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Histoire France, 1544. Bataille de Cerisoles. Charles-Quint traverse la Champagne. Traité paix Crépy-en-Valois 18 septembre

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Chronologie de l’Histoire
L’Histoire de France année après année. Chronologie évoquant personnages historiques, événements célèbres, faits mémorables, lieux importants
Histoire de France : année 1544
(Règne de François Ier depuis le 1er janvier 1515)
Publié / Mis à jour le vendredi 9 avril 2010, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

Grand hiver. Bataille de Cérisoles, gagnée par le comte d’Enghien : elle procure la conquête du Montferrat, mais elle n’eut point de suite, par ce que le roi fut obligé d’affaiblir cette armée, pour s’opposer aux entreprises de l’empereur et du roi d’Angleterre. Cette bataille est l’aboutissement d’une campagne ayant débuté sous de funestes auspices : le roi, que les besoins de l’État n’engageaient jamais à modérer son luxe ou ses dépenses, se trouvait sans argent.

Le poids intolérable des impôts avait causé un soulèvement à la Rochelle et dans les provinces de l’Ouest. Dans les autres, le peuple ne résistait pas, mais il mourait. Le soldat, sans paie, allait chercher sa vie dans les campagnes : il commençait par tuer le bétail et piller les granges, puis, si le paysan résistait, il brûlait sa maison, et souvent tout le village. Dans tous les lieux où les armées avoient été cantonnées, et surtout près des frontières, on pouvait traverser plusieurs lieues de terrain, en Picardie jusqu’à dix-sept lieues, sans rencontrer un seul habitant. Les levées de soldats n’avaient point eu de part à cette dépopulation : François n’avait aucune confiance dans l’infanterie française ; ce n’était qu’à défaut de Suisses, de landsknechts et de Basques qu’il consentait à admettre quelques bataillons français dans son armée ; encore il n’essayait de les soumettre à la discipline que par la rigueur des punitions ; jamais il n’y avait pour eux ni distinctions ni récompenses, et jamais la solde ou les rations ne leur étaient distribuées qu’après que tous les autres étaient satisfaits.

La France cependant était menacée par un nouvel ennemi. François avoit imprudemment provoqué Henri VIII. Il avait engagé Jacques V, roi d’Écosse, à l’attaquer dans le Cumberland ; l’armée des Écossais avait été dissipée, Jacques V en était mort de chagrin le 14 décembre 1542, ne laissant pour héritière qu’une fille âgée de sept jours, que sa beauté et ses malheurs rendirent depuis si fameuse sous le nom de Marie. Henri VIII voulut se venger : le 11 février 1543, il conclut un traité d’alliance avec l’empereur. Les deux monarques se promirent de se partager la France, et au printemps 1544 Henri avait rassemblé une armée de quarante mille hommes à Calais ; Charles-Quint en commandait une non moins forte en Lorraine, et le marquis del Guasto, gouverneur du Milanais, avec une troisième armée également redoutable, devait balayer les garnisons françaises du pied des Alpes, puis entrer en France par Lyon.

Le roi de France, sur aucune de ses frontières, ne semblait préparé à la résistance ; il n’avait point rassemblé d’armée en France, mais par de grands efforts il avait réussi à en former une en Piémont, qu’il avait mise sous les ordres du comte d’Enghien. Il lui avait donné ordre, de même qu’à tous ses autres généraux, d’éviter toute bataille. Toutefois, sur les instantes sollicitations d’Enghien, il consentit à révoquer cet ordre. Aussitôt que ce changement de résolution fut connu, toute la noblesse de cour partit en foule pour rejoindre le prince. Enghien avait alors vingt-cinq ans. Montluc raconte comment ce fut lui qui, par l’entraînement de sa vivacité gasconne, obtint du roi, que ses revers avaient rendu timide, la permission de livrer la bataille. Ce qu’il y a de certain, c’est que cette permission apportée par lui dans le camp, près de Cerisoles, y fut accueillie avec enthousiasme.

