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4 mars 1832 : mort de l'égyptologue Jean-François Champollion

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4 mars 1832 : mort de l’égyptologue
Jean-François Champollion
(D’après « Nouvelle biographie générale depuis les temps
les plus reculés jusqu’à nos jours » (Tome 9), paru en 1855)
Publié / Mis à jour le lundi 4 mars 2024, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 6 mn
 
 
 
Premier à déchiffrer les hiéroglyphes, père de l’égyptologie, Champollion fit dire à Chateaubriand que « ses découvertes auront la durée des monuments immortels qu’elles nous ont fait connaître »

Célèbre orientaliste français, Jean-François Champollion naquit le 23 décembre 1790, à Figeac, dans le Lot. Élève de son frère, il montra dès son enfance les plus heureuses et les plus précoces dispositions pour l’étude des langues grecque et latine et pour le dessin ; il copiait, en guise de récréation, les alphabets hébreu, syriaque, éthiopien, et s’adonnait à l’étude de l’hébreu, ainsi qu’à celle des médailles, dont la bibliothèque de son frère renfermait les principaux ouvrages. On attribua même le défaut dans la position de son œil gauche à ses lectures pendant la nuit à la lumière d’une lampe mal placée pour l’éclairer.

Les inspecteurs généraux des études ayant été frappés de son aptitude et de son savoir, il fut nommé élève du gouvernement au Lycée, institution que le premier consul venait d’établir, et il sut faire marcher de front l’étude approfondie de l’hébreu, du chaldéen, du syriaque, de l’éthiopien et surtout de l’arabe. Il traduisit plusieurs parties de la Bible ; il fit aussi un extrait méthodique des géographes arabes ; enfin, voulant se faire auteur, il composa Sur les Géants de la Bible un mémoire pour démontrer que leurs noms, ramenés à l’étymologie hébraïque, étaient ceux des phénomènes naturels personnifiés et mis en scène. En 1806, cette dissertation fut envoyée à Millin, qui engagea le jeune orientaliste à venir à Paris. Plus tard on trouva dans les papiers de l’auteur la copie de ce mémoire, sur laquelle il avait écrit de sa main : ma première bêtise.

Jean-François Champollion. Gravure parue dans L'Égypte de Gaston Maspero (1881)

Jean-François Champollion. Gravure parue dans L’Égypte de Gaston Maspero (1881)

On s’occupait alors beaucoup de l’Égypte. Fréret, l’abbé Barthélemy et autres savants avaient dit que la langue copte était l’ancienne langue des Égyptiens. Le jeune lycéen pensa que les noms antiques des provinces et des villes de l’Égypte devaient appartenir à cette langue ; qu’en recueillant ceux qui se trouvent dans les auteurs grecs et latins, en dépouillant d’autres noms de leur enveloppe arabe et hébraïque et les appliquant aux localités, on pourrait reconstruire ainsi la géographie de l’Égypte pendant le règne des Pharaons ; il recueillit les matériaux nécessaires, arrêta le plan de l’ouvrage, dont il rédigea l’introduction, et il y exposa l’objet de ses recherches, qu’il résuma dans une carte dressée et dessinée de sa main. Cette introduction fut lue, le 1er septembre 1807, à l’Académie de Grenoble par l’auteur, alors âgé de seize ans.

Sur la recommandation du préfet, Fourier, qui avait fait partie de l’expédition d’Égypte, entretenait le jeune Champollion dans l’étude de ce merveilleux pays. Son frère le conduisit à Paris, où Fourcroy l’accueillit favorablement. Mis alors en rapport avec les savants et littérateurs tels que Millin, Langlès, Silvestre de Sacy, Chezy, Van Praet, amis de son frère, il profita de leurs conseils, et consacra toutes les journées à l’étude et aux leçons du Collège de France, de l’école des langues orientales ou au milieu des manuscrits de la Bibliothèque impériale, enrichie alors des manuscrits coptes provenant de la congrégation de la Propagande de Rome.

La langue copte était l’objet principal de ses études. A cette époque il reçut de Londres la gravure de l’inscription hiéroglyphique de Rosette. Son examen le convainquit qu’au moyen de la langue copte on devait parvenir à lire les inscriptions hiéroglyphiques. Il se créa donc une grammaire copte, qui fut l’objet de ses soins persévérants, ainsi que le Dictionnaire copte, qu’il augmenta jusqu’à ses derniers moments.

