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Histoire France, 1522. Ligue et campagne contre François Ier. Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem et île de Malte

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Chronologie de l’Histoire
L’Histoire de France année après année. Chronologie évoquant personnages historiques, événements célèbres, faits mémorables, lieux importants
Histoire de France : année 1522
(Règne de François Ier depuis le 1er janvier 1515)
Publié / Mis à jour le vendredi 9 avril 2010, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

Le cardinal de Wolsey, que Charles-Quint avait flatté de la papauté, se brouille avec ce prince lorsqu’Adrien VI, son précepteur, fut élu pour successeur de Léon X. On ne comprend pas comment Adrien, qui devait sa fortune aux lettres, en fut si peu reconnaissant envers ceux qui les cultivaient.

De Banne Semblançay est accusé du divertissement des fonds qui n’avaient pas été envoyés à Lautrec en Italie ; il en rejette la faute sur la duchesse d’Angoulême, à qui en effet il avait délivré ces fonds sur ses quittances, et qui ne les avait détournés que pour perdre Lautrec, dont elle voulait donner la place à son frère le bâtard de Savoie. Semblançay est arrêté.

Cette affaire ne fut jugée qu’en 1527, et Semblançay condamné à être pendu, ce qui fut exécuté. Il avait été trahi par Gentil, son commis, qui était amoureux d’une des femmes de la duchesse, et qui lui remit les quittances de sa maîtresse. Ce Gentil, qui avait été président au parlement, fut pendu quelques années après.

La campagne de 1522 s’ouvrit d’une manière funeste pour la France. La maîtresse du roi était alors la belle comtesse de Châteaubriant, et François avait mis ses trois frères, les maréchaux de Lautrec, de Lescuns et de Lesparre, à la tête de ses trois meilleures armées : ils auraient mérité cependant d’être choisis par des motifs plus honorables ; ils ne manquaient ni de talents ni de bravoure, et s’ils éprouvèrent des revers, ils les durent à une intrigue de Louise de Savoie, qui détourna pour son usage l’argent qui leur était destiné. Les Suisses de l’armée de Lautrec, lui demandant argent ou bataille, le contraignirent à combattre, à la Bicocca, le 29 avril 1522, malgré le désavantage du terrain : il y éprouva une grande défaite, et les Français furent contraints d’évacuer l’Italie.

Neuf mois après l’échec des conférences de Calais tenues à l’initiative de Henri VIII en août 1521 et visant à éviter la guerre entre Charles-Quint et François Ier, Henri VIII lui-même déclare la guerre au roi de France le 29 mai 1522, se fondant seulement sur ce que François avait le premier commencé les hostitilités contre l’empereur, malgré la paix dont le roi d’Angleterre était garant. La guerre continue du côté des Pyrénées.

La retraite d’Italie, après tout, mettait les Français à l’abri des plus mauvaises chances de la guerre ; il était difficile aux ennemis d’entamer les frontières de la France ; ils avaient reconnu la neutralité des États de Savoie, des Suisses, de la Franche-Comté et de la Lorraine, en sorte que dans tout le levant du royaume le roi n’avait aucun besoin de tenir des armées sur pied : le Midi n’en réclamait pas davantage, car il était sans exemple que les Espagnols eussent tenté de franchir les Pyrénées ; par mer, aucune invasion ne pouvait être bien redoutable. Il ne restait donc que la Champagne et la Picardie qui pussent offrir un champ de bataille ; et en effet, ce fut dans ces deux provinces que les armées flamande de Charles-Quint et anglaise de Henri VIII cherchèrent à pénétrer.

François Ier, qui n’avait encore ni argent ni soldats, ne leur y opposa point d’armée ; il se confia à la résistance des forteresses, et il vit avec plaisir ses ennemis s’épuiser à leur siège. Impatienté par les marches et les contre-marches, par les soins à prendre pour relever les fortifications des places, ou leur faire passer des convois, il se hâtait de se distraire pour se dispenser d’y songer. Une seule chose pouvait le séduire, c’était la bataille : il accourait à l’armée pour une action d’éclat ; mais aussi, deux fois dans cette campagne il fit perdre l’occasion de défaire les ennemis, parce qu’en apprenant qu’il y aurait un engagement, il ordonna de suspendre l’attaque jusqu’à ce qu’il fût arrivé, et chaque fois ce retard leur donna le temps de se retirer d’une position dangereuse.

Depuis l’affaire de la Bicocca, la France n’avait pas éprouvé de nouvel échec ; elle souffrait cependant cruellement : les impôts étaient augmentés, leur perception était injuste et ruineuse, et ils accablaient les cultivateurs et les bourgeois. Les charges sans nombre que le chancelier mettait chaque jour en vente avaient pour privilège l’exemption de tout impôt ; aussi, tous les plus riches contribuables se hâtaient de les acheter, et se faisaient effacer du rôle ; mais la paroisse n’en devait pas moins fournir la taille entière à laquelle elle avait été taxée, en sorte que leur part du fardeau retombait sur les autres, et accablait ceux qui avaient le moins de ressources.