L’armée française était un peu inférieure par le nombre, et, ce qui était pis, le comte d’Enghien, en quittant imprudemment une position qu’il occupait la veille, avait laissé à l’ennemi l’avantage du terrain. Au point où en étaient les choses, il crut qu’il n’en devait pas moins donner la bataille. Elle fut livrée le lundi de Pâques, 14 avril 1544. Del Guasto restait immobile dans sa forte position, sans que les Français se hasardassent à l’attaquer : quelques arquebusiers escarmouchaient seulement dans la plaine. Enfin un mouvement du sire de Tais attire les lansquenets de l’armée impériale , qui se lancent contre les Suisses. Le choc de cette pesante masse d’infanterie fut vaillamment soutenu ; les gendarmes du sire de Boutières, par une charge heureuse, achèvent de la rompre, et le marquis del Guasto lui-même fut entraîné dans la déroute.

Cependant à son aile gauche ses vieilles bandes espagnoles n’avaient point perdu l’avantage : l’infanterie italienne et provençale de l’armée française avait fui devant elles, et tout l’effort du comte d’Enghien s’était porté dès lors de ce côté. Deux fois, emporté par son impétueuse valeur, il avait traversé de part en part ces épais bataillons ; mais, dans ces deux charges, l’élite de sa chevalerie était tombée à ses côtés. Les plis du terrain lui dérobant le reste de son armée, il la croyait tout entière en fuite, et ne songeait plus, avec la poignée de braves gens qui l’entouraient, qu’à vendre chèrement sa vie, lorsque parut le corps de bataille victorieux des lansquenets.

L’infanterie espagnole recula à ce coup, et le comte d’Enghien se lança à sa poursuite. Le carnage fut épouvantable : les Suisses, qui avaient à exercer contre les Espagnols de sanglantes représailles, ne firent aucun quartier. Du Bellay porte à douze mille hommes le nombre des morts de l’armée ennemie. La victoire de Cerisoles facilita quelques mois plus tard la conclusion de la paix de Crépy en Valois. Mais le roi de France ne put point, il est vrai, tirer avantage de cette victoire, et poursuivre les ennemis : menacé par la double invasion de Henri VIII et de Charles-Quint, il avait donné des ordres pressants pour qu’on lui ramenât en France toutes les meilleures troupes de l’armée d’Italie.

Charles-Quint avançait au travers de la Champagne, et le peu de résistance qu’il y rencontrait faisait déjà soupçonner plusieurs des gentilshommes de la province de trahison. Mais la ville de Saint-Dizier, devant laquelle il se présenta le 8 juillet, lui ferma ses portes, et malgré le mauvais état de ses fortifications, grâce à l’intrépidité du capitaine Lalande, qui y commandait, et qui y fut tué, elle l’arrêta jusqu’au 16 août. Le dévouement de la garnison et des bourgeois de cette petite ville sauva la France. Le roi, qui était l’agresseur dans cette guerre, et qui laissait cependant toujours l’attaque aux ennemis, put enfin rassembler son armée. II est vrai qu’il était résolu à éviter toute bataille : ses troupes se repliaient sans cesse à mesure que les impériaux avançaient.

Charles-Quint était déjà parvenu jusqu’à Villers-Cotterêts et à Soissons ; les Parisiens, alarmés, faisaient partir en hâte tous leurs effets les plus précieux, ou pour Rouen ou pour Orléans ; et Henri VIII, qui avait assiégé Boulogne, et qui s’en rendit maître le 14 septembre, pouvait aisément prendre à revers l’armée sur laquelle la France fondait toute son espérance : alors le roi était perdu.

Heureusement pour celui-ci, Charles-Quint et Henri VIII se défiaient l’un de l’autre, et comme chacun d’eux se flattait d’obtenir de meilleures conditions de François Ier aux dépens de son associé, ils étaient convenus qu’ils pourraient traiter séparément avec la France. Or Charles-Quint ne désirait point le démembrement de la monarchie française : il voulait achever d’anéantir les libertés de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne et des Pays-Bas ; il voulait se délivrer des protestants et des Turcs, et pour atteindre ce but, l’alliance de la France, qui lui avait été offerte par le connétable de Montmorency, était le projet qui lui souriait le plus.

