Éphéméride, événements Les événements du 2 janvier. Pour un jour donné, découvrez un événement ayant marqué notre Histoire. Calendrier historique 2 janvier 1547 : conjuration et mort du comte Jean-Louis de Fiesque Publié / Mis à jour le mercredi 11 novembre 2009, par LA RÉDACTION Temps de lecture estimé : 4 mn Gênes, la rivale de Venise, beaucoup plus ancienne qu’elle en existence, mais plus jeune en liberté, jouissait depuis dix-neuf ans d’une forme de gouvernement stable et indépendante. Pendant plusieurs siècles elle avait vécu sous des lois incertaines (voy. 23 Septembre 1339) : changeant souvent de régime intérieur, souvent aussi elle changeait de joug étranger. Pour se sauver des factions intestines, pour étouffer les querelles des grands et du peuple, tantôt elle implorait la domination du duc de Milan, tantôt elle sollicitait la tutelle du roi de France ; tantôt, foulant aux pieds les fleurs de lis, elle appelait dans ses murs les aigles impériales. André Doria lui-même, qui devait mettre un ternie à ces fluctuations politiques, commença d’abord par s’y abandonner. Engagé au service de François Ier, mais trompé dans ses espérances, il passa au service de Charles-Quint : quand il eut délivré sa patrie, ce fut sous la protection de l’empereur qu’il la plaça (voy. 12 septembre 1528). Depuis le changement opéré par les armes et par la sagesse de ce grand citoyen, la république avait retrouvé l’opulence, qu’elle devait au commerce ; mais des ressentiments cachés, des haines secrètes couvaient encore. « La noblesse, qui » avait le gouvernement entre ses mains, ne pouvait oublier les » injures qu’elle avait reçues du peuple dans le temps qu’elle était » éloignée des affaires. Le peuple, de son côté, ne pouvait souffrir la domination de la noblesse que comme une nouvelle tyrannie, qui était contraire aux ordres de l’État une partie même des gentilshommes qui prétendaient aune plus haute fortune, enviaient ouvertement la grandeur des autres : ainsi les uns commandaient avec orgueil, les autres obéissaient avec rage, et beaucoup croyaient obéir parce qu’ils ne commandaient pas assez absolument, quand la Providence permit qu’il arrivât un accident qui fit éclater tout à coup ces différents sentiments, et qui confirma pour la dernière fois les uns dans le commandement et les au très dans la servitude. » (Retz, Conjuration de Fiesque.) Jean-Louis de Fiesque, héritier d’une maison qui comptait dans son sein deux papes, douze seigneurs souverains de Lavagna, et une foule d’hommes célèbres dont Gênes avait reconnu l’autorité, était âgé de 22 ans, et riche de plus de 200,000 écus de rente. Avide de gloire personnelle, il cherchait ardemment une occasion d’en acquérir ; il crut l’avoir trouvée dans l’abaissement d’une maison odieuse à la sienne, et dans le bouleversement des lois de sa patrie. Quatre grandes familles s’étaient de tout temps partagé la république. Quand l’Italie entière se sépara en deux camps ennemis, les Fiesque et les Grimaldi s’attachèrent au parti Guelfe : les Doria et les Spinola embrassèrent le parti Gibelin. L’inimitié des Fiesque et des Doria est surtout fameuse ; elle ensanglante toutes les pages des annales de ce pays. Les services que le plus illustre des Doria rendit à Gènes, le titre de père de la pairie, de restaurateur de la liberté, qu’il en reçut, n’éteignirent ni la haine ni l’ambition des Fiesque. Le roi de France et le pape Paul III résolurent d’en profiter pour soustraire la république à la protection de l’empereur, et rejeter au-delà des monts la domination espagnole. Fiesque se rendit à Rome, pour s’entendre avec le saint Père : il y trouva le cardinal de Trivulce, qui lui offrit les secours de la France, mais en stipulant de grands avantages pour son roi. Fiesque dédaignait un rôle subalterne : cependant il accepta d’abord l’offre du cardinal. De retour à Gènes, il consulta trois amis, et l’avis de Verrina, qui l’emporta sur celui des deux autres, Sacco et Calcagno, le détermina à n’employer que ses seules ressources dans l’exécution de son grand dessein. Dès lors Fiesque se conduisit avec une adresse peu commune : il s’attacha toutes les classes de citoyens ; les riches, en flattant leur vanité ; les pauvres, en aidant leur indigence. Pour mieux tromper Doria, qui avait reçu des avertissements, niais qui refusait de les croire, Fiesque se rapprocha de lui, brigua sa faveur, et feignit même de se réconcilier avec Giannettino Doria, le neveu du libérateur et son présomptif héritier. Ce Giannettino était l’homme dont l’orgueil et l’insolence avaient le plus