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Distillateur ambulant : Eric Vergne est le dernier de Haute-Vienne

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Patrimoine : Savoir-faire
Richesses du patrimoine de France : savoir-faire, métiers rares et artisanaux, métiers d’art, activités pittoresques et/ou insolites
Distillateur ambulant : Eric Vergne
est le dernier de Haute-Vienne
(Source : France 3 Nouvelle-Aquitaine)
Publié / Mis à jour le mardi 4 février 2025, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Le bouilleur, ou distillateur ambulant, est un métier ancien menacé de disparition. Un savoir-faire artisanal de proximité qui appartient au patrimoine vivant national. Aujourd’hui, en France, il reste à peine 800 distillateurs professionnels.

Voici plus d’un an — le 1er janvier 2024 — une mesure était adoptée permettant aux récoltants de fruits de distiller sans taxe. En Haute-Vienne, la saison de l’alambic bat son plein. Depuis début décembre, Eric Vergne a un planning très chargé. Sa profession de bouilleur est saisonnière. C’est l’un des derniers à encore officier avec son alambic ambulant et le dernier à être immatriculé en Haute-Vienne. Il va faire halte dans plus d’une quinzaine de communes, pour distiller la récolte de ses clients.

« J’ai des gens qui viennent de très loin pour venir bouillir chez moi, parce qu’ils ne trouvent plus de distillateurs », explique-t-il. L’alambic est impressionnant, une énorme cuve de cuivre reliée à une source de chaleur alimentée au bois. Une fois le feu allumé, les fruits fermentés sont mis dans la cuve et portés lentement à ébullition afin qu’ils ne brûlent pas. C’est un travail de précision qui nécessite également de surveiller la température de l’eau destinée à refroidir, dans la pipe, les serpentins qui transforment la vapeur en alcool.

Eric Vergne, dernier distillateur ambulant en Haute-Vienne
Eric Vergne, dernier distillateur ambulant en Haute-Vienne.
© Crédit photo : André Abalo, France Télévisions

Cette activité en circuit court participe à la vie des communes
Ce jour-là, Eric Vergne doit distiller de la prune pour son client. Des clients qu’il connaît bien puisqu’il fait sa tournée de bouilleur depuis des années. Exemple avec Pascal Bernard qui vient lui apporter une partie de sa récolte de prunes, en vue de la transformer en eau-de-vie. « Ça rassemble les gens, c’est un moment chaleureux, on prend un petit casse-croûte ensemble. J’adore l’ambiance et surtout l’odeur ! », confie ce dernier.

Une nouvelle loi favorise les bouilleurs de cru
Depuis le 1er janvier 2024, les bouilleurs de cru, c’est-à-dire les clients d’Eric Vergne, sont exonérés de taxes sur les 50 premiers litres d’alcool pur, par la distillation. Un calcul avantageux pour les bouilleurs de cru puisqu’ils bénéficient d’une déduction totale. Reste à payer uniquement le travail du bouilleur ambulant. Le litre d’eau-de-vie lui revient à cinq euros environ contre dix euros auparavant. Ce qui profite aussi à Eric Vergne, le bouilleur ambulant, qui voit ses commandes s’envoler. « Auparavant, mes clients devaient payer des frais après avoir fait leur déclaration à la douane ». Désormais, ils n’ont plus rien à payer, « ils sont contents », ajoute-t-il.

Distillation d'eau-de-vie
Distillation d’eau-de-vie. © Crédit photo : André Abalo, France Télévisions

Cette nouvelle législation renforce l’attrait pour la plantation de verger et la production de fruits, surtout chez les particuliers, mais il est difficile de dire si elle pourra relancer « la tradition des alambics itinérants ».

Tout dépend des récoltes
Cette année, il y a eu assez peu de fruits, on ne peut pas vraiment tabler sur une activité stable, tout dépend de la météo. La situation est complexe pour le syndicat national des bouilleurs ambulants. Aujourd’hui, un tiers des 750 professionnels en activité sont proches de la retraite. Depuis quelques années, le syndicat forme au métier une dizaine de personnes chaque année.

Laurence Ragon et Isabel Lerouge
France 3 Nouvelle-Aquitaine

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