Quelques conférences pour la paix ayant été ouvertes à Crépy-en-Valois, les négociateurs impériaux ramenèrent ce projet sur le tapis. La duchesse d’Etampes, maîtresse du roi, favorisait le mariage du duc d’Orléans avec une fille de l’empereur, et Diane de Poitiers, maîtresse du dauphin, s’y opposait comme contraire aux intérêts du dauphin. D’ailleurs on disait que la duchesse d’Etampes trompait le roi pour le comte de Bossu, qui avertissait Charles-Quint de tout ce qui se passait dans le conseil. On trouve trace d’une enquête que le mari de la duchesse d’Etampes fit faire après la mort de François Ier contre la conduite de sa femme, où Henri II et les premières personnes de sa cour témoignèrent contre elle.

Charles-Quint offrit de nouveau de céder l’héritage de Bourgogne à sa fille, en la donnant en mariage au duc d’Orléans, sous condition que François Ier augmenterait l’apanage de ce fils, qu’il paraissait préférer. Une jalousie très marquée avait déjà éclaté entre le dauphin et le duc d’Orléans ; l’empereur, qui en était averti, comprenait que s’il adoptait le second fils de France, et s’il en faisait son gendre, celui-ci ne tarderait pas à devenir un rival dangereux pour le fils aîné, auquel François laisserait la couronne. Sur de telles bases, le traité de Crépy-en-Valois, entre la France et l’empire, fut signé le 18 septembre 1544.

C’était le plus honorable de tous ceux qu’avait acceptés François Ier, car, par ce nouvel accord, il ne manquait de foi à personne ; il ne sacrifiait aucun allié, et il ne se soumettait à aucune condition qu’il n’imposât en retour à l’empereur avec une parfaite réciprocité. La paix est publiée en Piémont, et l’on s’en tient à l’état dans lequel on était avant la trêve de Nice.

Tant que François Ier était demeuré aux prises avec Charles-Quint, comme il sentait à quel point il était isolé en Europe, il avait usé de ménagements envers les protestants, car c’était parmi eux, presque uniquement, qu’il levait et les landsknechts et les Suisses, qui formaient le nerf de ses armées. Mais il n’eut pas plus tôt fait la paix avec l’empereur qu’il crut pouvoir donner le signal pour de nouvelles persécutions.

D’ailleurs, le traité de Crépy devait être l’accomplissement des projets formés à Aigues-Mortes pour anéantir toutes les libertés civiles et religieuses de l’Europe. Aussi, le pape, de concert avec les deux monarques, convoqua, le 19 novembre 1544, le concile de Trente, qui avait été quelque temps interrompu, et qui devait se réunir de nouveau afin de détruire l’hérésie. Charles-Quint commença en même temps à ordonner des supplices dans les Pays-Bas pour cause de religion : il n’y en avait encore eu aucun en Allemagne.

Le roi de France, avec une féroce émulation, voulut se recommander à l’affection des dévots, en allant plus vite en besogne que l’empereur. Son intérêt seul l’avait quelquefois rendu tolérant ; ses inclinations le portaient à détruire sans pitié tous ceux qui osaient penser en religion autrement que lui, car leur plus grand crime à ses yeux était de se montrer rebelles à son autorité.

Henri VIII prend Boulogne, mal défendue par Vervins, qui eut depuis la tête tranchée. Ce fut vers ce temps que la charge de colonel général de l’infanterie commença à être connue. Le Laboureur (sur Castelnau) croit que le baron de la Garde fut le premier qui posséda la charge de général des galères, et il en rapporte les lettres en date de cette année : cependant Ruffi fait cette charge plus ancienne de cinquante ans, et nomme Prégent de Bridoux pour premier général des galères.

 
 
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