11 janvier 1707 : mort du philosophe Cartésien Pierre-Sylvain Régis

Pierre-Sylvain Régis, de l’Académie des Sciences, disciple de Rohault, et comme lui un des premiers zélateurs de Descartes, était né en 1632 à la Salvetat de Blanquefort, dans le comté de l’Agenois. Ce fut à Paris, dans le cours de ses études, que Régis reçut les leçons de Rohault. Parti de Paris avec une espèce de mission de son maître, il alla établir la nouvelle philosophie à Toulouse, où il ouvrit en 1665 des conférences qui furent très suivies : bientôt toute la ville fut remuée par le nouveau philosophe et par la nouvelle philosophie ; les dames même faisaient partie de la foule, ce qui étonnait alors.

Pierre-Sylvain Régis

On soutint une thèse de pur Cartésianisme, dédiée à une des premières dames de Toulouse. On n’y disputa qu’en français ; et cette dame, que Régis avait rendue habile Cartésienne, résolut elle-même plusieurs difficultés importantes. Les Toulousains firent à Régis une pension sur l’Hôtel-de-Ville : « événement, dit Fontenelle, qui semble appartenir à l’ancienne Grèce. » Le célèbre marquis de Vardes, exilé alors en Languedoc, connut à Toulouse le philosophe Régis, et, au grand regret de cette ville, il l’emmena dans son gouvernement d’Aigues-Mortes ; ils s’attachèrent l’un à l’autre ; « et peut-être, dit Fontenelle, le philosophe ne profita-t-il pas moins du commerce du courtisan, que le courtisan de celui du philosophe. L’un de ces deux différents caractères est ordinairement composé de tout ce qui manque à l’autre. »

Régis suivit de Vardes à Montpellier en 1671, et y fit des conférences cartésiennes avec le même succès qu’à Toulouse. Il revint à Paris en 1680, et y tint aussi de semblables conférences. « Peut-être, dit l’illustre secrétaire de l’Académie des Sciences, peut-être la sévérité de cette histoire ne me défend-elle pas de remarquer qu’on y voyait tous les jours le plus agréable acteur du théâtre italien, qui, hors de là, cachait sous un masque et sous un badinage inimitable, l’esprit sérieux d’un philosophe.... Il ne faut pas réussir trop : ces conférences eurent un éclat qui leur devint funeste. »

L’archevêque de Paris, de Harlay, envoya discrètement à Régis un ordre de suspendre ses conférences ; ordre déguisé sous la forme de conseil, ou de prière, et enveloppé de beaucoup de louanges. L’archevêque de Paris, en empêchant Régis de donner des leçons publiques, voulut être son disciple particulier, et prendre de lui des leçons de Cartésianisme. Régis avait déjà fait du grand Condé un disciple de Descartes. « Je ne puis m’empêcher, disait ce grand homme, de prendre pour vrai ce qui m’est expliqué si nettement. » Mot qui fait l’éloge de la manière d’enseigner de Régis, plus qu’il ne prouve la vérité des principes de Descartes.

Les mêmes raisons qui avaient fait cesser les conférences de Régis, s’opposèrent à la publication de ses ouvrages. Ce ne fut qu’en 1690 qu’il lui fut enfin permis de faire paraître son grand ouvrage intitulé : Système de Philosophie, contenant la logique, la métaphysique, la physique et la morale. Régis fut reçu de l’Académie des Sciences en 1699.