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19 octobre 1783 : premier vol humain en ballon captif

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Éphéméride, événements
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19 octobre 1783 : premier vol
humain en ballon captif
(D’après « Histoire des ballons et des ascensions célèbres », paru en 1876)
Publié / Mis à jour le jeudi 19 octobre 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
L’ascension du 19 octobre 1783 par Pilâtre de Rozier et Giroud de Villette fut la première ascension d’hommes, celle où, pour la première fois, on vit deux mortels assez hardis pour se suspendre à un fragile aérostat qu’un coup de vent ou le feu pouvait détruire en un instant, et s’élever dans les airs à la hauteur de plus de 100 mètres

Quelques jours plus tôt, le 15 octobre 1783, le physicien Pilâtre de Rozier participa à un essai, se plaçant dans le ballon qui, retenu captif par de longues cordes, ne pouvait dépasser une hauteur d’une vingtaine de mètres. L’aérostat fut gonflé, s’éleva heureusement de terre et atteignit avec rapidité le téméraire aéronaute en fût incommodé le moins du monde, et redescendit lentement, sans que l’affaiblissement du gaz provoquât, ainsi que le redoutaient quelques-uns, une chute trop prompte. Pilâtre sauta à terre et la machine, allégé de son poids, s’éleva de nouveau jusqu’à une hauteur moins grande que lors de la première ascension, mais considérable encore.

Deux jours plus tard, le vendredi 17 octobre, une nouvelle expérience eut lieu ; elle réussit moins bien que la première. Le vent était contraire, et si l’aérostat atteignit à peu près la même hauteur, il ne s’y éleva que péniblement et par un long effort. Pilâtre de Rozier et ses amis furent d’autant plus affligés de ce dernier échec, si peu concluant qu’il fût, qu’il devait suffire à justifier les méfiances de curieux sans nombre qui, malgré tous les efforts des aéronautes, avaient envahi le champ des expériences et qui, ignorants de la science aérostatique, condamnèrent d’ores et déjà comme inutiles et téméraires les tentatives faites.

Ascension captive de la première montgolfière habitée dans les jardins de la papeterie Réveillon, le 19 octobre 1783

Ascension captive de la première montgolfière habitée dans les jardins
de la papeterie Réveillon, le 19 octobre 1783

La foule ne fut pas moins grande cependant lors de l’expérience suivante, et ce jour-là, le dimanche 19 octobre, la circulation devint impossible, non seulement dans le faubourg Saint-Antoine, mais sur les boulevards même jusqu’à la Porte Saint-Martin. Deux mille spectateurs purent seuls pénétrer dans les jardins de la manufacture royale de papiers peints de Jean-Baptiste Réveillon.

Pour effacer sans doute l’impression défavorable que la dernière tentative paraissait avoir laissée dans l’esprit de la plupart des assistants, Montgolfier voulut que trois expériences, se succédant l’une à l’autre presque sans interruption, fussent faites devant la foule qui se pressait, les yeux fixés en l’air, autour de la fabrique de son ami Réveillon, et l’état très favorable de l’atmosphère seconda puissamment les efforts des aéronautes.

A quatre heures et demie, l’aérostat, dont la galerie avait été réduite, s’éleva à 200 pieds et, sans feu dans le réchaud, se maintint six minutes à cette hauteur ; il avait été gonflé en cinq à peine. Pilâtre de Rozier le montait, et du côté opposé à celui où il se tenait avait été placé, pour faire équilibre, un poids de 100 livres.

Dans une seconde expérience, l’ascension s’accomplit dans les mêmes conditions, avec cette différence essentielle toutefois que le réchaud était cette fois allumé ; l’aérostat s’éleva à 50 pieds de plus et resta stationnaire pendant huit minutes et demie. Pendant qu’il redescendait, il fut saisi par le vent d’est qui le jeta sur la cime d’arbres très élevés, dans les branches desquels il s’embarrassa, sans pourtant perdre l’équilibre. Du sein de la foule s’éleva un long et même cri d’effroi. Mais déjà Pilâtre de Rozier, saisissant avec l’extrémité de sa fourche de fer une énorme botte de paille etla jetant dans le réchaud, avait donné au feu une ardeur nouvelle et bientôt le ballon, sans peine dégagé, reprenait, au milieu des bruyants applaudissements de la foule tremblante tout à l’heure, enthousiaste maintenant, son vol majestueux.

« Cette seconde expérience fut très instructive, rapporte Pilâtre de Rozier dans ses Mémoires ; l’on n’avait pas manqué de dire que si jamais une telle machine tombait sur une forêt, elle serait détruite et ferait courir les plus grands dangers à ceux qui seraient dedans. Cet exemple prouve que la machine ne tombe pas, mais qu’elle descend ; qu’elle ne se renverse pas, qu’elle ne se détruit pas sur les arbres ; qu’elle ne fait périr ni souffrir les voyageurs qu’elle porte ; qu’au contraire ces derniers, en produisant du nouveau gaz, lui donnent les moyens de se tirer d’embarras, et qu’elle peut reprendre sa route malgré un événement pareil. »

Lorsque l’aérostat, après s’être ainsi élevé une seconde fois, se rapprocha de terre, le téméraire aéronaute, encouragé par le succès qu’il venait de remporter, voulut tenter de remonter encore : il ranima le feu et le ballon de nouveau atteignit la hauteur de 200 pieds.

