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13 juillet 1793 : mort de Marat, assassiné par Charlotte Corday

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Éphéméride, événements
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13 juillet 1793 : mort de Marat,
assassiné par Charlotte Corday
(D’après « Biographie nouvelle des contemporains ou Dictionnaire historique
et raisonné de tous les hommes, etc. » (Tome 12), paru en 1823)
Publié / Mis à jour le mercredi 13 juillet 2022, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 10 mn
 

Député à la Convention nationale, Jean-Paul Marat naquit le 24 mai 1764 à Boudry, dans la principauté de Neuchâtel, en Suisse. Il étudia la médecine en Suisse, et on lui accorde quelques connaissances en anatomie, en chimie et en physique ; mais ses faibles talents ne purent lui procurer aucun moyen d’existence dans sa patrie.

Ayant résolu, comme tant d’autres aventuriers, de venir chercher fortune en France, il s’établit à Paris, où il fut connu d’abord comme médecin empirique et charlatan ambulant, vendant des simples et un baume qui guérissait de tous les maux. Malgré son spécifique, il eut à lutter longtemps contre la plus affreuse misère. Il tenta enfin, pour en sortir, de se créer à la fois une réputation scientifique et littéraire.

Le premier ouvrage qu’il publia fut la traduction d’un assez médiocre écrit politique anglais, The chains of slavery (les Chaînes de l’esclavage), qui fut bientôt suivi d’un autre ouvrage de sa propre conception et beaucoup plus considérable, intitulé : de l’Homme, ou des principes et des lois ; de l’Influence de l’âme sur le corps et du corps sur l’âme. Il publia aussi plusieurs mémoires sur l’anatomie, sur l’optique et l’électricité. Cherchant à se procurer par le scandale une célébrité qu’il ne pouvait obtenir par le talent, il osa interpeller un jour le physicien Charles au milieu de son cours, et porta la folie jusqu’à forcer cet homme paisible à tirer l’épée dans le lieu même où se donnaient les leçons, combat qui heureusement tourna au détriment et à la confusion du provocateur, auquel Charles allongea un coup d’épée à travers la cuisse.

Jean-Paul Marat

Jean-Paul Marat

Le vendeur de baume était parvenu à obtenir le titre de médecin des écuries du comte d’Artois, avec un petit traitement attaché à cet emploi, lorsque la Révolution vint ouvrir une plus vaste carrière à son ambition désordonnée. Dès le 14 juillet, il résolut d’exploiter l’anarchie comme le plus riche domaine qui pouvait échoir à un homme tel que lui. Ses craintes personnelles ne lui permirent jamais de se montrer dans l’action, et une cave lui servait ordinairement de refuge pendant le danger ; mais il reparaissait au jour du triomphe, pour justifier, par ses écrits, tous les excès commis la veille, et pour exciter, par de nouveaux écrits, aux forfaits du lendemain.

Marat fit longtemps une cour assidue à Danton, qui n’estimait ni sa personne ni ses talents, mais qui le protégeait, et à Robespierre, qui le désavouait au besoin, mais qui l’employait en secret. Après avoir lancé dans le public quelques pamphlets frénétiques et sanguinaires, il entreprit la rédaction d’une feuille quotidienne, intitulée L’Ami du Peuple. Tous les matins il y donnait un libre cours à ses sentiments haineux ; son fiel s’épanchait, tantôt en injures grossières contre le roi et la reine, le commandant de la garde nationale, M. de La Fayette, les généraux, les magistrats, les administrateurs et les membres les plus distingués de l’assemblée nationale même ; tantôt en vœux atroces pour des massacres nouveaux, mais en grand, et dans lesquels 2 à 300 000 têtes devaient tomber à la fois.

Cette feuille était lue et commentée chaque soir dans les carrefours de Paris. Les provocations journalières de Marat, au pillage, à la révolte et au meurtre, attirèrent enfin l’attention de l’Assemblée constituante, où il comptait à peine 3 ou 4 protecteurs secrets ; mais on ne mit ni suite ni vigueur à le poursuivre. Souvent dénoncé, et plusieurs fois décrété d’accusation, il bravait, dans son obscure retraite, ces orages passagers. Il osa même réclamer auprès de l’assemblée contre les violences dont il se prétendait victime à cause de son journal patriotique.

