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Grâce de l'écriture d'autrefois. Art de dire galamment. Prosaïsme de la requête. Brèves d'Histoire de France. Miettes historiques

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Brèves d’Histoire
Brèves d’Histoire de France : bribes et miettes historiques utiles à une meilleure connaissance de notre passé
Grâce de l’écriture d’autrefois ou
l’art de contourner galamment
le prosaïsme d’une requête
(D’après « Le Figaro littéraire », paru en 1908)
Publié / Mis à jour le samedi 2 janvier 2016, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 1 mn
 
 
 
Comme on écrivait joliment au XVIIIe siècle, sur les plus menues choses. Le télégraphe et le téléphone ont à tout jamais perdu cet art de dire des riens galamment, déplore en 1908 un chroniqueur du Figaro littéraire, qui joint l’exemple à la parole en nous contant l’anecdote des bottes égarées du comte de Lally-Tollendal

Pendant l’émigration, le comte Gérard de Lally-Tollendal (fils du héros Thomas de Lally-Tollendal) que Louis XV avait laissé périr sur l’échafaud, qui avait eu la velléité de venir défendre Louis XVI à la Convention, fut invité chez un Français, M. d’Arblay, récemment marié à une Anglaise, au château de Micklehaus.

Il lui arriva d’oublier à Micklehaus quelques objets lui faisant bien faute, car il partageait la détresse de ses compagnons d’exil. Il les réclama donc, mais avec quelles piquantes circonlocutions et avec quelles aimables excuses, et encore, en pensant mourir de honte.

Il commença par de longs compliments sur le bonheur de son ami, « le seul homme qui eût gagné à la Révolution » : « Les orages vous ont conduit dans un port qui vaut mieux que la rive natale, et les démons vous ont précipité aux pieds d’un ange qui vous a relevé. » Il fallait bien arriver, enfin, à la vraie raison de la lettre combien elle était délicatement amenée :

« Lorsque mon père commandait dans l’Inde, il fut fort mécontent d’un officier qui, chargé d’une mission chez les Hollandais, en avait compromis le succès par la faute la plus grave. Mon pauvre père, le meilleur des hommes en actions, mais le plus vif en propos, lui écrivit dans sa colère : Si vous retombez dans la même faute, je vous préviens que, eussiez-vous la tête de mon fils sur les épaules de mon père, je la ferais sauter.

« Comme il fermait sa lettre, entre son maître d’hôtel : Que veux-tu ?Monsieur, je viens d’entendre dire que vous envoyez un exprès chez les Hollandais, et, comme nous n’aurons bientôt plus de café, je suis venu vous demander si vous ne voudriez pas en faire venir. — Tu as raison. Et voilà que mon père, qui ne se souvenait déjà plus de sa colère, rouvre sa lettre et mande à son officier, en post-scriptum, au-dessous de la lettre semonce ci-dessus : Je vous prie, faites-moi le plaisir de m’envoyer par le porteur un ballot de café.

« Où tend cette histoire ? A justifier par l’exemple la disparate tout aussi forte que je vais me permettre. Mon laquais vient d’entrer chez moi et m’a dit : Monsieur, on dit que vous écrivez à Micklehaus ; quand vous y fûtes, vous oubliâtes un bonnet de nuit et une paire de petites bottes : si vous vouliez bien les demander ? Soit ! Et voilà, que je termine un épithalame en priant l’époux de vouloir bien donner des ordres, je ne sais pas à qui, afin que ces petites bottes me soient renvoyées à Londres. Où se cache-t-on, quand on écrit de ces choses-là !... »

On dit évidemment ce qu’on a à dire d’une façon plus concise aujourd’hui. Mais ce temps n’avait-il pas de la grâce où, pour réclamer des bottes égarées, on se croyait tenu de conter quelque anecdote, destinée à pallier le prosaïsme de la requête ?

 
 
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