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Mots d'histoire : Prophétie des papes ou prophéties de saint Malachie

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Savoir : Mots d’Histoire
Origine et signification de dénominations singulières appliquées à des événements, des partis, ou à certaines classes d’individus
Prophétie des papes
Publié / Mis à jour le mardi 5 mars 2013, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 23 mn
 
 
 
Attribuée à saint Malachie d’Armagh, évêque d’Irlande né en 1094 et mort en 1148 à Clairvaux, la « Prophétie des papes » est constituée de 111 devises latines publiées pour la première fois en 1595 et correspondant aux 111 papes qui, selon lui, règneraient depuis Célestin II (1143-1144) jusqu’à la fin du monde. Successeur de Jean-Paul II, Benoît XVI serait le dernier pape avant la réalisation de la prophétie finale mentionnant un pape du nom de Pierre le Romain qui n’accéderait pas au trône...

La 110e devise de la prophétie des papes publiée en 1595 par le bénédictin Arnold de Wion, originaire de Douai, est De labore solis (Du travail du soleil). Ce 110e successeur de Célestin II est Jean-Paul II, la devise lui ayant été attribuée s’expliquant ainsi : le cardinal Carol Wojtyla naquit en Pologne - donc à l’est, où le soleil se lève - le jour d’une éclipse totale de soleil, le 18 mai 1920. De plus son rôle d’infatigable voyageur, tel le soleil apportant partout la lumière chaque jour, en fit un grand travailleur.

La 111e devise étant Gloria oliviae (De la gloire de l’olivier), l’olivier fait-il référence à la participation active du pape Benoît XVI, successeur de Jean-Paul II, à des processus de paix dans le monde ? Les branches d’olivier sont en outre le symbole de l’ordre de Saint-Benoît. La prophétie s’achève sur une phrase mentionnant un pape du nom de Pierre le Romain. Est-ce le même que celui dont la devise est Gloria oliviae ou le pape amené à lui succéder mais qui n’accèdera pas au trône ? In persecutione extrema sacrae romanae ecclesiae sedebit Petrus romanus, qui pascet oves in multis tribulationibus ; quibus transactis, civitas septi-collis diruetor ; et judex tremendus judicabit populum suum (Dans la dernière persécution de la sainte église romaine, le siège sera occupé par un romain nommé Pierre, qui fera paître les ouailles au milieu de grandes tribulations ; après quoi, la ville des sept collines - Rome - sera détruite, et un juge terrible jugera son peuple).

Publiée pour la première fois en 1595, l’origine de cette prophétie fut maintes fois controversée. Feller, l’auteur de la Biographie universelle ou Dictionnaire historique paru au début du XIXe siècle, écrit que « ceux qui se sont mêlés d’expliquer les symboles prophétiques trouvent toujours quelque allusion, forcée ou vraisemblable, dans le pays des Papes, leurs noms, leurs armes, leur naissance, leur talent, le titre de leur cardinalat, les dignités qu’ils ont possédées, etc. », avant de convenir néanmoins « qu’il y a quelques-unes de ces dénominations qui s’accordent avec des circonstances rares et remarquables, comme celle de Peregrinus apostolicus, qui, dans cette longue liste de succession, désigne Pie VI [pape de 1775 à 1799] et qui parut bien vérifié par le voyage de ce Pape en Allemagne, entrepris pour les intérêts de l’Eglise et du Siège apostolique ».

Chantrel, dans son Histoire populaire des Papes en 24 volumes publiée dès 1860, porte le même regard sur cette prophétie dont la paternité reviendrait à saint Malachie, achevant sa notice sur le pontificat de Célestin II par les réflexions suivantes : « C’est au pontificat de Célestin II que commence la prophétie de saint Malachie sur la succession des Papes (...) Dans cette prophétie, une espèce de devise désigne tous les Papes (...) qui doivent se succéder depuis Célestin II jusqu’au dernier, qui portera le nom de Pierre II. Comme elle ne fut publiée qu’en 1595, on a élevé des doutes sérieux sur son authenticité ; mais quel que soit le jugement qu’on en porte, on ne peut manquer d’être étonné des devises attribuées à plusieurs des Papes qui se sont succédé depuis 1595, devises qui désignent avec une grande vérité et une grande énergie le caractère de leur pontificat ».

A la même époque, l’abbé Joseph-Épiphane Darras s’exprime en ces termes sur la prophétie dans son Histoire générale de l’Eglise depuis la création jusqu’à nos jours : « C’est à ce Pape [Célestin II] que commencent les fameuses prophéties sur les Souverains Pontifes, attribuées à saint Malachie... Elles ne furent publiées pour la première fois que 450 ans après [la mort du Saint], en 1595, par le moine bénédictin Arnold Wion. Cette circonstance a fait supposer qu’elles auraient été fabriquées dans un intérêt de parti au conclave de 1590, où l’on élut Grégoire XIV, car les prophéties antérieures à ce Pape, sont très claires et très précises. Aucun écrivain contemporain de saint Malachie n’en fait mention... Le monde savant s’est partagé sur l’origine et la valeur de ces devises-oracles, qui sont au nombre de 112 [en fait 111, et une phrase latine mentionnant un pape du nom de Pierre le Romain, dont on ne sait s’il est le même que celui désigné par la devise n°111], et ont la prétention d’aller jusqu’au règne du dernier Pape, qui gouvernera l’Eglise lors de la fin du monde ».

Puis il avoue son trouble, en ajoutant que si aujourd’hui et comme l’affirme Montor (auteur de l’Histoire des Souverains Pontifes Romains), « aucun homme raisonnable, catholique ou de la religion prétendue réformée, n’y croit plus ou n’ose dire qu’il persiste dans une telle erreur », on peut certes ne tenir aucun compte des prophéties antérieures à 1590, mais s’interroger avec Henrion (auteur de l’Histoire de la Papauté) et admirer « comment un faussaire de cette époque a pu deviner si juste, par exemple, ce qui arriverait au XVIIIe siècle à Pie VI ».

Cette fameuse prophétie, dite de saint Malachie, sur la succession des papes à partir du XIIe siècle, fut imprimée pour la première fois par Arnold Wion, bénédictin flamand, dans l’Histoire de son Ordre (Venise, 1595, 2 volumes in-4°), à la page 307 du premier volume, où elle figure en latin. Ce moine érudit la publia dans les annales des hommes illustres de sa congrégation, parce que, dit-il, « elle n’avait pas encore été imprimée, et plusieurs curieux souhaitaient la voir ». Né à Douai (ville des Pays-Bas espagnols à l’époque) le 13 mai 1554, Arnold de Wion était le fils d’un procureur fiscal de cette ville. Il prit l’habit religieux à l’abbaye d’Ardenburg, près de Bruges, mais quitta le pays en raison des troubles religieux agitant la Flandre espagnole, pour émigrer en Italie. Reçu dans l’ordre de Sainte-Justine-de Padoue, il se consacra dès lors à l’étude de documents anciens.