La commune de Paris le poursuivit, en 1790 ; le général La Fayette fit même, une fois, entourer sa maison par la force armée ; on espérait le saisir enfin, mais il trouva le moyen de s’échapper ; et sa cave ne lui paraissant pas alors un asile assez sûr, il se cacha pendant quelque temps chez une actrice du Théâtre-Français, Mlle Fleury, et ensuite à Versailles, chez Bassal, alors curé de la paroisse Saint-Louis, qui devint depuis député à la Convention, et le collègue de son protégé.

Du fond de sa retraite, il osa envoyer à l’Assemblée constituante un plan de législation criminelle, qui fut présenté le 1er août, et l’on peut juger des vues de ce législateur, par la dénonciation portée contre lui le 22 du même mois, quand le député Malouet prouva, les feuilles de Marat à la main, qu’il conseillait « d’élever 800 potences dans les Tuileries, afin d’y pendre tous les traîtres, à commencer par Mirabeau l’aîné. » Mais celui-ci fit passer l’assemblée à l’ordre du jour, et l’on dédaigna, quand il en était encore temps, de mettre un terme aux agissements de Marat.

Il ne cessa donc pas de répandre ses feuilles incendiaires. La cave du boucher Legendre, depuis député à la Convention, et les souterrains du couvent des Cordeliers, lui servirent alternativement de refuge, quand les poursuites des différentes autorités paraissaient menaçantes ; mais il en sortait bientôt triomphant, grâce à la protection de Danton, des Jacobins et des Cordeliers.

Une des attaques les plus vives que Marat eut à essuyer, fut la dénonciation portée contre lui à l’Assemblée législative, en mai 1792, soutenue par les députés Beugnot, Vaublanc, Lasource et Guadet. Le tableau qu’ils tracèrent de lui, devenu le provocateur constant de troubles et d’assassinats, était effrayant de vérité. Il échappa cependant aux suites de cette dénonciation comme aux précédentes ; mais de ce jour, il voua une haine implacable à ce qu’il appelait la faction des hommes d’État, parmi lesquels il rangeait au premier rang les députés de la Gironde. La municipalité de Paris venait de lui faire enlever ses presses ; il sut s’en procurer de nouvelles à l’imprimerie même de l’Assemblée législative, qui n’eut jamais assez d’énergie pour lui en interdire l’usage.

Vers les approches de la journée du 10 août, Marat redoubla d’efforts pour porter le peuple à l’insurrection. Il avait déjà eu une grande part aux attentats du 20 juin, quand des bandes de forcenés, s’échappant de deux des faubourgs les plus populeux, pénétrèrent dans les Tuileries, et obligèrent l’infortuné Louis XVI de se couvrir du bonnet rouge. Cependant, dès que le canon gronda autour du château, dans la matinée du 10 août, Marat courut se replonger dans sa cave. Il n’en sortit qu’après la victoire, et pour s’élancer impudemment sur le siège d’une magistrature populaire, s’instituant lui-même membre de la commune usurpatrice de Paris, dite du 10 août ; il devint bientôt président du comité de surveillance que forma cette municipalité insurrectionnelle.

De ce repaire, sortirent en foule des ordres d’arrestation, et quand toutes les prisons de Paris se trouvèrent encombrées, on s’occupa des moyens de les déblayer, par un massacre général. Ce fut Marat qui en conçut le premier l’exécrable projet. Il avait d’abord proposé d’incendier les prisons, et de faire périr tous les détenus dans les flammes, mais on choisit de préférence le fer des assassins soudoyés, et, dès la matinée du 2 septembre, commencèrent ces journées connues sous le nom de Massacres de septembre.

Marat, afin qu’on ne doutât point de la part qu’il y avait, signa, le 5 septembre 1792, la circulaire que le comité de surveillance de la commune de Paris adressa à toutes les municipalités de la France, pour les engager à purger leurs prisons par les moyens qu’on avait employés à Paris. Quoique sous le poids de plusieurs décrets d’accusation, et quoique étranger à la France, il n’en fut pas moins nommé député de la ville de Paris à la Convention. Sa présence y excita d’abord une horreur presque générale. Le 25 septembre, lorsqu’il voulut pour la première fois s’emparer de la tribune, il fut interrompu et traité, par plusieurs députés, comme le plus vil des scélérats ; mais une longue impunité et ses derniers succès lui avaient donné l’audace de braver une assemblée délibérante, et il y fut bientôt soutenu par des complices.

