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Des assiettes en faïence pour créer des bijoux

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Patrimoine : Savoir-faire
Richesses du patrimoine de France : savoir-faire, métiers rares et artisanaux, métiers d’art, activités pittoresques et/ou insolites
Assiettes (Des) en faïence
pour créer des bijoux
(Source : France 3 Pays de la Loire)
Publié / Mis à jour le mardi 1er avril 2025, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Le village de Malicorne-sur-Sarthe est depuis des siècles le berceau d’un art délicat et raffiné : la faïence. C’est ici, dans ce décor de carte postale, qu’une artiste au talent unique a choisi de poser ses valises et son cœur. Son nom ? Clélia. Son art ? Réinventer la faïence pour lui donner une nouvelle vie, plus belle et plus brillante que jamais.

Imaginez un instant : une magnifique demeure, autrefois habitée par des maîtres faïenciers, aujourd’hui atelier bouillonnant de créativité. C’est ici que Clélia Chotard opère sa magie, transformant d’anciennes assiettes en bijoux d’une délicatesse à couper le souffle.

Son processus créatif est un mélange fascinant de respect pour la tradition et d’innovation audacieuse. « Les assiettes et leurs brisures sont ma palette de couleurs. J’ai besoin de vivre avec elles, de les sentir autour de moi avant de pouvoir créer », explique-t-elle.

Un collier de faïence créé par Clélia
Un collier de faïence créé par Clélia. © Crédit photo : Les Nouveaux Jours Productions

Un art en vingt étapes
Le processus de Clélia est bien plus qu’une simple transformation d’assiette en bijou. C’est une véritable métamorphose qui ne nécessite pas moins de vingt étapes minutieuses. Du choix initial de l’assiette à la finition plaquée or, chaque phase est exécutée avec un soin extrême. Armée de son crayon, elle isole les motifs qui l’inspirent, La technique de découpe, en particulier, reste le secret le mieux gardé de Clélia.

« La découpe, c’est un petit trésor. Entre le moment où j’ai eu cette idée et celui où j’ai pu réellement la concrétiser, il a fallu passer par beaucoup d’essais... et casser beaucoup d’assiettes ! » Le résultat de ce travail acharné ? Des bijoux haut de gamme, entièrement faits main, qui allient la noblesse de la faïence ancienne à un design résolument contemporain.

Des histoires dans l’histoire
Chaque création de Clélia raconte une histoire. Parfois, c’est l’histoire d’une famille, comme une cliente qui lui a confié une assiette pour en faire un pendentif destiné à célébrer les 60 ans de sa sœur. D’autres fois, ce sont les assiettes elles-mêmes qui parlent, comme ces « assiettes parlantes » ou « assiettes rébus » du XIXe siècle que Clélia transforme en broches uniques. « J’adore ces assiettes, ça me rappelle des souvenirs d’enfance. »

Une révélation au bord de l’eau
Mais l’histoire la plus fascinante est peut-être celle de Clélia elle-même. Tout a commencé dans son jardin, au bord du ruisseau La Vézanne. Sachant que les anciens céramistes jetaient souvent leurs rebuts dans ce cours d’eau, Clélia et sa famille ont décidé un jour de jouer les archéologues amateurs.

« On savait qu’autrefois, les céramistes jetaient les rebuts de faïence dans La Vézanne. C’est ce qui m’a donné envie, à un moment donné, d’aller faire des fouilles ici, au bord de la rivière. C’était une chasse aux trésors avec mes enfants. »

Grâce à une technique secrète qu'elle a mise des mois à perfectionner, Clélia découpe la faïence avec une précision chirurgicale
Grâce à une technique secrète qu’elle a mise des mois à perfectionner, Clélia découpe la faïence
avec une précision chirurgicale. © Crédit photo : Les Nouveaux Jours Productions

Et c’est là, dans la boue du ruisseau, qu’elle a fait une découverte qui allait changer sa vie : un morceau d’un vieil encrier créé par Léon Couplard, un célèbre faïencier de Malicorne. « J’ai eu une révélation au moment où j’ai trouvé ce morceau de vieille faïence avec ce personnage que je porte maintenant. C’est le prototype de départ. Et c’est ce personnage qui me suit depuis le début du projet. C’est mon petit personnage fétiche. »

Un pont entre passé et futur
Clélia incarne parfaitement l’esprit de Malicorne : elle honore le passé tout en créant l’avenir. Ses créations uniques sont un témoignage vivant de l’histoire de la faïence, transformée en bijoux contemporains qui racontent chacun un épisode de vie. Chaque fois qu’elle prend une assiette ancienne dans ses mains, Clélia ne voit pas seulement un objet, elle voit des possibilités infinies.

Elle revoit les mains qui ont façonné cette assiette il y a des décennies, voire des siècles. Elle voit les repas de famille, les célébrations, les moments de joie et de tristesse que cette assiette a pu accompagner. Et elle voit le futur : le sourire d’une femme portant un pendentif unique, l’éclat dans les yeux d’un collectionneur découvrant une broche extraordinaire.

L’héritage de Malicorne : une histoire de terre et d’eau
Malicorne-sur-Sarthe n’est pas un village comme les autres. Dès que l’on y pose le pied, on sent vibrer l’âme des artisans qui, génération après génération, ont façonné sa renommée. Au XIXe siècle, pas moins de sept faïenceries faisaient la fierté de cette bourgade, leurs cheminées crachant jour et nuit la fumée témoignant de leur activité incessante. Mais pourquoi Malicorne ?

La réponse se trouve dans la nature même de ce lieu béni des dieux de l’artisanat : l’argile, le bois pour les fours et la rivière Sarthe pour le transport des marchandises. C’est grâce à cette conjonction parfaite que Malicorne est devenue la capitale incontestée de la faïence ajourée.

Au XIXe siècle, pas moins de sept faïenceries faisaient la fierté de cette bourgade, leurs cheminées crachant jour et nuit la fumée témoignant de leur activité incessante
Au XIXe siècle, pas moins de sept faïenceries faisaient la fierté de cette bourgade,
leurs cheminées crachant jour et nuit la fumée témoignant de leur activité incessante.
© Crédit photo : Les Nouveaux Jours Productions

Cette technique unique, où la céramique est délicatement découpée pour ressembler à de la dentelle, est devenue la signature de la ville. Chaque pièce ainsi créée est un témoignage de la patience et du savoir-faire des artisans locaux.

La faïence de Malicorne est particulièrement connue pour sa technique d’ajourage, qui donne aux pièces un aspect délicat. Cette spécificité continue d’attirer les amateurs d’art et les collectionneurs.

Alors, la prochaine fois que vous passerez par Malicorne-sur-Sarthe, tendez l’oreille. Peut-être entendrez-vous, par-dessus le murmure de la rivière, le tintement délicat des bijoux de Clélia, chantant l’histoire éternelle de la faïence réinventée.

Christophe Chastanet
France 3 Pays de la Loire

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