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Pape Symmaque (498 - 514)

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Papes
Notices biographiques des papes. Les événements marquants de l’histoire des souverains pontifes. Portraits des occupants du saint-siège.
Symmaque
(né en ? - mort le 21 juillet 514)
Élu pape le 22 novembre 498
(« Histoire des souverains pontifes romains » (Tome 1)
par A. de Montor paru en 1846,
« Résumé de l’histoire des papes » par A. Bouvet de Cressé, paru en 1826,
« Le Vatican ou Portraits historiques des papes » paru en 1825
et « L’art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes,
des chronniques, etc. » (Tome 2) paru en 1818)
Publié / Mis à jour le mardi 16 août 2016, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Saint Symmaque, fils de Fortuné, était né dans le village de Simagia, diocèse d’Oristagno, en Sardaigne, et diacre-cardinal créé par saint Félix III. Il fut élu pontife le 22 novembre 498, quelques jours après la mort d’Anastase II son prédécesseur. Ce même jour, Festus, sénateur romain, corrompu à force d’argent, fit élire antipape Laurent, archiprêtre, du titre de sainte Praxède : l’intrus promettait à Festus de signer l’Hénotique de l’empereur Zénon mort en 491.

De cette double élection naquit des querelles violentes. On eut à déplorer des scènes d’attaque et de meurtres ; le sang coula ; le sénat et le clergé romain prenaient parti pour l’un ou l’autre des prétendants, et l’on convint que l’on regarderait comme arbitre Théodoric, roi des Lombards, qui faisait sa résidence à Ravenne. Celui-ci, quoique arien, décida en faveur de Symmaque, disant qu’il avait été nommé le premier, et par le plus grand nombre. Symmaque ayant obtenu la possession tranquille de son autorité, chercha à rendre son ministère illustre par de saintes lois qu’il promulgua en six conciles, tous assemblés à Rome — un en 499, deux en 501, un en 502, un en 503 et un en 504.

Pape Symmaque (498 - 514)

Pape Symmaque (498 - 514)

Il ordonna que, tous les dimanches et les Jours de fêtes de martyrs, on dît dans la messe le Gloria in excelsis Deo ; ce que saint Télesphore, huitième pape, avait ordonné pour le jour de Noël seulement. Peut-être, sous ce dernier pape, ne disait-on que paroles angéliques ; et alors Symmaque aura ordonné que l’on dît le reste de l’hymne, dont il ne fut pas l’auteur, comme le prétendent quelques écrivains, puisque, avant lui, saint Athanase en avait fait mention, en prescrivant cette prière à une vierge. Le décret de Symmaque s’étendait à tous les prêtres ; saint Grégoire le Grand le restreignit aux seuls évêques, permettant aux prêtres de le dire seulement à Pâques.

Symmaque défendit aux séculiers, même aux rois, de s’immiscer dans l’élection des pontifes. L’empereur Anastase continuait de favoriser les acaciens ; Symmaque les retrancha de la communion, et redoubla d’efforts pour expulser quelques manichéens qui pratiquaient encore, en secret, l’exercice de leurs fausses doctrines.

Les aumônes des catholiques ayant alors été très abondantes, Symmaque se montra administrateur vigilant, et distribua ses secours aux basiliques et aux églises. On sait qu’ils montèrent à quatorze cent soixante-neuf livres d’argent, outre les pierres précieuses, l’or, et les marbres les plus rares.

L’an 500, le schisme de Laurent reprit de nouvelles forces. Le pape véritable assembla un concile pour trouver les moyens de rendre la paix à l’Église. Dans cette assemblée, on crut convenable, pour satisfaire l’antipape, de le nommer évêque de Nocera, pourvu qu’il se soumît à son chef légitime. Après des feintes coupables, en 503, Laurent se révolta de nouveau, et voulut usurper l’autorité pontificale, malgré le décret du synode et les ordres réitérés de Théodoric, qui se montrait favorable à Symmaque.

Les adversaires recoururent bientôt à des moyens indignes de tout homme vertueux. Ils accusèrent Symmaque de graves crimes, ils subornèrent de faux témoins ; Festus et un autre méchant, nommé Probinus, appuyaient ces accusations. Théodoric, étonné de tant de perfidies employées pour perdre un homme austère dans ses mœurs, et d’une éminente vertu, envoya à Rome Pierre, évêque d’Altino, dans l’État vénitien, qui devait prendre des informations promptes sur tant de scandales. Pierre se joignit aux schismatiques, troublant plus que jamais les affaires de l’Église, et cherchant à indisposer le roi contre Symmaque.

Alors, à la demande de Théodoric et avec le consentement de ce pape, un concile fut convoqué, et assemblé à Rome en septembre 501. Le pape, tandis qu’il était en marche pour s’y rendre, fut attaqué par les factieux, qui firent pleuvoir sur lui et son cortège une grêle de pierres. Ce ne furent plus dans la ville que violences et meurtres : on égorgeait les citoyens, on commettait toutes sortes d’excès. Les évêques, ne pouvant rien ordonner en l’absence de Symmaque, écrivirent à Théodoric pour demander permission de retourner à leurs églises.

