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8 janvier 1793 : mort de Goldoni

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8 janvier 1793 : mort de Goldoni
Publié / Mis à jour le mardi 17 novembre 2009, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Goldoni fit subir une grande réforme à la scène italienne : en général les réformateurs sont des hommes de génie, et cependant l’auteur italien ne reconnaissait pas en lui ce caractère ; il avait raison. La nature avait doué Goldoni d’une extrême mobilité d’esprit, d’une fécondité d’imagination extraordinaire. A ces deux qualités, si communes sous le beau ciel de sa patrie, il unissait une faculté qui l’est beaucoup moins, le bon sens. Il trouva le théâtre national en proie aux acteurs à masques et aux comédies improvisées : il lut Molière, et cet admirable modèle fut désormais le sien.

Goldoni parvint, non sans efforts, à introduire sur le théâtre de Venise des comédies régulières, écrites d’avance à tète reposée, et présentant, dans un style naturel, le développement d’un caractère ou d’une passion. Malgré l’enthousiasme qui accueillit à sa naissance ce genre nouveau ; malgré la domination exclusive qu’il valut à Goldoni sur presque toutes les scènes d’Italie, le temps a prouvé que la révolution tentée par lui n’était pas dans les mœurs : aussi n’a-t-elle pas duré. La comédie est morte avec celui qui l’avait ressuscitée.

Schlegel s’exprime en ces termes sur Goldoni : « On ne peut lui refuser une grande intelligence du théâtre ; mais il n’a point cette profondeur dans l’art de caractériser, ni cette richesse d’invention, qui seules peuvent maintenir la grande réputation d’un auteur. Ses peintures de mœurs ont de la vérité, mais elles ne sortent point de la région des habitudes journalières, et il prend toujours la vie à la superficie. Comme il y a peu de mouvement progressif dans ses pièces, et qu’elles tournent sans cesse autour du même point, elles nous laissent dans un état de langueur et d’ennui qui paraît être celui de la société qu’elles représentent. Goldoni a presque supprimé les rôles à masques, et il ne remplace leur effet comique par aucun moyen de gaîté qui lui soit propre. Il n’a conservé qu’Arlequin, Brighelle et Pantalon, et encore en les affaiblissant beaucoup, et en leur donnant peu de part à l’action. D’ailleurs il reproduit sans cesse les mêmes caractères, et prétend si peu les donner pour nouveaux, qu’il les fait reparaître sous les mêmes noms. Sa Béatrix et sa Rosaura, par exemple, sont toujours la jeune fille gaie, et la jeune fille sensible ; il n’y cherche point d’autre distinction. »

Goldoni nous a laisse des mémoires, tableau piquant de son existence errante et bigarrée de jurisprudence et de théâtre, révélation curieuse des mœurs italiennes. Goldoni s’y montre observateur plus fidèle et peintre plus vif que dans ses comédies. On conçoit à peine comment avec une vocation si entraînante pour le métier d’auteur dramatique, il ait pu si souvent reprendre les fonctions d’avocat dans tout autre pays que l’Italie, ce bizarre alliage de Thémis et de Thalie aurait excité le scandale.

Goldoni avait composé plus de cent vingt ouvrages ; il était âgé dé cinquante-quatre ans lorsqu’il vint en France, appelé par la cour, et chargé d’alimenter de productions nouvelles le théâtre Italien. Après un séjour de quelques années, Goldoni donna au Théâtre-Français le Bourru bienfaisant ; cette pièce, dont le succès égala le mérite, est peut-être son chef-d’œuvre, et quand on songe qu’elle a été conçue et écrite par un étranger, on se sent partie entre l’admiration et la surprise. Quoique l’auteur ait composé encore quelques pièces, le Bourru bienfaisant termina réellement sa carrière dramatique.

Goldoni avait été attaché à la Dauphine et aux princesses filles du roi Louis XV, en qualité de maître d’italien : il donna même des leçons de cette langue à madame Elisabeth. Pour prix de ce service, qu’il avait fait longtemps sans rien recevoir, il jouissait d’une pension de quatre mille francs sur la liste civile : le 10 août 1792 cette liste ayant été supprimée, Goldoni resta dans un dénuement absolu : il tomba malade. La Convention, instruite de son état, lui rendit sa pension avec les arrérages ; mais ce décret, dont Chénier fut rapporteur, arriva trop tard : il est daté du 7 janvier 1793, et Goldoni mourut le 8, après avoir vécu quatre-vingt- cinq années.

Cet homme si gai, si facile, de mœurs si douces et si flexibles, dont là vie, malgré quelques traverses, s’écoula toujours dans le plaisir, était pourtant sujet à des accès d’humeur noire, qu’il devait sans doute à l’irritabilité de ses nerfs. Il raconte dans ses mémoires que, frappé des rapports physiques qui existaient entre un célèbre acteur du temps et lui, il se pénétra de l’idée que son existence était attachée à délie de l’autre. Un soir, apprenant que cet acteur était mort sur la scène, il se persuade qu’il va mourir aussi ; il tombe dans une véritable folie, dont un sage médecin le guérit, non par des remèdes, mais par un apologue.

Si l’Italie eût été destinée à posséder un théâtre comique, sans doute Goldoni l’aurait fonde ; mais l’opéra semble le seul genre qui de nos jours puisse régner dans la patrie des Plaute et des Térence.

 
 
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