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Histoire du costume, costumes anciens : quinzième siècle (XVe), sous Charles VI

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Mode, Costumes
Variations des costumes depuis les Gaulois jusqu’au XIXe siècle. Histoire du costume, vêtement, coiffures, chaussures. Mode vestimentaire
XVe siècle (Costumes des hommes au),
sous le règne de Charles VI
(D’après un article paru en 1847)
Publié / Mis à jour le dimanche 17 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

Costume civil
Le costume avait été incommode au commencement du quatorzième siècle à cause de l’ampleur des vêtements ; il était devenu ridicule par le défaut contraire sous le règne de Charles V. Il fut à la fois incommode et ridicule sous Charles VI, par l’imagination où l’on se mit d’accorder le goût du règne précédent avec celui des temps anciens, en renchérissant, comme c’est l’usage des imitateurs, sur ce que l’un et l’autre avaient de vicieux. Un nouveau système d’ajustement permit aux hommes comme aux femmes les habits collants à l’excès ou flottants sans mesure. Le signe caractéristique de ce changement fut l’adoption de la houppelande à la place du surcot, du manteau, de la cloche, de la housse, enfin de toutes les sortes de vêtements de dessus usités jusque là.

Habillement des hommes
Le surcot, que nous avons vu se réduire à une tunique étroite, se portait, si on s’en souvient, par dessus une autre tunique appelée cotte. La cotte dépassait le surcot de quelques doigts en longueur et descendait ainsi jusqu’au-dessus des genoux. Telle elle était encore en 1380, telle elle n’était plus en 1390, ayant changé tout à la fois de destination, de coupe et de nom. On avait fait d’elle l’habit principal en la raccourcissant de tout ce qui dépassait la ceinture, et elle s’appelait pourpoint à cause de sa ressemblance avec le gilet militaire désigné sous ce nom.

Figure de marchand, sculptée sur une cheminée du musée des Thermes

Figure de marchand, sculptée
sur une cheminée du musée
des Thermes

Qu’eût dit alors le religieux de Saint-Denis, si chagrin en 1350 de ce qu’avec la mode du temps, les laïques ne pouvaient se baisser sans montrer leurs braies ? Les braies ne faisant plus qu’un avec les chausses, collantes comme elles n’avaient jamais été, découvertes jusqu’au-dessus des hanches, laissaient voir les hommes dans un état voisin de la nudité.

La houppelande, il est vrai, fut un palliatif à cet état de choses. Le confortable l’avait fait naître ; les convenances exigèrent qu’elle fût pièce indispensable du costume habillé. On appelait houppelande une sorte de redingote ou mieux encore de robe de chambre, tantôt longue, tantôt courte, mais garnie dans tous les cas de manches traînant à terre. Un collet droit et montant la tenait assujettie au cou ; elle était ajustée de corsage et serrée à la taille par une ceinture. La jupe, fendue par devant, flottait et s’ouvrait en raison de sa longueur. Les étymologistes se sont fort escrimés sur l’origine du mot houppelande, et cela sans arriver à quelque chose de bien victorieux. Les plus autorisés se sont rabattus à dire que le nom était tel parce que l’usage du vêtement avait été importé de l’Upland, une province de la Suède.

Il est vrai que des modes sont venues de plus loin et de pays encore plus ignorés ; mais il est vrai aussi que les Italiens, avant que nous eussions la houppelande, se servaient d’un habit appelé pelando, et que pour pour les Provençaux, intermédiaires obligés entre les Italiens et les Français, il pelando était lou peland. Ne serait-ce pas là le vrai chemin par où nous seraient venus à la fois le nom et la chose ? Quoi qu’il en soit, c’est tout à la fin du règne de Charles V qu’on voit figurer dans la dépense des princes les premières houppelandes ; c’est après sa mort que l’usage en devient général. Tel fut le succès de cette mode qu’elle se répandit jusque dans les campagnes.