Avant de publier ses travaux sur la Prophétie des papes, il les soumit au savant dominicain Alphonse Ciaconi, né en 1540 à Baeça (Espagne), et mort à Rome en 1599. Notons que le principal ouvrage de ce moine fut imprimé au Vatican même en 1601, intitulé Vitae et res gestae Pontificum romanorum et romanae Ecclesiae cardinalium et illustré des portraits de tous les papes, puis de leurs armes ainsi que des armes de tous les cardinaux. C’est Ciaconi qui effectua les premiers rapprochements entre les devises de la prophétie et certains éléments caractérisant les papes, tels que le nom de famille, les armoiries ou le lieu de naissance. Il remit son étude à Wion pour publication.

Une remarque s’impose d’elle-même : les « curieux » dont parle Arnold de Wion savaient apparemment que la prophétie existait, mais simplement à l’état de manuscrit. Citons à ce propos quelques remarques fort judicieuses d’un vénérable prêtre de Toulouse, l’abbé de la Tour de Noé, aux pages 28 et 29 de son opuscule La Fin du Monde :

« Ce pieux bénédictin la découvrit en 1590, dans un vieux manuscrit attribué à saint Malachie, au fond de la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Benoît de Mantoue. Inspirée à Rome, il était naturel que la Providence l’eût cachée et conservée dans un cloître d’Italie. C’est ainsi que les moines, toujours maudits, mais pourtant toujours utiles à la science, ont rendu au monde cette véritable merveille. Les troubles de la Flandre, sa patrie, jetèrent cet heureux pionnier sur un terrain alors tranquille, où il allait faire cette immense découverte.

« Voilà d’abord un homme savant et vertueux du XVIe siècle qui fait imprimer cet oracle. Cette prédiction qu’il a tirée des rayons poudreux d’une bibliothèque, il l’attribue à saint Malachie. Et aucun contemporain ne s’inscrit en faux contre une pareille allégation ? Et personne ne dit rien ? C’est qu’il n’y avait rien à dire, car l’opinion publique l’attribuait, elle aussi, à saint Malachie. D’ailleurs, cette idée du fervent religieux de Douai ne lui est pas personnelle ; c’est le sentiment de l’ordre auquel il appartient, d’une congrégation dont le nom est synonyme d’érudition et de vertu. Et puis, en 1595, on est parvenu à la troisième période du siècle, de la Renaissance, à l’époque de la Renaissance pure, où s’accomplit un immense mouvement littéraire, artistique et scientifique, où brillent les célébrités les plus incontestées dont l’humanité s’honore. Donc, la pensée de l’éminent historien est l’expression du monde savant lui-même, à l’endroit de l’immortelle Prophétie des Papes de saint Malachie. On ne peut rien imaginer de plus concluant en faveur de cet incomparable Vaticinium. »

Il semble bien que Malachie n’ait jamais écrit ces célèbres prophéties. Un de ses contemporains, l’auteur des Annales de Citeaux, Ange Manrique, assure en effet qu’ayant eu en sa possession les papiers du saint, il ne trouva trace d’aucune prophétie. De plus, ni Jean de Salisbury, ni Pierre le Vénérable, qui examinèrent les travaux de saint Malachie, ne font allusion à cette prophétie des papes publiée plus tard par Arnold de Wion. En outre, l’auteur véritable de cette prophétie semble posséder une culture alchimique et un savoir cabalistique étrangers à saint Malachie.

Notons enfin qu’on retrouve des erreurs similaires dans la littérature à celles de certaines devises concernant des papes ayant régné avant 1595, ce qui tend à prouver que la partie des prophéties antérieure à cette année, est en fait une simple copie. Ainsi d’une erreur commise au milieu du XVIe siècle par le professeur de théologie Panvinio concernant le pape Eugène IV : selon lui, ce pape avait appartenu à l’ordre des Célestins. La devise liée à Eugène IV est Lupa Caelestina (La louve célestine). Or Eugène IV fut Augustinien et non Célestin. Ainsi d’une autre erreur, concernant Jean XXII, dont Panvinio affirme qu’il appartenait à la famille Duèze ou d’Heusse, et qu’il était fils de cordonnier. La devise liée à Jean XXII est De sutore Osseo (Du cordonnier d’Ossa). Panvinio s’était également trompé, car Jean XXII appartenait bien à la famille de Duèze mais n’était pas fils d’un cordonnier...

Voici les 111 devises publiées pour la première fois en 1595, accompagnées des papes qui leur correspondent, de Célestin II à nos jours. L’examen des devises relatives aux papes ayant régné juste après Clément VIII (1592-1605), donc après la parution de la prophétie, est particulièrement intéressant, car elles correspondent à des papes qui n’étaient assurément pas connus alors.

Devise 1. Ex castro Tiberis (D’un chateau sur le Tibre)
Célestin II (26 septembre 1143 - 9 mars 1144). Guido di Citta di Castello naquit à la cité du Château, petite ville située sur le Tibre, en Toscane.

Devise 2. Inimicus expulsus (L’ennemi expulsé)
Lucius II (10 mars 1144 - 25 février 1145). Ce pape né à Bologne était issu de la famille Caccianemici, cacciare signifiant chasser, et nemici signifiant ennemis.

Devise 3. Ex magnitudine montis (De la grandeur de la montagne)
Eugène III (27 février 1145 - 8 juillet 1153). Le cardinal Pietro Bernado (Bernard de Pise) naquit à Montemagno (signifiant grand mont).

Devise 4. Abbas Suburramus (L’abbé de Suburre)
Anastase IV (9 juillet 1153 - 2 décembre 1154). Corrado della Suburra était né à Rome dans la quartier de la Suburra, et avait été chef d’une abbaye.

Devise 5. De rure albo (De la campagne blanche)
Adrien IV (5 décembre 1154 - 1er septembre 1159). Le futur pape Nicolas Breakspear, était un paysan né à Langlais près de Saint-Albans (alba signifiant blanc).

Devise 6. Ex tetro carcere (D’une noire prison)
Victor IV antipape (7 septembre 1159 - 20 mars 1164). Ottavio de Monticelli naquit à Tivoli en 1095, et fut cardinal de Saint-Nicolas in carcere (en prison).

Devise 7. Via Transtiberina (La voie transtibérine)
Pascal III antipape (26 septembre 1164 - 20 septembre 1168). Guido da Crema naquit en Lombardie et fut cardinal de Saint-Marie au Transtévère.

Devise 8. De Pannonia Tusciae (De la Pannomie de Tuscie)
Calixte III antipape (1170 - 1177). De nationalité hongroise (pannon en latin), Jean Morson fut cardinal-évêque de Tusculum.

Devise 9. Ex ansere custode (De l’oie gardienne)
Alexandre III (1159 - 3 août 1181). Né à Sienne vers 1105 en Toscane, Rolando Bandinelli était issu de la famille Paparona, nom signifiant oie. On explique le gardien par le fait qu’il est un vrai pape régnant en même temps que des antipapes.

