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Le diamant Hope maudit

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Légendes, Superstitions
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Diamant (Le) Hope maudit
(Source : Forbes)
Publié / Mis à jour le mardi 7 janvier 2020, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 6 mn
 
 
 
Le diamant Hope suscite depuis des siècles à la fois crainte et fascination. Découvrez l’origine de ces légendes et partez à la rencontre de la pierre précieuse la plus célèbre de l’histoire.

Au début du XXe siècle, la maison de joaillerie Cartier assiste à l’arrivée de clients de plus en plus prestigieux dans sa boutique de New York. Pierre Cartier, petit-fils du fondateur de la marque éponyme, insiste alors sur le devoir d’authenticité de l’entreprise en déclarant : « Nous ne devons jamais perdre notre réputation actuelle, en d’autres mots, nous ne devons vendre que des gros bijoux ».

C’est dans cette optique que Pierre Cartier décide d’investir en 1910 dans une pierre précieuse aussi imposante qu’importante, prenant des risques considérables. S’il ne parvient pas à la vendre, la maison Cartier accusera une perte si importante que sa survie pourrait être en péril. Mais le jeune homme est sûr de lui et affirme que le jeu en vaut la chandelle, conscient de la convoitise des grandes fortunes américaines pour des diamants toujours plus gros.

Le diamant Hope
Le diamant Hope

Certains bijoux portent en eux toute une histoire qui retentit sur ses propriétaires successifs, et c’est le cas du diamant Hope de 45,52 carats, réputé maudit. Depuis sa découverte en Inde au XVIIe siècle par Jean-Baptiste Tavernier, un commerçant itinérant français, de nombreuses personnes liées de près ou de loin à la pierre précieuse auraient connu un destin tragique.

Si l’on en croit les légendes, certains propriétaires du Hope (qui porte ce nom depuis son rachat par la banque britannique Hope & Co. au XIXe siècle) auraient été déchiquetés par des chiens à Constantinople, abattus sur scène et même, dans le cas de Marie-Antoinette et de Louis XVI, qui avaient hérité de la pierre, décapités lors du point d’orgue de la Révolution française.

Plusieurs mois après l’ouverture de la branche new-yorkaise de la joaillerie par Pierre Cartier, la maison rachète le fameux joyau à Paris. Le Hope est alors déjà passé entre plusieurs mains, de Simon Frankel, un courtier américain, à un collectionneur turc, en passant par le joaillier français Rosenau, qui le vend à Cartier pour 500 000 francs (soit environ 2 millions d’euros). La pierre est certes magnifique, mais trouver un client suffisamment fortuné pour en faire l’acquisition n’est pas chose aisée, d’autant plus qu’une réputation maudite entoure le Hope. Dans le cas de Simon Frankel, il aura fallu sept ans avant de trouver un acheteur, et entre-temps le courtier avait dilapidé sa fortune à tel point qu’il décida de vendre le diamant à un prix dérisoire pour se refaire.

C’est alors que Pierre Cartier, fort de son expérience et de son carnet d’adresses de plus en plus impressionnant, entre en jeu. Lui et ses frères, Jacques et Louis, sont alors en vogue à Paris, où les meilleures pierres précieuses sont proposées sur le marché. Ils font passer le mot de leur acquisition record jusqu’aux États-Unis, où ils savent qu’ils pourront trouver une héritière avide de posséder un bijou unique, en provenance de la capitale française. Malgré les avertissements publiés dans la presse dès 1908, les trois frères ne se laissent pas abattre : « Certains disent que les diamantaires ne retrouveront jamais leur ancien avantage dans le secteur tant que le diamant Hope est en leur possession ». En réalité, loin d’être découragé par la prétendue malédiction, Pierre Cartier est persuadé que la notoriété du joyau peut agir en sa faveur. Il a même déjà une idée de cliente à qui il pourrait vendre le célèbre bijou.

