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Coutumes et traditions. Voyages et grandes routes autrefois. Diligences, malles-postes, berlines, voitures de poste

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Coutumes, Traditions
Origine, histoire des coutumes, traditions populaires et régionales, fêtes locales, jeux d’antan, moeurs, art de vivre de nos ancêtres
Voyage en diligence
ou malle-poste sur les
grandes routes d’autrefois
(D’après « Le Petit Journal », paru en 1903)
Publié / Mis à jour le lundi 3 juillet 2017, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Le temps n’est plus où nos grandes chaussées étaient sans cesse animées par les diligences, les malles-postes, les voitures de poste et le roulage, conduites à grand bruit de feu sur le pavé, de grelots et de claquements de fouet. Au début du XXe siècle, demeuraient certes çà et là quelques spécimens de ces antiques messageries, mais c’est seulement dans les Alpes et en Auvergne que l’on pouvait encore se payer le luxe archaïque de voyages nocturnes, sur les grandes routes, au bruit berceur des grelots, sans le côté pittoresque des attelages nombreux, des postillons en selle et de leur costume éclatant.

Jadis, tout le monde pouvait prendre place dans les malles-postes. Il fallait avoir au moins 80 km à parcourir ou le quart du trajet de la voiture quand celle-ci accomplissait moins de 320 km. Cependant on pouvait être accepté pour un trajet plus court lorsqu’on n’avait pas de bagage. Si le voyageur ne faisait pas au moins le quart de la route, il n’était admis que s’il n’y avait pas de voyageur faisant un parcours plus étendu. Les enfants payaient place entière.

Le prix de la place était de 1fr.75 pour 10 km. On payait la moitié, à titre d’arrhes, en se faisant inscrire ; le reste, le jour du départ. La franchise de bagages était de 25 kg ; on ne pouvait pas emporter plus de 5 kg d’argent monnayé. Une fois tout cela réglé, on courait le pavé du roi, à la condition de ne s’arrêter qu’aux endroits fixés par le livre de poste, et pour une durée également déterminée. Une fois en route, on allait-relativement vite, car la malle-poste primait tout ; on ne pouvait relayer, avec sa voiture, louée ou personnelle, tant que la malle n’était pas servie.

Voyons, maintenant, comment voyageait la catégorie de gens qui, ne pouvant user de la malle et faisant fi des voitures publiques, se faisaient conduire « en poste ». En poste, c’était avoir une voiture à soi ; il y avait les chaises ou calèches, pouvant contenir de une à trois personnes ; les petites calèches, où l’on pouvait être deux. Une deuxième division comprenait les limonières, voitures fermées, coupés et calèches avec brancard ; la troisième division comprenait les berlines, voitures à deux fonds pouvant contenir une, deux, trois ou quatre personnes, cinq à la rigueur.

La première division avait de deux à trois chevaux, la deuxième en comportait trois, la troisième quatre ou six. Le prix à payer était de 2 francs par cheval ; à cette somme, il fallait ajouter 2 francs par tranche de 10 km et par postillon ; à partir de quatre chevaux, on avait deux postillons.

Nous voici donc avec notre calèche ou notre berline. On peut se mettre en route lorsque tout est réglé avec l’important personnage que l’on appelle maître de poste, lequel n’a ni le droit de nous imposer un itinéraire quand il y a deux routes, ni celui de nous indiquer une auberge. L’autorité tutélaire vous laisse la faculté de prendre gîte où vous voulez. Dans la réalité, il semble que maître de poste et postillon ne se privaient pas de louer le Grand Turc au détriment du Lion d’Or.

Une fois parti, on allait de relais en relais où l’on trouvait des chevaux quand les courriers ou le service de l’Etat ne les avaient pas pris. Il fallait attendre son tour pour avoir un attelage, et on n’obtenait celui-ci que lorsque l’on avait un passeport bien en règle.

L'arrivée de la diligence en 1830

L’arrivée de la diligence en 1830

La voiture court, mais voici une une côte rude. Il faudra un cheval de renfort, ci, 2 francs encore par tranche de 10 km, même si le maître de poste ne fournit pas ce cheval sous prétexte qu’il a mis des bêtes plus vigoureuses. Mais le voyageur a le droit de toujours exiger ce renfort pour certains types de voiture.

On n’en a pas fini avec les taxes supplémentaires. A l’entrée de certaines villes ou à à la sortie on impose des distances supplémentaires, fictives quant au parcours accompli, et réelles quant au paiement. De plus, on est taxé de 8 km en plus à l’entrée ou à la sortie des lieux où le roi a fixé sa résidence. Si l’on est pris à l’entrée d’une ville après la fermeture des portes, on doit 75 centimes par postillon et par cheval, car l’on doit coucher hors de l’enceinte.

S’il était défendu de donné des pourboires, l’usage en florissait quand même. Quand on était pressé, on prenait un avant-courrier, c’est-à-dire un homme à cheval qui marchait 10 km en avant pour faire préparer le relais.

Pour aller de Paris à Bordeaux il y avait 53 relais sur les 562 km du trajet. On peut calculer combien coûtait un tel voyage sans parler des kilomètres fictifs et des renforts. Il est facile de juger ainsi du temps mis à accomplir le trajet que les automobiles font d’une façon si fantastique.

Le service des postes était un monopole. Maîtres de poste et postillons étaient en réalité des fonctionnaires. Nul ne pouvait conduire des voyageurs sur les routes en dehors d’eux, sinon les conducteurs de pataches ou carrioles qui voyageaient à la journée sans relayer. Ils n’avaient pas le droit de prendre d’autres chevaux, quand les leurs étaient fatigués. Exception était faite pour les voitures publiques partant à jour et à heures fixes, et dont les services étaient annoncés par affiches.

Les chevaux et les postillons avaient une poésie présente encore à quelque mémoire voici plus d’un siècle par l’air célèbre du Postillon de Longjumeau :

Quand il passait par le village
Tout le beau sexe était ravi
Oh ! Oh ! Oh ! Oh !
Qu’il était beau !
Oh !
Le postillon de Longjumeau.

 
 
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