Un inventaire de 1394 énumère des « houppelandes plaines (unies), de draps de laine et de soie, les unes longues, les autres à mi-jambe, les autres au-dessus du genoul et les autres courtes ; et aussi de semblables houppelandes entaillées (brodées à jour), menuement ou grossement, en bendes (à raies obliques), à pelz (à raies verticales) et en quelconque autre manière. »

La nature du costume déterminait le plus ou moins de longueur de la houppelande. Pour aller au bal, elle était courte, si courte qu’on en voit sur les monuments qui couvrent à peine la naissance des cuisses. Pour les pages et les valets, il était de règle qu’elle descendît jusqu’au-dessus du genou ; c’était aussi la longueur consacrée pour le costume de chasse. Les houppelandes longues étaient de mise pour les réceptions ou la promenade.

D’abord on fourra les houppelandes, comme on avait fait les surcots ; puis tout d’un coup on se rabattit à les doubler de velours, de satin ou même d’étoffe de laine. Ce n’est pas qu’on eût pris les fourrures en dégoût ; mais il paraît que l’effroyable consommation de pelleterie qu’on avait faite au quatorzième siècle amena une disette dont l’Europe entière se ressentit. Les races de martres, d’hermines et de renards rouges ayant disparu presque entièrement de la Moscovie et de la Lituanie, où s’approvisionnait le commerce, la rareté des peaux devint telle, qu’on n’en eut plus comme on voulut, même avec son argent. Mais toujours un genre de prodigalité est prêt à succéder à un autre ; et parce que l’impôt rélevé par le fourreur cessa de peser d’une manière aussi désastreuse sur les fortunes, les gentilshommes de la cour de Charles VI ne laissèrent pas de se ruiner en habits.

L’extérieur de la houppelande profita seul des économies qu’on fut obligé de faire sur le dessous. Il n’y eut pas de décoration qu’on n’imaginât pour avoir la gloire de porter sur son dos des sommes incalculables. Les broderies à jour dont il est parlé ci-dessus ne sont rien. Dans ce qui nous reste des comptes de la maison d’Orléans, figure une dépense de 276 livres, que le duc Charles fit faire en 1414, pour avoir neuf cent soixante perles destinées à orner une houppelande sur les manches de laquelle étaient écrits en broderie les vers d’une chanson commençant par les mots : Madame, je suis tant joyeux, avec la musique de la même chanson, dont les portées étaient de broderie d’or et chaque note formée de quatre perles cousues en carré.

Présentation d'un ouvrage au duc de Bourgogne Jean sans Peur. D'après un manuscrit exécuté en 1409

Présentation d’un ouvrage au duc
de Bourgogne Jean sans Peur. D’après
un manuscrit exécuté en 1409

La miniature du duc Jean sans Peur, dont nous offrons le dessin, fera voir mieux que les descriptions l’effet de la houppelande sur le corps. Tous les personnages sont revêtus de cet habillement, excepté le présentateur, qui, en sa qualité de lettré, porte la robe des clercs. Celle du duc, qui se dégage le mieux à l’oeil, semble être, dans l’original, de satin ou de velours rouge. Elle est brochée d’or à grands ramages et fourrée de renard. On n’en voit point le collet, caché qu’il est par une double collerette de velours noir, garnie par le haut d’un passe-poil en tournure qu’on prendrait pour une fraise. Cette collerette s’appelait collière. Le collier du prince, qui est une chaîne avec pendeloques, fermée par un grand médaillon en joaillerie ; sa ceinture, formée d’un carcan d’or avec breloques qui y sont assujetties par des bouts de chaîne : tous ces objets sont autant de détails particuliers et caractéristiques du costume de 1400 à 1420.

Derrière le duc, à sa droite, se montre un jeune homme qui semble porter par dessus sa houppelande un baudrier avec franges et broderies, pareil à celui de nos suisses de paroisse. Cet ornement mérite qu’on le remarque : ce n’est pas un baudrier, mais une bande d’étoffe travaillée à l’aiguille et cousue diagonalement tant sur le corsage que sur la jupe de la houppelande. Le nom de cet objet est bien connu : c’est l’écharpe que les dames brodaient de leurs mains pour les chevaliers, et que les chevaliers portaient pour l’amour des dames.