La cliente en question est l’héritière américaine Evalyn Walsh McLean, qui souhaite posséder toujours plus de bijoux. La milliardaire est à la tête d’une fortune démesurée grâce à son père, qui avait trouvé de l’or dans l’une des plus grandes mines d’Amérique. En 1908, à l’âge de 22 ans, Evalyn épouse Ned McLean, 19 ans, descendant de la célèbre famille propriétaire du Washington Post. Le jeune couple a alors plus d’argent que de bon sens, et la future propriétaire du Hope admet : « Cela ne sert à rien de me reprocher mon amour des bijoux. Je n’y peux rien si c’est ma passion. Ils me rassurent et me rendent heureuse. En vérité, c’est quand je ne porte pas de bijoux que certains membres de ma famille appellent un médecin, car c’est un signe que je suis en train de tomber malade ».

Pierre Cartier
Pierre Cartier

Par le passé, Evalyn Walsh McLean a déjà rencontré la famille Cartier, lors de sa lune de miel avec Ned à Paris, en 1908. Deux ans plus tard, au retour du couple dans la capitale, Pierre Cartier demande à les voir dans leur hôtel, car il sait que les jeunes gens apprécient les bijoux imposants et espère donc les convaincre de faire une folie en devenant propriétaires du diamant Hope. La milliardaire décrit le joaillier comme très mystérieux, puisque celui-ci se contente de placer devant le couple un intrigant paquet scellé.

Face à la curiosité des riches héritiers, Pierre Cartier retrace l’histoire fascinante de la pierre précieuse, des joyaux de la couronne de France pendant plus d’un siècle à la demeure d’un seigneur de Londres, en passant par la collection d’un sultan turc, avant d’arriver dans leur chambre d’hôtel, à Paris. Lorsqu’il dévoile le joyau, son public est captivé, mais malheureusement cela ne suffit pas à convaincre Evalyn et Ned McLean. Que ce soit à cause de l’environnement ou de la malédiction, ou même pour des raisons financières, le couple n’est pas aussi enchanté que prévu et Pierre Cartier repart bredouille.

Déçu, mais convaincu que les McLean sont les clients parfaits pour le diamant bleu, Pierre Cartier passe au plan B. Il envoie le joyau en Amérique et change le sertissage en un cadre ovale de petits diamants, qui rehausse le Hope au centre. Il le montre de nouveau à Evalyn McLean, cette fois-ci plus intéressée, mais pas encore convaincue. Mais le joaillier connaît la faiblesse de sa cliente potentielle pour les pierres précieuses, et propose de lui prêter le bijou pendant quelques jours, soupçonnant qu’une fois qu’elle l’aurait en sa possession, il lui serait presque impossible de le rendre.

La jeune femme mord à l’hameçon et ce soir-là, avant d’aller se coucher, elle place le diamant sur sa commode : « Pendant des heures, ce bijou m’a regardée fixement, et à un moment de la nuit, j’ai commencé à vouloir vraiment le posséder. J’ai alors mis la chaîne autour de mon cou et j’ai accroché ma vie à la sienne, pour le meilleur et pour le pire ». Le lendemain, Pierre Cartier apprend que le jeune couple souhaite acheter le Hope. Le prix fixé est de 180 000 $ (environ 5 millions d’euros aujourd’hui), avec un premier versement de 40 000 $.

La famille Cartier est soulagée. Avoir une si grosse pierre précieuse en stock avait fait des ravages dans les caisses de l’entreprise, qui s’apprêtent à être renflouées. Mais comme pour de nombreux clients privilégiés, le processus de vente ne s’avère pas aussi simple que prévu. Plusieurs semaines après la signature du contrat et la remise de la pierre précieuse au jeune couple, Pierre Cartier n’a toujours pas reçu de paiement.

