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Sociétés secrètes et mort de Louis XVI. Conspiration et complot. Francs-maçons. Rite des Templiers, écossais. Ordre de Malte

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Anecdotes insolites
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Sociétés secrètes (Les) et la mort
de Louis XVI : témoignage posthume
d’un baron de l’Empire
(Extrait de « Jadis » (Volume 2), paru en 1907)
Publié / Mis à jour le jeudi 27 septembre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
C’est dans le second volume de son Jadis qu’en 1907 l’historien et spécialiste incontesté de la période napoléonienne Frédéric Masson, entré depuis peu à l’Académie française — il en deviendra le secrétaire perpétuel en 1919 —, évoque le témoignage de René des Genettes, baron de l’Empire, membre de l’Institut de France et médecin en chef des Armées, ayant trait à l’implication des sociétés secrètes dans la mort de Louis XVI et qu’il avait consigné, peu avant sa mort, dans un tome non publié de ses mémoires. Ecoutons Frédéric Masson.

René Des Genettes, baron de l’Empire, membre de l’Institut d’Égypte, de l’Institut de France et de l’Académie de médecine, médecin. en chef des Armées, professeur à la Faculté de médecine, a été, des choses de son temps — et quel temps ! 1762 à 1837 — un des témoins les plus sagaces, les mieux renseignés, les moins faciles à impressionner. Comme au devoir professionnel, qu’il entendait à sa mode d’une façon singulièrement élevée, il portait à l’exposition des faits auxquels il avait assisté une droiture entière, une loyauté désintéressée, un contrôle scientifique, et nul ne mérite mieux qu’on se fie à lui.

Louis XVI. Peinture de Joseph-Siffred Duplessis, peintre du roi et portraitiste de la cour de France

Louis XVI. Peinture de Joseph-Siffred Duplessis,
peintre du roi et portraitiste de la cour de France

Il a écrit des mémoires, Souvenirs de la fin du XVIIIe siècle et du commencement du XIXe, dont, avant sa mort, il avait publié deux volumes. Un troisième était alors en cours d’impression ; vingt-trois feuilles en étaient tirées ; par avarice, dédain ou insouciance, ses héritiers ne les complétèrent point ; ils mirent au pilon les trois cent soixante-huit pages. Mais, de ce tome troisième, qui tout entier traite de l’expédition d’Égypte, Des Genettes avait communiqué les épreuves, à mesure qu’elles étaient composées, à un de ses amis, le plus apte qui fût à en juger, le mieux instruit de tous les détails, son compagnon des déserts de Syrie et des séances de l’Institut d’Égypte, « l’homme le plus vertueux que j’aie connu », a dit Napoléon : Larrey.
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Larrey recueillit et fit relier ces épreuves ; il en composa un exemplaire sans doute unique, plus précieux que ne serait un manuscrit, puisque le texte a été revu, corrigé, certifié pour l’impression : qu’il porte ainsi, comme deux signatures, celle de Des Genettes et celle de Larrey. A ce billet tiré sur la postérité, peut-on réclamer meilleur endosseur ?

Or, voici, d’après Des Genettes, ce qui s’est passé à Malte le lendemain du jour où l’armée, que commandait le général Bonaparte en eut pris possession. « Il existait à Malte, écrit-il, une loge de francs-maçons, du rite des Templiers, qui se réunissaient dans l’hôtel du bailli des Barres, célèbre magnétiseur. Ceux-ci tinrent une loge qui fut suivie d’un banquet dans lequel leur intempérance rendit public ce que la prudence ou même la décence auraient voulu qu’ils tinssent caché. Exaltés au plus haut point et pressés par le jour qui allait paraître, les Templiers terminèrent leur séance on peut dire les portes ouvertes.

« Alors, bon nombre de profanes purent voir et entendre ce qui suit. Le chevalier, et je crois même commandeur, Tousard, chef de l’armée du génie, pontifiant comme Brisard dans le Joad d’Athalie, porta trois solennelles libations pour fêter la destruction de Malte. Il rappela que, le 18 mars 1314, Jacques Molay, sur le bûcher où il périt, cita au tribunal de Dieu le pape Clément V, le roi Philippe le Bel et ceux qui deviendraient possesseurs des biens de l’Ordre. Tant est-il que le vénérable Tousard rappela le sort présent de Pie VI, celui de Louis XVI, enfin de la destruction de l’Ordre de Malte (qui avait profité de la plus grande partie des biens des Templiers). Ces trois événements furent proclamés avec un respect religieux et terminés par les trois acclamations : Consummatum est.

« Le général en chef auquel je racontai ce fait me dit : Cela prouve que les gouvernements doivent surveiller les sociétés secrètes avec beaucoup de soin pour savoir s’ils doivent les craindre ou s’en moquer. »

Des Genettes a été témoin, puisque c’est lui-même qui a rendu compte à Bonaparte. A-t-il seul été témoin ? Du moins a-t-il seul rapporté les faits auxquels il dit que tout Malte assista ? Il le semble. On ne saurait se flatter d’avoir lu tout ce qui fut écrit sur la prise de Malte, mais la recherche dans une bibliothèque assez bien fournie n’a donné jusqu’ici aucun résultat.

