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6 novembre 1822 : mort du chimiste Claude-Louis Berthollet

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6 novembre 1822 : mort du
chimiste Claude-Louis Berthollet
Publié / Mis à jour le dimanche 4 novembre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Peu de temps avant que le monde politique ne fût ébranlé jusque dans ses fondements par la Révolution française, une autre révolution plus paisible venait de bouleverser la vieille chimie et d’asseoir sur une base solide une science toute nouvelle. Cette réforme hardie détrônait le phlogistique, et remplaçait, par une nomenclature ingénieuse, exacte et pittoresque, cette foule de termes vagues et insignifiants, restes barbares de l’alchimie.

Claude-Louis Berthollet

Claude-Louis Berthollet

Parmi les jeunes réformateurs de la langue et des systèmes chimiques, brillaient au premier rang Lavoisier, Fourcroy et Berthollet. Arrêté par la hache révolutionnaire au milieu de ses travaux immortels, Lavoisier légua à ses émules le soin d’achever son ouvrage. Mais les désappointements de l’ambition refroidirent bientôt l’ardeur scientifique de Fourcroy, moins riche d’ailleurs de son propre fonds qu’habile à populariser les idées d’autrui par son talent oratoire : heureusement Berthollet était destiné à vivre longtemps pour la science, qui ne le trouva jamais infidèle. Doué d’une pénétration profonde, d’un génie subtil et spéculatif, il releva le fil de l’analyse échappé des mains de Lavoisier.

Il décomposa les acides nitrique et nitreux, l’ammoniaque, et il en détermina les éléments avec une précision qui ne laissait rien à faire après lui. Avec la même exactitude, il étudia les acides prussique et muriatique, et développa ingénieusement les idées incomplètes de Scheele sur ces corps et leurs combinaisons diverses. Ses recherches donnèrent naissance à une foule de procédés précieux pour les manufactures. La teinture et le blanchiment des toiles lui durent des progrès immenses. Avant lui, ces deux industries importantes n’offraient qu’un assemblage incomplet de recettes incertaines et de traditions routinières. Berthollet en fit deux arts nouveaux, assujettis désormais à des règles positives. Il perfectionna la fabrication de la poudre à canon, et les moyens de conserver l’eau dans les voyages de long cours ; il enrichit la chimie de plusieurs agents terribles, tels que l’or et l’argent fulminants.

Tandis que, par d’heureuses applications pratiques, il fournissait aux arts des procédés utiles et des produits curieux, il agrandissait le domaine théorique de la science. Souvent un simple aperçu, fourni par l’observation ou l’expérience, devenait pour lui une donnée féconde, d’où son génie faisait éclore une théorie nouvelle et imprévue. Nous en citerons trois principaux exemples. Ainsi la présence constante de l’ammoniaque, et par conséquent de l’azote, dans les produits des substances animales, le conduisit à regarder ce dernier corps comme le caractère distinctif de l’animalité ; et, en posant ce principe, il établit la base fondamentale de la chimie animale. L’observation des phénomènes de décomposition des carbonates alcalins, dans les lacs de Natrum, en Egypte, lui inspira des idées nouvelles sur les lois de l’affinité, et devint l’origine de son important ouvrage sur la statique chimique, qui lui mérita le nom de Newton de la chimie.

Enfin, ses recherches sur l’ammoniaque et sur les combinaisons ,du soufre et de l’hydrogène lui firent voir ce gaz, d’une part alcalifiant l’azote, de l’autre acidifiant le soufre, et paraissant usurper, dans l’un et l’autre cas, le pouvoir jusqu’alors exclusivement attribué à l’oxygène. Ces assertions hardies furent d’abord accueillies comme un blasphème : Berthollet les confirma bientôt par des expériences incontestables. Il fonda la théorie des hydracides, et, dans cette route nouvelle, il n’eut pas seulement la gloire d’avoir fait jaillir une étincelle créatrice ; mais il alluma le flambeau conducteur qui ne devait plus s’éteindre.

A cette énumération incomplète de ses travaux les plus importants, il faut ajouter la publication de plusieurs ouvrages plus ou moins considérables et d’une foule de notices insérées dans les Annales de chimie.

Nous avons résumé ce que Berthollet fit pour les arts et pour la science ; disons maintenant ce que la reconnaissance publique fit pour lui. Tous les gouvernements qui se sont succédés en France depuis la Révolution, eurent pour lui des emplois, des honneurs, des distinctions. Sous l’Ancien Régime, l’Académie des sciences l’avait admis dans son sein, à trente-deux ans : il fut tour à tour membre de la commission des monnaies et de celle d’agriculture ; professeur de chimie à l’école polytechnique, et membre de l’Institut, aussitôt après sa fondation. Le Directoire l’envoya en Italie avec l’illustre Monge, depuis longtemps son ami, pour conquérir, à la suite de nos armées, ces brillantes collections dont s’enrichirent nos musées.

L’Egypte les vit encore tous deux à la suite de Bonaparte, admis en tiers dans leur noble amitié , remplir la même mission, qui ne pouvait être confiée à des mains plus pures et plus habiles. Le consulat et l’empire récompensèrent ces deux frères de travaux et de gloire par des dignités communes et des honneurs semblables : cette communauté de fortune ne s’arrêta qu’à la restauration. Mais l’amitié survécut aux changement politiques. Elle suivit Berthollet au village d’Arcueil, où il avait établi sa demeure : c’est là qu’entouré de jeunes élèves qui sont devenus des maîtres, il continua ses utiles découvertes. Arcueil devint un sanctuaire de science, où les savants étrangers venaient apporter le tribut de leurs lumières.

Si quelques chimistes célèbres se sont enrichis par la chimie, Berthollet, au contraire, se ruina deux fois pour elle : ses revenus étaient le patrimoine de la science. Il eût pu vendre à haut prix, ou exploiter lui-même, le secret du blanchiment des toiles par l’acide muriatique oxygéné ; son noble désintéressement abandonna aux manufacturiers tous les profits de sa découverte. Le seul qu’il en retira fut l’honneur de donner son nom aux principales opérations de cette industrie nouvelle : Berthollet, Bertholleur, Berthollimètre sont des termes devenus vulgaires à Rouen, à Saint-Quentin, etc.

A sa mort, qui arriva plus tôt que ne semblaient le promettre sa vie régulière et sa constitution robuste, l’éloge de ses qualités privées fut dans toutes les bouches ; leur souvenir est resté dans la mémoire de ses amis. Sa figure était grave et sévère, son âme dure à lui-même et tendre aux malheurs d’autrui : le coup le plus sensible qu’elle reçut fut la mort d’un fils unique, enlevé par un événement funeste, et qui déjà promettait à la science un digne héritier des talents paternels.

Berthollet mourut à l’âge de soixante-quatorze ans ; il était né à Talloire, en Savoie, le 9 décembre 1748. Il avait d’abord exercé la médecine, qui partage avec la pharmacie l’honneur d’avoir donné à la France les chimistes les plus illustres.

 
 
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