Le Père-Lachaise comme vous ne l'avez jamais vu

Les Journées du patrimoine auraient-elles données l’idée à Mathieu Stern de mettre en ligne cette singulière visite guidée du cimetière du Père Lachaise ? En tout cas, graves, les statues se succèdent, yeux clos, le visage dissimulé derrière une main ébréchée. On pénètre à l’intérieur des chapelles funéraires une à une, avant de courir entre les tombes, dévaler les escaliers, s’arrêter devant une sépulture et errer à nouveau sur le pavé du cimetière. Toujours en accéléré.

Équipé de son appareil photo, le producteur de Web séries Mathieu Stern a réalisé un « Timelapse » au cœur du Père-Lachaise, cimetière le plus visité du monde. La pratique consiste en une série de photographies prises à des moments différents. Les clichés enchaînés et animés dans une vidéo donnent l’impression que le temps est accéléré. La rupture est brutale, magnifique lorsque l’objectif est fixé sur une statue, immobile tandis que derrière elle, le ciel se met à courir. Au cœur d’un cimetière, le temps arrête sa course. Grâce à cette vidéo, Stern redonne vie au Père-Lachaise.

« J’ai tout de suite vu que ce cimetière n’était pas comme les autres », raconte Antoine Blondin dans L’Humeur vagabonde à propos du Père-Lachaise. Et la description qui suit semble avoir été rédigée comme si l’écrivain avait regardé le travail de Mathieu Stern : « Dès lors, je perdis le fil du système, passant d’une circulaire dans une transversale, d’une transversale dans un chemin creux, pour m’enfoncer davantage, au plus profond d’un taillis chaotique de chapelles dentelées, de temples arides, de tumulus cubistes, de pagodes biscornues, de blockhaus funéraires et d’édicules votifs, où le fer forgé, le marbre, le granit se chevauchaient à l’envi. »

En deux minutes de film, on est saisi par l’atmosphère particulière du Père-Lachaise. Une visite virtuelle réussie, qui s’ajoute aux autres « Timelapse » déjà publiés par Mathieu Stern : une traversée du jardin des Plantes ou une compilation de lieux méconnus de la capitale.

Pierre Adrian
Le Figaro