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3 décembre 1638 : naissance de Jean Donneau de Visé, fondateur du Mercure galant

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3 décembre 1638 : naissance de
Jean Donneau de Visé,
fondateur du Mercure galant
Publié / Mis à jour le jeudi 3 décembre 2015, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Jean Donneau de Visé naquit le 3 décembre 1638 à Paris, d’une famille ancienne, dont il a donné la généalogie (dédicace des Mémoires pour servir à l’histoire de Louis XIV, signée Devizé). Ses parents le destinant à l’état ecclésiastique, il en porta l’habit, dans sa jeunesse, et fut pourvu de quelques bénéfices ; mais entraîné par un penchant invincible vers la culture des lettres, séduit par l’attrait des plaisirs, et résolu de garder son indépendance, il quitta le petit collet.

Bientôt après, il épousa, malgré l’opposition de ses parents, la fille d’un peintre, qui n’était rien moins que riche, et ayant dissipé son modique patrimoine il se vit obligé de chercher des ressources dans l’exercice de ses talents. Dès 1663 il avait fait connaître son goût pour la satire, en publiant, à la suite d’un recueil de Nouvelles, l’examen des ouvrages de Molière et de la Sophonisbe de Corneille. Prévoyant bien qu’il serait blâmé d’avoir osé chercher des défauts dans une pièce du grand Corneille, il crut prévenir les reproches qu’il avait mérités, en disant : « On me fera toujours beaucoup d’honneur de me donner le nom de téméraire. La témérité appartient aux jeunes gens, et ceux qui n’en ont pas, loin de s’acquérir de l’estime, devraient être blâmés de tout le monde. »

La devineresse ou les faux enchantements. Comédie de Thomas Corneille et Jean Donneau de Visé

La devineresse ou les faux enchantements. Comédie de Thomas Corneille et Jean Donneau de Visé

L’abbé d’Aubignac ayant à son tour critiqué la Sophonisbe, Visé prit la défense de cette pièce avec autant de vivacité que s’il en eût été l’auteur, et sans s’embarrasser de se contredire, trouva des beautés dans les endroits mêmes qu’il avait signalés le premier comme des défauts. L’abbé d’Aubignac, persuadé que la défense de la Sophonisbe était de Corneille, lui répondit avec beaucoup d’aigreur dans l’examen de son Sertorius ; alors Visé, cessant de garder l’anonymat, accabla d’injures son adversaire dans la défense de cette pièce — l’abbé Grauet a rassemblé les pièces de Visé et de d’Aubignac dans le tome Ier de son Recueil de dissertations sur plusieurs pièces de Corneille et de Racine. On voit qu’il avait fait sa paix avec Corneille ; mais il continua de harceler Molière, dont il était hors d’état d’apprécier le génie ; et il se montra bassement envieux de ce grand homme, en publiant : Zelinde, ou la véritable critique de l’école des femmes et la critique de la critique (1663).

Cette comédie ne fut point représentée ; elle eut cependant assez de succès à la lecture pour persuader à l’auteur que sa vocation était le théâtre. En 1665 il débuta par la Mère coquette ou les Amants brouillés, comédie en trois actes. C’était le sujet que venait de traiter Quinault d’une manière bien supérieure. Visé l’accusa de le lui avoir dérobé. Ses plaintes parvinrent aux oreilles du roi Louis XIV, qui voulut éclaircir l’affaire ; malgré la dénégation formelle de Quinault, et quoique les deux pièces n’eussent rien de semblable que le titre, Visé persista à soutenir que l’idée première lui appartenait. En 1667, il donna la Veuve à la mode, comédie en un acte ; Délie, pastorale en cinq actes, et l’Embarras de Godard ou l’accouchée, comédie en un acte ; en 1670, les Amours de Vénus et d’Adonis, tragédie à machines ; le Gentilhomme Guespin ou le Campagnard, comédie en un acte, et les Intrigues de la loterie, en trois actes ; en 1671, les Amours du Soleil, tragédie à machines tirée du quatrième livre des Métamorphoses d’Ovide ; et en 1672, le Mariage d’Ariane et de Bacchus, pièce du même genre.

