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Enfance du futur Henri IV. Son éducation, son grand-père Henri d'Albret. Portrait, biographie

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Personnages : biographies
Vie, oeuvre, biographies de personnages ayant marqué l’Histoire de France (écrivains, hommes politiques, inventeurs, scientifiques...)
Enfance et éducation du futur
Henri IV pensées par son grand-père
(D’après « La Mosaïque », paru en 1883)
Publié / Mis à jour le mercredi 15 juin 2022, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
La naissance et l’éducation de Henri IV annoncèrent ce qu’il devait être un jour, et le vieux roi de Navarre, Henri d’Albret, son grand-père, prophétisa que la « brebis avait enfanté le lion », pour répondre à la raillerie des Espagnols, qui avaient dit de sa femme, par allusion aux armes de Béarn qui portent deux vaches de gueules ou rouges en champ d’or, que la « vache avait enfanté une brebis ». Et c’est ce même grand-père qui fixa les principes de son éducation, afin d’en faire un personnage au caractère bien trempé en prévision des épreuves qu’il le pressentait être amené à affronter.

Ce ne pouvait pas être un prince ordinaire celui qui fut conçu, mis au monde, nourri et élevé autrement que tous les fils de rois. Henri d’Albret, roi de Navarre, qui avait perdu en 1512 une partie de ses États usurpés par Ferdinand, roi d’Aragon, désirait ardemment que sa fille unique Jeanne d’Albret, mariée à Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, lui donnât un héritier. Les deux premiers enfants nés de cette union étaient morts jeunes, par suite d’accidents, l’un ayant été étouffé par sa nourrice, l’autre étant tombé des bras de sa gouvernante.

Avant que la duchesse de Vendôme devînt grosse pour la troisième fois, Henri d’Albret, prince austère et philosophe, l’avait priée de lui confier le nouveau-né, qu’elle devait à la gloire de sa maison ; il voulait, disait-il, apprendre à son petit-fils la vengeance qu’il fallait tirer des Espagnols, usurpateurs du royaume de Navarre, et il s’engagea, vis-à-vis de sa fille, à lui montrer le contenu de son testament aussitôt qu’elle lui montrerait ce que contenait son ventre. Il exigeait d’elle une humeur égale et joyeuse durant cette grossesse, et il lui fit promettre de chanter une chanson pendant les douleurs de l’enfantement, afin qu’elle n’eût pas un enfant « pleureur et rechigné ».

Jeanne d’Albret, se trouvant à la cour de France, s’aperçut qu’elle était enceinte : elle ne se pressa pas de revenir se confiner dans la petite cour de Navarre, qui ne lui offrait aucune distraction agréable, et ne changea rien à la vie de plaisir qu’elle menait au milieu du tourbillon des fêtes et des tournois ; seulement, pour se conformer aux désirs de son père, quand approcha le terme de sa grossesse, elle retourna en Béarn, où elle accoucha, neuf jours après son arrivée au château de Pau, le 13 décembre 1553.

Toutes les portes de son appartement restèrent ouvertes à l’heure de ses couches, et chacun put entendre une voix ferme, qui chantait ce noël en langue basque : « Notre-Dame du Bout-du-Pont, aidez-moi à cette heure ! » Il Le vieux roi était là, impatient de connaître le succès de ses vœux ; il reçut dans ses bras l’enfant, dont il constata le sexe, et il l’enveloppa dans un coin de sa houppelande, en jetant sur le lit de l’accouchée une boîte d’or qui renfermait son testament : « Ma fille, voilà ce qui est à vous, et ceci est à moi ! » dit-il.

A ces mots, il emporta l’enfant qui le regardait fixement, sans pousser un seul cri, et avant de le remettre aux soins des nourrices, qu’il avait choisies parmi les paysannes, il lui frotta les lèvres avec une gousse d’ail et lui fit sucer du Jurançon, dans sa coupe d’or, pour préparer le régime fortifiant auquel devait être soumis le prince de Béarn. Henri d’Albret, qui vécut encore deux années, eut le temps de voir les premiers résultats de l’éducation qu’il avait préparée, et la future reine de Navarre lui promit de suivie expressément ses dernières volontés à l’égard de l’enfant chéri qu’il bénissait en mourant.