A défaut d’une confirmation directe, est-il quelque indice qui, venant à l’appui des assertions de Des Genettes, permette de les contrôler ? Des Genettes ne nomme, comme ayant pris part à cette tenue de loges, que deux chevaliers, le commandeur des Barres et le commandeur de Tousard. Sur des Barres, les témoins qui ont écrit pour défendre l’Ordre de Malte sont muets : ils sont, au contraire, presque unanimes à accuser Tousard de l’avoir trahi.

Mais Tousard qui, avec le grade de chef de brigade, accompagna l’armée française en Égypte, a pris soin de se défendre dans un mémoire qu’il rédigea à Kené en l’an VIII, et qui semble inédit. Il y explique dans quel but et dans quelle mesure il est entré en relations avec Poussielgue, l’agent que Bonaparte avait envoyé de Gênes à Malte pour pratiquer les chevaliers ; il y raconte le rôle qu’il a joué dans la défense et dans la capitulation de la place. Il n’y dit rien de ce qui se passa ensuite, s’il se passa quelque chose. De ce côté donc, nulle garantie nouvelle.

Frédéric Masson dans son cabinet de travail

Frédéric Masson dans son cabinet de travail

Passons à la loge elle-même. Existait-elle ? « Loge des francs-maçons du rite des Templiers », dit Des Genettes. Il y avait, en effet, un système de franc-maçonnerie, importé d’Écosse en France, dans la première moitié du XVIIIe siècle, où les initiés recevaient successivement le grade d’Écossais, novice et chevalier templier. Le grand instituteur de ce régime, auquel le comte de Clermont, grand maître élu de la maçonnerie en France, paraît avoir emprunté certains hauts grades, fut un certain baron de Hund qui, après avoir propagé par l’Europe et toute l’Allemagne son système dit de la Stricte observance, continuation directe, disait-il, de l’Ordre du Temple, fut élu, en 1763, grand maître provincial de la Maçonnerie rectifiée d’Allemagne, et, en 1764, grand maître des Templiers.

Ce régime donna naissance, en 1782, à celui de la Cité sainte, lequel paraît s’être confondu avec le Rite écossais 33e, qui eut, en France, à partir de 1802, un étrange développement. Ce Rite écossais 33e, dont les origines, telles que les rapportent les historiens maçons, sont tout à fait instructives, réunissait en 1808, dans son Suprême conseil des Puissants et Souverains Grands Inspecteurs Généraux 33e et dernier degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté, un prince de l’Empire, trois maréchaux, trois sénateurs, le grand-chancelier de la Légion d’honneur et le premier président de la Cour de cassation. Tous les signes, les symboles, les bijoux rappelaient le Temple et la condamnation de Jacques Molay.

Tousard ne figure point dans les listes qu’on a pu se procurer du Suprême Conseil. Et pourtant, il y avait une loge à Malte. Cette loge devait se rattacher au système du baron de Hund, car elle avait été fondée en 1785 par le comte de Kolowrat, un des adeptes de la Stricte observance — lequel, d’ailleurs, se ruina en entreprises de cette nature. Le grand maître de l’Ordre de Malte, Rohan, qui avait été initié à la maçonnerie lorsqu’il était grand-écuyer de l’Infant duc de Parme, en avait secrètement approuvé l’institution. Les baillis de Loras et de Litta en étaient les principaux officiers, le colonel Ligondes le vénérable, Doublet, chef de la secrétairerie française du grand maître, l’orateur ; plus de soixante membres profès de l’Ordre avaient été initiés.

La loge, placée sous le vocable de saint Jean, était en correspondance avec les Ordres de Naples, Rome, Florence, Milan, Marseille, Bordeaux, Lyon, Paris, Vienne, Berlin, Pétersbourg et Londres, et la patente constitutive avait été obtenue du G. O. de Londres, dont le duc de Cumberland était grand maître. Cette loge attira l’attention de l’Inquisition, qui avait à Malte un représentant en titre, en la personne du ministre de Sa Sainteté. L’ouverture de lettres adressées de Malte à Rome procura au cardinal secrétaire d’État la double preuve de l’existence des loges à Rome et à Malte et le Pape requit la dissolution de la loge de Saint-Jean ; le grand maître Rohan fit semblant de l’accorder et les choses n’en suivirent pas moins leur cours.

Ainsi, à défaut de témoignages positifs venant à l’appui de l’anecdote racontée par Des Genettes, il est attesté et prouvé qu’il existait à Malte, peu avant la Révolution, une loge, vraisemblablement du rite des Templiers, tenant sa patente constitutive non du G. O. de France — ce qui explique qu’on ne la trouve point dans le tableau alphabétique de 1787 — mais du G. O. de Londres ; que cette loge s’était maintenue en dépit de l’intervention de Pie VI et que les initiés appartenaient à toutes les langues de l’Ordre.

 
 
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