Un autre concile dit de la Palme — à cause d’une porte, ainsi nommée, de la basilique de Saint-Pierre — fut convoqué et débuta le 6 novembre 502. On y vit réunis cent vingt-cinq évêques. Là, l’innocence du pontife fut hautement reconnue. Il avait lui-même promis de se soumettre au jugement de ce concile, quoique les Pères eussent solennellement déclaré que l’évêque du saint-siège ne devait pas se soumettre à un examen devant des évêques inférieurs. Plus tard, l’antipape Laurent fut envoyé en exil comme hérétique et calomniateur.

Le décret de ce concile étant parvenu dans les Gaules, les évêques du royaume des Francs chargèrent saint Avit, évêque de Vienne, d’écrire à Rome, au nom de tous, pour se plaindre de ce que les évêques avaient pris sur eux de juger le pape. « Il n’est pas aisé de comprendre, disait Avit, comment un supérieur, à plus forte raison le chef de l’Église, peut être jugé par ses inférieurs. » Il loue cependant les Pères d’avoir rendu témoignage à l’innocence du pape. Saint Avit avait raison : puisque les Pères avaient prononcé on jugement et proclamé l’innocence, il pouvait arriver qu’il s se crussent fondés à prononcer une condamnation. Clovis ayant reçu une couronne d’or de l’empereur Anastase, en fit présent à Symmaque, qui la déposa sur le tombeau de saint Pierre.

Vers la fin du règne de Symmaque, son autorité ne fut plus attaquée comme elle l’avait été auparavant. Même en Orient, l’empereur Anastase, par l’accueil qu’il avait fait à saint Sabas, exarque ou supérieur général de tous les monastères d’anachorètes près de Jérusalem, manifestait le désir de se montrer protecteur des catholiques : mais des courtisans cherchaient à éluder les ordres bienfaisants donnés par l’empereur ; et saint Sabas, la lumière de la Palestine, était poursuivi et violemment menacé.

D’autres douleurs affligeaient l’Église d’Orient ; elle implora, par une longue lettre, le secours du pape Symmaque. Quelques évêques avaient été repoussés de la communion romaine. Laissons Fleury donner ici des détails importants :

« Les Orientaux demandent à être rétablis dans la communion du pape, sans être punis pour la faute d’Acacius, puisqu’ils n’y prennent point de part, et reçoivent la lettre de Léon et le concile de Chalcédoine : Ne nous rejetez pas, disent-ils, à cause que nous communiquons avec vos adversaires : car ceux qui le font ne le font pas par attachement à la vie, mais de peur de laisser leurs troupeaux en proie aux hérétiques ; et tous, soit ceux qui communiquent avec eux en apparence, soit ceux qui s’en séparent, attendent, après Dieu, votre secours, et que vous rendrez à l’Orient la lumière que vous en avez originairement reçue. Le mal est si grand que nous ne pouvons même aller chercher le remède : il faut que vous veniez à nous. Enfin, pour montrer qu’ils sont catholiques, ils finissent par l’exposition de leur doctrine, où ils condamnent nettement Nestorius et Eutychès, et reconnaissent en Jésus-Christ deux natures, la nature divine et la nature humaine en une seule personne. »

Nous avons une lettre du pape Symmaque aux Orientaux, qui semble être la réponse à celle-ci, quoique elle n’en fasse pas mention. Le pape les console et les exhorte à demeurer fermes dans ce qui a été une fois décidé contre Eutychès, et à souffrir s’il est besoin, pour la foi, l’exil et toutes les persécutlons.

En quatre ordinations, aux mois de décembre et de février, ce pape créa cent dix-sept évêques, quatre-vingt-douze prêtres et seize diacres. Il gouverna l’Église durant plus de quinze ans. Sa charité égalait sa constance d’âme. Il racheta un jour tous les esclaves qui étaient en Ligurie, à Milan, et dans d’autres provinces. Il secourut magnifiquement les évêques africains déportés en Sardaigne par Thrasamund, roi des Vandales (496-523), et qui s’y trouvaient en nombre considérable. Par des lettres touchantes il consolait ces infortunés dans leur affliction. Ce bel exemple sera suivi un jour par Pie VI.

Il excommunia l’empereur Anastase, qui s’était déclaré contre le concile de Calcédoine. Il fit bâtir les églises de saint André, de sainte Agathe, de saint Pancrace, des saints Côme et Damien, martyrs, et de saint Martin, à la ville, où il fit des présents magnifiques de calices, ciboires, châsses et vases d’argent massif. Symmaque fut enterré dans le portique de Saint-Pierre.

 
 
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