irrité l’amour propre de Fiesque : il ne pouvait souffrir l’idée qu’un jour toute la noblesse génoise et lui-même courberaient la tête sous le pouvoir d’un tel maître. Fiesque et ses trois confidents hésitèrent sur le choix du moyen par lequel on mettrait à fin l’entreprise, dont le premier acte devait être le meurtre de Doria. On parla d’une messe où ils devaient tous assister ; Fiesque recula d’horreur à l’idée d’une telle profanation. Il fut question aussi d’un banquet, mais Fiesque préféra la force ouverte à la ruse ; il fixa l’exécution du complot à la nuit du 1er au 2 janvier. Le premier jour de l’année, le doge sortait de charge, et son successeur ne devait être élu que le troisième jour suivant il y avait donc dans la république une sorte d’interrègne, qui favorisait une révolution. Au jour marqué Fiesque conserva assez de liberté d’esprit pour faire des visites indifférentes et pour se rendre au palais Doria. On dit même qu’il prit dans ses bras les enfans de Giannettino, et qu’il les caressa l’an après l’autre en présence de leur père. Rentré dans son palais, il y trouva les chefs des principales familles nobles et plébéiennes, qui ne croyaient venir qu’à un festin, et qui se voyaient avec surprise en si grand nombre, entourés d’armes et de soldats. Dès le matin, Fiesque avait donné l’ordre d’ouvrir les portes à tous ceux qui voudraient entrer, mais de ne laisser sortir personne. Fiesque rassemble tous les conviés, leur parle, leur expose son plan, ses ressources, leur raconte des faits vrais ou faux qui les pénètrent d’une telle indignation, qu’ils l’interrompent par le cri unanime : « Liberté ! Mort aux tyrans ! » Deux des assistants seulement refusent de prendre part au complot ; les autres veulent qu’on les mette en pièces. Fiesque se contente de Ies faire garder chez lui. Fiesque assigne à chacun le poste qu’il doit occuper. Ses deux frères, Jérôme et Ottobon, se rendent maîtres d’une porte qui assure la communication entre les conjurés elles soldats, dont quatre galères sont remplies. Verrina donne le signal convenu, et bientôt le peuple parcourt les rues en criant : Fiesque et liberté ! Le tumulte réveille Giannettino ; il accourt précédé d’un seul domestique ; il est frappé, il meurt. Pendant que Jérôme se complaît dans sa vengeance, il laisse échapper André Doria, qui monte a cheval, et se retire à quinze milles de Gênes. Cependant les partisans de Fiesque triomphaient partout : ceux des Doria se cachaient, et le petit nombre de ceux qui se montraient encore demandaient le vainqueur pour traiter avec lui. On le cherche, on ne le trouve pas ; les galères du port ont été soumises : on a vu Fiesque s’en emparer ; puis il est disparu, et personne ne peut donner de ses nouvelles. Enfin on remarque les débris d’une planche renversée qui conduisait d’une galère sur une autre ; on sonde l’eau qui se trouve au-dessous, et l’on y trouve lé corps inanimé de Fiesque, que la pesanteur de ses armes avait enfoncé dans la vase. Le bruit de sa mort se répand : Jérôme en est averti. Quatre sénateurs envoyés pour recevoir les conditions du chef de la conjuration, lui demandent où est son frère ; Jérôme troublé leur répond que le comte de Lavagna n’est plus, et que c’est à lui qu’il faut se rendre. Alors on se hâte de porter cette nouvelle au sénat. En un instant les deux partis changent d’attitude : les vainqueurs demandent grâce et les vaincus pardonnent. Quand le vieux Doria rentra dans Gènes, il fit révoquer l’amnistie accordée par le sénat. Le corps de Fiesque fut rejeté à la mer, son palais rasé, et son nom voué à l’infamie. On proscrivit ses frères, et tous ceux qui avaient pris part à la conjuration furent bannis pour cinquante années. Jérôme, Verrina, Sacco et Calcagno, renfermés dans la forteresse de Montobio, s’y défendirent pendant quarante jours ; mais enfin ils furent pris et portèrent leur tête sur un échafaud. Il ne restait de l’illustre maison de Fiesque, qu’Ottobon et Scipion, le dernier âgé de dix ans. Doria les enveloppa dans un décret de bannissement, qui frappait toute la famille jusqu’à la cinquième génération. L’histoire de la conjuration de Fiesque a été écrite en italien par Mascardi. C’est cet ouvrage qu’imita le jeune Paul de Gondi, depuis cardinal de Retz : il s’exerçait ainsi à conjurer lui-même, et à écrire plus tard sa propre histoire. Le génie de Schiller a trouvé dans cet événement célèbre le sujet d’un de ses chefs-d’œuvre, et l’un de nos poètes modernes l’a fait passer avec succès sur la scène française. 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