Evalyn Walsh McLean
Evalyn Walsh McLean

À la demande de ses clients, le joaillier avait inséré une clause liée à la malédiction dans le contrat, visant à apaiser les pires craintes du couple (les clients pouvaient en effet échanger le joyau contre des bijoux de valeur équivalente en cas de décès sous six mois). Cela ne suffit pas pour Evalyn Walsh McLean, qui tente même de renvoyer le diamant à la maison de joaillerie. Pierre Cartier refuse et rend le collier à ses propriétaires, accompagné d’une demande de paiement. En mars 1911, deux mois après l’accord de vente, le jeune homme est tellement frustré par les manigances de ses clients pour repousser le paiement qu’il décide, avec ses frères, d’intenter une action en justice contre les McLean.

Finissant par prendre conscience que la justice ne serait pas de son côté, Evalyn Walsh McLean change d’avis et se résigne finalement à payer pour le diamant, mais pas avant de l’avoir amené à l’église pour une bénédiction. Elle est perplexe au sujet de la malédiction, mais May Yohe, l’ex-femme de Thomas Hope et ancienne propriétaire du diamant, l’avait avertie dans un article publié en mars 1911, ce qui terrorise la jeune femme. Le moment venu, alors que le joyau attend sa bénédiction sur un coussin de velours, des éclairs auraient illuminé le ciel et le bâtiment aurait tremblé. Nombreux sont ceux qui auraient pu prendre ces signes comme un avertissement, mais pas Evalyn. La vente est finalement conclue début 1912, et le jeune couple revend un pendentif serti d’une émeraude, acheté quelques années auparavant, pour payer le diamant Hope.

Financièrement parlant, la vente du Hope n’est pas une réussite pour Cartier. Après tous les frais juridiques, la maison accuse le coup. Le procès-verbal de la réunion du conseil d’administration de l’époque indique : « Après avoir examiné nos frais juridiques, nous avons décidé d’être plus stricts. À l’avenir, nous devrons réfléchir très attentivement avant de consulter un avocat. Nous l’éviterons autant que possible ». Pourtant, Pierre Cartier ne s’avoue pas vaincu et assure que le jeu en valait la chandelle.

Grâce à cette transaction, Cartier se fait une réputation à New York. Tous les salons mondains sont fascinés par les péripéties du couple McLean, et la mystérieuse malédiction fait couler beaucoup d’encre. Les Cartier, initialement réticents à se faire de la publicité sur cette affaire (notamment Louis, qui ne veut pas entacher la réputation de la maison auprès des familles royales), finissent par apprécier de voir leur nom diffusé dans la presse. Evalyn Walsh McLean, ravie de la notoriété du joyau, ne manquera pas une occasion pour l’exhiber. Elle attachera même le diamant autour du cou de son dogue allemand, Mike, ou organisera de somptueuses garden-partys où elle cache le Hope dans les buissons et insiste pour que ses invités le cherchent lors de son jeu préféré : Find the Hope.

La facture du diamant Hope, vendu en 1912 par la maison Cartier au couple McLean pour 180 000 $
La facture du diamant Hope, vendu en 1912 par la maison Cartier au couple McLean pour 180 000 $

La milliardaire gardera le diamant pour le restant de ses jours, et bien qu’elle n’ait jamais cru en la malédiction, elle souffrira de nombreux coups du sort au fil des ans. Son mari finira par s’enfuir avec une autre femme et mourra dans un établissement psychiatrique. Le journal familial, The Washington Post, fera faillite mais, pire encore pour Evalyn Walsh McLean, son fils sera tué dans un accident de voiture et sa fille mourra d’une overdose.

Pendant la Grande Dépression, Evalyn Walsh McLean se verra forcée à mettre en gage le diamant Hope pour 37 500 $, dans une tentative de dernière minute pour empêcher la saisie d’une de ses demeures. Aujourd’hui, le précieux joyau trône en toute sécurité au National Museum of Natural History de Washington et attire plus de sept millions de visiteurs par an. Sa valeur actuelle est estimée à environ 350 millions de dollars.

Forbes
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