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7 mars 1274 : mort de saint Thomas d'Aquin

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7 mars 1274 : mort de saint Thomas d’Aquin
Publié / Mis à jour le mardi 5 mars 2013, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Ce célèbre théologien semblait appelé, par sa naissance, à parcourir une carrière bien différente de celle qu’il embrassa avec amour. Il était, du côté paternel, petit-neveu de l’empereur Frédéric Ier, et parent de saint Louis ; du côté de sa mère, il tirait son origine de ces Tancrède de Hauteville, illustres conquérants de la Sicile, dans le onzième siècle.

Saint Thomas d'Aquin

Saint Thomas d’Aquin

Né en 1227, dans le voisinage du Mont-Cassin, il fut, à l’âge de cinq ans, confié à l’abbaye de ce lieu, pour y faire ses études : elles furent brillantes, et à treize ans, il fut admis dans l’université de Naples, où il les perfectionna. Quelques religieux de Saint-Dominique s’emparèrent de ce jeune esprit et exercèrent sur lui une telle influence, qu’il résolut d’embrasser, dans leur ordre, la vie monacale. S’étant présenté au couvent des Dominicains de Naples, il obtint, à force de prières, son admission parmi les novices.

Sa mère, à cette nouvelle, se rendit près de lui pour lui persuader de rentrer dans le sein de sa famille. L’opiniâtre Thomas se sauva à Rome, afin d’échapper aux persécutions maternelles : elles l’y cherchèrent ; mais il était déjà en route pour Paris. Il fut arrêté par ses deux frères, qui commandaient les armées de l’empereur ; ils le firent reconduire au château où il était né, et là, tout fut employé pour le ramener à la raison. On raconte même que, dans l’excès de leur zèle, les deux généraux eurent recours à un moyen de persuasion qui se sentait un peu de leur état : ils introduisirent dans la chambre du saint une courtisane jolie et séduisante, qui, dit sérieusement un biographe, « mit tout en usage pour corrompre l’innocence de ce jeune homme. » Non moins incorruptible que saint Antoine, Thomas chassa la courtisane avec un tison enflammé.

Après une telle épreuve, il n’y avait plus rien à espérer ; on le laissa se faire moine. Dès qu’il eut prononcé ses vœux, il alla étudier la philosophie et la théologie à Cologne, sous Albert le Grand, qui était aussi dominicain. Comme il avait peu de dehors, ses condisciples le traitaient d’idiot, et l’appelaient, par dérision, le bœuf muet. Albert, convaincu que, malgré son air stupide, Thomas avait tous les talents nécessaires pour être un bon théologien, s’écria que les doctes mugissements de ce bœuf retentiraient un jour dans tout l’univers.

Thomas était venu à Paris avec son professeur, qui avait été appelé pour enseigner au collège Saint-Jacques. Il y revint encore cinq ans plus tard. L’Université fut alarmée des privilèges usurpés par les religieux de Saint-François et de Saint-Dominique. Elle porta des plaintes contre les abus qu’ils introduisaient dans l’éducation de la jeunesse. Un docteur de Sorbonne, chanoine de Beauvais, dont le nom mérite d’être conservé, Guillaume de Saint-Amour, publia un livre intitulé : Les périls des derniers temps. Il y soutenait les droits de l’Université, et il attaquait avec force l’institution même des ordres mendiants.

Thomas devait être, et fut en effet le défenseur des moines et de leur enseignement. Il publia une réfutation de l’ouvrage de Guillaume, sous ce titre : Contre ceux qui attaquent la religion. Ainsi, repousser les usurpations de quelques fanatiques intrigants sur les droits de l’Université, la fille aînée de nos rois, c’était à ses yeux commettre une impiété. En lisant cette anecdote du treizième siècle, on croit lire une page de l’histoire de nos jours.

L’affaire fut évoquée à Rome, et dès lors il était facile d’en prévoir l’issue. Alexandre IV condamna le livre de Guillaume de Saint-Amour, que l’Université avait envoyé plaider en personne une cause si importante. Thomas, victorieux, voulut prendre ses degrés dans cette Université qu’il avait humiliée, et reçut le bonnet de docteur, en 1255.