Devise 10. Lux in ostio (La lumière dans la porte)
Lucius III (29 août 1181 - 25 novembre 1185). Humbaldo Alluciengola naquit à Lucques (lux signifiant lumière) et fut cardinal d’Ostie (ostia signifiant porte).

Devise 11. Sus in cribro (Le pourceau dans le crible)
Urbain III (25 novembre 1185 - 20 octobre 1187). Né à Milan vers 1120, Uberto Crivelli (crivelli signifiant crible) portait un porc dans ses armes.

Devise 12. Ensis Laurentii (L’épée de Laurent)
Grégoire VIII (20 octobre 1187 - 15 décembre 1187). Alberto de Mora naquit à Bénévent, et devint cardinal de Saint-Laurent en Lucina, ses armoiries représentant des épées croisées.

Devise 13. De schola exiet (Il sortira de l’école)
Clément III (19 décembre 1187 - 25 mars 1191). Ce pape s’appelait Paolo Scolari.

Devise 14. De rure bovensi (De la campagne des Bovis)
Célestin III (30 mars 1191 - 8 janvier 1198). Giacinto di Pietro di Bobone était issu de la famille des Bovis, originaire de la campagne romaine.

Devise 15. Comes signatus (Le comte signé)
Innocent III (8 janvier 1198 - 16 juillet 1216). Giovanni-Lotario di Segni était issu de la famille des Conti di Segni (signifiant comtes des signes).

Devise 16. Canonicus ex latere (Le chanoine ex latere)
Honorius III (18 juillet 1216 - 18 mars 1227). Le cardinal-prêtre Censio Savelli devint chanoine de Saint-Jean de Latran (désigné par le terme latin lateranensis).

Devise 17. Avis Ostiensis (L’oiseau d’Ostie)
Grégoire IX (19 mars 1227 - 22 août 1241). Le comte Hugolin de Segui fut cardinal-évêque d’Ostie et possédait un oiseau dans ses armes.

Devise 18. Leo Sabinus (Le lion de la Sabine)
Célestin IV (25 octobre 1241 - 10 novembre 1241). Le Milanais Goffredo Castiglione, dont les armes représentaient un lion fut cardinal-évêque de la Sabine.

Devise 19. Comes Laurentius (Le comte Laurent)
Innocent IV (25 juin 1243 - 7 décembre 1254). Après la mort de Célestin IV, l’Eglise resta plus d’un an sans pape. Gênois issu de la maison Flisca, Sinibaldo Fieschi était comte de Lavagne de Saint-Laurent en Lucina.

Devise 20. Signum Ostiense (Le signe d’Ostie)
Alexandre IV (12 décembre 1254 - 1261). Rinaldo di Segni était issu de la famille des comtes de Segni (des signes), et fut cardinal-évêque d’Ostie.

Devise 21. Jerusalem Companiae (Jérusalem de la campagne)
Urbain IV (29 août 1261 - 1264). Fils d’un savetier de Troyes, en Champagne, Jacques Pantaléon devint évêque de Verdun en 1253, puis patriarche de Jérusalem en 1255.

Devise 22. Draco depressus (Le dragon vaincu)
Clément IV (5 février 1265 - 29 novembre 1268). Les armes de Guy Foulques (dit Le Gros) représentaient un aigle tenant dans ses serres un dragon.

Devise 23. Angiunus vir (L’homme-serpent)
Grégoire X (1er septembre 1271 - 10 janvier 1276). Alors qu’il se trouvait à Acre, Tebaldo Visconti fut convoqué par le conclave qui s’éternisait depuis la mort de Clément IV. Il apprit la nouvelle de son élection alors qu’il n’était ni cardinal, ni même prêtre. Milanais de la famille des Visconti, qui possédait dans ses armes un serpent tenant un homme dans sa gueule.

Devise 24. Concionator Gallus (Le pêcheur français)
Innocent V (21 janvier 1276 - 22 juin 1276). Originaire d’un petit village de l’actuelle Haute-Savoie, il rejoignit l’ordre dominicain à 16 ans. Etudiant la théologie à la Sorbonne où il devint professeur, Pierre de Champigni acquit une renommée telle qu’il gagna le titre de doctor famosissimus (le plus célèbre des docteurs). En 1272, il fut nommé archevêque de Lyon et donc primat des Gaules.

Devise 25. Bonus Comes (Le bon comte)
Adrien V (1276 - 18 août 1276). Ottobono était comte de Lavagne.

Devise 26. Piscator Thuscus (Le pêcheur de Tuscie)
Jean XXI (15 septembre 1276 - 20 mai 1277). Né vers 1220, il fut cardinal-évêque de Tusculum. Avant de prendre le nom de Jean en devenant pape, il s’appelait Pierre Julien (Pietro di Guiliano), Pierre étant le nom de l’apôtre pêcheur.

Devise 27. Rosa composita (La rose composée)
Nicolas III (25 novembre 1277 - 22 août 1280). Giovanni Gaetano Orsini naquit à Rome entre 1210 et 1220, issu de la famille des Orsini qui portait une rose dans ses armes, et fut surnommé le composé.

Devise 28. Ex telenio Liliacaei Martini (Du trésor de Martin des Lys)
Martin IV (22 février 1281 - 28 mars 1285). Pape français, Simon de Brion, dont les armes représentaient des lis, fut chanoine et trésorier de Saint-Martin-de-Tours.

Devise 29. Ex rosa leonina (De la rose aux lions)
Honorius IV (2 avril 1285 - 3 avril 1287). Petit-neveu d’Honorius III, il est issu de la famille Savelli. Ses armes représentaient une rose portée par deux lions.

Devise 30. Picus inter escas (Le pic entre les aliments)
Nicolas IV (22 février 1288 - 4 avril 1292). Auparavant franciscain connu sous le nom de Jérôme d’Ascoli (esca signifiant aliment), le cardinal Giacomo Masci fut nommé suite à un conclave qui dura près d’un an.

Devise 31. Ex eremo celsus (De l’ermitage élevé aux grandeurs)
Célestin V (5 juillet 1294 - 13 décembre 1294). Ermite, Pierre de Mouron fonda en 1259 une abbaye qui deviendra le siège de l’Ordre des Célestins. Il fut appelé par les cardinaux ne pouvant s’entendre sur le nom d’un pape après deux ans de vacance du trône potifical.

Devise 32. Ex undarum benedictione (De la bénédiction des ondes)
Boniface VIII (24 décembre 1294 - 11 octobre 1303). Avant de devenir pape, il s’appelait Benoît Gaëtan (de benedictus, béni), dont les armes représentaient des ondes.

Devise 33. Concionator pataraeus (Le prêcheur de Patare)
Benoît XI (22 octobre 1303 - 7 juillet 1304). Nicolas Boccassini fut appelé frère Nicolas, nom de l’évêque né à Patare, de l’ordre des Prêcheurs.

Devise 34. De Fessis Aquitanicis (Des fasces aquitaines)
Clément V (14 novembre 1305 - 20 avril 1314). Aquitain d’origine, Raymond Bertrand de Goth fut archevêque de Bordeaux et déplaça le Saint-Siège à Avignon. Ses armes comportaient trois fasces de gueule.

