Départements français Histoire des départements français. Les événements, histoire de chaque département : origine, évolution, industries, personnages historiques Histoire du département des Côtes-d’Armor (Région Bretagne) Publié / Mis à jour le jeudi 28 janvier 2010, par LA RÉDACTION Temps de lecture estimé : 10 mn Le département des Côtes-d’Armor occupe, avec celui du Morbihan, le milieu de la péninsule armoricaine, dont les départements d’Ille-et-Vilaine et du Finistère forment les extrémités. Il doit à cette situation la variété de caractères qui le distingue et qui peut, permettre de le diviser en trois régions différentes : le pays de Saint-Brieuc appartient à la haute Bretagne, celui de Lannion et de Tréguier à la basse, et l’on donne le nom de Bretagne moyenne au pays qui environne Dinan. A mesure qu’on traverse le département de l’est à l’ouest, on sent que l’on approche du Finistère ; on le reconnaît à l’extérieur des habitants, à leurs mœurs, à leur langage. Suivant les expressions de M. Pitre-Chevalier, une ligne tracée de l’embouchure de la Vilaine à Châtelaudren (entre Saint-Brieuc et Guingamp) peut être considérée comme la muraille chinoise de l’idiome breton, et les brèches faites à ce rempart par le commerce et la civilisation n’ont guère enlevé au vieux langage que les villes, les ports et les endroits fréquentés de la côte. La circonscription départementale des Côtes-d’Armor n’a donc d’autre unité que l’unité administrative. Aux temps les plus anciens, avant l’occupation romaine, plusieurs peuples s’en partageaient le territoire. C’étaient les Curiosolites, les Lexobiens, les Ambiliates, les Osismiens. Les Curiosolites avaient pour capitale une ville quia conservé la trace de leur nom dans le sien : c’est Corseul, dont nous aurons occasion de reparler dans un article spécial. Le domaine des Curiosolites s’étendait, selon d’Anville, jusqu’au pays d’Yffiniac, dont le nom aurait la même signification que ce terme latin ad fines, employé si souvent par les anciens géographes pour marquer des bornes et des limites. Les antiquités mégalithiques sont moins nombreuses dans le département des Côtes-d’Armor que dans ceux du Finistère et du Morbihan. Néanmoins, on y rencontre aussi des peulvens, des dolmens, des pierres branlantes, dont la plus remarquable est celle de l’île de Bréhat, et des tumulus, parmi lesquels on cite celui de Lancerf. L’époque romaine a laissé plus de traces. Nous ne reviendrons pas ici sur la conquête de Jules César. Les Osismiens, les Curiosolites tes prirent leur part à la résistance générale de l’Armorique, et succombèrent dans la défaite commune. Incorporé dans l’empire romain, leur territoire fit partie de la troisième Lyonnaise. En revanche, ils eurent des édifices, des voies romaines. La disposition de ces voies, telle qu’on peut l’observer par leurs débris, indique clairement que Corseul fut considérée, sous l’empiré romain aussi bien qu’auparavant, comme le centre de la contrée ; c’est de ce point qu’elles rayonnent dans des directions différentes. L’une se dirigeait vers Vannes et traversait les étangs de Jugon. Elle n’avait pas moins de 20 ou 24 pieds de largeur et était élevée de 4 ou 5 pieds au-dessus du sol environnant. Une autre conduisait à Quintin. Deux autres, enfin, à Dinan et à Dinart. D’autres souvenirs romains se rencontrent à Pordic, où l’on montre un camp de César, de forme triangulaire, situé sur de hautes falaises et flanqué, d’un côté, par la mer, de l’autre, par un profond vallon où coule la rivière d’Ik. À l’un des angles se voient les ruines d’u ne tour. Quoique César ne paraisse pas avoir passé en personne par le pays qui nous occupe, néanmoins il est fort possible, comme on l’a conjecturé, que son lieutenant Titurius Sabinus, qu’il envoya avec trois légions pour tenir en respect les Curiosolites et les Lexobiens, ait pris un campement dans le lieu auquel s’est attaché, par la suite, le nom immortel du conquérant. C’est avec moins de vraisemblance qu’on a prétendu voir dans la petite ville de Binie le Portus Iccius où César s’embarqua