne l’eût invité à venir prendre place parmi ses membres. Il répondit qu’il ne pouvait se rendre à cette invitation, parce qu’il n’avait pas de souliers. Le ministre de l’Intérieur lui fit accorder une pension. Il avait acquis, des débris de sa fortune, une maison, petite, incommode et malsaine, avec un jardin, dont le peu d’étendue ne lui avait permis de réunir, pour ainsi dire, que des représentants de chacune de ses familles.

Adanson avait reçu de la nature un tempérament robuste ; mais l’excès du travail, et surtout un long séjour dans le Sénégal, l’avaient altéré ; il était très sensible au froid, et il lui était survenu des douleurs rhumatismales ; il se plaignait que le siège de son mal était dans les os. Un jour, en allant de son lit à un fauteuil, il sent fléchir une cuisse ; il s’écrie qu’elle est cassée, ce qui se trouva vrai. Reporté sur son lit, il y languit encore six mois, pendant lesquels il conserva toutes ses facultés morales. Il s’entretenait de son grand ouvrage, qu’il se flattait de faire imprimer dès qu’il serait rétabli. Il mourut le 3 août 1806.

 
 
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