Après s’être perfectionné dans la connaissance de l’arabe, du persan et du sanscrit pour comparer les idiomes asiatiques entre eux, il commença en 1808 à pénétrer dans le secret de l’écriture hiéroglyphique, et en comparant les signes d’un papyrus démotique avec ceux de l’inscription de Rosette, il découvrit les vingt-cinq lettres égyptiennes mentionnées par Plutarque. Dès lors il prit l’habitude d’écrire avec ces caractères démotiques ses notes personnelles et familières, ou même à transcrire des textes coptes, et à en composer comme exercice de cette langue, qu’il cherchait à se rendre de plus en plus familière. C’est même sur une de ces compositions coptes écrites en caractères antiques qu’un savant académicien s’est trompé en la publiant comme un texte égyptien de l’époque des Antonins.

En 1809, à la création de l’université impériale, Champollion fut nommé professeur d’histoire à la faculté des lettres de Grenoble, et c’est du haut d’une chaire de province que furent mises en circulation les nouveautés que les plus curieuses recherches et les plus importantes découvertes de l’Europe savante et des voyageurs contemporains avaient acquises à la science, le tout appuyé de textes orientaux traduits pour la première fois.

En 1811 il publia ses Observations sur le catalogue des manuscrits coptes du musée Borgia (ouvrage posthume de Zoega). Il y fit remarquer un fragment contenant une série de Recettes contre les maladies de la peau, dont l’huile et le charbon sont la base curative. Pour imprimer l’ouvrage sur la géographie primitive de l’Égypte, des caractères coptes et grecs furent achetés à Paris et portés à Grenoble, et en mai 1811 trente exemplaires de l’Introduction suivie du Tableau géographique tout entier, en furent détachés. Ce prodrome, qui fit une grande sensation à Paris, ainsi que les articles détachés, Memphis et Thèbes, furent une prise de possession des recherches de Champollion.

Jacques-Joseph Champollion, frère aîné de Jean-François. Gravure parue dans Les Deux Champollion. Leur vie et leurs oeuvres (1887)

Jacques-Joseph Champollion, frère aîné de Jean-François.
Gravure parue dans Les Deux Champollion. Leur vie et leurs oeuvres (1887)

L’ouvrage parut dès 1814 ; son titre annonçait un travail général sur toutes les institutions égyptiennes, géographie, religion, langue, écriture, histoire de l’Égypte sous les Pharaons ; mais les deux volumes publiés ne contenaient que la Description géographique. Les matériaux pour les autres parties étaient amassés soigneusement ; les documents nouveaux, tirés des ruines de l’Égypte, étaient commentés, et l’auteur osa dire alors : « Cette étude suivie fortifie chaque jour davantage l’espérance flatteuse, illusoire peut-être, qu’on retrouvera enfin sur ces tableaux où l’Égypte n’a peint que des objets matériels, les sons de la langue et les expressions de la pensée. »

Fontanes, grand-maître de l’université, écrivit alors à l’auteur : « Vos savants travaux feraient oublier votre âge si l’on n’aimait à se le rappeler pour leur trouver encore un nouveau prix. » Sa notice sur les odes gnostiques coptes, attribuées à Salomon, suivit de près ce grand ouvrage présenté et dédié au roi. Par suite des troubles politiques d’alor (1815), Champollion dut se retirer avec son frère à Figeac, et c’est là qu’il refit son Dictionnaire copte et qu’il commença la transcription de sa Grammaire copte.

Chaque mot, selon les trois dialectes, y est rangé sous la racine mise à sa place alphabétique, laquelle est suivie de ses dérivés, de ses composés et de nombreux exemples corroborés par d’exactes citations ; il fit une seconde rédaction de ce Dictionnaire qui reçut ensuite de fréquentes additions faites à Paris, à Turin, à Rome et en Égypte.

De retour à Grenoble en 1818 ainsi que sont frère, celui-ci comme bibliothécaire et Champollion comme professeur d’histoire et de géographie, il donna ses observations sur les fragments coptes en dialecte baschmourique publiés par Engelbreth à Copenhague ; il y émettait sur l’origine et la constitution de ce dialecte une opinion dans laquelle il a toujours persisté.