Devise 35. De sutore Osseo (Du cordonnier d’Ossa)
Jean XXII (7 août 1316 - 4 décembre 1334). Né Jacques Duèze et issu de la famille d’Heusse.
Ce pape n’était pas le fils d’un cordonnier, contrairement à l’interprétation qu’on fit de cette devise. Le fait de retrouver dans la devise cette erreur commise par Panvinio notamment (célèbre théologien), tendrait à prouver que les devises relatives aux papes ayant régné avant 1595 ont été écrites par un auteur qui s’est inspiré de travaux parus, et qu’il ne s’agit pas de prophéties laissées par saint Malachie.

Devise 36. Corvus schismaticus (Le corbeau schismatique)
Nicolas V antipape (1328 - 1330). Pierre Rainalucci fut appelé Pierre de Corbière. Antipape contre Jean XXII, il était donc schismatique.

Devise 37. Frigidus abbas (L’abbé frigide ou froid)
Benoît XII (20 décembre 1334 - 25 avril 1342). Jacques Fournier fut abbé du monastère de Fontfroide. Il réforma la fiscalité pontificale, et rétablit dans plusieurs ordres religieux les bases de la discipline ecclésiastique.

Devise 38. De rosa Athrebatensi (De la rose d’Arras)
Clément VI (7 mai 1342 - 6 décembre 1352). Né en 1291, Pierre Roger devint évêque d’Arras en 1328, ses armes représentant des roses.

Devise 39. De montibus Pammachii (Des monts de Pammaque)
Innocent VI (18 décembre 1352 - 12 septembre 1362). Originaire du village des Monts dans la paroisse de Beyssac (Corrèze) Etienne Aubert possédait des armes portant six montagnes.

Devise 40. Gallus Vicecomes (Le français vice-comte)
Urbain V (28 septembre 1362 - 19 décembre 1370). Fils ainé du Sieur de Grimoard et d’Amphélise de Montferrand, Guillaume de Grimoard naquit en 1310 au château de Grizac (près de Mende). Elu pape en Avignon, il restaura le Saint-Siège à Rome en 1367.

Devise 41. Novus de virgine forti (Nouveau d’une vierge forte)
Grégoire XI (30 décembre 1370 - 26 mars 1378). Pierre-Roger de Beaufort fut appelé Pierre Belfort et devint cardinal de Sainte-Marie-la-Neuve.

Devise 42. De cruce apostolica (De la croix apostolique)
Clément VII antipape (20 septembre 1378 - 1394). Robert de Genève fut cardinal des Douze Apôtres, dont les armes portaient une croix.

Devise 43. Luna Cosmedina (La lune de Cosmédin)
Benoît XIII antipape (24 septembre 1394 - 23 mars 1423). Auparavant Pierre de Luna, il devint cardinal-diacre de Sainte-Marie en Cosmédin.

Devise 44. Schisma Barchinonium (Le schisme des Barcelonais)
Clément VIII antipape (1424 - 1429). Cet antipape (donc schismatique) fut chanoine de Barcelone.

Devise 45. De inferno praegnanti (De l’enfer en travail)
Urbain VI (Printemps 1378 - 15 octobre 1389). Bartholomé Pregnagni (nom de famille proche du mot latin praegnans signifiant en travail), naquit dans un quartier de Naples appelé Inferno (Enfer).

Devise 46. Cubus de mixtione (Le cube du mélange)
Boniface IX (2 novembre1389 - 1er octobre 1404). La famille du cardinal-prêtre Pierre Tomacelli était originaire de Gênes en Ligurie, ses armes représentant des cubes mélangés.

Devise 47. De meliore sidere (D’un astre meilleur)
Innocent VII (17 octobre 1404 - 6 novembre 1406). Cosimo de Migliorati appelé aussi Cosmato de Meliorato (son nom de famille signifiant amélioré). Originaire de Sulmon, ses armes représentaient une étoile.

Devise 48. Nauta de Ponte nigro (Le navigateur de la Mer noire)
Grégoire XII (30 novembre 1406 - 14 juillet 1415). Vénitien, Angelo Correr fut à la tête de l’église de Nègrepont (Mer noire).

Devise 49. Flagellum solis (Le fléau du soleil)
Alexandre V antipape (26 juin 1409 - 3 mai 1410). Grec, Petros Philargos devint archevêque de Milan. Ses armes représentaient un soleil. Le fléau mentionné dans sa devise se justifie par le fait qu’il était un antipape.

Devise 50. Cervus Sirenae (Le cerf de Sirène)
Jean XXIII antipape (17 mai 1410 - 29 mai 1415). Balthasar Cossa fut cardinal-diacre de Saint-Eustache et représenté avec un cerf. Il était Napolitain d’origine, Naples étant appelé jadis Parthenope, du nom d’une sirène.
Le pape Jean XXIII moderne (1958-1963) ignora complètement cet antipape et prit les mêmes nom et numéro

Devise 51. Corona veli aurei (La couronne du voile d’or)
Martin V (11 novembre 1417 - 20 février 1431). Les armes de la famille d’Oddone Colonna représentaient une couronne. Par ailleurs, il fut cardinal-diacre de Saint-Georges au voile d’or. Il mit fin au grand schisme d’Occident.

Devise 52. Lupa caelestina (La louve célestine)
Eugène IV (3 mars 1431 - 23 février 1447). Né à Venise en 1383, Gabriel Condulmer fut évêque de Sienne, les armes de cette ville représentant une louve.
Ce pape n’appartenait pas à l’ordre des Célestins, contrairement à l’interprétation qu’on fit de cette devise, mais à celui des Augustins. Le fait de retrouver dans la devise cette erreur commise par Panvinio notamment (célèbre théologien), tendrait à prouver que les devises relatives aux papes ayant régné avant 1595 ont été écrites par un auteur qui s’est inspiré de travaux parus, et qu’il ne s’agit pas de prophéties laissées par saint Malachie

Devise 53. Amator crucis (L’amant de la croix)
Félix V antipape (5 novembre 1439 - 1449). Duc Amédée VIII de Savoie (Amadeus ou aime-dieu) dont les armes représentent une croix.

Devise 54. De modicitate lunae (De la petitesse de la lune)
Nicolas V (6 mars 1447 - 24 mars 1455). Tommaso Parentucelli naquit de parents modestes à Sarzana, en Lunigiana (partie de l’Italie constituée de la province de Massa et Carrare en Toscane, et de la presque totalité de la province de La Spezia en Ligurie).

Devise 55. Bos pascens (Le bœuf paissant)
Calixte III (8 avril 1455 - 6 août 1458). Les armes de l’Espagnol Alphonse Borgia représentaient un bœuf paissant.

Devise 56. De capra et albergo (De la chèvre et de l’auberge)
Pie II (1458 - 15 août 1464). Siennois, Enea Piccolomini fut secrétaire des cardinaux Capranica (capra signifiant chèvre) et Albergati (alberga signifiant auberge).