pour passer dans la Grande-Bretagne, et que l’on place aujourd’hui, sans contestation, à Wissant, dans le département du Pas-de-Calais. On ne saurait nier, du reste, que Binic n’ait eu jadis une importance qu’elle a perdue depuis. A deux reprises, en 1808 et en 1824, la mer a laissé à découvert les ruines d’un vaste édifice, qui semblait sortir des flots pour en faire foi. Cet édifice avait 80 pieds de longueur sur 40 de largeur, et ses murs, que quelques savants croient de construction antique, recelaient 200 médailles d’empereurs romains et des pièces espagnoles à l’effigie de Charles-Quint. Corseul, Erquy nous ramèneront encore à l’époque romaine. C’est sur ce rivage, où nous venons de signaler des débris de la puissance romaine, que mirent le pied les Bretons insulaires fugitifs qui vinrent s’établir, au IVe et au Ve siècle, dans l’Armorique. L’un d’eux, du nom de Fracan ou Fragan, qui faisait partie de la suite de Conan dit Mériadec, s’arrêta en 418 sur les bords du Gouët, petite rivière du département, dont le nom tragique semble cacher quelque mystérieuse horreur des temps inconnus à l’histoire. Gouët ou Gouat, en effet, dans la langue celtique veut dire sang, et le pays arrosé par cette rivière s’appelle Gouetlod où Gouello (Goëllo), c’est-à-dire Pays du sang. C’est donc dans des lieux que s’établit Fragan avec ses compagnons, et l’endroit qu’il choisit pour sa résidence porte encore aujourd’hui le nom de Ploufragan, peuple de Fragan, plou ou plé ayant cette signification dans la langue bretonne. Ce lieu et ce personnage intéressent toute la Bretagne, qui leur doit un de ses saints les plus vénérés, le fameux saint Guignolé. C’est là, en effet, que Guen, femme de Fragan, mit au monde trois fils et une fille, qui eurent tous l’insigne honneur d’être inscrits au catalogue des saints. Les fils avaient nom Guignolé, Jacut et Guétenoc ; la fille, Creirvie. Mis fort jeune sous la conduite d’un saint homme appelé Ludoc, Guignolé y fit les progrès les plus rapides dans les voies de la sainteté, et, à son tour, eut des disciples. Sa renommée le rit choisir par le roi Gradlon pour diriger le fameux monastère de Landevenec, que ce prince venait de fonder. Saint Guignolé y établit une règle austère, qui paraît être la même que celle suivie à cette époque en Angleterre, en Écosse et en Irlande. Saint Jactit, frère de Guignolé, fonda de son côté un monastère qui porta son nom. Ce sont les deux plus anciens qui aient été fondés en Bretagne. Nous parlerons ailleurs d’Audren, chef puissant, qui résida dans la contrée vers la fin du Ve siècle. Vers la même époque se fondaient le monastère et la ville de Saint-Brieuc. Les autres chefs du pays qui se succédèrent vers ce temps nous apparaissent dans les légendes et les romans comme les compagnons de gloire d’Arthur et de Hoël le Grand. Quelquefois ils portaient le titre de roi, et l’on vit souvent les prétendants à la couronne de Bretagne obligés de traiter avec eux. A la mort du roi Salomon (874), les comtes de Goëllo, se prétendant issus des anciens souverains de Bretagne, prirent les armes pour soutenir leurs prétentions ; mais ils échouèrent, et la victoire demeura aux comtes de Vannes, leurs concurrents. Un peu plus tard (939), on vit l’un d’eux contribuer puissamment an gain de la bataille livrée aux Normands près de Saint-Brieuc par Alain Barbe-Torte. C’étaient de puissants seigneurs qui gouvernaient presque en souverains une grande étendue de terre et de nombreux vassaux. L’usement de Goëllo, qui subsista jusque dans le XVIIIe siècle, est une preuve de l’indépendance dont ils jouissaient. Toutefois, leur puissance ne tarda pas à s’éclipser. Leur comté fut réuni à celui de Rennes, puis détaché, ainsi que Penthièvre, en faveur des cadets des comtes de Rennes. Son histoire se confondit dès lors avec celle de Penthièvre jusqu’en 1480, que le duc François Il le donna à François légitimé de Bretagne, comte de Vertus. En 1746, il passa par héritage au prince de Soubise. La puissance déchue des comtes de Goëllo fut remplacée par la puissance naissante de la maison