Tout ce détail était ignoré de François Ier : excepté dans un jour de bataille, il ne s’occupait point d’affaires ; il passait ses journées à la chasse ou avec ses maîtresses, et les besoins les plus extrêmes du trésor ne l’engageaient jamais à mettre des bornes à ses dissipations. Aussi ses troupes n’étaient point payées, et comme le soldat, avec les armes à la main, ne se résigne jamais à mourir de faim, il se jetait sur le paysan et le forçait, quelquefois par des tortures effroyables, à satisfaire ses besoins, ses caprices ou ses vices.

Cependant la guerre ne faisait pas de progrès, et comme les ennemis s’épuisaient de leur côté, la France aurait eu peu de dangers à courir, si le roi ne s’était pas fait un ennemi du plus puissant des princes du sang, et ne s’était pas en même temps obstiné à reconquérir l’Italie au lieu de se défendre chez lui.

Les différentes branches de la maison royale s’étaient rapidement éteintes, il n’en restait plus que quatre, celles d’Alençon, de Montpensier, de Vendôme et de la Roche-sur-Yon. Le duc d’Alençon, petit-fils de celui que Louis XI avait deux fois condamné à mort, avait déjà commandé une des armées de François ler ; mais il y avait montré peu de talent et peu de courage. Sa fortune, ébranlée par des confiscations répétées, n’était pas considérable ; Montpensier, Vendôme et la Roche-sur-Yon, formaient les trois plus jeunes rameaux de la branche de Bourbon, qui jusqu’alors avoient eu peu de bien et peu de crédit dans l’État ; mais l’extinction des branches aînées avait attiré sur eux l’attention. Montpensier, en épousant sa cousine, avait acquis le titre de duc de Bourbon, et François Ier avait fait de Vendôme un duc ; plus tard il renouvela aussi le titre de duc de Montpensier pour le prince de la Roche-sur-Yon.

Entre ces princes, le seul duc de Bourbon, que François avait fait connétable, conservait la richesse, le faste et l’esprit d’indépendance de ces princes apanagés qui avoient si longtemps menacé le trône de Louis XI. Il était de six ans plus âgé que le roi ; il lui était supérieur en talent pour la guerre, mais il lui ressemblait par la valeur et l’amour du plaisir. Lorsqu’il perdit sa femme, en 1521, et peu après sa belle-mère Anne de Beaujeu, la fille de Louis XI, il parut à Louise de Savoie, mère du roi, un parti digne d’elle.

On prétend qu’il répondit à ses avances qu’il n’épouserait jamais une femme sans pudeur, et il s’en fit ainsi une ennemie acharnée. Les hommes de loi, empressés alors de servir les passions royales, assurèrent Louise que la chicane avait des ressources pour le dépouiller de tous ses héritages, et François, partageant le ressentiment de sa mère, se joignit à elle pour intenter à Bourbon un procès qui devait le ruiner de fond en comble. Tandis que Louise réclamait tout l’héritage des Bourbons, prétendant faire casser la donation que la femme du connétable avait faite à son mari, l’avocat du roi réclamait le comté de la Marche et le duché de Nemours, comme anciens apanages, et le trésor royal suspendait tous les traitements et les pensions du prince, sous prétexte des besoins de l’État.

L’injustice était criante et scandaleuse ; d’autre part, Bourbon ne trouvait dans son cœur aucun sentiment d’honneur qui l’empêchât de se venger. Il n’avait jamais songé qu’il avait une patrie et des devoirs envers la France, qu’il ne devait point trahir : il n’hésita pas à entrer en traité avec Charles-Quint et Henri VIII, pour démembrer la monarchie. On lui promit de lui faire un royaume indépendant de la Provence, du Dauphiné et de l’Auvergne, tandis que de son côté il devait armer ses vassaux du Bourbonnais, et prendre à sa solde douze mille landsknechts ; et au moment où François Ier passerait les Alpes, en 1523, pour envahir l’Italie, il devait lever l’étendard de la révolte, se mettre entre lui et la France, et lui fermer le retour.

Edit du dernier janvier, portant création de vingt charges de conseillers au parlement. L’empereur, pour gagner les peuples, rétablit François Sforza dans Milan. Ligue contre le roi pour la conservation de l’Italie, entre le pape, l’empereur, le roi d’Angleterre, Ferdinand, archiduc d’Autriche, le duc de Milan, les Vénitiens, les Florentins et les Génois.

Les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem sont chassés de l’île de Rhodes par Soliman II. Viterbe leur sert de retraite, jusqu’à ce que Charles-Quint leur donne l’île de Malte, pour servir de rempart à la Sicile. Il fallait que l’ordre fût bien riche alors, puisque le grand maître de L’Isle-Adam offrit au grand seigneur de lui rembourser tous les frais de cette guerre, s’il voulait lever le siège de Rhodes ; aussi cette île était-elle bien située pour faire de grandes prises sur la Turquie et la Syrie, et son port bien commode pour tous les marchands chrétiens qui trafiquaient au Levant. On trouva étrange alors que Léon X et Charles-Quint eussent laissé prendre une place si importante ; mais leur animosité contre François Ier l’emporta sur l’intérêt général de la chrétienté.

 
 
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