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23 mai 1430 : capture de Jeanne d'Arc à Compiègne par les Bourguignons

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23 mai 1430 : capture de
Jeanne d’Arc à Compiègne
par les Bourguignons
(D’après « Dimanche illustré » du 18 octobre 1925)
Publié / Mis à jour le vendredi 22 mai 2020, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
Contre l’avis de Charles VII, sacré roi de France un peu moins d’un an auparavant, Jeanne d’Arc désirait poursuivre l’offensive contre les Anglais : forte de son brevet de « chef de guerre » et apprenant que l’armée de Philippe le Bon, duc de Bourgogne allié de nos ennemis, met le siège devant Compiègne, elle décide d’en découdre avec eux

Jeanne d’Arc avait dix-huit ans. Ses ennemis eux-mêmes rendaient hommage à sa vaillance, notamment le chroniqueur « bourguignon » — ce qui veut dire partisan des ducs de Bourgogne et allié des Anglais — Monstrelet. Il nous la peint hardie à chevaucher destriers de guerre et à les mener boire, et aussi à faire exploits d’homme d’armes.

Vierge des combats, elle ne se plaisait qu’en la compagnie des gens de guerre, dont elle aimait la droiture, la rondeur, la loyauté ; elle ne pouvait souffrir les docteurs en us et en robe, ni les théologiens en quête de subtilités. Dans la suite, au cours de l’enquête faite sur sa vie en vue du procès de réhabilitation, un de ceux qui l’auront le mieux connue, dira d’elle : « Elle était simplette en toutes choses, hormis ce qui avait trait à la guerre, où elle était des plus experte. » Le duc d’Alençon, qui commandait l’armée française, ajoutera : « Elle était fort habile, soit à manier la lance, soit à rassembler une armée, à ordonner les batailles ou à disposer l’artillerie. » Les chefs anglais parlent, eux aussi, de l’habileté de la Pucelle à placer au bon endroit les bombardes et les canons.

Bataille de Patay. Enluminure extraite des Vigiles de Charles VII par Martial d'Auvergne (milieu du XVe siècle)

Bataille de Patay. Enluminure extraite des Vigiles de Charles VII
par Martial d’Auvergne (milieu du XVe siècle)

Après les premiers succès, après la bataille de Patay (18 juin 1429), la marche triomphale sur Reims et le couronnement (17 juillet 1429), le roi de France, Charles VII, s’était retiré sur la Loire. Par tempérament et sous l’influence de son chancelier, l’archevêque de Reims, Regnauld de Chartres, il négociait un accord avec le parti bourguignon et le duc Philippe le Bon, alliés des Anglais. Leur défection aurait, sans nul doute, contraint les « croix rouges » à rentrer en Angleterre.

Pour comprendre ce qui suit, il importe de bien se rendre compte de la place occupée par Jeanne d’Arc dans l’armée française. Charles VII lui avait donné un brevet de « chef de guerre », ce qui ne voulait pas dire que Jeanne commandât en chef l’armée française. Il y avait un assez grand nombre de « chefs de guerre », sous les ordres du roi ou de ses lieutenants. L’expression désignait un grade précis et qui correspondait assez exactement à ce que sera le grade de colonel dans les armées françaises au XVIIIe siècle.

Le « chef de guerre » commandait une compagnie qu’il avait recrutée à ses risques et périls, dont il était le maître absolu et avec laquelle il venait se mettre au service, soit du roi, soit d’un grand seigneur, voire d’une municipalité, à des conditions à débattre au moment de l’engagement. Le brevet de « chef de guerre » représentait uniquement la licence donnée par le roi de recruter la compagnie en question et de la commander.

La compagnie des guerriers recrutée et commandée par la Pucelle était composée de la manière la plus curieuse. Un chevalier italien, nommé Baretta, en était lieutenant, ce qui veut dire qu’il la commandait en l’absence de la Pucelle. Aussi y trouvait-on nombre d’Italiens, puis des Écossais et des Français naturellement. À la compagnie étaient attachés un chapelain, pour dire la messe et confesser les hommes ; un mire ou chirurgien, pour les soigner s’ils tombaient malades ou étaient blessés ; enfin, un secrétaire, chargé des paiements et des écritures.

Jeanne d’Arc, en son humeur guerrière, poussait le roi à recommencer une lutte active contre les Anglais. Elle était en cela soutenue par les plus renommés des hommes d’armes, les La Hire et les Xaintrailles ; mais Regnauld de Chartres inclinait à des suspensions d’armes et aux négociations. C’était déjà, comme on voit, le parti des patriotes résolus, celui de Jeanne d’Arc, et celui des pacifiques, le parti du chancelier. Celui-ci l’emportait.