Devise 57. De cervo et leone (Du cerf et du lion)
Paul II (30 août 1464 - 26 juillet 1471). Vénitien, Pietro Barbo fut nommé évêque de Cervie et devint cardinal de Saint-Marc, dont le symbole est un lion. Il avait en outre un lion dans ses armes.

Devise 58. Piscator minorita (Le pêcheur mineur)
Sixte IV (1471 - 12 août 1484). Fils de pêcheur, Francisco della Rovere fut élevé par les frères mineurs.

Devise 59. Praecursor Siciliae (Le précurseur de Sivile)
Innocent VIII (29 août 1484 - 25 juillet 1492). Ce cardinal se prénommait Jean-Baptiste (nom du précurseur du Christ) et vécut à la cour d’Alphonse, roi de Sicile.

Devise 60. Bos Albanus in porta (Le bœuf d’Albano au port)
Alexandre VI (11 août 1492 - 18 août 1503). Roderic Borgia fut cardinal-évêque d’Albano et Porto, ses armes représentant un bœuf.

Devise 61. De parvo homine (Du petit homme)
Pie III (22 septembre 1503 - 18 octobre 1503). Né à Sienne, Francesco Todeschini-Piccolomini était issu de la famille Piccolomini (piccolo signifiant petit, et uomoni signifiant hommes).

Devise 62. Fructus Jovis juvabit (Le fruit de Jupiter aidera)
Jules II (1er novembre 1503 - 20-21 février 1513). Le cardinal Julien della Rovere naquit le 5 décembre 1443 à Savone. Ligurien, ses armes représentaient un chêne, arbre de Jupiter. Voulant faire de l’État pontifical une grande puissance, il rétablit son autorité sur les États de l’Église, obligea César Borgia à restituer ses forteresses et à se réfugier en France. Inquiet des progrès de Louis XII, Jules II manifesta sa volonté de chasser d’Italie les étrangers, et le roi de France commença la lutte contre le pape en suscitant contre lui une campagne de pamphlets, et en convoquant un concile à Pise destiné à destituer le pape. Jules II rispota par sa bulle Sacrosanctae, convoquant un concile au Latran, excommuniant les membres du concile de Pise, et formant une Sainte Ligue contre la France. Sous son pontificat, il créa la Garde suisse (1505), posa la première pierre de l’actuelle basilique Saint-Pierre de Rome, fit de Raphaël son peintre favori et favorisa Michel-Ange, qui peignit les grandes fresques de la chapelle Sixtine.

Devise 63. De craticula Politiana (Du gril de Politien)
Léon X (9 mars 1513 - 1er décembre 1521). Le pape né Jean de Médicis était fils de Laurent de Médicis (saint Laurent ayant eu comme insigne un gril) et fut élève de Politien.

Devise 64. Leo Florentinus (Le lion de Florent)
Adrien VI (1522 - 14 septembre 1523). Né à Utrecht en 1459, Adrien Florenz, unique pape originaire des Pays-Bas, était fils de Florent, dont les armes représentaient un lion. Reconnaissant officiellement que l’Église de Rome était coupable d’abus et justifiait des critiques, il promit de la réformer mais n’eut pas le temps de mettre son projet à exécution. Ses papiers personnels disparurent après sa mort.

Devise 65. Flos pilaei aegri (La fleur du globe malade)
Clément VII (18 novembre 1523 - 25 septembre 1534). Les armes du Florentin Jules de Medicis représentaient des boules, dont l’une était surmontée d’un lys. Le mot malade figurant dans la devise peut se rapprocher du jeu de mot sur le nom Médicis, médecin).

Devise 66. Hiacynthus Medicorum (La jacinthe des médecins)
Paul III (12 octobre 1534 - 10 novembre 1549). Alexandre Farnèse portait des lis bleus (ou hyacinthes) dans ses armes, et fut cardinal de saint Côme et saint Damien, deux médecins martyrs./p>

Devise 67. De corona montana (La couronne du mont)
Jules III (8 février 1550 - 23 mars 1555). Jean Marie del Monte (du Mont) avait deux couronnes dans ses armes.

Devise 68. Frumentum floccidum (Le froment prêt à tomber)
Marcel II (9 avril 1555 - 1er mai 1555). Le cardinal Marcel Cervini, dont les armes représentaient un cerf et du froment (épis de blé), prêt à tomber car le règne de ce pape fut très court.

Devise 69. De fide Petri (De la foi de Pierre)
Paul IV (23 mars 1555 - 18 août 1559). Le cardinal Pierre Carafa, carafe signifiant foi.

Devise 70. Aesculapi pharmacum (Le remède d’Esculape)
Pie IV (25 décembre 1559 - 9 décembre 1565). Jean Ange Médicis (jeu de mot sur le nom de famille, Esculape étant le dieu de la médecine) avait étudié la médecine, puis le droit.

Devise 71. Angelus nemorosus (L’ange des bois)
Pie V (7 janvier 1566 - 1er mai 1572). Michel Ghisleri (Michel est le nom d’un ange) était né à Bosco (signifiant bois) en Lombardie, en 1504.

Devise 72. Medium corpus pilarum (La moitié du corps des globes)
Grégoire XIII (14 mai 1572 - 10 avril 1585). Les armes d’Ugo Boncompagnoni représentaient une moitié de corps de dragon. Il avait été fait cardinal par Pie IV, qui portait des boules dans ses armes.

Devise 73. Axis in medietate signi (L’axe au milieu du signe)
Sixte V ou Sixte-Quint (24 avril 1585 - 27 août 1590). Felice Peretti portait un axe au milieu d’un lion dans ses armes, le lion étant un signe du zodiaque.

Devise 74. De rore caeli (De la rosée du ciel)
Urbain VII (15 septembre 1590 - 27 septembre 1590). Il fut archevêque de Rossano (ros signifiant rosée), en Calabre, où se cueille la manne. Ajoutons qu’il ne régna que douze jours : il passa donc rapidement comme la rosée du ciel aux premiers rayons du soleil. Ce pape était romain et s’appelait J.-B. Castagna.

Devise 75. De antiquitate urbis (De l’ancienneté de la ville)
Grégoire XIV (5 décembre 1590 - 15 octobre 1591). Milanais. C’était le cardinal Nicolas Sfondrate, évêque de Crémone. D’après l’abbé de la Tour de Noé, « il naquit à Orvieto, qu’on appelle Urbs vetus, ville ancienne, jeu de mots aussi exact que gracieux. Il était fils et petit-fils de sénateurs de Milan et sénateur lui-même. Or senator dérive de senex, synonyme de antiquus, qui veut dire ancien... »

Devise 76. Pia civitas in bello (La ville pieuse en guerre)
Innocent IX (30 octobre 1591 - 31 décembre 1591). Originaire de Bologne. Le pontificat de Grégoire XIV avait duré dix mois. Celui d’Innocent IX, ci-devant Jean-Antoine Facchinetti, ne dura que deux mois. Selon l’abbé de Noé, « Bologne naquit en quelque sorte pieuse sur le champ de bataille ; car ce furent les horreurs de la guerre civile qui la décidèrent à se donner au Saint-Siège. Voilà pourquoi la légende se rapporte à la cité née pieuse en guerre... »

77. Crux romulea (La croix romaine)
Clément VIII (29 janvier 1592 - 3 mars 1605). Le cardinal Hippolyte Aldobrandini était un Florentin surnommé cardinal Alexandrin, dont les armes portaient, en bande oblique, la triple croix papale.

