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27 janvier 1382 : troubles des Maillotins : la ville de Paris est privée de son administration municipale

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27 janvier 1382 : troubles des Maillotins : la ville de Paris est privée de son administration municipale
Publié / Mis à jour le lundi 23 novembre 2009, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Sur la fin du règne de Charles V, la France était en proie à la violence et à la misère : les grandes compagnies d’écorcheurs, soit anglais, soit nationaux, la dévastaient par le meurtre et le pillage : la couronne l’accablait d’impôts. Au lit de mort, Charles V révoqua tous ceux qu’il avait créés : mais le duc d’Anjou, l’un des oncles et tuteurs du jeune Charles, s’empressa de les rétablir. La charge étant trop pesante, une sédition éclata.

Vers le 8 octobre 1380, deux cents Parisiens, le prévôt des marchands à leur tête, se rendirent à l’hôtel du duc d’Anjou, qui calma leur effervescence par des promesses ; mais comme il oublia de les tenir, le peuple s’attroupa de nouveau, et pour la première fois fit entendre dans Paris le cri de liberté. La pompe déployée à l’entrée du monarque avait rendu plus vif le sentiment de l’indigence publique : les acclamations d’une joie factice avaient provoqué l’explosion d’une douleur réelle. En vain le prévôt des marchands essaya-t-il de modérer l’essor de la révolte dans une assemblée tenue au Parloir-aux-Bourgeois : un cordonnier enflamma toutes les passions populaires par une audacieuse et forte harangue.

Des nobles, intéressés au désordre, nuisirent à la cause nationale en l’adoptant : ils conseillèrent de piller et de mettre à mort plusieurs Juifs dont ils étaient les débiteurs. Les caisses publiques furent brisées, l’argent répandu dans les rues, les tarifs déchirés. Quoique effrayé par l’impétuosité de ces mouvements, le duc d’Anjou, loin de faire aucune concession, cherchait le moyen de maintenir les dispositions fiscales. Une ordonnance qui rétablissait les impôts, cause première de tous les troubles, avait été secrètement rendue : il s’agissait de la faire connaître au peuple : or, après plusieurs tentatives inutiles, voici le singulier expédient que le duc adopta.

« Un homme largement payé brave le péril, et, le dernier jour de février, monte à cheval, se transporte aux halles, publie qu’une partie de la vaisselle du roi venait d’être volée, et qu’on accorderait récompense à celui qui la rapporterait. Après cette annonce, qui n’était qu’un prétextée pour se faire écouter du public, il pique son cheval, et en fuyant il publie que le lendemain on lèvera les impôts. Il parcourt les rues de Paris en galopant, et faisant la même publication.

« Cette annonce furtive et alarmante alluma un effroyable incendie, que ceux qui gouvernaient n’eurent pas l’esprit de prévoir. Le peuple de Paris jura de mettre à mort tous les percepteurs de l’impôt, et ne fut que trop fidèle à ce serment.

« Le lendemain, 1er mars 1381, les rues retentissent de cris séditieux : on court aux armes : ceux qui en manquent vont enfoncer les portes de l’Hôtel-de-Ville, y saisissent des maillets de plomb fabriqués par ordre de Charles V. Cette espèce d’armes fit donner à ceux qui s’en servirent le surnom de Maillotins. » (Dulaure, Histoire de Paris)

Alors commencèrent des scènes de carnage et d’horreur, suivies d’une feinte clémence et de terribles châtiments. Par l’ordre du duc d’Anjou, les arrêts de mort s’exécutaient dans l’ombre : chaque nuit le prévôt de Paris faisait jeter dans la Seine un certain nombre de victimes. Enfin, des négociations s’entamèrent : il fut convenu que le roi pardonnerait tout, moyennant cent mille livres. Le 11 janvier 1382 il rentra dans Paris, et dès son retour il effraya les citoyens de l’appareil d’une vengeance qu’ils avaient rachetée à si haut prix. Le sang coula : l’échafaud confondit les innocents et les coupables.

Le 27 janvier la consternation générale s’accrut encore par la publication de deux ordonnances qui enlevaient à la ville de Paris son administration municipale, abolissaient la prévôté des marchands, l’échevinage, le greffe de cette prévôté, leur juridiction, et transféraient tous leurs droits au prévôt de Paris, en lui accordant même la Maison-de-Ville pour en faire sa demeure.

Le même jour douze bourgeois périrent de la main du bourreau : dans ce nombre on remarquait avec effroi Jean Desmares, avocat du roi au Parlement, vénérable par son grand âge et ses longs services rendus à la monarchie. Pendant le mois de février plus de cent Parisiens furent exécutés publiquement, sans compter ceux qui subissaient une mort obscure.

« La vengeance des princes n’était pas complète : ils revinrent à leur objet principal : ils rétablirent tous les impôts, cause de tant de troubles et de désespoir. Lorsqu’ils eurent enlevé aux Parisiens tous leurs moyens de résistance, tous leurs biens ; lorsqu’ils en eurent condamné un grand nombre à des amendes excessives, au bannissement, à la mort, pour mettre fin à tant de vexations, ils voulurent se donner les honneurs de la clémence, et faire jouer au jeune roi une pièce dramatique, qui ajouta à tant de scènes déplorables une scène ridicule.

« Vers la fin de février, ces ducs firent dresser dans la cour du Palais de Justice, sur les grands degrés, un théâtre orné de tapisseries, et chargèrent Charles VI, âgé de quatre ans, d’y jouer le rôle d’un monarque irrité, implacable, mais qui devait enfin se laisser attendrir par les sollicitations de ses païens et les larmes de ses sujets. Le peuple fut convoqué en cette cour. » (Dulaure, Histoire de Paris)

Après un interdit politique de vingt-neuf ans, Paris recouvra sou administration municipale et la jouissance de ses droits. Par une ordonnance du 20 janvier 1411, Charles VI rétablit le prévôt des marchands, les échevins, et les réintégra dans leurs juridictions, revenus et prérogatives.

 
 
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