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Savoir : Mots, Locutions
L’étymologie de mots et l’origine de locutions de la langue française. Racines, évolution de locutions et mots usuels ou méconnus
Scoop
(Source : Le Figaro)
Publié / Mis à jour le samedi 23 septembre 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Signifiant aujourd’hui « une nouvelle faisant sensation », ce mot, d’origine anglaise et dont l’apparition dans notre langue est signalée en 1957, a une origine commune avec notre « écope » désignant jadis une pelle creuse à rebords servant à vider l’eau des bateaux

Il tenait un « scoop » mondial qu’il fallait développer, lit-on en 1970 dans La Guerre d’Algérie par Yves Courrière qui prend bien soin de mettre scoop entre guillemets. Des guillemets qui prouvaient alors que le mot n’était pas encore vraiment intégré dans le vocabulaire de la langue française. Il n’était en effet attesté que depuis 1957. « Scoop » devait vite devenir à la mode et faire oublier hélas quelques belles formules françaises à ne pourtant pas laisser mourir. Et si..., à mieux écouter ce mot qui sonne indubitablement anglais, « scoop » bénéficiait de quelques accointances autres qu’anglo-saxonnes ?

« Scoop. Information importante diffusée par un média qui en a la primeur ou l’exclusivité » et, par extension, « nouvelle qui fait sensation » est-il rappelé précisément et utilement dans la dernière édition du Dictionnaire de l’Académie française, gratuite sur internet, comme toutes les autres éditions depuis la première, publiée en 1694. Alors, consultons l’édition de 1762 pour un mot de sonorité proche du « scoop », l’« écope », ainsi définie : « Espèce de pelle creuse à rebords, dont on se sert pour vider l’eau des bateaux. » Quel rapport y a-t-il entre « l’écope », d’où est tiré le verbe « écoper », et le « scoop » ? Une étymologie commune.

Un lecteur du XIXe siècle friand de journaux
Un lecteur du XIXe siècle friand de journaux. © Crédit illustration : Araghorn

Commençons par l’écope. Son histoire nous fait remonter au moyen néerlandais, « schoepe » qui a abouti, en passant par le moyen bas allemand « schôpe », au francique « skôpa », la langue de Clovis. De là est né dès le XIIIe siècle l’« escope », qui se prononcera bientôt « écope ». Qu’en est-il ensuite étymologiquement de l’anglais « scoop » ? Eh bien, il vient du même moyen bas allemand « schôpe » ! Or le mot « scoop » est entré en langue anglaise au début du XIVe siècle.

Les étymologistes anglais de poser alors la question : le « scoop » ne viendrait-il pas directement de l’escope ? Avec un même ancêtre commun, « schôpe », il y a en effet fort à parier que l’ancien français « escope », courant dans le nord de la France riche d’une vie maritime intense, ait été apporté à l’anglais via la Manche... On allait oublier l’essentiel : que signifie « scoop » en anglais au XIVe siècle ? Précisément une écope, une pelle creuse au manche court, utilisée pour retirer l’eau des bateaux.

Le mot anglais allait peu à peu prendre de nouveaux sens et notamment en franchissant l’Atlantique. Les mots aiment nager d’un continent à l’autre... Ce fut le cas du verbe to scoop, écoper à l’origine, qui en anglais familier a aussi désigné le fait de ramasser au sol, dans l’herbe, quelque chose plus rapidement que les autres, ou encore davantage de choses, un sens attesté au XIXe siècle et par analogie, dès 1874, ce fut le fait journalistique en somme de couper l’herbe sous le pied à un concurrent, en ayant « ramassé » une information plus rapidement.

Le « scoop » journalistique puis plus largement médiatique était né... Et c’est en 1957 qu’on en signalait l’apparition dans notre langue. Sans que personne ne fasse le lien entre l’écope et le scoop.

S’il est difficile de repousser le « scoop », au moins faudrait-il ne pas oublier ce que la langue française offre de plus précis ou en tout cas d’équivalent. En fait, très tôt nos institutions, l’Académie française, la Délégation générale à la langue française, nous ont offert des équivalents de qualité et un arrêté du 10 octobre 1985 recommandait déjà l’emploi d’ « exclusivité ». « Avoir l’exclusivité » d’une information, donner une information « en exclusivité », voilà qui est aussi très clair.

Existent également la « primeur d’une information », primeur étant déjà attestée en ce sens depuis le XVIIe siècle. « Avant-première », « dernière heure » peuvent aussi suppléer le « scoop ». En définitive, on peut « écoper » sans hésiter dans la cale de notre grand navire, en y repêchant des mots à ne pas laisser devenir rares. Offrir un bouquet de mots, c’est toujours et de loin préférable au « mot unique ». Au reste, « primeur » rimant avec « fleur », c’est pour le moins incitatif !

Jean Pruvost
Le Figaro

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