La prophétie de saint Malachie est publiée en 1595. Les papes correspondant aux devises qui suivent n’étaient donc pas connus de l’auteur de la prophétie, quel que soit cet auteur. Leur examen est donc très intéressant, permettant de voir si bon nombre de ces devises se sont réalisées d’une façon si merveilleuse sous le pontificat de chacun des pasteurs suprêmes auquel elles doivent se rattacher.

Devise 78. Undosus vir (L’homme semblable aux ondes)
Léon XI (1er avril 1605 - 27 avril 1605). Florentin, ci-devant cardinal Alexandre-Octavien de Médicis, dont la vie, comme une onde rapide, s’écoula dans le court espace de vingt-six jours après son élection. Que l’origine de cette devise remonte à 1144, ou qu’elle date seulement de 1590, il faut convenir que son auteur avait deviné fort juste pour cette circonstance.

Devise 79. Gens perversa (La race perverse)
Paul V (16 mai 1605 - 21 janvier 1621). Romain, sous le pontificat duquel les hérétiques Bohémiens troublèrent toute la République chrétienne en s’insurgeant contre la religion catholique et la maison d’Autriche colonne de l’Église, alors. Paul V était d’origine romaine et s’appelait Camille Borghèse. Il avait dans ses armes un dragon et un aigle, animaux cruels dont on pourrait qualifier l’espèce de méchante ou de perverse.

Devise 80. In tribulatione pacis (Dans la tribulation de la paix)
Grégoire XV (9 février 1621 - 8 juillet 1623). Bolonais, le cardinal Alexandre Ludovisio le fut de l’une des dernières créations de Paul V, dont il avait été légat auprès du duc de Savoie, qu’il réconcilia avec le roi des Espagnes. « C’est l’amour de la paix qui fit la tribulation de son règne, et il travailla dans le trouble de la paix ou à cause de la paix troublée, cherchant à réconcilier entre eux les monarques belligérants de l’Europe, afin d’y rétablir la paix partout troublée », observe l’abbé de Noé.

Devise 81. Lilium et Rosa (Le lis et la rose)
Urbain VIII (6 août 1623 - 29 juin 1644). De Florence, ville qui tire son nom de la fleur par excellence, la rose, et qui porte pour insigne dans son écu le lys. Au demeurant, les propres armes du cardinal Maffeo Barberini portent des abeilles qui sucent les fleurs. Enfin, de son temps, il y eut de grandes guerres en France, figurée par le lys, et en Angleterre, dont le symbole était la rose.

Devise 82. Jucunditas crucis (La réjouissance de la croix)
Innocent X (15 septembre 1644 - 7 janvier 1655). Ce pape était le romain J.-B. Pamphili, qui fut élu pape, non pas le jour mais le lendemain de l’Exaltation de la Sainte Croix.

Devise 83. Montium custos (Le gardien des monts)
Alexandre VII (16 avril 1655 - 22 mai 1667). Les armoiries du cardinal Fabio Chigi, né à Sienne en 1599 et élu pape à l’unanimité, représentaient des montagnes que domine une étoile.

Devise 84. Sydus olorum (L’astre des cygnes)
Clément IX (20 juin 1667 - 9 décembre 1669). Le cardinal Jules Rospigliosi de Pistoie naquit le 27 janvier 1600 près de la rivière Stellata (stella signifiant étoile). Il occupait dans le conclave la chambre des cygnes, et l’on pourrait ajouter qu’il en sortit comme un astre brillant. « Il fut encore un cygne par la blancheur de son innocence et les chants mélodieux de ses belles poésies », fait remarquer à son sujet l’abbé de Noé.

Devise 85. De flumine magno (Du grand fleuve)
Clément X (29 avril 1670 - 22 juillet 1676). De Rome, où passe le Tibre, qui déborda lors de la naissance de ce futur pape. En effet, le cardinal Altiéri, naquit à Rome le 13 juillet 1590, « au moment où le Tibre, entièrement débordé, fit flotter son berceau, car sa maison était située sur les bords du Tibre, le fleuve des rois et le roi des fleuves » nous révèle l’abbé de Noé.

Devise 86. Bellua insatiabilis (La bête insatiable)
Innocent XI (21 septembre 1676 - 21 août 1689). Le cardinal Benoît Odescalchi, né à Côme en Lombardie le 16 mai 1611, avait dans ses armes un lion, et en chef un aigle. Il aimait le cardinal Cibo (cibus signifie viande). L’abbé de la Noé ajoute que « ce pontife et le cardinal Cibo étaient vraiment inséparables. Innocent XI eut encore de terribles démêlés avec Louis XIV. Ce monarque fut, lui aussi, bellua insatiabilis par ses amours adultères, son faste excessif, ses guerres orgueilleuses. Ses dépenses produisirent ce funeste déficit, cause principale de la convocation de l’Assemblée nationale de 1789 et de la Révolution, cette bellua la plus insatiabilis de l’Europe !... »

Devise 87. Paenitentia gloriosa (La pénitence glorieuse)
Alexandre VIII (6 octobre 1689 - 1er février 1691). C’était le vénitien Pierre Ottoboni. « Pierre, nom d’un grand repentant ; il fut élu le jour de saint Bruno, cet ange de la pénitence. Ce fut lui qui condamna la fameuse Déclaration du Clergé de France de 1682, que Bossuet, les évêques et Louis XIV envoyèrent bientôt eux-mêmes quo libuerit... se promener, dans un mouvement de glorieux repentir. »

Devise 88. Rastrum in porta (Le rateau en la porte)
Innocent XII (12 juillet 1691 - 12 juillet 1700). C’était un Napolitain de la maison de Pignatelli del Rastello, à la porte de Naples.

Devise 89. Flores circumdati (Les fleurs environnées)
Clément XI (23 novembre 1700 - 19 mars 1721). C’était le cardinal Jean-François, comte d’Albani, né à Urbin le 22 juillet 1649, Urbin dont les armes consistent en une couronne de fleurs. Il avait par ailleurs les fleurs de l’éloquence et était de l’Académie de la reine Christine de Suède.

Devise 90. De bona religione (De bonne religion)
Innocent XIII (15 mai 1721 - 7 mars 1724). C’était le comte Michel-Ange Conti, romain, dont la famille, une des meilleures au point de vue religieux, avait déjà donné à l’Eglise sept papes, dont plusieurs des plus illustres : ainsi, saint Léon le Grand, saint Grégoire le Grand, Innocent III, Grégoire IX et Alexandre IV.