Le 28 mars 1430, Jeanne se trouvait avec le roi à Sully-sur-Loire. Elle était lasse des discussions incessantes avec lui et avec ses conseillers, mécontente de la voie qu’ils prenaient pour le recouvrement du royaume ; elle avait rassemblé les hommes d’armes de sa compagnie et terminé d’une manière peu apparente les préparatifs utiles à ses projets. Brusquement, sans prendre congé du roi et contrairement à sa volonté, elle fila, avec sa troupe, vers le nord, vers Lagny-sur-Marne, où elle savait qu’on faisait bonne guerre aux Anglais.

Siège de Compiègne. Enluminure extraite des Vigiles de Charles VII par Martial d'Auvergne (milieu du XVe siècle)

Siège de Compiègne. Enluminure extraite des Vigiles de Charles VII
par Martial d’Auvergne (milieu du XVe siècle)

Et il faut comprendre ici les sentiments de Charles VII, qui expliqueront sa conduite ultérieure. Sans se soucier des ordres du roi, des conventions conclues, et avec les Bourguignons notamment, et que Jeanne aurait — si elle avait agi avec l’approbation du roi — violées ouvertement, elle retournait sur les bords de la Seine et de l’Oise donner, non seulement aux Anglais, mais aux Bourguignons, « bonnes buffes et bons torchons », comme elle disait.

La compagnie de Jeanne d’Arc, qui se dirigeait sur Lagny, rencontra, chemin faisant, un fameux « chef de guerre » bourguignon, Franquet d’Arras, redoutable soudard, mi-parti brigand et guerrier. Jeanne l’attaqua, le vainquit, le fit prisonnier ; après quoi, on lui coupa la tête. Ce combat du mois de mars 1430 n’a pas été mis suffisamment en relief. Ici, Jeanne commanda effectivement une petite armée. Chef de guerre, elle dirigea sa compagnie dans ce duel avec un chef de guerre adverse, condottiere éprouvé, et remporta une victoire complète.

Jeanne se trouvait à Crépy, quand elle apprit que l’armée du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, était venue mettre le siège devant Compiègne. Philippe le Bon prétendait que cette place devait lui être remise en vertu des conventions passées pour l’armistice avec le roi de France ; mais les habitants de Compiègne, commandés par un singulier et audacieux capitaine, Guillaume de Flavy, nonobstant les injonctions du roi de France, ne voulaient rien savoir, ni entendre parler des Anglais ni des Bourguignons.

Le 22 mai 1430, vers minuit environ, Jeanne fit réveiller ses hommes et, suivie de toute la compagnie — trois ou quatre cents hommes environ —, chevaucha jusqu’à l’aube. Dans la matinée du vendredi 23 mai, elle arrivait devant Compiègne et en passait les ponts-levis.

Les Anglo-Bourguignons apprirent l’entrée de Jeanne d’Arc dans la ville. Ils connaissaient son caractère et savaient qu’elle ne tarderait pas à diriger contre les assiégeants une sortie à la tête de ses compagnons. Ils prirent, en conséquence, leurs dispositions et, de la manière la plus adroite, vont apporter tous leurs soins dans l’exécution. Ils commencèrent par engager des escarmouches dans les prairies humides dont la ville était bordée sur la rive droite de l’Oise.

Jeanne est prise par les Bourguignons au cours d'une sortie autour de Compiègne. Lithographie de Paul de Sémant extraite de Histoire de Jeanne d'Arc racontée à mes enfants par Théodore Cahu (1895)

Jeanne est prise par les Bourguignons au cours d’une sortie
autour de Compiègne. Lithographie de Paul de Sémant extraite de Histoire de Jeanne d’Arc
racontée à mes enfants
par Théodore Cahu (1895)

Jeanne avait chevauché sous son armure en plates d’acier, de minuit à l’aurore. Qui n’eût été rompu de fatigue ? Mais elle, infatigable, après quelques instants de repos, remontait sur son beau destrier gris de fer. Par-dessus son armure d’acier, elle avait passé une resplendissante huque déchiquetée en velours cramoisi battu d’or. Avec les belles armes, Jeanne aimait les beaux atours, et le roi avait mis à sa disposition tout ce qu’elle avait pu désirer.

Les Anglo-Bourguignons, commandés par Jean de Luxembourg, avaient posté une grosse « embûche » en amont de la ville, au nord de Clairoy, dans les boqueteaux qui couvraient une éminence nommée le Mont-Ganelon. Une autre « embûche », composée d’Anglais, avait été établie en aval de la ville, à Venette. De Clairoy, comme de Venette, on pouvait se porter rapidement, par la route de Clairoy-Compiègne-Noyon qui longeait la rivière, à la tête du pont qui commandait l’entrée de Compiègne.