Toutes ces pièces sont écrites en vers, et elles eurent toutes un grand nombre de représentations. Le peu de profit qu’en retirait Visé lui fit naître l’idée de publier un journal sous le titre de Mercure galant, dans lequel, aux nouvelles de la cour, il joignait les anecdotes qu’il pouvait recueillir, des pièces de vers, l’indication des modes et l’annonce des ouvrages nouveaux. Il en publiait, chaque mois, un cahier, dont la réunion forme pour les années 1672 et 1673, 6 petits volumes in-12.

Le Mercure galant en 1672

Le Mercure galant en 1672

D’autres occupations le forcèrent de suspendre ce journal ; mais il le reprit au mois de janvier 1677, et le continua depuis sans interruption. Persuadé sans doute que le scandale était un moyen de donner de la vogue au Mercure, il se constitua juge suprême de toutes les matières de goût, et rabaissant de la manière la plus indécente le mérite des chefs-d’œuvre de Racine et de Molière, réserva les éloges et les encouragements pour les écrivains les plus obscurs. Après avoir pris la défense de Cotin, immolé par Molière et Boileau à la risée publique, il se déclara pour Perrault dans la querelle sur la prééminence des anciens et des modernes.

La Bruyère, dans son indignation contre Visé, déclara que le « Mercure galant était immédiatement au-dessous de rien ». Boursault en traduisit l’auteur sur la scène, dans la Comédie sans titre ; mais il n’attaqua point ses mœurs, et rendit même justice à ses bonnes qualités, en le représentant comme un homme désintéressé. Visé l’était en effet ; et Gacon l’a calomnié dans le Poète sans fard, le dépeint faisant payer au poids de l’or chaque article de son journal.

Les critiques auxquelles le Mercure était en butte, loin de nuire à son succès, servirent à l’augmenter. Visé dut les bienfaits de la cour aux éloges qu’il y prodiguait sans cesse à Louis XIV. Avec le titre d’historiographe de ce prince, il obtint une pension de cinq cents écus et un logement au Louvre. En 1689, il s’associa pour la rédaction de son journal Thomas Corneille avec lequel il avait déjà donné quelques comédies. Les soins qu’exigeait le Mercure l’avaient entièrement détourné du théâtre.

Mais, en 1695, il fit jouer une comédie en cinq actes et en prose, les Dames vengées ou la Dupe de soi-même, dont le succès faillit à lui tourner la tête. On y trouve quelques situations vraiment comiques, et le style en est meilleur que celui des autres ouvrages de Visé ; mais quoiqu’on ait prétendu par cette raison que cette pièce était de Fontenelle, il faut en laisser l’honneur à l’auteur du Mercure. Visé nous apprend dans la préface qu’il refit en entier le cinquième acte dont le comique avait paru trop bas : « Je l’ai fait, dit-il, avec d’autant plus de plaisir que j’ai été détrompé par là de la mauvaise opinion qu’on m’avait donnée du goût du parterre, et que j’ai connu que les ouvrages fins, délicats et travaillés, plaisent toujours plus que ceux dont les traits sont trop marqués. »

L’année suivante (1696), Visé hasarda deux autres comédies en cinq actes : l’Aventurier, et le Vieillard couru ou les différents caractères des femmes. La première de ces pièces n’eut qu’une seule représentation ; la seconde en eut trois ; elles n’ont point été imprimées. Dès lors Visé crut devoir se borner à son journal, auquel il joignait de temps à autre des suppléments sur les matières politiques, sans doute pour justifier son titre d’historiographe. Il perdit la vue en 1706, et mourut le 8 juillet 1710.

 
 
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