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21 juillet 1711 : le tsar Pierre Ier se sauve avec son armée, des mains des Turcs

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21 juillet 1711 : le tsar Pierre Ier
se sauve avec son armée,
des mains des Turcs
Publié / Mis à jour le jeudi 19 juillet 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

De toutes les expéditions militaires du tsar Pierre le Grand, l’affaire du Pruth est celle où il courut le plus grand danger. Il se trouvait sans provisions, ayant la rivière de Pruth derrière lui, cent cinquante mille Turcs devant lui, et quarante mille Tartares qui le harcelaient continuellement à droite et à gauche. Dans cette extrémité, il dit publiquement : « Me voilà du moins aussi mal que mon frère Charles l’était à Pultava. ».

Quelques troupes de janissaires et de spahis vinrent fondre sur l’armée russe ; mais ils attaquèrent en désordre , et les Moscovites se défendirent avec une vigueur, que la présence de leur prince et le désespoir leur donnaient. Les Turcs furent deux fois repoussés. Le grand vizir qui les commandait, résolut alors d’affamer l’armée moscovite, qui y manquant de tout, serait obligée, dans un jour, de se rendre à discrétion avec son empereur.

Le tsar avoua depuis, plus d’une fois, qu’il n’avait jamais rien senti de si cruel dans sa vie, que les inquiétudes qui l’agitèrent cette nuit ; il roulait dans son esprit tout ce qu’il avait fait depuis tant d’années pour la gloire et le bonheur de sa nation ; tant de grands ouvrages, toujours interrompus par des guerres, allaient peut-être périr avec lui avant d’avoir été achevés ; il fallait ou être détruit par la faim, ou attaquer près de cent quatre-vingt mille hommes avec des troupes languissantes, diminuées de la moitié, et des fantassins exténués de faim et de fatigue.

Il appela le général Czeremetof, vers le commencement de la nuit, et lui ordonna, sans balancer et sans prendre conseil, que tout fût prêt à la pointe du jour, pour attaquer les Turcs la baïonnette au bout du fusil. Après avoir tout réglé avec le général pour la bataille, il se retira dans sa tente, accablé de douleur et agité de convulsions, mal dont il était souvent attaqué, et qui redoublait toujours avec violence, quand il avait quelque grande inquiétude. Il défendit que personne osât, de la nuit, entrer dans sa tente, sous quelque prétexte que ce pût être, ne voulant pas qu’on vînt lui faire des remontrances sur une résolution désespérée, mais nécessaire, encore moins qu’on fût témoin du triste état où il se sentait.

La célèbre Catherine, femme du tsar, était alors au camp de Pruth ; elle tint un conseil avec les officiers généraux, pendant que le tsar était dans sa tente. On conclut qu’il fallait demander la paix aux Turcs, et engager le tsar à faire cette démarche. Le vice-chancelier écrivit une lettre au grand vizir, an nom de son maître ; la tsarine entra avec cette lettre dans la tente du tsar, malgré la défense, et ayant, après bien des peines, des contestations et des larmes, obtenu qu’il la signât, elle rassembla sur-le-champ toutes ses pierreries, ce qu’elle avait de plus précieux, tout son argent ; elle en emprunta même des officiers-généraux, et ayant composé de cet amas un présent considérable, elle l’envoya au lieutenant du grand-vizir, avec la lettre signée par l’empereur moscovite. Mehemet Baltagi, conservant d’abord la fierté d’un vizir et d’un vainqueur, répondit : « Que le tsar m’envoie son premier ministre, et je verrai ce que j’ai à faire. »

Le vice-chancelier Schaffirof vint aussitôt le trouver. Le vizir demanda que le tsar se rendît avec son armée à discrétion ; le vice-chancelier répondit que son maître allait l’attaquer dans un quart d’heure, et que les Moscovites périraient jusqu’au dernier, plutôt que de subir des conditions si infamantes. Le vizir crut faire assez pour le grand-seigneur son maître, de conclure une paix avantageuse ; il exigea que les Moscovites rendissent Azov ; qu’ils brûlassent les galères qui étaient dans ce port ; qu’ils démolissent des citadelles importantes, bâties sur les Palus-Méotides, et que tous les canons et les munitions de ces forteresses demeurassent au grand-seigneur ; que le tsar retirât ses troupes de la Pologne, et qu’il payât dorénavant aux Tartares un subside de quarante mille sequins par an, tribut odieux, imposé depuis longtemps, mais dont le tsar avait affranchi son pays.

Enfin, par un article particulier du traité, le tsar s’engageait à ne pas troubler le retour de Charles ns ses Etats. Ce prince demeurat alors à Bender, depuis que la funeste bataille de Pultava l’avai obligé d’aller chercher un asile en Turquie. Instruit de la fâcheuse position du tsar, il était accouru avec la plus grande précipitation pour jouir de la défaite de son ennemi ; mais quand il arriva le traité était déjà signé, et les Russes commençaient à faire paisiblement leur retraite. Charles, outré de colère, va droit à la tente du grand-vizir ; il lui reproche, avec un visage enflammé, le traité qu’il vient de conclure : « J’ai droit, dit le grand vizir d’un air calme, de faire la guerre et la paix. — Mais, reprend le roi, n’avais-tu pas toute l’armée moscovite à ton pouvoir ? — Notre loi nous ordonne, reprit gravement le vizir, de donner la paix à nos ennemis, quand ils implorent notre miséricorde. — Eh ! l’ordonne-t-elle, insiste le roi en colère, de faire un mauvais traité, quand tu peux imposer telles lois que tu veux ? Ne dépendait-il pas de toi d’amener le tsar prisonnier dans Constantinople ? »

Le Turc, poussé à bout, répondit sèchement : « Eh ! qui gouvernerait l’empire en son absence ? Il ne faut pas que tous les rois soient hors de chez eux. » Charles répliqua par un sourire d’indignation ; il se jeta sur un sofa ; et regardant le vizir d’un air plein de colère et de mépris, il étendit sa jambe vers lui, et embarrassant exprès son éperon dans la robe du Turc, il la lui déchira, se releva sur le champ, remonta à cheval, et retourna à Bender, le désespoir dans le cœur.

A son retour à Constantinople, le vizir fut déposé pour s’être laissé corrompre par l’argent du tsar, et avoir conclu une paix honteuse.

 
 
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