Le couvre-chef du duc, comme celui du personnage placé derrière lui à sa gauche , est proprement le bonnet, coiffure peu gracieuse, mais que sa commodité a maintenue, malgré les variations de la mode. En dépit des plaisanteries, le bonnet de coton règne encore sur tout le nord-ouest de la France, et les Normands ni les Normandes ne semblent guère disposés à le jeter là de sitôt. Rien de plus ancien, partant rien de plus noble, en fait d’ajustement. Les textes établissent que, dès le douzième siècle, on portait des bonnets en France, et l’un des auteurs qui en parlent les assimile très bien à la coiffure antique appelée mitra, qui est le bonnet phrygien. Alors on faisait les bonnets d’une étoffe de laine appelée bonnette. « C’étoit certain drap, dit notre vieux lexicographe Caseneuve, dont on faisoit des chapeaux ou habillemens de teste, qui en ont retenu le nom et qui ont été appelés bonnets, de même que nous appelons d’ordinaire castors les chapeaux qui sont faits du poil de cet animal. »

Les bonnets se voient quelque peu sur les monuments du règne de Louis le Jeune, et très fréquemment sur ceux de Charles VI. Ils eurent l’honneur, à cette dernière époque, de faire partie du costume habillé. Tous les portraits qui nous restent de Jean sans Peur le représentent avec le même bonnet noir. Il faut croire que c’était sa coiffure d’affection ; mais il ne la portait pas le jour où il fut assassiné à Montereau, car les historiens nous apprennent qu’il fut mis en terre tel qu’on le releva de dessus le pavé ; c’est à savoir, habillé de pourpoint, de houseaux (bottes à l’écuyère) et d’une barrette.

Grand seigneur en houppelande et chaperon. Miniature d'environ 1410.

Grand seigneur en houppelande
et chaperon. Miniature
d’environ 1410.

La barrette ou béret est la casquette des Basques, que la mode française s’était appropriée dès la fin du treizième siècle. Les barrettes portées à la cour du temps de Charles VI étaient de poil, enrichies de perles sur le devant. Celles des docteurs, qui constituaient l’une des marques de leur dignité, étaient simplement de drap.

Le chaperon, qui régnait encore concurremment avec la barrette et le bonnet, était devenu, de capuchon que nous l’avons vu être à l’origine, un véritable turban. Il consistait alors en une longue bande d’étoffe en partie roulée autour de la tête, en partie retombant sur l’épaule. On retroussait et on mettait en évidence, sous le nom de patte, le bout de la partie roulée. La partie retombante s’appelait cornette. Pendant les guerres civiles, qui terminèrent d’une façon si déplorable le règne de Charles VI, le chaperon devint un signe de ralliement par la position respective de la patte et de la cornette. La cornette était portée à droite par les Bourguignons, et à gauche par les Armagnacs.

Cela donna lieu à une scène que raconte Jean Jouvenel des Ursins, comme s’étant passée dans l’une des visites que le peuple de Paris alla faire au roi en 1413 : « Lors estoit monseigneur le Dauphin à une fenestre, tout droit, qui avoit son chapperon blanc sur sa teste, la patte du costé dextre et la cornette du costé senestre, et menoit laditte cornette en venant dessous le costé dextre, en forme de bande. Laquelle chose apperceurent aucuns des bouchers et autres de leur ligue ; dont y eut aucuns qui dirent alors : Regardez ce bon enfant Dauphin, qui met sa cornette en forme que les Armagnacs le font ; il nous courroucera une fois ! »

Quant aux chaussures, elles étaient toujours pointues du bout, et consistaient en souliers, brodequins appelés bottes, et bottes molles dont on a vu, il y a un instant, que le nom était houseaux.

 
 
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