Suivie de ses gens, Jeanne passa le pont qui faisait communiquer la ville avec la rive droite de l’Oise. D’un élan impétueux, les Anglo-Bourguignons sont repoussés au delà des coteaux qui forment les premiers ressauts du plateau de Picardie, où ils avaient établi leurs campements. Là, s’engagea une lutte ardente, opiniâtre. Déjà l’horizon s’estompait dans la brume. Songeons à l’effort fourni par Jeanne depuis la veille : un cœur et un corps surhumains. Elle passait la nature, diront ses ennemis. Il semblait qu’on la voyait en vingt lieux différents, sous son éclatante huque d’or, d’une voix ardente pressant ses compagnons.

Cependant, avec le moins de bruit possible, les ribauds de Bourgogne, postés au Mont-Ganelon, sortaient de leurs boqueteaux, se laissaient couler dans la vallée et glissaient au long de la rivière, pour couper aux « croix blanches » leur retraite sur la ville.

Les Français qui bataillaient sous le limpide étendard de la Pucelle, les ont aperçus. Ils crient à la jeune fille : « Mettez peine de recouvrer la ville, ou nous sommes tous perdus ! » Mais Jeanne, de sa hardiesse guerrière : « Taisez-vous ! Il ne tiendra qu’à vous qu ils ne soient déconfits ! Sus ! ne pensez que de férir sur eux ! » Et Jeanne poussait son cheval en avant, jusqu’au moment où le fidèle d’Aulon — un vieil écuyer que Charles VII avait attaché à la personne de la Pucelle pour veiller sur elle —, saisissant la monture par la bride, contraignit la Pucelle à revenir dans la direction du pont.

De même qu’on voyait toujours la vaillante enfant sur la première ligne du front quand les trompettes sonnaient l’attaque, elle tint à rester la dernière pour couvrir la retraite de ses compagnons. Monstrelet encore, qui écrivait pour le duc de Bourgogne, va nous la montrer dans les derniers moments de sa prodigieuse carrière militaire. Les Français, voyant leurs ennemis multiplier en nombre, se retiraient devers la ville, toujours la Pucelle avec eux sur le derrière, encourageant ses gens, les groupant, les ramenant sans perte, capitaine habile et vigilant, jusqu’au moment suprême, et dans l’instant où ses jours étaient si gravement en danger.

Jeanne d'Arc prisonnière au siège de Compiègne. Lithographie de 1890 appartenant à la série Jeanne d'Arc

Jeanne d’Arc prisonnière au siège de Compiègne. Lithographie de 1890

Ainsi criant, cognant, se culbutant, Français, Anglais et Bourguignons arrivèrent à la tête du pont. Guillaume de Flavy, qui commandait dans la place, vit la ville confiée à sa garde menacée par le flot déferlant des ennemis. Il ordonna de tirer les chaînes du pont-levis. Jeanne, avec quelques fidèles, restait dans la plaine : elle était perdue. Une grappe humaine s’accrochait au caparaçon de son cheval, tirait la bête par la bride, s’accrochait aux pans déchiquetés de la huque d’or. « Rendez-vous à moi et baillez votre foi ! » lui criaient-ils à l’envi.

Chacun savait quelle rançon lui vaudrait cette capture. L’enfant répondait, sans s’émouvoir : « J’ai juré et baillé ma foi à autre qu’à vous et tiendrai parole ! » À ce moment, un archer picard, grimpé sur la croupe de son cheval, saisissait Jeanne à bras-le-corps et roulait avec elle sur l’herbe verte.

La prisonnière fut conduite à Jean de Luxembourg, qui la vendit aux Anglais 10 000 écus d’or — ce qui correspond à un peu plus de 3,2 millions d’euros actuels. une vingtaine de millions. Jeanne d’Arc sera brûlée vive à Rouen, le 30 mai 1431. Sa gloire rayonne aujourd’hui, et parmi les Anglais eux-mêmes, d’un éclat qu’aucune autre gloire humaine ne peut égaler.

Si Jeanne d'Arc m'était contée.... Éditions La France pittoresque
Embrassez l’épopée
de Jeanne d’Arc

avec l’ouvrage Si Jeanne d’Arc m’était contée.... Éditions La France pittoresque.
80 pages. Format 15,2 x 22,9 cm.
Prix : 17 euros.
ISBN : 978-2-367220123.
Paru en février 2015.
Présentation : https://www.jeanne-d-arc.org

 
 
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