Sans songer à se défendre lui-même, il attaqua ses adversaires avec fureur, se glorifia de ses forfaits et des prises de corps dont il était encore chargé ; avoua même qu’il avait demandé une dictature pour Robespierre ou Danton, et termina son discours par ces paroles : « Ne comptez point sur une assemblée telle que celle-ci ; 50 années d’anarchie vous attendent, et vous n’en sortirez que par un dictateur, vrai patriote et homme d’État. » Le député Boileau, appuyé par quelques-uns de ses collègues, sollicita aussitôt un décret d’arrestation contre ce forcené, mais on passa à l’ordre du jour, et Marat, tirant un pistolet de son sein, s’écria : « Si vous m’aviez mis en état d’accusation, je me brûlais la cervelle au pied de cette tribune. » On sut bientôt que son arme n’était pas chargée.

Marat et la scène du pistolet, à l'Assemblée, en septembre 1792

Marat et la scène du pistolet, à l’Assemblée, en septembre 1792

Le 4 octobre suivant, il reparut à la tribune pour annoncer que c’était lui qui avait engagé le comité de surveillance de la commune de Paris à dénoncer plusieurs députés, ainsi que les ministres, comme s’étant laissés corrompre par l’argent de la liste civile. « Je défie, s’écria-t-il, tous les décrets de cette assemblée, d’empêcher un homme comme moi de percer dans l’avenir, de préparer l’esprit du peuple, et de dévoiler les événements qu’amènent l’impéritie et la trahison. » Il finit par dénoncer la députation entière de la Gironde, qui avait, selon lui, usurpé par l’intrigue la confiance de ses concitoyens. Le 18 du même mois, il dénonça les ministres Pache et Roland, les généraux Dumouriez et Chazot, et tenta de justifier des volontaires qui avaient égorgé 4 déserteurs prussiens, qui n’étaient, selon lui, que des émigrés déguisés. Il avait déjà, la veille, proposé aux Jacobins de décerner des couronnes civiques aux meurtriers.

Ecrasé par l’éloquence de plusieurs membres de l’assemblée, et couvert d’opprobre par les députés Boileau et Rouyer, la Convention passa encore à l’ordre du jour sur toutes les propositions de Marat, comme sur les qualifications méritées, mais des plus outrageantes, que ses collègues lui avaient prodiguées. Il n’en poursuivit pas moins avec le plus grand acharnement le ministre Roland, qui, toujours animé d’un zèle et d’un courage dignes d’une meilleure fortune, suivait la trace des anarchistes et dévoilait toutes leurs manœuvres. Le député Barbaroux se porta à son tour accusateur de Murat, et le dénonça a la tribune comme excitateur de troubles, et comme ayant demandé encore 270 000 têtes. Celui-ci, loin de nier ses provocations, proclama hautement son vœu sanguinaire, et soutint qu’il n’y avait pas d’autres moyens de sauver la patrie que ceux qu’il indiquait.

Il était facile de prévoir quelle ligne il suivrait dans le procès du roi ; mais il surpassa encore l’attente de son parti, qui croissait tous les jours en nombre et en audace. Le 6 décembre 1792, il demanda « que Louis fût jugé par appel nominal, afin que le peuple connût, par leurs noms, tous les traîtres que l’assemblée nationale recelait dans son sein. » Il désignait ainsi, aux poignards d’une multitude égarée, tous les députés qui voulaient sauver le roi, et tous ceux qui, indignés des forfaits de septembre, demandaient le châtiment des coupables et de leurs instigateurs.

Dans la séance du 10, mécontent du rapport de Robert Lindet, Marat monta à la tribune, se répandit en injures contre le roi, et s’opposa à ce qu’il lui fût accordé des conseils. Enfin, lors du jugement, il vota la mort, d’exécution dans les 24 heures. Il combattit ensuite toutes les propositions de sursis et d’appel au peuple. Vers la fin de cette année, Marat annonça, dans une de ses feuilles, qu’il était dégoûté de sa place de député, et qu’il aurait déjà quitté l’assemblée « sans la certitude d’événements qui ne pouvaient manquer d’avoir lieu. Massacrez, ajoutait-il, massacrez 270 000 partisans de l’Ancien Régime, et réduisez au quart le nombre des membres de la Convention. »