« Mignonne des rois ! disait-il à sa fille, qu’on appelait ainsi à cause de la tendresse que les rois François Ier et Henri II avaient eue pour elle, notre petit Béarnais est séparé de la couronne de France par neuf princes du sang, tous jeunes et bien portants ; mais j’augure que les plus grands obstacles du monde terrestre ne retarderont pas les décrets du ciel. Henri sera un vaillant homme de guerre, un clément pacificateur, un roi tout-puissant. »

Portrait présumé de Henri IV enfant (Musée du château de Pau)

Portrait présumé de Henri IV enfant (Musée du château de Pau)

Ce prince, soustrait dès l’enfance au contact de la cour, n’en prit pas les pernicieuses habitudes : son physique et son moral se développèrent d’eux-mêmes, en liberté, sous les auspices de la simple nature. Il fut élevé, jusqu’à l’âge de dix ans, au château de Coarasse, antique forteresse des comtes de Béarn, située dans la solitude la plus pittoresque, au sommet d’un rocher, et entourée de montagnes, de lacs et de torrents. C’est là qu’il donna carrière à ses nobles instincts de bonté, de franchise, de générosité, de grandeur d’âme ; c’est là qu’il acquit ces grandes qualités qui firent le fond de son caractère : le courage et la résignation, le dédain du danger et l’amour du travail ; car. tout prince qu’il fut, il était vêtu de bure, comme les vachers et les chevriers, ses compagnons de jeux et de promenades.

Ces premières années de son enfance avaient été consacrées surtout à donner une trempe robuste à sa constitution. Suzanne de Bourbon, baronne de Miossens, alliée de la famille d’Albret, était sa gouvernante ; elle veillait, en cette qualité, à faire exécuter scrupuleusement le plan d’éducation que le vieux sire d’Albret avait tracé pour son petit-fils ; on endurcissait ainsi le jeune prince à des exercices pénibles et grossiers, pour lui faire oublier que sa naissance et son rang l’appelaient à jouir de toutes les douceurs, de toutes les délicatesses de la vie aristocratique. Souvent la vieille baronne pleurait de compassion, en cachant ses larmes, quand elle voyait l’enfant revenir au château, épuisé de fatigue, mourant de faim, à demi mort de froid, mais toujours de bonne humeur.

Grimper sur les rocs à pic, enlever des nids d’aigle, traverser à la nage la rivière des Gaves, courir pieds nus dans la neige, vagabonder nu-tête au soleil d’été, jouer au bord des précipices, gravir les montagnes, descendre dans les vallées, tuer des oiseaux à coups de flèche et de fronde, bêcher la terre, porter des fardeaux, monter au faîte des grands pins, telles étaient les occupations journalières du prince, qui ne trouvait à Coarasse qu’une nourriture frugale, du pain bis, du fromage, de l’ail et de l’eau pure tous les jours, un peu de vin et du porc salé tous les dimanches.

Cette alimentation agreste et à peine suffisante, assaisonnée par l’appétit, l’accoutumèrent de bonne heure, aux privations qu’il devait plus tard supporter mieux que ses soldats dans les rudes épreuves de la guerre ; son caractère gai et vif, exempt d’inquiétude et d’entraves, continuait à épanouir la fleur de sa santé.

A vrai dire, il n’avait pas eu d’enfance. Le précepteur du jeune Henri, qui se nommait La Gaucherie, était aussi maladroit dans ses paroles que dans ses actions ; car il disait toujours ce qu’il devait taire, et, par l’effet d’une distraction irrémédiable, il laissait échapper tout ce qu’il tenait à la main. Henri de Bourbon se trouvait ainsi abandonné à la garde d’un petit valet de chambre, âgé de douze ans, appelé Mamelot. Le château de Coarasse n’était habité que par d’anciens serviteurs de la baronne de Miossens, et l’on n’y voyait que des barbes grises et des cheveux blancs ; ce qui ne contribuait pas peu à rendre plus triste encore le séjour de cette forteresse féodale, dans un site âpre et désolé.

Henri s’affligeait souvent de la solitude où ses parents l’oubliaient ; et, pour échapper au contact des vices et de la mauvaise nature de Mamelot, il s’en allait seul rêver de guerre et de chevalerie dans les forêts de sapins qui couronnaient les hauteurs voisines de Coarasse, ou bien il s’enfermait dans la grande salle du château, toute tendue de tapisseries de haute lice, représentant les Métamorphoses d’Ovide, et vis-à-vis de ces peintures de laine il donnait libre carrière à des réflexions qui contrastaient avec les habitudes rustiques et incultes de son éducation.

 
 
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