Jean-François Pilâtre de Rozier

Jean-François Pilâtre de Rozier

Le même jour vit une troisième expérience. Elle fut faite par l’infatigable Pilâtre de Rozier qui avait cette fois un compagnon de voyage : André Giroud de Villette. Les cordes allongées permirent à l’aérostat de s’élever à 324 pieds (environ 105 mètres), hauteur à laquelle il demeura neuf minutes immobile. Assez élevé pour être vu de tous les points de Paris et des environs, le ballon ne paraissait pas alors plus petit qu’il ne l’était réellement, mais ses voyageurs étaient à peine visibles et il était impossible de distinguer sans lunettes un seul de leurs mouvements. Redescendus à terre, les voyageurs se proclamèrent enchantés de leur voyage, et déclarèrent n’avoir pas senti la moindre gêne ou la moindre fatigue.

Le compagnon de voyage de Pilâtre de Rozier donne dans une lettre adressée au rédacteur du Journal de Paris, qui avait parlé de ces expériences, la relation de sa course rapide à travers les airs : « Je me suis trouvé, dit-il, presque dans l’intervalle d’un quart de minute, élevé de 400 pieds de terre, suivant le rapport qu’on m’en a fait ; nous restâmes dans cette position pendant dix minutes. Mon premier soin, messieurs, fut d’admirer, à la faveur d’un trou large de 4 pouces, le physicien intelligent que j’avais l’honneur d’accompagner ; son courage, son agilité, ses talents à bien manœuvrer et conduire son feu m’enchantèrent.

« En me retournant, je distinguai les boulevards depuis la Porte Saint-Antoine jusqu’à celle Saint-Martin, qui me paraissaient former une plate-bande allongée de fleurs variées. La rue Saint-Antoine, les jardins qui nous environnaient, me représentaient la même chose ; ensuite, voulant m’occuper du sujet qui m’avait engagé à faire ce voyage, je promenai ma vue dans le lointain. D’abord je vis la butte Montmartre, qui me semblait être de moitié plus basse que notre niveau ; je découvris facilement Neuilly, Saint-Cloud, Sèves, Issy, Ivry, Charenton, Choisy et peut-être Corbeil, que le léger brouillard m’a empêché de distinguer ; dès l’instant, je fus convaincu que cette machine peu dispendieuse serait très utile dans une armée pour découvrir la position de celle de son ennemi, ses manœuvres, ses marches, ses dispositions, et les annoncer par des signaux aux troupes alliées de la machine. Je crois qu’en mer il est également possible, avec des précautions, de se servir de cette machine. Voilà, messieurs, une utilité incontestable, que le temps nous perfectionnera : tout mon regret est de n’avoir pas pensé à me munir d’une lunette d’approche. »

Une dernière ascension termina cette journée qui avait si magnifiquement réparé le demi-échec du vendredi 17. Le marquis d’Arlandes, que nous retrouverons bientôt dans d’autres expériences aérostatiques, et Pilâtre s’élevèrent avec un succès égal à celui des autres tentatives.

Les expériences faites semblaient décisives ; bien des objections et des obstacles cependant se dressèrent encore devant Pilâtre de Rozier. Montgolfier surtout s’effrayait des périls de l’entreprise et ses craintes augmentaient à mesure qu’approchait l’époque fixée pour la tenter : alors que la science de l’aérostation datait de quatre mois à peine, alors que ni le lest ni la soupape n’étaient inventés encore, la descente ne pouvait-elle pas, en dépit de l’heureuse issue des expériences faites, présenter les plus graves dangers ?

André Giroud de Villette

André Giroud de Villette

Le péril du feu n’était-il pas plus redoutable encore quand un réchaud allumé se trouvait placé au milieu même d’un ballon fait de toile et de papier ? Si l’enveloppe de l’aérostat venait à s’enflammer, le globe ne flamberait-il pas en quelques instants, n’en serait-ce pas fait de la vie des aéronautes, et, tandis que la machine ardente traverserait les airs d’un vol désordonné, des flammèches ne pourraient-elles pas se détacher de l’immense foyer, tomber sur le sol et incendier récoltes et maisons, marquant à terre d’un sillon de flamme la route parcourue dans les airs par le globe de feu ? Dans le cas au contraire où le fourneau viendrait à s’éteindre, l’appareil serait, comme une masse inerte, précipité vers le sol en une chute terrible, et les aéronautes ne retomberaient à terre que brisés, écrasés, broyés dans le choc formidable.

Montgolfier demanda des essais nouveaux ; la Commission de l’Académie des sciences, pressée de se prononcer, déclara que son opinion n’était point fait encore ; le roi, dont ces hésitations répondaient aux propres inquiétudes, défendit l’ascension de tout ballon monté et ordonna au lieutenant de police d’empêcher, s’il y avait lieu, toute tentative de ce genre. Néanmoins, de même que, lors de l’expérience de Versailles, il avait été permis à ceux dont la requête avait été écartée de confier à l’aérostat un mouton et des poules, de même cette fois il leur fut permis de lui confier deux condamnés.

« Mais Pilâtre de Rozier s’indigne à cette idée. Quoi ! de vils criminels, des hommes rejetés du sein de la société, auraient la gloire de s’élever les premiers dans les airs ! Non, non, il n’en sera point ainsi. Il demande, il invoque, il prie, il s’adresse à madame la duchesse de Polignac, gouvernante des enfants de France et toute-puissante à la cour ; M. le marquis d’Arlandes, ami des frères Montgolfier, qui avait déjà monté avec Pilâtre de Rozier à ballon captif, intervient lui-même. Il affirme qu’il n’y a point de danger ; engage, ce qui était fort beau alors, sa foi de gentilhomme, et se propose enfin pour accompagner Pilâtre. Vaincu par de si honorables vouloirs, et en présence de tant d’insistance, on permet ; et le premier voyage aérien a lieu le 21 novembre suivant, jour à jamais mémorable dans l’histoire des sciences. »

 
 
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