Dans la séance du 6 janvier 1793, il s’emporta en injures contre la majorité de l’assemblée, et en menaces de mort. Une scène scandaleuse eut lieu alors. Les députés Barbaroux, Guadet, Chambon, Duperret, suivis de plusieurs membres du côté droit, s’élancèrent de leurs places, et se portèrent au milieu de la salle vers l’endroit où siégeait Marat, demandant justice du scélérat qui appelait la mort sur leurs têtes. Ils ne l’étouffèrent point cependant, comme ils y parurent d’abord disposés, mais le tumulte fut au comble ; le président cassa sa sonnette sans pouvoir rétablir l’ordre, et cette scène ne se termina que par la lassitude des acteurs.

Dès le lendemain, Marat reparut pour dénoncer Chaumette, procureur-syndic de la commune de Paris, qu’il ne trouvait point encore assez révolutionnaire. Il s’opposa, dans la séance du 1er février, à l’Adresse au peuple anglais, décrétée par la Convention, soutenant « que cette nation n’était point favorable à la Révolution française, à l’exception de quelques philosophes en petit nombre. » Tout le reste de la carrière législative de Marat fut marquée par une suite de dénonciations portées contre lui par ses collègues, ou par lui contre eux. Le 21 mars, il dénonça en masse tous les généraux de la République comme traîtres, et toutes les armées comme incapables de résister à l’ennemi.

Le député Lecointre-Puiravaux proposa alors à la Convention de déclarer Marat en état de démence. Le 4 avril suivant, celui-ci insista pour la prompte formation du Comité de sûreté générale, afin de s’assurer de toutes les personnes suspectes ; reprocha vivement à la Convention de n’avoir point cru à ses avis, lorsqu’il avait, au mois de mars, dénoncé le général Dumouriez comme un traître et un conspirateur, et termina son discours par accuser ses collègues « de se conduire comme des échappés des petites-maisons ». Il les avait déjà plusieurs fois traités d’animaux impurs et d’imbéciles. Il demanda, les jours suivants, que 100 000 parents d’émigrés fussent mis en arrestation et gardés en otages, pour la sûreté des commissaires de la convention, livrés par Dumouriez aux Autrichiens ; que le député Sillery et le ci-devant duc d’Orléans se constituassent prisonniers pour se justifier de l’accusation de complicité avec ce général ; et enfin, que la tête du jeune duc de Chartres, qui s’était distingué par sa valeur à Ia bataille de Jemmapes, et en plusieurs autres occasions, fût mise à prix.

Marat, non content de ses fonctions de député, présidait encore fréquemment la société des Jacobins, et signa, en cette qualité, une nouvelle adresse incendiaire, dans laquelle le peuple était provoqué à une insurrection générale contre la majorité de la Convention. Dénoncé de nouveau par les députés de la Gironde, loin de nier sa signature, il se fit gloire des principes énoncés dans cette adresse, et ajouta que la faction des hommes d’État le poursuivait sans cesse pour se défaire d’un surveillant incorruptible, qui dévoilait toutes leurs manœuvres.

La longanimité des membres de la majorité de la Convention parut alors épuisée, et le 13 avril, un décret d’accusation fut enfin porté contre Marat. Loin de renouveler la scène du pistolet et de menacer de se brûler la cervelle au pied de la tribune, il se hâta de regagner un des souterrains qui lui avaient si souvent servi d’asile dans ses dangers personnels. De là, il écrivit à la Convention pour lui déclarer « qu’il ne se soumettait point à son décret ; que déjà 47 départements avaient demandé l’expulsion des députés qui avaient voté l’appel au peuple ; que les autres départements ne tarderaient pas à émettre le même vœu, et que bientôt la France entière lui ferait justice de ses ennemis. »

L’appui que lui promirent ses nombreux complices, celui de plusieurs députés qui se servaient de Marat comme d’un instrument utile à leurs vues particulières, les vociférations de ceux qui redemandaient L’Ami du Peuple, mais surtout les secours assurés des Jacobins et des Cordeliers, calmèrent enfin ses craintes. Il résolut de reparaître et de se présenter hardiment devant le Tribunal révolutionnaire, où d’ailleurs tout était préparé d’avance pour son triomphe. Il y marcha environné d’un nombreux cortège de bandits et d’assassins ; bientôt il reconnut, dans le jury qui devait prononcer sur son sort, ses meilleurs amis. Reprenant alors de l’audace, d’accusé qu’il était, il se porta accusateur, et outragea tous les témoins qui déposaient contre lui.