Peu de temps après il revint à Paris, apportant la collection des tableaux de signes égyptiens qu’il avait fait lithographier à Grenoble. Dans l’Introduction il démontre que les signes hiératiques du système égyptien ne sont qu’une tachygraphie ou forme abrégée des signes hiéroglyphiques ou signes-portraits, que ces caractères tachygraphiques conservaient la même valeur que les signes dont ils étaient l’abrégé, et que leur nombre et leur valeur étaient semblables dans les deux systèmes. « C’était déjà, dit Silvestre de Sacy, un bon coup de pioche dans le filon égyptien », en entendant la lecture que fit Champollion à l’Académie de son mémoire Sur l’écriture hiératique, qui fut suivi d’un travail semblable Sur l’écriture démotique.

C’est le 17 septembre 1822 que Champollion lut à l’Académie des inscriptions son célèbre mémoire publié sous le titre de Lettre à M. Dacier où il prouva, par un recueil de cartouches extraits des monuments égyptiens, qu’il y lisait incontestablement les noms de Ptolémée, Alexandre, Bérénice, Arsinoé, Cléopâtre, etc., ainsi que le mot autocrator, et l’alphabet des hiéroglyphes était découvert. Le roi Louis XVIII, informé de cette découverte le soir même, envoya quelques jours après à l’auteur une tabatière avec le chiffre royal en diamants.

Lorsque l’Angleterre éleva quelques controverses, non pas sur la certitude de la découverte de Champollion le jeune, mais sur sa priorité, le savant français fit l’examen impartial de ces prétentions, et deux puissants esprits, Silvestre de Sacy et Arago prononcèrent sur le litige, et décidèrent que la manière de procéder adoptée par Champollion était essentiellement différente des conjectures du docteur Thomas Young, s’égarant dans une fausse direction, et que la découverte de la véritable route appartenait au savant français.

Dans une suite de mémoires lus à l’Institut (avril, mai et juin 1823), Champollion exposa successivement les trois éléments du système graphique des Égyptiens, figuratif, idéographique et alphabétique, la constitution individuelle de leurs signes, et les lois de leurs combinaisons. Ces mémoires réunis formèrent le grand ouvrage publié aux frais de l’État en 1824 sous le titre de Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, dédié au roi.

Table extraite du Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens de Jean-François Champollion (1824)

Table extraite du Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens
de Jean-François Champollion (1824)

En 1824, avec la protection du roi de France, Champollion arrivait à Turin pour examiner la magnifique collection du consul français Drovetti, acquise par le roi de Sardaigne, et aussitôt il annonçait la découverte du célèbre papyrus royal ou chronologique. De retour en France après un voyage à Rome, de Blacas, zélé protecteur des lettres et des sciences, le chargea de faire un rapport sur la collection d’antiquités égyptiennes déposée à Livourne par le consul d’Angleterre Henri Salt ; et sur ce rapport l’acquisition en fut faite par le Musée de Paris.

Après avoir procédé à l’embarquement des divers objets qui la composaient, Champollion retourna à Rome y continuer ses études, et c’est alors qu’il publia, en 1824 : Première et seconde lettre au duc de Blacas, relatives au musée égyptien de Turin ; ouvrage dans lequel les principes exposés dans le Précis du système hiéroglyphique sont appliqués avec succès à l’interprétation de monuments historiques des plus anciennes époques.

De retour, en 1826, de ce voyage d’Italie, Champollion brûlait du désir d’explorer enfin de ses propres yeux cette terre d’Égypte à laquelle il avait consacré toutes ses pensées. L’expédition scientifique de 1828, dont il fut le guide et le soutien, est sans contredit la plus féconde en résultats qu’on ait alors entreprise de ce genre. Il rapporta notamment 2400 dessins de monuments. Toutes les peintures, tous les bas-reliefs, ainsi que leurs légendes, qu’il put découvrir dans la Nubie, dans la Haute-Égypte et dans la ville de Thèbes, furent figurés ou décrits avec détail. Les tombes royales, leurs vastes galeries n’échappèrent pas à ses recherches. Craignant de lasser la patience des jeunes dessinateurs ses compagnons de voyage, il traça lui-même une grande partie des dessins qu’il rapporta en France.

Le jeune conquérant de la science hiéroglyphique put dire : « Quoi qu’il arrive, j’aurai toujours laissé ma carte de visite à la postérité. » De retour à Paris au mois de mars 1830, Champollion s’occupa de la composition d’une Grammaire égyptienne. Elle venait d’être terminée, sauf un chapitre, quand les atteintes du mal qui l’enleva arrachèrent la plume de ses mains. Depuis le 24 janvier 1832 jusqu’au 4 mars suivant, jour de sa mort, il ne traîna plus qu’une vie languissante.

 
 
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