de Penthièvre. Cette ambitieuse maison date du XIe siècle. Le duc Geoffroy était mort en 1008, laissant deux fils, Alain qui lui succéda, et Eudon qui devint la tige de la branche cadette de la famille ducale, sous le nom de comte de Penthièvre. Eudon ne tarda pas à dévoiler les vues ambitieuses qu’il devait transmettre à ses descendants, et qui furent si longtemps une malheureuse cause de guerres civiles en Bretagne. Il fit la guerre à son frère, Alain V. Après la mort de ce dernier, au lieu d’exercer fidèlement la tutelle dont il avait été chargé sur son neveu, il l’emprisonna, et prit le titre de comte de Bretagne. Cette maison de Penthièvre tirait son nom de la situation même de ses domaines entre le Leff et le Treff ou Trieux et de la position de son château principal au confluent de ces deux rivières. Ce château s’appelait Pontreff ou Pontreo (Pontrieux). Qu’on ne s’étonne plus de trouver quelquefois au nom de Penthièvre la variante Ponthièvre. Le pays s’appelait Penthévrie ou Ponthévrie. Ce comté comprenait la ville de Saint-Brieuc, où Eudon et son fils Étienne résidèrent et furent inhumés. Plus tard, il s’étendit encore et comprit, outre le diocèse de Saint-Brieuc, une partie de celui de Tréguier ; en un mot, près d’un tiers de la Bretagne. C’était comme une petite province à part, qui avait ses coutumes, ses princes particuliers ; ceux-ci, presque absolus, faisaient à leur gré la paix ou la guerre, levaient des tailles ou des aides, exerçaient plusieurs autres droits régaliens, tenaient une cour brillante et donnaient aux principaux d’entre leurs vassaux le nom pompeux de barons. Le petit-fils d’Eudon, Alain le Noir, en épousant Berthe, héritière du duché de Bretagne, plaça le sang de Penthièvre sur le trône ducal, mais sans opérer la réunion des domaines de sa. famille qui demeurèrent à son frère aîné, Geoffroy Botherel. Cette alliance, qui eût semblé réconcilier la maison de Penthièvre et celle des ducs, ne fit qu’offrir de nouveaux motifs à la discorde. En effet, l’héritage des Penthièvre ayant passé plus tard à une branche collatérale, celle qui portait la couronne ducale se crut lésée, et Alix, héritière du duché, se sentit disposée à disputer ces riches domaines à celui qui les possédait, Henri d’Avaugour. La sage idée d’un mariage qui eût confondu les droits et terminé le différend avait été quelque temps adoptée, et même des fiançailles avaient eu lieu. Mais le roi de France, alors très puissant (on était au XIIIe siècle), s’opposa à une alliance qui devait donner trop de puissance aux souverains bretons, Son influence fit rompre les fiançailles, et Alix épousa un prince français, Pierre de Dreux, surnommé Mauclerc. Les deux partis prirent aussitôt les armes : Henri pour se venger de l’affront qui lui avait été fait, Pierre Mauclerc pour- faire valoir les prétentions de sa femme. La guerre se fit à l’avantage de ce dernier, qui s’empara des terres de Tréguier, Guingamp, Saint-Brieuc, Lamballe, et réduisit Henri à se contenter du titre d’Avaugour qu’il transmit à sa postérité dépouillé de tous les autres. Mauclerc fit don de Penthièvre à sa fille, Yolande de Bretagne (1236) ; plus tard, Jean III le donna en apanage à son frère Gui de Bretagne, mais avec des restrictions importantes : par exemple, il se réserva le fort château de Jugon, situé sur une hauteur appelée autrefois Jugum par les Romains ; telle est l’origine de ce nom, qui s’applique non seulement à la montagne, mais aussi aux vastes marais qui en défendent les approches, et qui sont formés par un épanchement des eaux de l’Arguenon. Jean III se réserva, outre le droit de bris, les émoluments de l’amirauté et la garde des églises ; par cette réserve, les églises cathédrales et les abbayes qui étaient dans l’apanage de Gui de Bretagne turent soustraites à sa juridiction et demeurèrent toujours dans la suite exemptes de la juridiction des Penthièvre. Gui de Bretagne n’eut qu’une fille, et ce fut cette fameuse Jeanne la Boiteuse qui épousa Charles de Blois et lui porta deux magnifiques héritages : celui du comté de Penthièvre, qu’elle