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Projet de réforme de l'orthographe en 1893. Rectorat de Paris et simplification des mots

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Brèves d’Histoire
Brèves d’Histoire de France : bribes et miettes historiques utiles à une meilleure connaissance de notre passé
Plaidoyer contre une réforme de
l’orthographe envisagée en 1893
(D’après « La Mandoline », paru en 1893)
Publié / Mis à jour le jeudi 14 août 2014, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 1 mn
 
 
 
En septembre 1893, le rédacteur en chef du mensuel La Mandoline, revue littéraire et artistique, s’insurge contre ce qu’il estime être un projet démagogique de dénaturation de la langue française, en l’espèce celui de simplifier l’orthographe, audacieuse proposition que le vice-recteur de l’Académie de Paris vient de présenter sous la coupole de l’Institut

Hé quoi ! M. Gréard, est-ce pour brider les grammaires que l’on vous a nommé directeur de la Sorbonne ? s’enflamme André Jayet, directeur du bureau parisien de la rédaction de la revue littéraire La Mandoline, devant le projet présenté par le vice-recteur de l’Académie de Paris. Est-ce pour ternir notre langue qu’on vous a fait académicien ? Ne pouvez-vous pas mieux respecter vos devoirs et employer vos talents ? Que deviendra l’écrivain si vous lui prenez ses mots ? Car s’ils n’ont qu’un son pour l’écolier, ils ont une peinture, ils ont des images pour le poète. Ut pictura poesis.

Qu’on enlève un r aux mots horrible, horreur, horripilant et qu’on me dise si ces mots ne sont point défigurés, s’ils respirent toujours la laideur qui les caractérise, s’ils donnent toujours à l’âme ce mouvement accompagné de mystérieux frissons. C’est cette peinture secrète des mots qu’on appelle le génie de la langue. Dans la chanson des Djinns de Victor Hugo n’en avons-nous pas un témoignage remarquable ?

On sait bien qu’il y a des bizarreries, elles sont même si nombreuses que nous ne pouvons ici les nommer toutes. Nous avons les bonnes gens, les gens bons (sans calembour). Les mots amour, délice, orgue, masculin au singulier, féminins au pluriel, les mots quelque, même, tout tantôt adverbes, tantôt adjectifs ; il y a encore le participe présent et l’adjectif verbal qu’on confond bien facilement ; on dit ici des bois flottant, ailleurs, des bois flottants ; on dit imbécillité et on écrit imbécile, hippolyte et hypocrite : enfin, ces hommes étaient au bal avec leur femme, ou leurs femmes, etc., etc.

Un s entre deux voyelles doit toujours avoir le son du z et on dit parasol, tournesol, entresol et réciproquement Alsace, intransigeant, etc., etc. Mais quelques bizarres que soient ces exemples, il est de notre devoir de les respecter puisqu’ils forment l’essence même de notre langue et il est insensé de vouloir assimiler notre langue aux mêmes principes qui ont présidé à la formation des grands idiomes européens.

Et à part cela, songe t-on à ce que deviendrait la poésie si on lui enlevait toutes les syllabes muettes, si on écrivait tout simplement mélancoli (par un i) ; voyez-vous d’ici cette anarchie ! Et quelle partie ferait-on à la musique en lui enlevant cette même syllabe, qui semble toujours venir compléter l’inspiration du compositeur.

Aussi les rares poètes que compte l’Académie et particulièrement MM. le comte de Lisle et François Coppée ont-ils vivement combattu la motion de M. Gréart, qui a attendu d’être couronné de cheveux blancs pour prendre l’initiative d’une réforme qui, si elle était acceptée, ruinerait notre littérature pour ne se rendre utile qu’à des écoliers.

 
 
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