Solennellement acquitté par ce tribunal, il fut promené en triomphe dans les rues de Paris, les pieds dans la boue, sa tête couronnée de roses et de lauriers. Il reparut dans cet état à la tribune de la Convention, y demanda « qu’elle décrétât la liberté absolue des opinions, afin qu’il pût bientôt envoyer à l’échafaud la faction des hommes d’État, qui l’avait décrété d’accusation. » Poursuivant avec une fureur redoublée les députés de la Gironde, il se rendit, le 1er juin, au conseil général de la commune de Paris, pour insister sur l’envoi d’une nouvelle députation à la barre de la Convention, afin « d’exiger, au nom du peuple souverain, qu’on répondît d’une manière satisfaisante, et sans désemparer, à la pétition dans laquelle on demandait la tête des 27 députés déjà proscrits par la commune. Cette députation fut envoyée en effet sous la conduite d’Henriot, et dès le lendemain, les députés furent mis en accusation.

Assassinat de Marat par Charlotte Corday

Assassinat de Marat par Charlotte Corday

Marat n’eut cependant pas la joie d’assister à leur supplice. Une femme, Charlotte Corday, avait résolu de mettre un terme aux forfaits de ce monstre. Elle voulait l’immoler au sein de la Convention même, et au sortir de cette tribune qu’il avait si souvent fait retentir de ses vœux homicides. Le député Fauchet, qui, sans connaître ses desseins, l’avait introduite dans les tribunes publiques, paya de sa tête cette démarche innocente ; mais Marat était alors malade, et n’avait pas, depuis plusieurs jours, paru à la Convention.

Après plusieurs tentatives infructueuses, Charlotte Corday fut enfin admise chez lui, le 13 juillet 1793. Elle le trouva au bain, et à la suite d’un court entretien, dans lequel Marat lui dit « que les administrateurs du Calvados seraient guillotinés sous peu de jours », elle tira un couteau caché sous sa robe, et l’enfonça dans le cœur du scélérat. Il expira sur-le-champ.

Sa mort fut cruellement vengée, et on décerna à celui qui avait mille fois mérité l’échafaud, des honneurs extraordinaires, tels qu’on n’en accorda que rarement aux plus grands et aux meilleurs citoyens. Des arcs de triomphe et des mausolées provisoires lui furent érigés sur les principales places de Paris ; sur celle du Carrousel, on éleva une pyramide dans laquelle on montrait au peuple son buste, sa baignoire, son écritoire et sa lampe. Des sentinelles y veillaient jour et nuit. Son cadavre fut inhumé avec pompe au Panthéon ; des poètes célébraient à l’envi sa mémoire, et tous les théâtres retentirent de ses éloges. Il n’exista bientôt plus en France de lieu de réunion publique sans un buste de Marat ; c’était même l’ornement obligé de bien des maisons particulières.

Le parti de Robespierre s’empara de cet événement, et la mort de l’homme qu’il méprisait lui devint plus utile encore que sa vie. Le règne des comités fut établi, et la France entière gémit sous leur domination. Quand le joug de la terreur fut enfin brisé, on vit succéder à l’égarement et aux démonstrations d’un enthousiasme de commande, les témoignages publics de la haine et du mépris. Partout, et notamment dans les théâtres, où disait-on « il n’avait pas renouvelé son abonnement », les bustes de Marat furent détruits, et ses restes, arrachés du Panthéon, furent traînés dans la boue des rues de Paris par la multitude qui naguère demandait son apothéose.

On décrit Marat comme portant un chapeau rond en lambeaux qui couvrait sa tête ; ses cheveux noirs, gras et en désordre, étaient liés par une ficelle ; une houppelande sale, à collet de velours décoloré, des culottes de peau, des bas de laine tombant sur ses talons, et des chaussures rapiécées, composaient ses vêtements. Sa taille ne s’élevait pas à 5 pieds ; sa tête, d’une grosseur disproportionnée, paraissait écraser son corps ; son regard était farouche, sa physionomie sinistre, et des contractions nerveuses agitaient sans cesse tous ses membres.

 
 
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