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27 juin 1800 : mort de Théophile-Malo Corret de La Tour d’Auvergne, premier grenadier des armées françaises

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27 juin 1800 : mort de Théophile-Malo
Corret de La Tour d’Auvergne, « premier
grenadier » des armées françaises
Publié / Mis à jour le vendredi 29 juin 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Qui pourrait se défendre d’un vif sentiment d’admiration en parcourant l’histoire des hauts faits de La Tour d’Auvergne, de ce guerrier philosophe, étranger à tout autre ambition qu’à celle de remplir fidèlement les dures obligations de son état, sans perdre jamais une occasion d’épargner des souffrances à l’infortuné, du sang à l’ennemi vaincu, sans cesser en un mot de mettre au-dessus de la gloire et des honneurs le bienfait d’une douce liberté et le charme d’une vie studieuse et paisible ?

Il était né le 25 décembre 1743, à Carhaix, et descendait d’une branche bâtarde de la maison de Bouillon, qu’un arrêt du Parlement autorisa à prendre le nom et les armes illustrés naguère par les exploits de Turenne. Destiné, par des convenances de situation, au métier de la guerre , pour lequel il avait d’ailleurs une vocation décidée, il entra à vingt-quatre ans dans les mousquetaires, et passa peu après, avec le grade de sous-lieutenant, dans le régiment d’Angoumois, où il se fit estimer et chérir par la douceur de son caractère et les excellentes qualités de son âme. A l’instruction solide qu’il avait reçue au collège de Quimper, et que depuis son application passionnée à l’étude des langues anciennes n’avait pas médiocrement accrue, il ajouta une connaissance fort étendue des stratèges de l’antiquité et des temps modernes.

Théophile-Malo Corret de La Tour d'Auvergne

Théophile-Malo Corret de La Tour d’Auvergne

Mais c’était peu qu’avoir médité Polybe et Végèce ou les conceptions hardies du chevalier Folard, si quelque occasion ne lui était offerte de mettre en pratique les théories qu’il s’était rendues familières. Impatient de compléter son éducation militaire, et surtout de concourir à la défense d’une noble cause, il alla joindre, comme volontaire, l’armée espagnole, qui, sous les ordres du duc de Crillon, combattait contre les Anglais, pour l’indépendance de l’Amérique. Il se distingua au siège de Mahon par plusieurs actions d’éclat, notamment en revenant seul, sous le feu de l’ennemi, après un combat très meurtrier, pour enlever un soldat blessé, qu’il rapporta sur ses épaules, jusqu’aux avant-postes, au travers d’une grêle de mousqueterie.

On avait tenté vainement de lui faire accepter le commandement des volontaires ; il refusa de même une pension que le roi d’Espagne voulait joindre à la décoration de l’ordre de Calatrava, qui lui fut conféré en récompense de son admirable conduite. Il fit le reste de la campagne en qualité d’aide-de-camp du duc de Crillon, et, après la paix de 1783, vint reprendre son rang dans le régiment d’Angoumois.

Dès cette époque La Tour d’Auvergne avait conçu le plan de son estimable Traité des Origines gauloises. Il en reprit l’exécution avec une nouvelle ardeur, et ses loisirs furent désormais remplis par des recherches profondes sur la langue des Celtes, suivant la découverte récente qu’en avait faite son compatriote et ami Jacques Le Brigaut, dans un des idiomes populaires de la Basse-Bretagne. C’est au milieu de ces occupations paisibles qu’il vit arriver la Révolution. Il était alors capitaine, grade où l’avait appelé son tour d’ancienneté. Etranger par inclination aux intérêts que semblait seuls menacer la direction nouvelle des idées politiques, il n’eut pas à choisir entre deux partis : le sien était celui du plus grand nombre. L’abolition des privilèges ne pouvait lui faire oublier son dévouement à la patrie. Elle était menacée de l’invasion étrangère ; peu importait que ce fussent des Français, des nobles, qui conduisissent les cohortes prussiennes ; la frontière était menacée, il vota à sa défense.

On pouvait s’attendre, d’après son caractère, au refus qu’il ferait de mettre sa vie au prix de distinctions ou d’honneurs trop futiles, quels qu’ils pussent être, pour une âme si grande. Il fit donc, comme simple capitaine de grenadiers, la campagne de 1792 à l’année des Alpes, après quoi il revint avec son régiment vers les Pyrénées, qui devaient être le principal théâtre de ses exploits. Ce ne fut que comme le plus ancien officier de son grade qu’à l’ouverture de la campagne suivante il accepta le commandement de toutes les compagnies de grenadiers réunies sous le nom de colonne infernale. Les plus glorieux faits d’armes n’éclipseront jamais sa conduite valeureuse à l’occasion de la prise de Saint-Sébastien, qu’il enleva avec une poignée de braves et une seule pièce de huit. Quoique à toutes les attaques il marchât toujours à la tète des plus intrépides, il ne reçut jamais une seule atteinte de la mousqueterie, dont les coups sillonnaient son manteau, qu’il portait habituellement plié sous le bras gauche quand il avait l’épée à la main. « Notre capitaine, disaient les grenadiers, a le don de charmer les balles. »

