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Mot Temps : avec ou sans p ? Origine, étymologie mots de la langue française

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Savoir : Mots, Locutions
L’étymologie de mots et l’origine de locutions de la langue française. Racines, évolution de locutions et mots usuels ou méconnus
Temps
Publié / Mis à jour le samedi 2 mai 2015, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Faut-il écrire temps avec le p dont l’orna la Renaissance ou sans ce p dont le Moyen Age se gardait de l’affubler ?

Au XIXe siècle, la question préoccupa certains de savoir s’il était indispensable de mettre un p au mot temps. Dans son ouvrage si remarquable des Variations du langage français depuis le douzième siècle (1845), le philologue François Génin (1803-1856), qui deviendra en 1848 chef de division au ministère de l’Instruction publique, répond à cette question au double point de vue de l’histoire et de la théorie.

Certains grammairiens, écrit-il, reprochent à Voltaire d’avoir supprimé le p de temps. Qu’ils portent le blâme plus haut, car, dans les manuscrits antérieurs à la Renaissance, ce mot n’a jamais de p ; il est partout figuré tens ou tans. C’est le XVIe siècle qui, dans sa pédanterie d’étymologies, poursuit Génin, s’est avisé de rappeler le p de tempus. Jusque-là, on ne s’en était jamais occupé.

Plus loin, notre auteur revient encore sur cette absence du p au Moyen Age, et donne une raison supplémentaire de le proscrire : « Je demande que, dans tout ce qu’il existe de manuscrits du Moyen Age, on me fasse voir un seul exemple du mot temps écrit avec un p. Au moyen de cette dernière orthographe, on peut aujourd’hui se procurer le spectacle de quatre consonnes consécutives : temps couvert, et même de cinq : temps pluvieux. Il faut laisser aux Allemands le plaisir de contempler sept consonnes de suite dans un de leurs mots les plus usuels, GESGHICHTSCHREIBER (historien). »

Ainsi la suppression effectuée par Voltaire est du goût de Génin, parce qu’il la trouve dans les manuscrits du Moyen Age, parce qu’elle nous sauve de la supposée pédanterie étymologique de la Renaissance, et parce qu’elle caresse plus agréablement l’oreille, en lui épargnant l’accumulation des consonnes finales, rendue plus dure encore par la rencontre possible d’autres consonnes initiales. Telle sont l’histoire et la théorie.

Détail d'un cadran signé Béliard fils

Détail d’un cadran signé Béliard fils

D’après cela, on serait tenté de croire que François Génin sera le premier à l’appliquer. Or il n’en est rien : dans la pratique il restitue bel et bien à tems le p dont il s’applaudissait de le voir déshérité par Voltaire. Son livre le prouve surabondamment. Malgré son courroux contre l’école des étymologistes, notre philologue sentit peut-être qu’il serait assez singulier de conserver l’indication étymologique, par la présence du p, dans les dérivés : temp-oraire, temp-orel, temp-oriser, contemp-orain, etc., et de la proscrire dans le primitif temps. Cette mutilation du radical répugna à sa logique.

Ensuite, il n’eut peut-être pas non plus grande confiance dans la valeur de l’argument tiré de l’accumulation des consonnes. Car notre époque procède encore comme Génin nous apprend que procédait le Moyen Age. Jadis, « on écrivait prins, surprins, avec une lettre n, pour rappeler aux yeux l’infinitif ; mais on prononçait pris, surpris. » En d’autres termes, on annulait dans la prononciation certaines consonnes.

C’est ce qui a lieu encore aujourd’hui, et particulièrement pour le mot temps, si bien que le p s’écrit et ne se prononce pas. Ce mutisme d’une des trois consonnes diminue d’autant la légitimité de sa proscription. « Les yeux le voient, mais l’oreille ne l’entend pas », comme l’a si bien dit François Génin, quand il défend l’accumulation des consonnes du Moyen Age.

Par conséquent, au nom de l’étymologie, et d’après le propre exemple de notre philologue, il paraît indispensable de mettre au mot temps ce p que Voltaire avait proscrit, et que Génin proscrit comme lui, au nom du Moyen Age et de l’euphonie, mais seulement en principe. Il jugea, dans la pratique, que ce n’était pas là « une de ces consonnes parasites dont nous sommes encore empêtrés. »

 
 
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