« Le roi saint Louis, dit un biographe, eut pour lui une estime particulière, et l’invita plusieurs fois à manger à sa table. Le pieux docteur n’y allait que par respect et par reconnaissance, car son goût pour la retraite, et son esprit méditatif, ne faisaient pas de lui ce qu’on appelle un homme de société, et ses préoccupations le suivaient jusqu’à la table du roi. Un jour que ce monarque l’avait invité à dîner, Thomas, ne songeant qu’à réfuter les erreurs des nouveaux Manichéens qui avaient paru dans ce siècle, frappa sur la table, au milieu du repas, en s’écriant : Voilà un argument décisif contre Manès ; un Manichéen ne saurait y répliquer. Le prieur des dominicains, qui l’accompagnait, le fit ressouvenir du lieu où il était. Thomas, revenu, pour ainsi dire, à lui-même, demanda pardon au roi ; mais ce prince ne se formalisa aucunement de la distraction de notre saint, et fit écrire » sur-le-champ cet argument décisif contre Manès. »

En 1272, Thomas fut envoyé par le chapitre général de son ordre pour professer la théologie à Naples, où régnait alors le frère de saint Louis, l’usurpateur Charles d’Anjou. Deux ans après, il’se rendait, sur l’invitation du pape Grégoire X, au concile général convoqué à Lyon, dans le but d’opérer la réunion de l’Eglise grecque à l’Eglise romaine. Avant de quitter l’Italie, il alla visiter sa nièce, Françoise d’Aquin, dans son château de Magenza. Il y tomba malade de la fièvre, et, sentant sa fin- prochaine, il demanda avec instance à être transporté à l’abbaye de Fosse-Neuve, située dans le voisinage. Il craignait de terminer ses jours dans une maison profane. En entrant dans le monastère, il prononça ces paroles d’un psaume : « Haec requies mea in saeculum saeculi. » A ses derniers moments, il expliquait aux moines le Cantique des cantiques. Il mourut âgé de quarante-huit ans.

L’Université de Paris réclama son corps, et quelques écrits sur la logique et sur la philosophie, qu’il avait commencés à Paris, et qu’il avait promis de lui envoyer quand il y aurait mis la dernière main. Les religieux de Fosse-Neuve s’opposèrent à la translation du corps, qui n’eut lieu que cent ans plus tard, sous le pontificat d’Urbain V. On déposa les restes mortels du saint au couvent des dominicains de Toulouse, où on lui érigea un magnifique monument.

Le pape Jean XXII canonisa Thomas par une bulle du 18 juillet 1323, et il dit, en plein consistoire, qu’il était superflu de rechercher les miracles de sa vie, puisque c’en était un suffisant que d’avoir résolu tant de questions. En effet, les ouvrages de saint Thomas s’élèvent à un nombre formidable. On lui en conteste ou on lui en épargne quelques-uns ; mais, de compte fait, il lui en reste quarante-deux bien authentiques. Ce fut lui qui renouvela une invention barbare de saint Ambroise, le mélange de la rime avec les règles de la versification latine, dans la composition des hymnes de l’Eglise. Il fut l’apôtre de la fameuse doctrine sur la grâce et la prédestination, dont les partisans s’appellent Thomistes, et les adversaires Scotistes. On se rappelle en souriant ces deux vers du satirique :

Laisse là saint Thomas s’accorder avec Scot,
Et conviens avec moi qu’un docteur n’est qu’un sot.

Tous les ouvrages de Thomas ne valent pas une réponse qu’il fit au pape Innocent IV. Il était entré dans l’appartement du serviteur des serviteurs de Dieu pendant que l’on comptait des sommes considérables. « Vous voyez, dit Innocent, que l’Eglise n’est plus dans le siècle où elle disait : Je n’ai ni or ni argent. — Il est vrai, Saint Père, répondit Thomas ; mais aussi elle ne peut plus dire au paralytique : Levez-vous et marchez ».

 
 
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