Lorsque fut terminée la guerre avec l’Espagne, La Tour d’Auvergne voulut revoir un moment sa famille ; il s’embarqua à Bordeaux sur un transport, qui, dans la traversée, fut pris par les Anglais. Ses études favorites, que les travaux de la guerre n’avaient qu’à peine interrompues, charmèrent les ennuis de sa captivité. Durant les dix-huit mois qu’il passa confiné clans le Cornrwal, il s’appliqua, non sans fruit, à un examen attentif des mœurs et de la langue des Gallois, et il crut reconnaître leur affinité originelle avec les mœurs et la langue des Bretons. Heureux ce noble guerrier d’avoir pu oublier, dans de si douces occupations, et sa propre infortune et celle d’une patrie dont il était idolâtre.

A son retour en France, La Tour d’Auvergne apprit qu’on avait disposé de la compagnie dont il croyait reprendre le commandement ; ses trente années de services n’obtenaient pour toute récompense qu’une pension de retraite. Il l’abandonna à une pauvre famille, et afin d’être plus à portée de recevoir les secours qui lui étaient nécessaires pour terminer son livre des Origines gauloises, autant que pour suffire à tous ses besoins avec sa propre fortune, qui consistait eu huit cents livres de rente, il s’établit dans une ferme à Passy, comptant y finir ses jours au sein de l’étude. « Du pain, du lait, la liberté et un cœur qui ne puisse jamais s’ouvrir à l’ambition, voilà, s’écriait-il dans l’abandon de la familiarité la plus intime, voilà l’objet de tous mes désirs ! » et bientôt il se trouvait réduit, par suite du discrédit des assignats, à demander au gouvernement de quoi subvenir aux frais si modiques de sa subsistance. Il n’en refusa pas moins, un peu plus tard, l’offre d’une terre de dix mille francs de revenu que voulait lui faire accepter le duc de Bouillon, son proche parent, rentré lui-même dans ses biens, après l’émigration, par le crédit de l’illustre vétéran.

Cependant La Tour d’Auvergne apprend que son vieil et respectable ami Le Brigaut va être privé par la réquisition d’un fils qui est son dernier soutien : il se présente au Directoire, demande comme une faveur d’être admis à remplacer le jeune homme qu’il veut rendre à son père, et rejoint le corps auquel il était destiné. Ayant pris rang en qualité de simple soldat dans l’armée d’Helvétie, sous les ordres de Masséna, La Tour d’Auvergne, qui avait alors cinquante-trois ans, recommença une nouvelle carrière de hauts faits. A Zurich, il sauva la vie à un gros de soldats russes qui, cernés de toutes parts après l’issue du combat, refusaient due se rendre. Le traité de Campo-Formio lui permit de venir revoir ses amis et sa patrie. Il rapportait avec lui, du théâtre de la guerre, plusieurs reliques d’antiquités qu’il avait déterrées dans les ruines de Windish (l’ancienne Windonissa). Le sénat s’empressa de le nommer membre du Corps législatif, et il répondit par ce refus modeste : « Je ne sais pas faire les lois ; je ne sais que les défendre : mon poste est aux armées. »

La guerre s’était effectivement rallumée en Allemagne ; il fait ses dispositions de dernières volontés, et va occuper la place qu’il a choisie dans les rangs des grenadiers de la 46e demi-brigade. Il portait, pour l’essayer sur l’ennemi avant de s’en parer, un sabre d’honneur qu’avait voulu lui décerner le premier consul avec le titre de Premier grenadier de France, titre que le modeste héros s’indignait d’avoir reçu avant sa dernière heure. Elle n’était pas éloignée. Six jours ne s’étaient pas écoulés, depuis qu’il avait rejoint son drapeau, qu’il trouva la mort sur les hauteurs en avant d’Uberhausen : la lance d’un hulan traversa ce cœur généreux.

« Je meurs satisfait, s’écria-t-il en expirant ; je désirais terminer ainsi ma vie. » On creusa sa tombe au lieu même où il avait été frappé. Son corps y fut placé dans des branches de laurier et de chêne, et faisant toujours face à l’ennemi. Par un jeu singulier du destin, la même terre dut couvrir la dépouille de Turenne et celle de son petit-neveu, si digne de lui être comparé ; et cette terre, tous deux l’avaient foulée en vainqueurs. On plaça dans une urne d’argent recouverte de velours noir le cœur de La Tour d’Auvergne, qui depuis continua d’être porté à la tête de la compagnie qu’il avait adoptée. Chaque appel y commençait par ce nom illustre, et le fourrier répondait : Mort au champ d’honneur.

 
 
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