Devise 91. Miles in bello (Soldat à la guerre)
Benoît XIII (29 mai 1724 - 21 février 1730). C’était un Romain, le cardinal Pierre-François Orsini, né le 2 février 1649. Avant d’être cardinal, il avait porté les armes et, comme pape, fut assiégé dans Avignon.

Devise 92. Columna excelsa (La colonne élevée)
Clément XII (12 juillet 1730 - 16 février 1740). Le cardinal Laurent Orsini, né à Florence, fut élu à l’âge de soixante-dix-huit ans. Il s’illustra en diminuant les impôts, punissant les prévaricateurs, et gouverna l’Eglise avec sagesse.

Devise 93. Animal rurale (L’animal des champs)
Benoît XIV (17 août 1740 - 8 mai 1758). Ce pape, né le 13 mars 1675, fut élu à l’unanimité. C’était le cardinal Prosper Lambertini, Bolonais. Sa devise fait-elle allusion aux stupides incrédules de son temps, ou désigne-t-elle le grand travailleur qu’il était ?

Devise 94. Rosa Umbriae (La Rose de l’Ombrie)
Clément XIII (6 juillet 1758 - 2 février 1769). Né à Venise en 1693, le cardinal Charles della Torre di Rez zonico, avait été évêque de Padoue, avant son élection à la papauté. Padoue évoque naturellement le souvenir de saint Antoine le thaumaturge, et celui-ci le souvenir du séraphique saint François d’Assise, la Rose de l’Ombrie. Mais cette interprétation pouvant ne point paraître suffisamment directe et obvie, on la justifie également par le fait que Umbria est le nom d’une rose qui pousse particulièrement à Venise, où il était né.

Devise 95. Visus velox (La vue perçante) et non Ursus velox
Clément XIV (19 mai 1769 - 22 septembre 1774). C’était le cardinal Ganganelli, né à Saint-Angelo in Vado. Il avait, assure-t-on, dès l’âge le plus tendre, l’esprit vif et pénétrant, au témoignage de son précepteur, lequel disait de lui qu’il saisissait tout à demi-mot. L’édition de Cologne de 1656 (qu’avait commencé de rédiger le savant dominicain Alphonse Ciaconi avant sa mort en 1599) de la prophétie des papes, ne donne pas d’autre devise en cet endroit que visus velox. C’est par la suite qu’on voit apparaître Ursus au lieu de Visus : Ursus serait une erreur de copiste, par suite de la similitude du V et de l’U, et de la confusion possible de l’i et de l’r.

Devise 96. Peregrinus apostolicus (Le pèlerin apostolique)
Pie VI (15 février 1775 - 29 août 1799). C’était le cardinal Jean-Ange Braschi, né à Césène, le 27 décembre 1717. Sa devise mérite une mention particulière.

Rappelons son voyage à Vienne dans le but d’arrêter un schisme naissant, dont l’empereur Joseph II se faisait le promoteur et le fauteur tout ensemble. Rappelons également le douloureux pèlerinage que le Directoire imposa au vénéré Pontife, qui fut enlevé de Rome et traîné de ville en ville jusqu’à Valence, où il mourut. Mais ses propres armes sont tout aussi expressives que sa devise : « à dextre, en haut de la fasce qui est de gueules, une tête de génie aux joues sensiblement rebondies, émergeant d’un nuage épais et soufflant avec force sur une tige de lys plantée en champagne ou plaine de sinople, dont le sommet chargé de trois fleurs épanouies s’incline ou se brise à senestre sous la funeste influence de ce souffle fatal »

On peut y voir l’œuvre principale de la Révolution, qui devait, sous ce long pontificat, renverser le trône des lis ou des Bourbons, dans l’espoir d’arriver plus sûrement à détruire ensuite l’autel, si Dieu n’était là pour protéger son Église et la défendre quand même contre ses ennemis ?

Ajoutons encore deux observations que si ce pieux et zélé pontife fit un voyage vraiment apostolique en Autriche, auprès de Joseph II, il est bon de noter que ce monarque, en sa qualité de successeur de saint Étienne, roi de Hongrie, avait droit au titre de Majesté apostolique. Enfin, à l’occasion de ce voyage tout apostolique, on frappa à Nuremberg une médaille dont l’exergue portait ces mots caractéristiques : Peregrinus apostolicus, Viennae, 1782. Or, était-ce uniquement pour donner raison à la devise dont il s’agit, que Pie VI avait jugé à propos de quitter Rome et de se mettre en route pour un pays étranger, contrairement à l’usage de ses prédécesseurs ? Aucun esprit sérieux ne voudra le soutenir ni oser le prétendre.

Devise 97. Aquila rapax (L’aigle ravissant ou ravisseur)
Pie VII (14 mars 1800 - 20 septembre 1823). Ce pape, également originaire de Césène, était le cardinal Barnabé-Louis Chiaramonti, né le 14 août 1742. Comme celle de Pie VI, sa devise mérite une mention particulière.

Quoi de plus saillant, en effet, durant la première période de son long pontificat de vingt-trois ans, que les victoires et conquêtes de Napoléon Ier, lequel avait adopté pour symbole l’aigle rapace dans ses armes et sur ses étendards, puis qui ravit leurs couronnes à plusieurs princes de l’Europe pour les donner aux siens ! Concernant plus particulièrement Pie VII, rappelons la violence morale que Napoléon fit à ce pontife, afin de l’attirer à Paris pour la cérémonie de son sacre, en 1804. On sait également comment, plus tard, Pie VII fut arraché violemment de son siège pour être interné à Savone, en 1809, et à Fontainebleau, en 1812, où il resta prisonnier de l’Empereur jusqu’au début de 1814. La devise Aquila rapax n’est-elle pas ainsi pleinement justifiée, pour signifier, non point le pape ni ses armes cette fois, mais l’événement capital et le plus étonnant qui devait surgir sous la première moitié de son pontificat ?

Devise 98. Canis et coluber (Le chien et le serpent)
Léon XII (28 septembre 1823 - 10 février 1829). C’était le cardinal Annibal della Genga, né le 22 août 1760 dans le diocèse de Spolète. La vertu caractéristique de ce Pontife fut, de l’aveu du cardinal Maï, la vigilance, qui le porta principalement à dénoncer et à réprouver les sociétés secrètes des francs-maçons et des carbonari, puis à s’opposer constamment aux funestes tendances du libéralisme, en même temps qu’à la propagation des sociétés bibliques protestantes, alliant ainsi là vigilance du chien à la prudence du serpent contre la Révolution, laquelle, de son côté, poursuivait alors son œuvre destructrice contre l’Église.

