Maison Lorin : un des plus anciens ateliers de maîtres-verriers au monde

C’est une histoire de famille qui commence en 1863, lorsque Nicolas Lorin installe un atelier de vitraux d’art au bord de l’Eure à Chartres. Depuis, l’activité n’a jamais cessé. Trois générations de Lorin font vivre la manufacture jusqu’en 1973, avant que d’autres maîtres-verriers prennent la relève.

Les ateliers Lorin sont l’un des plus anciens sites dédiés à l’art du vitrail en France. « On est sur le site de l’ancienne tannerie médiévale de la ville de Chartres », explique Élodie Vally, la directrice de la Maison Lorin.

Repose des vitraux du XVI^e siècle de l’église Notre-Dame de l’Assomption
de Montville (Seine-Maritime). © Crédit photo : Maison Lorin

Depuis les années 70, l’atelier de peinture sur verre est installé dans une grande verrière : « Les conditions sont idéales pour peindre avec cette grande verrière qui nous permet d’avoir une lumière naturelle. C’est ce dont nous avons besoin pour peindre les vitraux », souligne Élodie.

Élodie Vally est à la tête de la Maison Lorin depuis 2017 après plusieurs années en tant que salariée dans l’entreprise. L’art du vitrail est une véritable passion pour elle : « J’ai rencontré le maître-verrier Denis Picol, qui a accepté de me prendre dans son atelier en stage, comme ça, pour découvrir. J’ai essayé et ça m’a plu tout de suite. Quand on restaure, on sait que ce sont des vitraux qui ont traversé les siècles, c’est hyper fort. » Et d’ajouter : « Quand on crée, on met un morceau de soi dans l’édifice. Le vitrail, c’est un art pérenne : tu laisses une trace, tu laisses ton nom... C’est très émouvant ! »

Un savoir-faire unique
Né au Moyen Âge, au temps des cathédrales, l’art du vitrail est un savoir-faire français d’exception qui s’exporte partout dans le monde. La Maison Lorin est reconnue à l’international. Elle illumine de ses vitraux tous les continents. La cathédrale Saint-Patrick à New York, l’église Saint-John épiscopal à Washington, la Co-cathédrale du Saint-Nom-de-Jésus à Jérusalem... « Notre-Dame de Saïgon, la plus grande cathédrale d’Asie à Hô Chi Minh-ville. Il y a aussi des vitraux au Vatican, au palais de Monaco, en Nouvelle-Zélande, en Afrique... » énumère Élodie.

Repose des baies de vitraux (XIX^e-XX^e) de Charles Lorin à l’église
de Saint-Vaast-la-Hougue (Manche). © Crédit photo : Maison Lorin

Classé Monument Historique, l’atelier de la Maison Lorin est bien plus qu’un atelier de peintre verrier, c’est également une véritable mémoire vivante. Tous les carnets de commandes y sont conservés depuis 1863. « On compte plus de 6000 références de chantiers dont des outils, des maquettes, ou encore des dessins originaux qui ont été réalisés ici », confie Élodie Vally. Ce fonds d’archives incroyables permet aujourd’hui de travailler sur des projets de restauration de vitraux qui ont été réalisés il y a plusieurs dizaines d’années.

Franck travaille sur la restauration des vitraux de la cathédrale de Chartres. « C’est une baie qui a été créée ici en 1971 par François Lorin. Ce qui est assez intéressant avec cette baie, c’est que vu qu’elle a été réalisée ici, on a tout le processus de création, toutes les maquettes, toutes les études pour la réalisation de la baie. On a des photos... On a une photo de François Lorin devant cette baie. »

Les vitraux de la Cathédrale de Hô-Chi-Minh-Ville réalisés par l’atelier en 1880 ont été restaurés grâce aux cartons d’origines des vitraux encore présents dans les réserves.

Franck Jégou restaure une baie des vitraux de la cathédrale de Chartres
dans les ateliers de la Maison Lorin. © Crédit photo : France Télévisions / Flair Production

Un savoir-faire sauvé de la disparition
En 2017, l’entreprise est en liquidation judiciaire. La ville de Chartres décide alors de racheter les bâtiments pour sauver les ateliers Lorin. La municipalité veut pérenniser l’activité de ce site exceptionnel. Elle veut également ouvrir un musée, rénover les fours anciens et les matériels toujours sur place et valoriser le fonds d’archives.

En 2023, le site a été retenu par la mission Loto du Patrimoine de Stéphane Bern. Les bâtiments des Ateliers Lorin étaient « fortement dégradés », nécessitant « un projet global pour en sauver le patrimoine matériel et immatériel ». Depuis mars 2023, les ateliers ont commencé leur mue pour cinq ans de travaux et avec une enveloppe de 5,4 millions d’euros.

En savoir plus :
Site Internet : https://www.maison-lorin.fr
Page Facebook : https://www.facebook.com/maisonlorin/

Isabelle Amelot
France 3 Centre Val de Loire
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