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Harceler. Origine, étymologie mots de la langue française

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Savoir : Mots, Locutions
L’étymologie de mots et l’origine de locutions de la langue française. Racines, évolution de locutions et mots usuels ou méconnus
Harceler
Publié / Mis à jour le samedi 29 septembre 2018, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Il n’est guère de mot dont l’origine soit plus simple et plus incontestable ; il n’en est guère aussi auquel on ait prêté des étymologies plus tourmentées...

Nicot le fait venir de arcere, dans le sens de persécuter, sens que ce verbe n’a jamais eu, ni dans l’antiquité, ni dans le Moyen Age ; Ménage le dérive de arcellare, inconnu à Du Cange et à tout le monde : c’est un mot forgé, comme Ménage en improvise dès qu’il est embarrassé.

Borel, qui va toujours chercher midi à quatorze heures , a recours au grec sarazéin, plaisanter, qui n’est pas du grec, mais un barbarisme estropié sans doute de sardazéin, qui signifie rire sardoniquement, rire d’un rire forcé. Périon, bénédictin mort en 1559, invoque hercazéin, calomnier, que vous chercheriez en vain dans l’excellent dictionnaire d’Alexandre, et qui, d’après sa racine hercos, ne pourrait signifier que mettre en prison ; c’est un peu plus que harceler.

Le désespoir de cette étymologie en a porté quelques-uns jusqu’au latin ira, et même jusqu’au français haïr. Ces derniers méritent vraiment qu’on les plaigne : ils devaient être bien las d’avoir battu les lexiques grecs, latins et barbares pour se replier sur le Dictionnaire français ! Quelle extrémité ! Et ils étaient dans le vrai sans s’en douter : la racine de harceler est dans le Dictionnaire français, non pas à la vérité dans celui de l’Académie, mais dans le vocabulaire du vieux français, de ce français qui subsiste encore par lambeaux au fond de certaines provinces et dans le langage du peuple.

Harceler vient tout simplement de harcelle. Mais qu’est-ce que harcelle ? C’est une baguette d’osier, par extension toute baguette pliante et souple dont on peut agacer, taquiner, provoquer quelqu’un sans lui faire du mal, en un mot le harceler. Lorsque, par suite de la querelle de Renaud de Montauban avec Charlemagne, les quatre fils Aymon se virent contraints de fuir leur château de Dordonne et de se cacher au fond des Ardennes, ils n’avaient, comme vous savez, d’autre monture pour eux quatre que le bon cheval Bayard. Tout l’univers les a vus montés sur Bayard, sortant des magasins de Pellerin, à Épinal, ou de Deckherr, à Montbéliard ; mais ce qu’on ne sait pas généralement, c’est qu’ils étaient si pauvres, si pauvres, qu’ils avaient été réduits à se faire des étriers de baguettes coupées dans la forêt :

Tout entour Bayart furent li chevalier vaillant :
Des harceles du bois vont les estriers faisant,
Puis sont montés dessus ; Renaut estoit devant.
Amis, ne veistes gens de si pauvre semblant !

L’auteur inconnu de la version en prose des Quatre fils Aymon, faite au XVe siècle, dont l’abrégé court encore les foires de village, a gâté ce détail de la composition primitive ; il donne quatre chevaux, un pour chaque frère.

« Le supliant a mal prins certaines gaulles et harcelles que l’on nomme osier » (Lettres de rémission de 1448). « Laquelle femme s’aproucha près et frapa le supliant » par le visaige d’une waulette (gaulette) ou herchelle » (Autres lettres de 1451).

Mais d’où vient harcelle ? Nous pourrions renvoyer au bas latin harcia donné par Du Cange, mais c’est, au contraire, le latin harcia qui a été moulé sur le français harcelle, harchelle ou herchelle. Il semble que harchel est le même mot que archal : il y a certainement une analogie frappante entre une tige d’osier et un fil d’archal. L’osier peut, en bien des cas, suppléer au fil de laiton, sans compter la couleur jaune qui leur est commune. On a sans doute été conduit à nommer une baguette d’osier une archal, ou bien une harchelle, par le même trope qui nous fait dire une feuille de zinc ou de carton ; une glace pour un miroir ; une langue pour l’idiome d’un peuple. C’est une catachrèse.

Archal est une forme altérée, pour orchal, et orchal est le latin aurichalcum, cuivre d’or, c’est-à-dire jauni par un mélange. Le vocabulaire de Guillaume Briton, mort en 1356, dit : « AURICALCUM, archaus. » Ici nous touchons au grec.

 
 
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