Devise 99. Vir religiosus (L’homme religieux)
Pie VIII (31 mars 1829 - 30 novembre 1830). C’était le cardinal François-Xavier Castiglione, né le 20 novembre 1761 à Cingoli, dans la marche d’Ancône. Tous les papes devant être des hommes religieux, les adversaires de la prophétie malachique ne manquent pas de faire des gorges chaudes devant cette devise qui vient s’appliquer spécialement au successeur de Léon XII. Il faut pourtant reconnaître qu’elle lui convient plutôt qu’à d’autres, par la raison que la durée de son pontificat ayant été trop courte, il n’a pu faire rien de bien saillant ; mais en revanche il a laissé un renom de piété très caractéristique, son plus grand bonheur étant de passer de longues heures en adoration et en prières devant le Saint-Sacrement. Certains écrivains ont avancé que l’écu de Léon XII portait un chien et un serpent : c’est une double erreur, car l’écu de ce pape portait seulement un aigle sur champ d’azur.

Devise 100. De balneis Etruriae (Des bains d’Etrurie)
Grégoire XVI (2 février 1831 - 1er juin 1846). On a écrit que ce pape était Étrusque ou Toscan, et qu’il portait les armes d’Étrurie : c’est une double erreur. Le cardinal Maur Capellari, en effet, était né à Bellune, en Vénétie, et ses armes n’ont aucun rapport avec celles d’Étrurie, pas plus qu’avec sa devise. Toutefois il convient de remarquer les deux circonstances suivantes : d’abord ce pontife appartenait à l’ordre des religieux Camaldules, dont la maison-mère est située en Étrurie, dans un site qui portait autrefois le nom de Balnéum (bain) et depuis, Bagni ; ensuite, Grégoire XVI fit exécuter de nombreuses recherches au sujet des antiquités de cette région, et c’est même de lui que le Musée étrusque grégorien tire son nom.

Devise 101. Crux de cruce (La croix de la croix)
Pie IX (16 juin 1846 - 7 février 1878). Né le 13 mai 1792 à Sinigaglia, le cardinal Jean-Marie Mastaï-Ferretti est celui des 262 successeurs de saint Pierre élus jusqu’à ce jour qui ait atteint la 31e année du Suprême Pontificat, puisqu’il a été pape près de 33 ans. L’histoire retient la passion et le long martyre moral de cet admirable et vénéré Pontife que la Révolution fit dépouiller peu à peu de ses États et finit par retenir, crucifié en quelque sorte, dans son palais du Vatican, par l’entremise et avec la complicité plus ou moins notoire de la Maison royale de Savoie, dont le blason porte la croix et dont le chef portait toujours, même alors, le titre de roi de Jérusalem, où Jésus fut crucifié. Cette devise est en outre assez éloquente par elle-même pour désigner le pontificat de l’unique pape qui ait dépassé, grâce à une longévité merveilleuse, inouïe durant dix-huit siècles, les années de Pierre sur le siège de Rome.

Devise 102. Lumen in caelo (La lumière dans le ciel)
Léon XIII (20 février 1878 - 20 juillet 1903). Cette devise, dira-t-on encore, doit convenir et convient de fait à tous les papes. Dans une certaine mesure, mais il n’en est pas moins vrai qu’elle est bien plutôt la caractéristique du cardinal Joachim Pecci devenu Léon XIII, que celle de Pie IX et de tant d’autres papes ses prédécesseurs, à cause de ses lumineuses Encycliques. On loua la haute sagesse de ce pape qui portait dans ses armes une comète dans un ciel d’azur.

Devise 103. Ignis ardens (Le feu ardent)
Pie X (4 août 1903 - 20 août 1914). C’est Joseph Sarto qui fut élu en la fête de saint Dominique (4 août) dont l’ordre porte en chef une torche ardente.

Devise 104. Religio depopulata (La religion dépeuplée)
Benoît XV (3 septembre 1914 - 22 février 1922). Le cardinal Jacques della Chiesa vécut toute la guerre mondiale 1914-18 et la révolution mondiale qui suivit et porta un coup sévère à la chrétienté.

Devise 105. Fides intrepida (La foi intrépide)
Pie XI (6 février 1922 - 10 février 1939). Elle désigne Achille Ratti, le pape des missions et de l’action catholique, preuves d’une foi intrépide. Il signa les accords de Latran en 1929, fixant le pouvoir de la papauté au Vatican.

Devise 106. Pastor angelicus (Le pasteur angélique)
Pie XII (2 mars 1939 - 9 octobre 1958). Le Pastor angelicus est souvent évoqué dans des traditions populaires du Moyen Age, présenté comme un Pasteur dont la sainteté angélique rayonnera sur l’Église et dont le zèle restaurera partout la vie chrétienne pour inaugurer le triomphe de Jésus sur le monde. Connu pour son ascétisme et une grande piété, Pie XII né Eugène Pacelli est cependant vivement critiqué pour l’attitude qu’il adopta lors de la Seconde Guerre mondiale. Il croyait tellement aux prophéties de saint Malachie qu’il fit faire un film à sa gloire intitulé Pastor angelicus.

Devise 107. Pastor et nauta (Pasteur et navigateur)
Jean XXIII (25 octobre 1958 - 3 juin 1963). Angello Roncalli fut patriarche de Venise, ville des navigateurs. Tel un pasteur, il fut à l’origine de la grande étape du Concile Vatican II.

Devise 108. Flos florum (La fleur des fleurs)
Paul VI (21 juin 1963 - 13 mai 1978). Le lys, surnommé la fleur des fleurs, est le symbole de la ville de Florence dont Jean-Baptiste Montini était originaire. Les armes de ce pape étaient de surcroît formées de trois lys.

Devise 109. De meditate lunae (De la lune médiane)
Jean-Paul Ier (26 août 1978 - 28 septembre 1978). Albino Luciani, né à Canale d’Agordo, non loin de Belluno, fut élu et mourut lors d’une demi-lune.

Devise 110. De labore solis (Du travail du soleil)
Jean-Paul II (16 octobre 1978 - 2 avril 2005). Le cardinal Carol Wojtyla naquit en Pologne - donc à l’est, où le soleil se lève - le jour d’une éclipse totale de soleil, le 18 mai 1920. De plus son rôle d’infatigable voyageur, tel le soleil apportant partout la lumière chaque jour, en fit un grand travailleur.

Devise 111. Gloria oliviae (De la gloire de l’olivier)
Benoît XVI (19 avril 2005 - 28 février 2013). L’olivier fait-il référence à la participation active du souverain pontife à des processus de paix dans le monde ? Les branches d’olivier sont en outre le symbole de l’ordre de Saint-Benoît.

La prophétie de saint Malachie s’achève sur une phrase mentionnant un pape du nom de Pierre le Romain. Est-ce le même que celui dont la devise est Gloria oliviæ ou le pape amené à lui succéder mais qui n’accèdera pas au trône ? In persecutione extrema sacrae romanae ecclesiae sedebit Petrus romanus, qui pascet oves in multis tribulationibus ; quibus transactis, civitas septi-collis diruetor ; et judex tremendus judicabit populum suum (Dans la dernière persécution de la sainte église romaine, le siège sera occupé par un romain nommé Pierre, qui fera paître les ouailles au milieu de grandes tribulations ; après quoi, la ville des sept collines — Rome — sera détruite, et un juge terrible jugera son peuple).

 
 
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