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Rabâcher. Origine, étymologie mots de la langue française

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Savoir : Mots, Locutions
L’étymologie de mots et l’origine de locutions de la langue française. Racines, évolution de locutions et mots usuels ou méconnus
Rabâcher
Publié / Mis à jour le samedi 25 juillet 2015, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Ressasser, répéter de façon insistante

Le Moniteur affirme que « Rabâcher paraît à première vue un des mots les plus difficiles à expliquer ; cependant aucun n’est plus clair quand on sait décomposer ce mot dans ses éléments constitutifs, qui sont la particule re, et a, et le primitif bâche. Cherchez bâche dans le premier dictionnaire venu, et vous aurez le sens de rabâcher. Bâche, dit l’Académie [6e édition parue en 1835], sorte de cuvette où se rend l’eau puisée par une pompe aspirante, et où elle est reprise par d’autres pompes qui l’élèvent de nouveau. Ainsi rabâcher, c’est proprement puiser et repuiser sans cesse la même eau dans une bâche ; puis, métaphoriquement, sans cesse les mêmes choses. »

Or, voici ce que l’on observe en ouvrant effectivement quelques dictionnaires. Bâche, en tant que cuvette hydraulique, ne se trouve pas dans le grand Dictionnaire français-latin du Père Joubert (1732) ; ni dans le Dictionnaire de Trévoux (1740) ; ni dans le Supplément publié en 1752 ; ni dans le Manuel-Lexique des mots dont la signification n’est pas familière à tout le monde (1755) ; ni dans la 5e édition du Dictionnaire de l’Académie (1798) ; ni dans le Vocabulaire portatif des mécaniques, par Cotte (1801) ; ni dans le Nouveau Vocabulaire de Wailly (1803).

Où l’Académie l’a-t-elle pris pour le mettre dans son édition de 1835 ? C’est ce qu’il est impossible de savoir, puisque l’Académie ne cite jamais d’exemples ni d’autorités. Quoi qu’il en soit, on peut affirmer : 1° que bâche ne se trouve pas « dans le premier dictionnaire venu » ; 2° que ce mot technique, inconnu au XVIIIe siècle et même au commencement du XIXe siècle, est un contemporain né des progrès récents de la science hydraulique. Or, comme rabâcher date de plus de cent ans, s’il procède de bâche, c’est un fils plus vieux que son père.

Par ailleurs, les pompes aspirantes ne reprennent pas toujours « la même eau » : elles reprennent une eau sans cesse renouvelée. La similitude est inexacte. Enfin, lorsque le langage populaire s’approprie des façons de parler aux métiers, il les puise dans les professions familières à tout le monde ; on ne va pas les quêter au Bureau des longitudes ni dans le cabinet des ingénieurs-hydrographes. Il dira par exemple : Où diable allez-vous pêcher cette étymologie ? — Votre explication est tirée par les cheveux. Voilà qui est clair, cela s’entend sur le simple énoncé et sans qu’il soit besoin d’ouvrir aucun dictionnaire.

Mais bâche ! Qui connaît bâche dans le sens de pompe aspirante ? Qui aurait pu s’aviser le premier d’en faire rabâcher ? Rabâcher est tout simplement une autre prononciation de ravasser, fréquentatif de rêver, que nous disons aujourd’hui rêvasser. La forme ravasser était jadis la seule en usage, et le poète satirique Mathurin Régnier (1573-1613), dans sa Satire XV, nous en donne un exemple :

Comme un hibou qui fuit la lumière et le jour,
Je me lève, et m’en vais dans le plus creux séjour
Que Royaumont recèle en ses forêts secrètes,
Des renards et des loups les ombreuses retraites ;
Et là, malgré mes dents, rongeant et ravassant,
Polissant les nouveaux, les vieux rapetassant,
Je fais des vers, qu’encore qu’Apollon les avoue,
Dedans la Cour, peut-être, on leur fera la moue ;
Ou s’il sont, à leur gré, bien faits, et bien polis,
J’aurai pour récompense, ils sont vraiment jolis.

Revenant sans fin ni trêve sur les mêmes rimes et les mêmes hémistiches : n’est-ce pas là rabâcher ?

« Pantagruel soy retirant aperçeut par la galerie Panurge en maintien d’un resveur ravassant » (Rabelais, III, 36). On lit également, dans Desperriers : « Tant plus, songeurs, en resvant ravassez. Le Ravasseur des cas de conscience, que Rabelais met dans le Catalogue de la bibliothèque de Saint-Victor, est une raillerie du rabâchage des casuistes du temps, Sanchez et autres.

 
 
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