tenait de son père, et celui du duché de Bretagne, qui lui revint de plein droit à la mort de Jean III, mort sans postérité. Malheureusement, un autre prétendant saisit l’occasion de cette interruption de la ligne masculine sur le trône ducal pour se jeter à la traverse et faire valoir des droits que les coutumes féodales rendaient illégitimes. C’était Jean de Montfort, et de ce moment commença, entre lui et Charles de Blois, cette lutte acharnée à laquelle Jeanne prit une part si active et si glorieuse. Montfort l’emporta, et Jeanne la Boiteuse, dont les enfants étaient retenus prisonniers en Angleterre, dut souscrire au traité de Guérande (1365), qui ne lui laissait que le comté de Penthièvre. Du moins, ce comté avait été constamment défendu avec succès contre l’allié des Anglais ; le château de Jugon avait même été repris et rattaché au comté. Comme il n’y avait pas de communes en Penthièvre, Montfort, qui partout ailleurs s’appuyait sur elles, n’avait là aucun parti et aucune prise. Les Penthièvre trouvèrent bientôt un allié puissant. Le connétable de Clisson, ennemi mortel de Montfort, devenu Jean IV, usa de son influence pour faire mettre en liberté les enfants de Jeanne la Boiteuse, et Jean de Blois, l’un d’eux, épousa sa fille. Ce mariage important, qui réunit contre les nouveaux ducs de Bretagne les forces éloignées des deux plus puissantes maisons du duché, fut célébré à Moncontour en Penthièvre, en présence des plus illustres seigneurs de Bretagne, les sires de Laval, de Léon, de Derval, de Rochefort, de Beaumanoir et de Rostrenen. Jean IV ne pardonna pas à Clisson une alliance dont le but était si évident, et nous avons raconté ailleurs (Morbihan) comment il l’attira au château de l’Hermine pour le faire périr. N’ayant pas eu le courage de consommer son forfait, il eut à soutenir une guerre terrible dont le comté de Penthièvre fut le principal théâtre. Tout le comté s’était soulevé. à l’instigation de la belle et vindicative Marguerite de Clisson, qui ne rêvait pour elle-même et pour ses enfants que cette couronne ducale injustement enlevée aux Penthièvre. Elle se lassa moins vite que son père et, tandis qu’il faisait la paix avec Jean IV, elle continua de soulever le pays, et s’efforça de l’entraîner lui-même dans de nouvelles entreprises ; elle ne craignait point de l’exhorter même à l’assassinat. Le connétable repoussa ces coin lots avec indignation ; mais il mourut, et Marguerite, dégagée d’une dépendance qui pesait à sa vengeance et à son ambition, prit les allures d’une souveraine, leva des impôts dans son comté, malgré les défenses du duc et des états de Bretagne, et refusa constamment d’acquiescer aux conditions d’arrangement négociées entre son fils Olivier et le duc. Douze sergents lui furent envoyés pour l’ajourner à comparaître devant ce dernier. Plusieurs ayant eu l’audace de porter la main sur elle, elle les fit tuer sur-le-champ. Jean IV demanda des secours aux Anglais, qui débarquèrent dans l’île de Bréhat et la ravagèrent ; plusieurs places de Penthièvre tombèrent en son pouvoir. Marguerite céda, mais pour commencer aussitôt un autre genre de guerre, une guerre de perfidie et de guet-apens. Il ne fut point difficile à celle que les vieux historiens appellent la méchante Margot de feindre une réconciliation sincère et même un vif attachement pour les enfants de Jean IV. C’est par ces moyens odieux qu’elle réussit à attirer la duc au guet-apens de Chantoceaux et à se rendre maîtresse de sa personne. Mais c’était trop d’audace et de duplicité. La Bretagne, lasse des troubles qu’excitait sans cesse une ambition avilie par les moyens mêmes qu’elle employait, s’indigna du forfait et comprit qu’il valait cent fois mieux conserver Jean IV que de s’exposer à tomber sous le joug de Marguerite. Les seigneurs prirent tous les armes. Le comté de Penthièvre fut envahi, la plupart des châteaux rasés, et les Penthièvre, dépouillés de tous leurs biens, allèrent porter en France leur orgueil humilié et leurs opiniâtres projets de vengeance (1420). Un accommodement ménagé par le