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19 octobre 1671 : mort de l’académicien Isaac de Benserade

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19 octobre 1671 : mort de l’académicien Isaac de Benserade
Publié / Mis à jour le mardi 16 octobre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Isaac de Benserade, membre de l’Académie française, naquit à Lyons-la-Forêt en Normandie le 15 octobre 1612. Il n’avait que huit ans, lorsque l’évêque qui lui donnait la confirmation, lui demanda s’il ne voulait pas changer son nom hébreux d’Isaac pour un nom chrétien : « Je le veux bien, Monseigneur, reprit le petit Isaac : qu’est-ce que vous me donnerez de retour ? »

Le cardinal de Richelieu, dont il se disait parent, lui donna une pension de six cents livres au sortir de ses études. Il la perdit pour un mauvais bon mot, après la mort de ce ministre. Il en obtint une de deux mille livres du cardinal Mazarin, par un tour assez singulier, s’il faut en croire l’auteur des Réflexions morales et historiques sur le théâtre.

« Mazarin, dit-il, se piquait d’être poète. Il est vrai que ce n’était pas comme Richelieu, jusqu’à l’honneur du cothurne. Il se vantait seulement d’avoir fait beaucoup de vers galants qui avaient réussi ; mérite dont un prélat peut absolument se passer : c’est ce qui fit la fortune de Benserade. Un jour qu’au coucher du roi le cardinal parlait de ses couronnes poétiques, il ajouta : Qu’il avait fait comme Benserade. Celui-ci dont la fortune était un peu délabrée, ayant appris ce mot flatteur, courut aussitôt à l’appartement du cardinal, qu’il trouva couché : il entre malgré ses gens, pénètre jusqu’à lui, et se jetant à genoux au chevet de son lit, il lui fait les plus grands éloges de ses vers italiens qu’il n’avait jamais lus, et lui témoigne, de la manière la plus vive, sa reconnaissance de l’honneur infini qu’il lui avait voulu faire, en daignant se comparer à lui. L’Eminence à demi-endormie, se réveille, rit de cette saillie, et lui envoie le lendemain deux mille livres ; depuis, il lui donna plusieurs pensions sur des bénéfices qui probablement n’avaient pas été fondés pour payer des vers galants. »

Toute la cour fut partagée en 1651 sur le sonnet de Job, par Benserade, et celui d’Uranie, par Voiture. Il y eut deux partis, les Jobelins, et les Uraniens ; le prince de Conti fut à la tête du premier, et la duchesse de Longueville, sa sœur, la même qui dans sa vieillesse se déclara pour les Jansénistes contre les Jésuites, se mit à la tête du second. On sera peut-être bien aise de retrouver ici ces deux sonnets, qui firent un si grand bruit dans leur nouveauté :

Sonnet de Benserade
(L’auteur l’avait adressé à une belle inhumaine, en lui envoyant le livre de Job)

Job de mille tourments atteint,
Vous rendra sa douleur connue,
Et raisonnablement il craint
Que vous n’en soyez point émue.

Vous verrez sa misère nue ; Il est lui-même ici dépeint :
Accoutumez-vous à la vue
D’un homme qui souffre et se plaint.

Bien qu’il eût d’extrêmes souffrances,
On voit aller des patiences
Plus loin que la sienne n’alla ;

Il souffrit des maux incroyables ;
Il s’en plaignit, il en parla,
J’en connais de plus misérables.

Sonnet de Voiture

Il faut finir mes jours en l’amour d’Uranie ;
L’absence ni le temps ne m’en sauraient guérir,
Et je ne vois plus rien qui me pût secourir,
Ni qui sût rappeler ma liberté bannie.

Dès longtemps je connais sa rigueur infinie,
Mais pensant aux beautés pour qui je dois périr,
Je bénis mon martyre, et content de mourir,
Je n’ose murmurer contre sa tyrannie.

Quelquefois ma raison, par de faibles discours,
M’invite à la révolte et me promet secours ;
Mais lorsqu’à mon besoin je me veux servir d’elle,

Après beaucoup de peine et d’efforts impuissants,
Elle dit qu’Uranie est seule aimable et belle,
Et m’y rengage plus que ne font tous mes sens.

Dans les fêtes particulières que Louis XIV donnait à madame de la Vallière, Benserade était chargé des pièces qu’on y jouait. Il y confondait presque toujours, par une allusion délicate, le personnage et le rôle. Par exemple, dans un de ces ballets figurés où le roi dansait avec la cour, et représentait Apollon, Benserade fit pour lui les vers suivants :

Je doute qu’on le prenne avec vous sur le ton
De Daphné ni de Phaéton.
Lui trop ambitieux, elle trop humaine :
Il n’est point là de piège où vous puissiez donner ;
Le moyen de s’imaginer
Qu’une femme vous fuie et qu’un homme vous mène !

Benserade traduisit en rondeaux toutes les métamorphoses d’Ovide : il orna cette traduction de figures en taille-douce, et reçut de Louis XIV une gratification de mille louis ; somme exorbitante pour un ouvrage aussi médiocre. Ces rondeaux sont aujourd’hui fort oubliés, et l’on ne se rappelle que d’un rondeau épigrammatique qui fut fait à cette occasion, et qui lui seul vaut mieux que presque tous ceux de Benserade :

A la fontaine où s’enivre Boileau,
Le grand Corneille et le sacré troupeau
De ces auteurs que l’on ne trouve guère,
Un bon rimeur doit boire à pleine aiguière,

S’il veut donner un bon tour au rondeau.
Quoique j’en boive aussi peu qu’un moineau,
Cher Benserade, il faut te satisfaire,
T’en écrire un... Hé ! c’est porter de l’eau

A la fontaine.

De tes refrains un livre tout nouveau
A bien des gens n’a pas eu l’art de plaire ;
Mais quant à moi, j’en trouve tout fort beau,
Papier, dorure, images, caractère,
Hormis les vers qu’il fallait laisser faire

A La Fontaine.

Le sévère Boileau ne fut pas des derniers à se prononcer contre l’ouvrage ; et si l’on en croit la Monnoye, il déclara plus d’une fois que si ses rondeaux eussent paru dans le temps qu’il fit imprimer sa Poétique, il n’aurait eu garde de parler de Benserade avec éloge à la fin du chant IV, comme il a fait, lorsqu’il dit de Louis XIV :

Que de son nom chante par la bouche des belles,
Benserade en tous lieux amuse les ruelles.

 
 
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