connétable de Richemont rendit le comté de Penthièvre à Jean, frère d’Olivier et fils de Marguerite. Jean mourut sans enfants. Nicole de Bretagne, sa nièce et son héritière, porta le comté de Penthièvre à son mari, Jean de Brosse, vicomte de Boussac et maréchal de France. Ce nouveau comte de Penthièvre, moins peut-être par les motifs de haine qui avaient animé les anciens comtes que par attachement à la couronne de France, se déclara pour le roi dans la guerre du Bien publie, et se fit ainsi dépouiller à son tour par le duc François Il. Le comté de Penthièvre passa successivement à plusieurs maîtres différents, et ne revint aux de Brosse qu’après la réunion définitive de la Bretagne à la France. En 1535, François Ier céda à Jean de Brosse, quatrième du nom, tout ce qu’il tenait du comté de Penthièvre, et ce seigneur abandonna au roi tous les droits qu’il pouvait avoir sur le duché par représentation de Nicole de Bretagne, sa bisaÏeule. Le comté de Penthièvre avait été diminué des châtellenies de Châtelaudren, Lanvollon, Painipol, érigées par le duc en baronnie sous le nom d’Avaugour. En 1569, Charles IX, pour récompenser la fidélité des comtes de Penthièvre, érigea leur fief en duché-pairie, litre glorieux, mais qui ne rendait pas aux Penthièvre la puissance des anciens comtes. Peu de temps après, une alliance porta ce fief à Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercoeur, celui que la ligue de Bretagne a rendu si célèbre. Cela fut cause que le territoire de Penthièvre fut un des théâtres des guerres de religion. Nous dirons ailleurs comment Lanoue périt au siège de Lamballe. Françoise de Lorraine, fille et unique héritière de Mercoeur, épousa César, duc de Vendôme, fils légitimé de Henri IV. C’est Louis-Joseph, fils de César, qui s’illustra, sous le nom de Vendôme, par tant de victoires vers la fin du règne de Louis XIV. N’ayant pas d’enfants, et d’ailleurs grand dissipateur, il vendit son duché de Penthièvre à la princesse de Conti, qui, à son tour, le revendit à Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse (1696). Enfin, au XVIIIe siècle, la petite-fille du comte de Toulouse le porta dans la maison d’Orléans par son mariage avec le duc de Chartres. A cette époque, malgré tant de démembrements, le duché de Penthièvre formait encore une des plus belles seigneuries du royaume. Il s’étendait depuis les portes de Saint-Malo jusqu’à celles de Morlaix, moins quelques enclaves, et contenait environ trois journées de chemin de longueur et une de largeur. Il avait pour bornes, à l’est, l’évêché de Saint-Malo ; au sud, le duché de Rohan à l’ouest, le comté de Goëllo et la baronnie d’Avaugour, qui étaient des juveigneuries de Penthièvre. Plus de deux mille gentilshommes relevaient de ce duché, dont l’histoire, comme on en peut juger, est assez exactement celle du département des Côtes-d’Armor. Nous y ajouterons cependant la mention d’une descente opérée sur la côte de Saint-Cast par les Anglais en 1758, descente qui ne tourna pas à l’avantage des envahisseurs. La duc d’Aiguillon les battit le 11 septembre de la même année, et les obligea de se rembarquer huit jours après leur débarquement. Une médaille fut frappée en mémoire de cet événement ; on y voyait, entre autres figures, celle d’un guerrier armé de la foudre avec cette légende : Virtus nobilitatis et populi Armorici. Pendant la Révolution, les Côtes-d’Armor ne prirent qu’une faible part à la guerre civile ; elles n’en furent troublées qu’à l’époque de l’expédition de Quiberon (1795). C’est sur ce territoire que fut défaite une division de cette armée rouge qui s’était recrutée de paysans bretons revêtus de l’uniforme anglais. Le chevalier de Tinteniac, qui commandait cette troupe, fut tué dans l’action. Même rubrique > voir les 95 ARTICLES Saisissez votre mail, et appuyez sur OKpour vous abonner gratuitement Vos réactions Prolongez votre voyage dans le temps avec notreencyclopédie consacrée à l'Histoire de France Choisissez un numéro et découvrez les extraits en ligne ! Numéro ? 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